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SEM Abdelmalek KETTANI: « La coopération Sud-Sud entre le Royaume du Maroc et la République de Côte

SEM Abdelmalek KETTANI : « La coopération Sud-Sud entre le Royaume du Maroc et la République de Côte d’Ivoire verra probablement éclore une ou plusieurs initiatives positives, dans les semaines et les mois à venir, pour qu’ensemble, nous puissions dépasser cette crise sanitaire, mais surtout ses conséquences économiques et sociales »

La planète entière est confrontée depuis le mois de Novembre 2019, à une crise sanitaire qui, à partir du 11 mars 2020 est déclarée pandémie par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Entamée à Wuhan (Chine-Asie), cette pandémie affecte tous les pays de la planète jusqu’à ce jour.

Le continent africain n’est pas épargné et des stratégies et mesures pour bouter cette pandémie hors du continent africain sont déployées par bon nombre de pays.

Dans cette interview exclusive accordée au site www.afriqueeconomie.net ,  l’Ambassadeur du Maroc en Côte d’Ivoire, SEM Abdelmalek KETTANI, nous révèle la coopération que le Royaume du Maroc et la République de Côte d’Ivoire envisagent d’exécuter afin de faire face à cette crise sanitaire mondiale et présente aussi, la stratégie menée par le Royaume du Maroc face à cette crise sanitaire mondiale qui est tant félicitée et prise pour modèle par plusieurs pays.

A.E : Comment vivez-vous Excellence, depuis le début cette crise sanitaire mondiale ?

Cette crise universelle crée par la COVID-19, sans précédent dans l’histoire contemporaine, est d’une ampleur sanitaire, économique, et sociale, qui a surpris toute la planète par sa vitesse de propagation, par sa virulence, et par la gravité de ses conséquences inéluctables sur le plan économique et social.

Sur le plan personnel, nous avons tout de suite adopté les mesures préventives préconisées par les autorités ivoiriennes et internationales, en limitant toute exposition ou déplacement non nécessaire, et invité nos collaborateurs, et nos ressortissants à en faire de même. En Côte d’Ivoire, grâce aux efforts, aux décisions rapides et efficaces du gouvernement, la pandémie est, selon nous, à ce jour, bien maîtrisée et nous avons bon espoir que dans les semaines et les mois à venir, cette crise sera jugulée de façon durable. Nous restons cependant conscients que tant qu’un médicament ou un vaccin ne sera pas trouvé, et dont l’efficacité serait établie scientifiquement, la vie ne pourra pas reprendre de façon normale comme par le passé. Donc, la vigilance et la prudence absolue restent de mise malgré les mesures prises, il y a quelques jours, pour alléger les mesures, de couvre-feu, etc.

A.E : Pouvez-vous Excellence, nous faire un résumé de la stratégie menée par le Royaume du Maroc face à cette crise sanitaire mondiale qui est tant félicitée et prise pour modèle par plusieurs pays ?

Tout d’abord, il convient de mentionner que les Hautes autorités du Royaume du Maroc, sous l’égide éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Que Dieu L’assiste, ont rapidement pris conscience de la gravité de cette pandémie et ont réagi de la façon la plus ferme, efficace, et probante, devant ce fléau mondial. Le mot d’ordre unique étant de préserver les populations vivant au Maroc et d’assurer leur bien-être et leur sécurité, avant toutes autres considérations.

Ainsi, dès l’annonce du 1er cas de coronavirus, le 2 mars 2020, le Royaume est passé au confinement volontaire , avec la fermeture des restaurants, salles de sport, cinémas, bibliothèques, musées, et même les mosquées et autres lieux de culte, mis à part les supermarchés, magasins d’alimentation générale, enseignes de livraison à domicile, banques et pharmacies. Dans la nuit du 16 février 2020 déjà, le Maroc a mis en place des fiches d’information à ses frontières. Provenance, numéro de vol et même numéro de siège, les voyageurs devaient aussi déclarer s’ils étaient passés par la Chine. Trois jours après la fermeture de l’espace aérien de l’Italie, le 10 mars 2020, le Maroc va ainsi prendre l’initiative de verrouiller ses frontières. Il commence par suspendre les liaisons aériennes et maritimes avec l’Espagne, l’Algérie et la France, avant de généraliser la décision à tous les vols internationaux. Le 13 mars 2020, le Ministère de l’Éducation nationale, de la Formation Professionnelle, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche scientifique (MEN) annonce la fermeture des crèches, des écoles, des collèges, des lycées et des universités, à partir du 16 mars 2020 et jusqu’à nouvel ordre.

