SARS-CoV-2: l’appel de Abdelkrim Benoutiq à une loi de Finances rectificative.
Abdelkrim Benoutiq, membre du bureau politique de l’USFP, et fondateur du Parti travailliste. De 2017 à 2019, il fut ministre délégué auprès du Ministre des Affaires étrangères, chargé des Marocains résidant à l’étranger et des Affaires de la migration, estime qu’une loi de Finances rectificative serait la bienvenue pour adapter l’action de l’Etat aux impondérables de l’heure.
Une loi de finances rectificative (appelée aussi « collectif budgétaire»).
Ces lois sont les seules permettant de modifier, en cours d’année, les dispositions de la loi de finances initiale (LFI) concernant notamment le plafond des dépenses du budget de l’État et les données générales de l’équilibre budgétaire. Les projets de lois de finances rectificatives sont déposés au cours de l’année d’exécution du budget. Deux grandes catégories de lois de finances rectificatives On peut distinguer deux catégories de lois de finances rectificatives :
Les traditionnelles lois de finances rectificatives de fin d’exercice (« collectifs de fin d’année ») qui permettent de régulariser les montants des crédits et de procéder aux ouvertures et aux annulations de crédits nouveaux en fonction de l’exécution de la loi de finances initiale.
Les projets de loi de finances rectificative peuvent également être soumis au Parlement en cours d’année. Dans ce cas, ils permettent généralement d’adapter la politique budgétaire à la conjoncture économique, lorsqu’elle modifie les conditions d’exécution de la loi de finances initiale, ou de traduire une nouvelle orientation de la politique économique et budgétaire.
L’objet des lois de finances rectificatives est de « corriger les prévisions initiales et procéder aux ajustements que le pouvoir règlementaire n’est pas habilité à opérer par lui-même, ou encore infléchir sensiblement en cours d’exercice la politique budgétaire, soit pour prendre en compte les évolutions conjoncturelles.
Titulaire d’un Doctorat en Droit de l’Université Jean Moulin -Lyon 3, France, il est aussi diplômé du Centre des études diplomatiques et stratégiques de Paris. Il est également titulaire d’un diplôme d’études supérieures (DESA) de l’institut de gestion du personnel de Paris et d’un DEA en linguistique de l’université René Descartes Paris V Sorbonne ainsi que d’une maîtrise en langue et littérature arabe de l’université Mohammed V de Rabat. Ancien cadre supérieur à la banque BNP Paribas BMCI et ancien conférencier au Centre des études diplomatiques et stratégiques de Paris, il est inscrit comme arbitre à l’autorité d’arbitrage et de médiation à la Cour d’appel de Rabat et président du cabinet Arbitrage et Médiation-Rabat et du cabinet Global Investment à Lyon (France). Abdelkrim Benatiq fait ses débuts au sein de l’Union socialiste des forces populaires (USFP) et la Confédération démocratique du travail (CDT). Le 6 septembre 2000, il est nommé secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie sociale, des petites et moyennes entreprises et de l’Artisanat dans le gouvernement el-Youssoufi II. Lors du remaniement du 23 juillet 2001, il devient secrétaire d’État au Commerce extérieur.
Une loi de Finances rectificative serait la bienvenue
A titre d’homme politique « indépendant » qu’il a accordé une longue interview au quotidien Assabah, parue dans son édition de ce mercredi 29 avril. Abdelkrim Benoutiq y passe au peigne fin les actions et les mesures prises par le gouvernement pour faire face à la pandémie du Covid-19.
Abdelkrim Benoutiq salue d’abord les « décisions fortes » que les autorités marocaines ont rapidement prises pour tenter de freiner la propagation de la maladie du Covid-19. L’Etat a tout simplement rempli comme il se doit ses responsabilités politiques, économiques et sociales en veillant à la continuité du bon fonctionnement des services publics.
Le Covid-19, par son activité virale, qui agit comme un cheval de Troie, a endommagé plusieurs secteurs et affaibli d’autres. Il a accentué le chômage et amarré le commerce extérieur. Il en découlera nul doute un effondrement des recettes fiscales…
Les mesures anticipatives
Selon Abdelkrim Benoutiq, la création à temps du Fonds spécial de solidarité dans lequel l’Etat a immédiatement injecté 10 milliards de dirhams et que des dons publics et privés continuent d’alimenter, ainsi que la mise en place du Comité de veille économique, ont été les moments forts de l’anticipation marocaine en riposte à la pandémie.
Cependant, malgré la rapidité de la réactivité des pouvoirs publics, Benatiq estime qu’il ne faut pas faire preuve de triomphalisme, car la lutte contre le Covid-19 aura un coût élevé pour l’économie marocaine. Le confinement, s’il se prolonge encore, aura des retombées négatives directes sur le Produit intérieur brut du pays, comme le prévoient déjà de nombreuses études concordantes.
Ainsi, selon une étude de la Caisse de dépôt et de gestion (CDG), le PIB marocain va être délesté de 10,9 millards de dirhams, soit une baisse de 3,8% au 2e trimestre de 2020. Les secteurs les plus touchés par la pandémie de coronavirus seront surtout le tourisme et la construction automobile. A eux seuls, ces deux secteurs concentrent le plus gros contingent de pertes d’emploi enregistrées au Maroc, devant le textile. Il faut aussi craindre une chute des investissements directs étrangers et de la manne des transferts des résidents marocains à l’étranger.
Le Covid-19, qui agit comme un cheval de Troie, a endommagé plusieurs secteurs et affaibli d’autres. Il a accentué le chômage et amarré le commerce extérieur. Il en découlera nul doute un effondrement des recettes fiscales de 2020.
Mais, explique Abdelkrim Benoutiq, il faut reconnaître que l’anticipation royale a sauvé le Maroc d’une crise qui aurait pu être beaucoup plus grave, voire insurmontable. Reste maintenant à adapter la loi de Finances 2020 aux nouvelles donnes.
En effet, le chamboulement qu’a connu le tissu économique marocain exige la confection d’une loi de Finances rectificative qui prendrait en compte tous les nouvelles donnes imposées par la pandémie (taux de croissance, entreprises locales en difficulté, crise économique chez les partenaires internationaux du Maroc…). Mais le Maroc doit aussi garder le cap du projet de nouveau modèle de développement, car l’après-coronavirus pourrait être porteur de nouvelles opportunités de croissance, aussi bien sur le plan national qu’international, qu’il faut également anticiper dès maintenant, dans le cadre de ce qu’il appelle une « mondialisation intelligente ».
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