Inauguré en 2013 et s’étalant sur une superficie de 1059 hectares, le « Dounia Parc » était censé représenter le plus grand espace vert de la capitale et devenir le lieu de villégiature par excellence des Algérois. Cependant, les scandales qui entourent ce projet, dont la réalisation a été confiée au controversé groupe émirati EMIRAL, ne cessent de se faire jour.
Plusieurs hauts responsables impliqués
D’abord, les investigations de la police judiciaire ont signalé l’attribution illégale de lots de terrain d’une superficie totale de 65 hectares du parc Dounia.
Questionné fin septembre 2016 à Oran, par la presse, le Premier Abdelmalek Sellal adéclaré : il y a eu une “erreur dans la manière d’identifier la catégorie juridique à laquelle appartient Dounia Parc”, Il a ajouté que “le caractère particulier du parc ne permet pas l’ouverture des commerces (fast-food) de la manière dont les choses ont été faites". Il avait ajouté : "L’erreur est réparée, qu’on n’en parle plus".
Sauf qu’aujourd’hui l’erreur supposément réparée coûtera à l’Algérie la rondelette somme de 228 millions de dollars.
Dounia Parc qui devrait s’ouvrir en septembre prochain fait partie des plus gros scandales de corruption de ces quatre dernières années. Celui-ci implique des ex-ministres, d’anciens walis d’Alger ainsi que de nombreux cadres et directeurs centraux de plusieurs ministères et directions régionales. L’enquête approfondie de la police judiciaire a démontré que tous ces responsables, coupables de trafic d’influence, ont reçu d’énormes sommes d’argent en échange d’indus avantages.
Plus de 6 milliards de dollars «partis en fumée»
Deux anciens ministres ont reçu de la part de l’entreprise émiratie chargée du projet, EIIC, des pots-de-vin dont le montant se chiffre à 18 millions de dollars. EIIC avait, pour rappel, prévu d’investir dans le projet Dounia Parc, la somme de 250 millions de dollars dans le but de réaliser des gains s’élevant à 5 milliards de dollars à travers des opérations de spéculation foncière avec la complicité des anciens hauts dirigeants.
L’enquête a, par ailleurs, révélé que le projet du parc des Grands Vents a coûté au Trésor public la bagatelle de 6 milliards de dollars. Des pertes qui risquent de s’accentuer de 1 milliard de dollars chaque année à cause des dédommagements que l’État algérien doit verser au profit de l’entreprise émiratie pour non-application des décisions judiciaires liées au cas d’espèce. Ceci malgré le fait que, jusqu’à aujourd’hui, le projet n’est pas terminé et que les infrastructures qui devraient s’étaler sur une superficie de 850 hectares n’ont toujours pas été réalisées.
Enfin, les investigations de la police judiciaire ont aussi signalé l’attribution illégale de lots de terrain d’une superficie totale de 65 hectares du parc Dounia.
Dounia Park : l’Algérie perd un arbitrage international face à l’investisseur émirati. La note est vraiment salée. l’Algérie va payer 228 millions de $ à un fonds d’investissement émirati
Le verdict a été rendu le 9 mai dernier par le centre international pour le règlement des différents relatifs aux investissements (International center for settlement of investment disputes (ICSID).)
L’affaire a été engagée le 5 avril 2018 par l’Emirates international investment company (EIIC), un fonds d’investissement détenu par la famille royale d’Abou Dhabi, contre le ministère algérien de la Justice et l’Agence algérienne de développement de l’investissement (ANDI).
C’est ce que rapporte Global Arbitration Review (GAR), une revue qui publie des articles approfondis sur les questions d’arbitrage international dans le monde:
« Une entité détenue par la famille royale d’Abou Dhabi s’est vu attribuer plus de 228 millions de dollars plus les intérêts et les frais dans le cadre d’une action CIRDI contre l’Algérie pour un projet raté de développement d’un parc métropolitain – comme un arbitre dissident soutient que l’affaire aurait dû être rejetée sur la base de preuves de malversation », écrit la revue.
L'armée verrouille le pays
La corruption en Algérie est un phénomène économique et social important dont les causes résident dans le système de gouvernance autoritaire du pays, et qui touche tous les secteurs économiques et tous niveaux de la société. En 2021, l'Algérie était à la 117e place du classement «indice de perception de la corruption» de l'ONG Transparency International, loin derrière ses voisins maghrébins la Tunisie (70e) et le Maroc (87e)... Témoignage d'un investisseur algérien:
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