La Tunisie organisera des élections présidentielles le 6 octobre prochain. C'est un communiqué de la présidence tunisienne qui l'a annoncé mardi sans préciser si le président Kais Saied brigue un nouveau mandat lors de ce scrutin.
Kaïs Saïed, 66 ans et au pouvoir depuis 2019 dirige la Tunisie d'une main de fer depuis qu'il s'est octroyé les pleins pouvoirs le 25 juillet 2021, en limogeant son Premier ministre suivi du gel du Parlement.
Une nouvelle constitution est en vigueur en Tunisie depuis 2022 sur décision du président de la République. Ce qui en rajoute au balbutiement de la jeune démocratie du pays initiateur du printemps arabe en 2011 qui a emporté le président Zine El Abidine Ben et secouer toute la région.
La date de la prochaine élection est indiquée par décret présidentiel alors que les principaux opposants sont incarcérés, notamment le chef du parti islamo-conservateur Ennahdha, Rached Ghannouchi, et la présidente du Parti destourien libre, Abir Moussi.
La grave crise politique que traverse la Tunisie depuis le coup de force de Kais Saied se double de graves difficultés économiques avec une croissance poussive (environ 2 %), un taux de pauvreté en hausse (4 millions de Tunisiens sur 12 millions d’habitants) et un chômage très élevé (15 %).
Kais Saied s'en prend violemment aux médias
Le président tunisien Kais Saied a minimisé l'abstention massive aux récentes élections législatives et s'en est violemment pris à ses critiques qui dénoncent un recul des libertés dans le pays depuis qu'il accapare les pouvoirs.
Là où les populations appauvries sous Ben Ali espéraient, après la révolution, un changement radical dans leur quotidien, notamment en matière d’emploi, de développement régional et de citoyenneté, elles se sont retrouvées devant une « transition démocratique » économiquement muette. Cette transition, dans laquelle se sont investi∙es juristes, expert∙es, et partis politiques pour mettre sur les rails un régime formellement démocratique a peu daigné s’encombrer de la question des inégalités territoriales, donc, par extension, de la question de l’égalité. Cela a sapé dès ses fondements une transition démocratique censée prendre la relève d’une révolution dont les mots d’ordres étaient « travail, liberté, dignité ». Depuis 2011, les régimes qui se sont succédés en Tunisie se sont montrés avares en vision économique autre que la reproduction à l’infini du même : extraversion de l'économie basée sur des salaires bas et absorption de la grogne sociale dans des emplois public précaires et mal-payés. De fait, les acteur∙trices de la transition démocratique n’ont fait qu’aménager l’attente.
Dans une sortie véhémente, Kaïs Saïed s’en est pris durement aux personnalités qui ont pris position contre lui : accusés d'œuvrer contre les intérêts du pays, ils sont menacés à demi-mot de représailles.
L'autorité électorale en Tunisie a officiellement annoncé une participation de 11,22% aux élections législatives du 17 décembre, très légèrement en hausse par rapport au chiffre préliminaire de 8,8% rendu public après la fermeture des urnes.
"Un taux de participation de 9% ou de 12% est préférable à celui de 99% qui était annoncé lors des précédentes élections saluées par les capitales étrangères tout en sachant qu'elles étaient truquées", a déclaré Kais Saied lors d'une réunion au palais de Carthage avec la cheffe du gouvernement Najla Bouden, plusieurs ministres, dont celui de la Défense, et des responsables sécuritaires.
20 minutes
En présence de plusieurs ministres silencieux, le président tunisien a pendant plus de 20 minutes livré un réquisitoire contre ses opposants.
Dans son collimateur notamment: les médias qui, selon lui, enveniment la situation dans le pays.
Il s'en est par ailleurs violemment pris à ses opposants et ses détracteurs, sans jamais les citer nommément, les accusant de "porter atteinte à l'Etat et ses symboles", un agissement qui s'apparente selon lui à "un complot contre la sécurité intérieure et extérieure de l'Etat".
