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Violences xénophobes en Afrique du Sud: les manifestations anti-immigrés surveillées de près

Violences xénophobes en Afrique du Sud: les manifestations anti-immigrés surveillées de près

Alors que la colère des sud-africains contre les étrangers monte, le président Cyril Ramaphosa a affirmé que le gouvernement surveillait de près les manifestations anti-immigrés pour qu’elles ne dégénèrent pas en attaques xénophobes : « Nous gardons un œil attentif sur la façon dont les gens réagissent à la présence de personnes d’autres pays dans notre propre pays. Nous avons clairement indiqué, en tant que Sud-Africains, que nous ne sommes pas xénophobes, que nous ne haïssons pas les gens d’autres pays. En fait, nous accueillons les gens d’autres pays. » a déclaré le président sud-africain.

Avec un taux de chômage de 35%, qui s’élève à 65% chez les jeunes, la population sud-africaine les voit comme des concurrents dans leur recherche d’emploi.

« Un certain nombre de Sud-Africains sont préoccupés par le fait qu’il est possible que ces personnes prennent leurs emplois et nous pensons que nous devons aborder cette question avec la sensibilité qu’elle requiert. Il n’est certainement pas nécessaire, par les Sud-Africains ou pour les Sud-Africains, de prendre des mesures de leur propre chef. » a ajouté Cyril Ramaphosa, président sud-africain.

Ces dernières semaines, l’opération Dudula qui signifie refoulement en zoulou a organisé plusieurs manifestations contre les immigrés illégaux.

Le gouvernement sud-africain veille à ce que ces rassemblements n’engendrent pas des violences xénophobes à leur égard.

Selon l’agence statistique sud-africaine, quelque 3,95 millions d’étrangers vivent dans le pays, dont des réfugiés politiques, des travailleurs expatriés qualifiés et des immigrés économiques.

Des boucs émissaires de premier choix

L’Afrique du Sud a une histoire d’attaques xénophobes perpétrées par des sudafricain qui accusent les citoyens d’autres pays africains, ainsi que des pays asiatiques, de venir voler leur emploi.

Vingt ans après la fin de l’Apartheid, l’Afrique du Sud reste une des sociétés les plus inégalitaire du monde, dont plus de 40 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, et les étrangers sont des boucs émissaires idéaux pour dédouaner l’ANC (Congrès national africain) de l’échec de sa politique.

«Cette violence est une mauvaise réponse à un vrai problème analyse Philippe Denis, historien enseignant à l’université de Pietermaritzburg et ancien directeur du projet Sinomlando, soutenu par le CCFD-Terre Solidaire. L’écart entre les riches et les pauvres ne cesse d’augmenter en Afrique du Sud. Globalement, le gouvernement de l’ANC n’a pas tenu ses promesses. Le pays a des ressources mais elles ne profitent pas aux pauvres à cause de la corruption et d’une inefficacité à tous les niveaux de gouvernement. Au cours des cinq dernières années de violentes manifestations contre l’incurie des services publics se sont multipliées. Les récentes attaques xénophobes ressemblent à ces protestations. Elles ont les mêmes racines». «Trop de Sud-Africains noirs ont peu ou rien tiré de ces deux décennies de liberté abonde Mike Pothier. Le système d’éducation a échoué, il y a de moins en moins d’emplois non qualifiés disponibles, les conditions de vie dans de nombreux townships et zones de constructions sauvages sont déplorables, et il y a peu d’espoir que leur situation s’améliore significativement. La promesse de 1994 n’a pas été matérialisée et, naturellement, quelqu’un doit en être blâmé ». « La pauvreté et le chômage ne font qu’ajouter de l’huile sur le feu, estime Herschelle Milford, de l’association SPP (Surplus People Project) basée dans la province du Cap occidental. Sans une stratégie cohérente et sans une réelle volonté politique, peu de choses changeront. Espérons que les pressions faites sur le gouvernement vont l’obliger à s’en prendre aux racines du problème». La police tire des balles en caoutchouc sur des manifestants

La police sud-africaine a indiqué avoir tiré des balles en caoutchouc sur des manifestants rassemblés à Johannesburg dimanche pour protester contre les travailleurs migrants, faisant également usage de grenades assourdissantes pour tenter de disperser le groupe d’environ 200 personnes.