Par ailleurs, le Projet de décret-loi visant à instaurer l’état d’urgence sanitaire dans le royaume a été adopté par le Gouvernement marocain qui a instauré un « état d’urgence sanitaire » drastique du 20 mars au 20 avril 2020 pour ralentir l’épidémie. Le 06 avril, en plus du permis de circulation nécessaire à tout déplacement hors du domicile et des mesures de sécurité qui l’accompagnent, l’usage du masque de protection est désormais obligatoire lors des déplacements. Le port du masque est obligatoire, sanctionné par des peines pouvant aller jusqu’à trois mois de prison et 116 euros d’amende. Le 18 avril 2020, le conseil du Gouvernement s’est réuni pour prolonger l’état d’urgence sanitaire qui devait prendre fin le 20 avril 2020 en adoptant un décret prolongeant cet état d’urgence sanitaire sur l’ensemble du territoire national d’un mois, jusqu’au 20 mai 2020 et prorogé depuis, au 10 Juin prochain. Alors que les grandes villes désinfectent les rues, ce que des résidents dans les quartiers populaires entreprennent aussi de faire eux-mêmes dans un élan citoyen remarquable et admirable.

Enfin une mobilisation totale des ressources humaines, financières, et logistiques, pour se préparer au mieux à faire face aux conséquences de cette pandémie ce qui a permis à des millions de citoyens de recevoir des aides directes en numéraire afin de les aider à dépasser cette période difficile. Il est à noter aussi une implication remarquable des Forces Armées Royales avec plusieurs hôpitaux de campagne déployés à travers le territoire national pour faire face à un afflux éventuel de patients. On peut noter par exemple, la transformation du Palais de la Foire de Casablanca en hôpital spécialisé en quelques jours grâce à la mobilisation exceptionnelle et admirable des intervenants. Il convient de citer également l’engagement rapide et efficace du tissu industriel national qui s’est déployé efficacement pour produire des masques aux normes internationales, en quantités suffisantes, et à des prix très compétitifs pour approvisionner rapidement les populations et le personnel soignant marocain. Ainsi, plus de 20 usines fabriquent désormais des masques chirurgicaux certifiés à raison de plus de 5 millions de masques par jour, respectant les normes internationales. Le Maroc a également demandé aux Entreprises de l’aéronautique de produire des respirateurs. En 15 jours, un modèle non-invasif, destinés aux urgences, a été créé. Un modèle invasif, destiné à intuber les personnes en grande détresse respiratoire, a également été mis au point. Le Maroc compte en produire un millier.

Enfin, un Fonds spécial de lutte contre le coronavirus a été lancé dès le 15 mars 2020, alors que le pays ne comptait que 28 cas et un seul décès. Les dons des Entreprises, des Agents d’autorités, des Organisations de la société civile, et des citoyens ont dépassé toutes les estimations. En effet, plus de 3.5 Milliards d’euros ont été collectés alors que les prévisions initiales étaient de l’ordre d’un milliard d’euros. Tout ceci démontre, avec éloquence, l’esprit de solidarité et de patriotisme de tous nos concitoyens devant la pandémie et la preuve de l’engagement de tous derrière Sa Majesté Le Roi Mohammed VI, pour venir, tous ensemble, à bout de cette grave crise.

A.E : Quelle est aujourd’hui la situation en Côte d’Ivoire de vos ressortissants, depuis cette pandémie ?

Pour les 6200 ressortissants marocains enregistrés en Côte d’Ivoire nous avons mis en place, dès le 16 Mars 2020, au sein de l’équipe de l’Ambassade du Royaume, une cellule de veille 24/24 et assuré une communication permanente avec nos ressortissants à travers les réseaux sociaux, les deux associations « AMARECI et ACMRCI », ou directement via les numéros proposés, pour rassurer, conseiller, et garder un contact permanent non seulement avec nos ressortissants établis dans notre pays frère, mais aussi ceux qui sont restés bloqués, suite à la fermeture des frontières ivoiriennes et marocaines. A ce jour, nous n’avons eu que deux cas de contamination au virus Covid-19, dont un qui est heureusement guéri, et nous tenons à profiter de cette occasion remercier et féliciter les autorités sanitaires ivoiriennes pour leur diligence et leur efficacité.