"Cela ne saurait continuer et ces personnes ne sauraient rester sans punition dans le cadre de la loi", a-t-il ajouté sur un ton très véhément, selon une vidéo de la réunion publiée par la présidence.
Qualifiés de «traîtres», éléments travaillant à la solde de l’étranger et cherchant à nuire à la nation, sans les citer nommément, le Maître de Carthage a laissé entendre que des mesures seraient prises contre ceux qui, à ses yeux, complotent contre les intérêts du pays.
Il les a accusés pêle-mêle d'être responsables des pénuries de denrées de matières premières, du naufrage d’une embarcation de migrants au large de Zarzis en septembre dernier ou encore de faits de corruption, , afin de s'en servir "pour dresser les citoyens contre les institutions de l'Etat".
Dans un discours martial, Kais Saied menace les journalistes critiques, qu'il qualifie de «mercenaires» qui «pleurnichent pour la liberté d'expression» en affirmant disposer d'une liste de leurs noms.
M. Saied a en outre avait démenti tout recul de libertés et des droits en Tunisie depuis son coup de force, qualifiant de "mercenaires" ceux qui le critiquent sur ce front.
Kaïs Saïed s'en prend aux migrants: le président tunisien annonce des "mesures urgentes"
Le président tunisien Kais Saied a prôné mardi 21 février des «mesures urgentes» contre l'immigration clandestine d'Africains subsahariens dans son pays, affirmant que leur présence était source de «violence et de crimes».
Kais Saied a présidé une réunion du Conseil de sécurité nationale «consacrée aux mesures urgentes qui doivent être prises pour faire face à l'arrivée en Tunisie d'un grand nombre de migrants clandestins en provenance d'Afrique subsaharienne», selon un communiqué de la présidence.
Lors de cette réunion Kais Saied a tenu un discours extrêmement dur sur l'arrivée de «hordes des migrants clandestins» dont la présence en Tunisie est selon lui source de «violence, de crimes et d'actes inacceptables», insistant sur «la nécessité de mettre rapidement fin» à cette immigration. Il a en outre soutenu que cette immigration clandestine relevait d'une «entreprise criminelle ourdie à l'orée de ce siècle pour changer la composition démographique de la Tunisie», afin de la transformer en un pays «africain seulement» et estomper son caractère «arabo-musulman».
Il a appelé les autorités à agir «à tous les niveaux, diplomatiques sécuritaires et militaires» pour faire face à cette immigration et à «une application stricte de la loi sur le statut des étrangers en Tunisie et sur le franchissement illégal des frontières». «Ceux qui sont à l'origine de ce phénomène font de la traite d'êtres humains tout en prétendant défendre les droits humains», a-t-il encore dit, selon le communiqué de la présidence.
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Marcher Sur Les Pas d'Alger: Bienvenue au club des haineux et racistes
Selon les Nations unies, Alger a procédé à l'expulsion de dizaines de milliers de migrants irréguliers originaires d'Afrique de l'Ouest et centrale depuis 2014.
"Campagne malveillante"
En juin 2022, l'organisation Médecins sans frontières (MSF) avait dénoncé "les traitements inhumains" infligés à des migrants ouest-africains cherchant à gagner l'Europe et dont "environ 2 000" sont "en moyenne mensuellement" refoulés de l'Algérie vers le Niger voisin. MSF a recensé 23 171 migrants expulsés en 2020 et 27 208 autres en 2021.
L'Algérie socialiste, qui prône l'amitié entre les peuples, ne reconnaît jamais ces expulsions. Alger, qui n'a pas de législation en matière d'asile, a souvent démenti ces accusations, dénonçant une "campagne malveillante".
Chaque année, des milliers de migrants subsahariens sont déportés de force par l'Algérie et abandonnés en plein milieu du Sahara. Ils arrivent blessés et épuisés après avoir été dépouillés par la police algérienne!
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