« Il y a eu des tirs de balles en caoutchouc et de grenades lorsque les manifestants ont commencé à s’échauffer, mais la situation a ensuite été maîtrisée », a déclaré un porte-parole de la police à l’AFP, précisant qu' »il n’y a pas eu d’affrontement ».

Aucun blessé n’a été signalé. Les manifestants rassemblés dans un parc depuis le milieu de matinée ont tenté de forcer un cordon de police, faisant monter la tension, a constaté un photographe de l’AFP. Ils se sont ensuite rendus devant un supermarché pour exiger que les responsables du magasin n’emploient plus de travailleurs étrangers.

Un autre rassemblement avait lieu au même moment dans le township d’Alexandra, dans le nord de Johannesburg. Une centaine de militants anti-immigration ont démonté dans la rue plusieurs commerces informels tenus par « des étrangers », selon un photographe de l’AFP.

La veille, la police avait fait usage de canons à eau pour disperser des manifestants qui réclamaient, dans un quartier déshérité de la capitale économique, le départ des travailleurs migrants.

Première économie industrialisée du continent, l’Afrique du Sud attire les migrants de la région. L’Agence gouvernementale des statistiques estime à 3,95 millions le nombre d’étrangers dans le pays, dont des réfugiés politiques, des migrants et des travailleurs expatriés qualifiés.

Mais le pays, qui a durci ses réglementations en matière de visas au cours des dernières années, lutte contre un chômage endémique à près de 35%, et environ 65% chez les jeunes.

L’ambassade du Zimbabwe en Afrique du Sud a dénoncé le mois dernier des incidents et des menaces d' »expulsion forcée » contre ses ressortissants. Les autorités sud-africaines ont annoncé l’an dernier que les permis temporaires d’environ 250.000 Zimbabwéens ne seront pas renouvelés.

Violences xénophobes en Afrique du Sud : «Pour l’UA, c’est une crise sécuritaire à l’échelle du continent»

Ces exactions de masse ne sont pas une première pour l’Afrique du Sud. En 2008, des émeutes xénophobes avaient fait soixante-deux morts et des dizaines de milliers de déplacés. Depuis, plus de 350 étrangers ont été tués selon le Centre des migrations africaines de l’université du Witwatersrand, à Johannesburg.


Des émeutes xénophobes en 2019 avaient fait une douzaine de morts et en 2008, une soixantaine de personnes avaient été tuées dans des violences. Il n’est pas clair si les données officielles incluent les sans-papiers.

La vague de violences xénophobes qu’a connu l’Afrique du Sud en 2019 a entraîné des réactions en cascade des pays africains, le Nigeria en tête.

Craignant pour leur vie, ils sont plusieurs centaines à se préparer à quitter le pays. Plus de 600 Nigérians se seraient déclarés candidats au départ et 320 d’entre eux seront rapatriés ce mercredi par la compagnie aérienne privée nigérianne Air Peace. Après une brève accalmie, les violences xénophobes ont repris cette semaine en Afrique du Sud.

Depuis les premières attaques, visant principalement des habitants et des commerçants africains – estimés à près de 2 millions dans le pays -, elles auraient déjà fait une dizaine de morts et de nombreux blessés. Ces incidents ont suscité une vague d’outrages sur le continent, et principalement au Nigeria, où des actions de représailles contre les intérêts sud-africains ont même été observées.

Pour des raisons de sécurité, le géant des télécoms MTN a été forcé de fermer ses enseignes dans le pays, et Pretoria s’est vue contraint de fermer son ambassade à Abuja et son consulat à Lagos – qui devraient cependant rouvrir bientôt. Parallèlement, le Nigeria rappelait son ambassadeur à Lagos et renonçait à participer au Forum économique mondial qui s’est ouvert au Cap le 4 septembre.

En 2015, l’Afrique du Sud a été frappée par au moins trois vagues d’attaques xénophobes, à chaque fois provoquées par un fait marquant, mais s’inscrivant dans un contexte favorable à l’éruption de ces violences. Au total, elles auraient provoqué une quinzaine de morts, déplacé plus de 5 000 personnes et des milliers de magasins et propriétés ont été détruits. Ces violences constituent un phéno­mène cyclique dans l’Afrique du Sud postapartheid. Elles font écho aux attaques plus meurtrières de mai 2008, qui en deux semaines s’étaient étendues à plus de 125 localités et avaient provoqué la mort de soixante-deux individus.

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