Une «déportation massive» se prépare en algérie: Quand j'avais lancé cette alerte... Personne ne m'a crue
- gherrrabi
- 12 avr.
- 6 min de lecture

L’escalade s’intensifie entre alger et l'AES
Une nouvelle ère de tensions s’installe entre l’algérie et les États du Sahel, après l’épisode explosif de la destruction d’un drone malien par les forces armées algériennes. L’algérie rajoute à la provocation: elle annonce, à compter de ce lundi, la fermeture totale de son espace aérien à tous les vols civils et militaires en provenance ou à destination du Mali, invoquant des « incursions répétées et inacceptables » de l’appareil militaire malien sur son territoire.
Impitoyable, l’Algérie durcit ses pratiques illégales d’expulsion

L’algérie est devenue depuis une vingtaine d’années un pays de passage ou de destination finale pour de; nombreux ressortissants d’États d’Afrique centrale et occidentale à la recherche d’emplois dans toute une série de secteurs, essentiellement dans le bâtiment et l’agriculture.
Malgré le nombre considérable de migrants, de demandeurs d’asile et de réfugiés originaires d’Afrique sub-saharienne présents en algérie, ce pays ne dispose toujours pas d’un cadre juridique clair définissant le statut des travailleurs migrants. Il n’a pas non plus de loi sur l’asile, plus de cinquante ans après avoir ratifié la Convention de 1951 sur les réfugiés.
En attendant la mise en place en algérie d’un dispositif national d’asile,
le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) enregistre les demandeurs d’asile et assure la procédure de détermination du statut de réfugié par l’entremise de son bureau d’Alger. Toutefois, les personnes enregistrées en tant que réfugiés ou demandeurs d’asile ne bénéficient pas d’une protection suffisante, les autorités algériennes pouvant ne pas reconnaître automatiquement les décisions du HCR et la carte délivrée par ce dernier ne leur donnant pas droit à un permis de résidence dans le pays.
L’algérie a adopté en 2008, la Loi n°08-11 relative aux conditions d’entrée, de séjour et de circulation des étrangers. Cette loi fait de l’immigration irrégulière une infraction pénale passible de deux ans d’emprisonnement et met en place une procédure légale d’expulsion.
Le refus d’obéir à un arrêté d’expulsion est passible d’une peine de cinq ans d’emprisonnement. La Loi n° 09-01 du 25 février 2009 modifiant le Code pénal
crée l’infraction de sortie illégale du territoire, dont peut se rendre coupable un citoyen algérien comme un ressortissant étranger. Cette infraction est passible de six mois d’emprisonnement. La Loi n° 80-10 de 1981 relative aux conditions d’emploi des travailleurs étrangers dispose que ces derniers ne peuvent obtenir de permis de travail que pour des postes qui ne peuvent pas être pourvus en faisant appel à des citoyens algériens. S’ils veulent pouvoir faire une demande de carte de séjour, les étrangers doivent en outre obtenir leur permis de travail avant d’arriver en algérie. L’application conjointe de ces différents textes se traduit par un nombre important de sans-papiers parmi les personnes originaires d’Afrique sub-saharienne présentes en algérie pour chercher du travail. Elles ne peuvent pas régulariser leur situation sur place et sont par conséquent exposées à des risques de persécutions, d’emprisonnement et de harcèlement de la part des pouvoirs publics.
Une «déportation massive» se prépare

Alors que des milliers de migrants subsahariens sont menacés d’expulsion par la junte militaire algérienne. La menace maintes fois proférée par la junte militaire algérienne (via ses médias et ses mouches électroniques) d’une “expulsion massive de migrants” (elle toucherait des milliers de personnes) pourrait déclencher au au Mali et au Niger un tsunami aux effets incontrôlables.
L'Alliance des États du Sahel (AES), est appelée à se préparer à combattre sur les terrains juridiques et humanitaires non seulement une gigantesque vague de retour forcé de ses ressortissants, mais un flot tout aussi grand de migrants d’autres nationalités déferlant sur son territoire pour rentrer chez eux.
Les villes frontalières doivent être en état d’alerte maximale, tout comme les centres d’hébergement, les forces de l'ordre, les organismes Onusiens (OIM, HCR, OMS...) et les associations de défense des droits humains...

