Situation des droits de l’homme en Algérie / La résolution du Parlement européen, fait réagir des partis politiques algériens (pro-pouvoir)
Le Parlement européen a voté ce jeudi 26 novembre une résolution sur la détérioration des droits de l’homme en Algérie. Une majorité de députés ont réclamé un débat sur les atteintes aux droits de l’homme et le parlement a voté quasiment à l’unanimité cette résolution et réclamé la libération de 90 prisonniers du « hirak », parmi ceux-là, Khaled Drareni, correspondant de TV5 MONDE. » . Les eurodéputés appellent les autorités algériennes à autoriser l’accès à leur territoire aux organisations internationales des droits de l’Homme et aux agents onusiens en charge des procédures spéciales du Conseil des droits de l’Homme.
Dans un communiqué commun, RSF et 15 organisations de la société civile estiment que ce vote est un signal important face à l’intensification de la répression.
Pour les organisations de la société civile nationale et internationale soussignées, cette résolution est une étape opportune et nécessaire face à l’intensification de la répression contre la société civile, les militants pacifiques et les journalistes, et les menaces à l’encontre de l’indépendance du pouvoir judiciaire.
Organisations signataires
Amnesty International
Action pour le Changement et la Démocratie en Algérie (ACDA)
Article 19
Cartooning for Peace
CIVICUS : Alliance mondiale pour la participation citoyenne
Collectif des familles de disparus en Algérie (CFDA)
Confédération générale autonome des travailleurs en Algérie (CGATA)
Euromed Droits
Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH)
Forum de solidarité euro-méditerranéen (FORSEM)
Human Rights Watch
Institut du Caire pour les études des droits de l’homme (CIHRS)
Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH)
Riposte Internationale
Reporters sans frontières (RSF)
Syndicat National Autonome des Personnels de l’Administration Publique (SNAPAP)
Cependant, ce vote fait réagir des partis politiques algériens (pro-pouvoir)
Partis politiques algériens (pro-pouvoir)
Le FLN, qui était alors dirigé par l’homme d’affaires Mohamed Djemai et le RND, gouverné par l’ancien Premier ministre Ahmed Ouyahia– étaient les chefs de file d’une vaste alliance politique qui avait tenté le forcing pour faire élire Abdelaziz Bouteflika à un cinquième mandat.
La résolution sur la situation des droits de l’Homme en Algérie adoptée hier soir par le parlement européen n’a pas tardé à faire réagir. Des partis politiques algériens (pro-pouvoir ) ont vite réagit cette résolution, dénonçant une “ingérence étrangère” dans les affaires du pays.
C’est le cas du Rassemblement national démocratique (RND). Se disant “étonné”, le parti a estimé jeudi soir que ce “type d’ingérence est susceptible de nuire aux relations entre l’Algérie et l’Union européenne car c’est une tentative qui vise à porter atteinte à la stabilité dont jouit notre pays en comparaison à d’autres pays européens”.
Dénonçant “une haine envers l’Algérie“, le RND a fustigé la résolution du parlement européen en la qualifiant de « fausses allégations« , d’un comportement politique “irresponsable” et “non-innocent” qu’il rejette en bloc.
« Ce type d’ingérence est susceptible de nuire aux relations entre l’Algérie et l’Union européenne car c’est une tentative de porter atteinte à la stabilité dont jouit notre pays par rapport à d’autres Etats européens », a estimé jeudi le parti du RND dans un communiqué.
S’interrogeant sur « les visées de cette résolution quant à son timing », le RND considère que « la teneur de la résolution dénote sans l’ombre d’un doute un comportement politique irresponsable qui n’est pas innocent ». « Il s’agit d’une provocation et d’une ingérence européenne dans nos affaires intérieures et les Algériens le refusent », a soutenu la formation politique.
« L’Algérie avance sur la voie du renouveau et du changement. Elle prend les décisions qu’elle juge être dans les intérêts de son peuple, en toutes souveraineté et indépendance, y compris en faveur de la promotion et de la protection des droits de l’homme et des libertés et du maintien de l’ordre public conformément à la Constitution et aux lois en vigueur dans la République algérienne démocratique et populaire« , a tenu à rappeler le RND au Parlement européen et à tous les porte-voix qui nourrissent de la haine envers l’Algérie novembriste, révolutionnaire et résistante.
Et de conclure en réaffirmant, son « total rejet de toute forme d’ingérence dans les affaires intérieures de l’Algérie« , invitant les eurodéputés à l’origine de cette résolution à « s’intéresser aux droits de leurs peuples qui continuent de manifester dans certaines capitales dans la violence et la contre-violence » et à « protéger les droits et les libertés des étrangers sur le sol européen« .
Le classique parti proche du pouvoir à savoir le Front de libération nationale (FLN) a aussi condamné le contenu adopté par les euro-députés. Par un communiqué diffusé ce vendredi, le parti a dénoncé une “ingérence flagrante dans les affaires internes du pays”.