A.E : Comment se portent également les Entreprises marocaines installées en Côte d’Ivoire, face à cette crise sanitaire mondiale ?

Nous avons pris contact avec toutes les Entreprises établies en Côte d’ivoire dès le début de la pandémie et avons demandé à leurs dirigeants de nous tenir informés en temps réel de tous les cas potentiels ou avérés, afin d’apporter notre soutien, s’il en était besoin. Sur le plan économique, nos Entreprises sont, à l’instar de l’ensemble du tissu économique ivoirien, peu ou prou, impactées par cette crise sanitaire, mais nous avons confiance en la dynamique et en le potentiel de la Côte d’ivoire, et restons engagés, plus que jamais, dans la construction de l’économie ivoirienne dans les mois et les années à venir. Nous saisissons cette occasion pour également féliciter le Gouvernement ivoirien pour toutes les mesures importantes adoptées pour accompagner et soutenir les Entreprises du pays, et les PME/PMI en particulier, pour leur permettre de se maintenir et de continuer leur œuvre inlassable d’édification et de dynamisation de l’économie nationale.

Pour ce qui est des grands Projets, celui de la Baie de Cocody et de la Mosquée de Treichville plus précisément, on peut affirmer que ça avance correctement, même si les contraintes imposées par cette pandémie occasionneront certainement des retards qui seront très probablement dépassés une fois cette crise jugulée définitivement.

A.E : Pouvez-vous nous dire quelle est la coopération déployée entre la Côte d’Ivoire et le Maroc, pour faire face à cette crise sanitaire ?

La coopération Sud-Sud entre le Royaume du Maroc et la République de Côte d’Ivoire est une constante immuable pour nos deux pays. Comme vous le savez, Sa Majesté Le Roi Mohammed VI, Que Dieu L’assiste, et Son Excellence Le Président Alassane Ouattara ont une relation très proche et ils se sont parlés, il y a quelques semaines, afin d’envisager ensemble les réponses appropriées via « Une initiative pragmatique et orientée vers l’action, permettant un partage d’expériences et de bonnes pratiques, pour faire face à l’impact sanitaire, économique et social de la pandémie ». Ainsi, cette crise multifacettes, qui est loin d’être terminée, verra probablement éclore une ou plusieurs initiatives positives, dans les semaines et les mois à venir, pour qu’ensemble, nous puissions dépasser cette crise sanitaire, mais surtout ses conséquences économiques et sociales.

A.E : Pouvez-vous nous donner votre solution afin que le continent africain après cette pandémie, puisse redéployer ses potentialités, car nous savons tous que chaque pays subit et ressent à plusieurs niveaux cette crise sanitaire mondiale ?

Cette pandémie, porteuse de défis humanitaires, sociaux et économiques, ne peut être résolue, à mon humble avis, que par des réponses à grande échelle, multilatérales, et multidimensionnelles. L’attachement du Maroc au multilatéralisme dans la lutte contre cette pandémie se matérialise par le soutien aux plans et initiatives du Secrétaire Général des Nations Unies, ainsi qu’à d’autres initiatives auxquelles le Maroc contribue activement. Il est aussi à noter que le Maroc est signataire de la Déclaration commune de l’Alliance pour le multilatéralisme qui appelle à une mobilisation planétaire et à un engagement de tous pour dépasser la crise que nous vivons, avec un accent particulier sur la situation des pays en développement. Ainsi, Le Maroc est pleinement engagé avec ses Partenaires de par le monde, et avec ses pays frères et amis du continent africain, pour travailler en une parfaite symbiose afin apporter sa contribution à la résolution de cette crise majeure, dont les effets négatifs prendront probablement des années pour se résorber définitivement.

A.E : Votre mot de fin

Une note d’espoir pour que cette crise, qui teste les limites de tous, grands et moins grands, permette d’insuffler plus d’humanité, plus de paix, plus de tolérance, et plus de solidarité, dans les cœurs et les esprits, pour un avenir prometteur pour nos enfants, nos familles, nos compatriotes, et nos Pays.

Interview réalisée par Nadège Koffi

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