Chronologie des déportations
2008
L’algérie adopte en 2008 la Loi n°08-11 relative aux conditions d’entrée, de séjour et de circulation des étrangers, qui fait de l’immigration irrégulière une infraction pénale passible de cinq années d’emprisonnement et établit une procédure légale permettant d’expulser les étrangers du pays.
Les autorités commencent à procéder régulièrement à l’expulsion des migrants sans papiers à Tin Zaouatine, sur la frontière entre l’algérie et le Mali.
2012
Les pouvoirs publics algériens arrêtent les expulsions vers le voisin du sud lorsque la guerre éclate dans le nord du Mali. La frontière entre l’algérie et le Mali est officiellement fermée.
2014
Juin 2014: On note une hausse des migrations circulaires du Niger vers l’Algérie, en particulier de femmes et d’enfants originaires de la région de Zinder arrivant pour se livrer à la mendicité. Les autorités algériennes et nigériennes affirment que ce mouvement est encouragé par le crime organisé.
Décembre 2014: Le Niger conclut avec l’algérie un accord prévoyant le rapatriement des ressortissants nigériens sans papiers présents sur le sol algérien.
Les pouvoirs publics algériens commencent à se livrer à des expulsions collectives de ressortissants nigériens vers le Niger. Quelque 1 345 ressortissants nigériens sont expulsés vers le Niger avant la fin de l’année 2014 dans le cadre de cinq convois.
2015
Au moins 5 986 ressortissants nigériens sont expulsés vers le Niger pendant l’année dans le cadre de 20 convois.
2016
Au moins 9 290 ressortissants nigériens sont expulsés vers le Niger avant la fin de l’année dans le cadre de 20 convois.
Décembre 2016 : Les autorités algériennes arrêtent plus de 1 500 migrants originaires de plusieurs pays sub-sahariens et en expulsent plusieurs centaines au moins vers le Niger, en dehors de toute procédure légale. Parmi eux figurent au moins sept demandeurs d’asile originaires de la République démocratique du Congo enregistrés par les services du HCR
2017
Les autorités algériennes lancent une campagne de répression contre les personnes originaires d’Afrique sub-saharienne présentes en Algérie, quelle que soit leur situation. De nombreuses villes algériennes sont régulièrement le théâtre de vagues d’arrestations, suivies de transferts massifs systématiques vers Tamanrasset, dans le sud du pays, puis de l’expulsion des personnes interpellées vers le Niger ou le Mali voisins.
Au moins 6 679 ressortissants nigériens et 110 personnes originaires de pays tiers sont expulsés vers le Niger, dans le cadre de 14 convois.
Au moins 1 817 migrants originaires d’Afrique centrale ou occidentale et 704 Nigérien sont abandonnés à la frontière et contraints de passer au Niger.
Au moins 100 migrants originaires d’Afrique centrale ou occidentale sont abandonnés à la frontière et contraints de passer au Mali.
2018
Au moins 12 913 ressortissants nigériens et 649 personnes originaires de pays tiers sont expulsés vers le Niger, dans le cadre de convois, les expulsions étant particulièrement nombreuses en mars et avril 2018.
Au moins 11 238 migrants originaires d’Afrique centrale ou occidentale et 386 Nigériens
sont abandonnés à la frontière et contraints de passer au Niger.
Au moins 3 000 migrants originaires d’Afrique centrale ou occidentale sont abandonnés à la frontière et contraints de passer au Mali, les expulsions étant particulièrement nombreuses en mai 2018.
En 2019, des expulsions ont eu lieu chaque mois. Selon les données de l'Organisation internationale des migrations qui enregistre les migrants qui le souhaitent à leur arrivée dans le nord du Niger, presque 11 000 personnes ont été expulsées de janvier à novembre, dont 358 qui n’étaient pas nigériennes.
En 2020, Human Rights Watch avait dressé un bilan similaire des expulsions forcées, les estimant à au moins 16.000 en un an. L’ONG avait expliqué que les autorités algériennes avaient séparés les enfants de leur familles, et les avait dépouillés.
Entre janvier et juillet 2021, le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) a recensé 13 602 personnes expulsées vers le Niger par les autorités algériennes. Parmi elles, 8 858 étaient Nigériens de nationalité. De son côté, l’ONG Alarm Phone Sahara, a indiqué selon son recensement que plus de 18 000 personnes avaient été expulsées par l’Algérie vers le Niger jusqu’à octobre 2021.
Plus de 14000 migrants subsahariens refoulés d'algérie depuis le début de l'année 2022
Au moins 31.404 personnes (...) ont été expulsées d’algérie à la frontière du Niger pendant l’année 2024 Alarme Phone Sahara qui se porte au secours des migrants dans le désert entre les deux pays. En 2024, le nombre de personnes expulsées par alger "dépasse tous les chiffres documentés des années précédentes", y compris celui de 2023 avec 26.031 refoulés, souligne-t-elle.
Celui dont la maison est de verre doit se garder de jeter des pierres aux autres.
Le ministre de l’intérieur Français, Bruno Retailleau, à propos du refus par alger de reprendre des ressortissants expulsables. « Il faut que l’algérie ne barguine pas quand on est convaincu, avec une pièce d’identité, un passeport, que le ressortissant est Algérien. Elle doit le réadmettre », a insisté M. Retailleau.
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