Estimant que cette résolution de “honte” est une reproduction de celle qui a été adoptée par le même parlement le 28 novembre 2019.
Dans un communiqué publié sur sa page Facebook, le FLN estime que cette résolution constitue «un acte ouvert et une ingérence flagrante dans les affaires intérieures de l’Algérie».
Cette résolution, qui est considérée comme une reproduction intégrale de la résolution honteuse publiée par la même autorité le 28 novembre 2019, a été, à son tour, une ingérence flagrante dans les affaires intérieures des Algériens, qui ont bien répondu aux voix impudentes qui tentaient de saper leur souveraineté, a souligné le FLN dans le même communiqué.
Le parti de Jil Jadid a lui aussi critiqué les appels des députés européens à la libération des détenus d’opinion et politiques en Algérie et à un meilleur respect des libertés individuelles. Par le biais de son président Djilali Soufiane, le parti a estimé que “la résolution du parlement européen est un affront à l’honneur des Algériens et une tentative de mise sous protectorat de l’Algérie”.
Via le réseau social twitter, Djilali Soufiane poursuit : « le changement oui, le chaos non« .
لائحة البرلمان الأوروبي إهانة لكرامة الجزائريين و محاولة لإعتبار #الجزائر كمحمية. على جميع الوطنيين الدفاع عن سيادتنا. التغيير نعم، لكن الفوضى أبدا ! — Soufiane Djilali • سفيان جيلالي (@SoufianeDjilali) November 27, 2020
D’autres partis ont aussi réagi dont le Mouvement pour la réforme nationale présidé par Abdellah Djaballah qui, tout en dénonçant aussi une “ingérence étrangère”, a estimé que le parlement européen a “ignoré les évolutions positives apporté par la constitution de novembre 2020”.
Pour rappel, le Parlement européen a adopté jeudi 26 novembre 2020 des résolutions sur la situation des droits de l’homme en Algérie. A l’issue d’une séance de débat, le parlement a condamné “fermement l’escalade des arrestations et détentions illégales et arbitraires” et a exhorté les autorités algériennes à remettre en liberté “sans conditions” les détenus d’opinion.
Qu’est-ce qu’une résolution ?
Lors des sessions internationales, nationales, régionales du PEJ, les jeunes parlementaires ont pour mission de préparer, débattre et voter des résolutions.
De quoi s’agit-il exactement ?
Traditionnellement, le Parlement européen de Strasbourg vote des résolutions lorsqu’il souhaite faire connaître publiquement son opinion sur une question précise ou pour enjoindre une institution européenne et/ou des Etats membres d’agir dans un domaine particulier.
Au PEJ, les résolutions sont au cœur du projet associatif. Ce sont les textes par lesquels les jeunes expriment leurs opinions, leurs propositions, leurs attentes et leurs réflexions.
Une résolution est préparée dans le cadre d’une commission, comme au véritable Parlement européen. Les compétences de chaque commission (par exemple : affaires étrangères, affaires constitutionnelles, droits de l’homme…) sont d’ailleurs les mêmes au Parlement européen des « anciens » et au Parlement européen des jeunes. Chaque commission travaille sur une question précise et rédige sur ce problème une résolution en français et en anglais, les deux langues officielles du PEJ.
Les résolutions comportent toujours deux parties :
Les clauses d’introduction. Elles ont pour objet de dresser un état des lieux et de présenter la situation du problème. Elles permettent de rappeler les fondements sur lesquels reposent les solutions proposées par la suite.
Les clauses d’action c’est là qu’il s’agit de faire des propositions précises, de formuler ses attentes, d’avancer ses solutions. Cette partie de la résolution est soumise au débat en séance plénière lors de chaque session (lien vers Qu’est-ce qu’une session).
Les résolutions sont donc la « voix » des PEJistes. Elles sont transmises, après chaque session, au Parlement européen, à la Commission européenne ainsi qu’aux parlements et gouvernements nationaux. Les dirigeants politiques nous font régulièrement part de l’intérêt qu’ils attachent aux travaux des jeunes, les députés européens ayant multiplié, ces dernières années, l’insertion, dans leurs propres résolutions, d’extraits des résolutions adoptées par le PEJ.
Des sanctions
l’Union européenne (UE) et l’Algérie sont tenues par un accord d’association, avec cette résolution d’urgence, les eurodéputés exhortent l’Union européenne (UE) à placer la question des droits de l’Homme au centre du prochain Conseil qui y sera consacré.
Le Parlement appelle également la Commission européenne, les États-membres et le Service européen pour l’Action extérieure à aller plus loin dans leur soutien à la société civile algérienne.
« Le parlement européen compte faire pression lors du sommet européen du 11 décembre pour que des sanctions soient prises à l’encontre de certains dirigeants algériens » explique Paul Germain, correspondant à Bruxelles.
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