SANTE: UN AUTRE VIRUS FAIT DEUX MORTS ET PLUSIEURS MALADES EN ESPAGNE
Alors que la pandémie de coronavirus sévit toujours en Europe et dans le monde, d’autres virus continuent de faire des victimes. En Afrique comme en Europe, sans oublier l’Asie et les USA, plusieurs cas de morts suite à des virus, voire germes ou bactéries ne font pas forcément la une de la presse dans un contexte sanitaire tendu. On a par exemple …
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Fièvre du Nil occidental ou infection par le virus West Nile
L’infection par le virus West Nile, également appelé virus du Nil occidental, est une zoonose dont la diffusion à l’échelle de la planète s’est modifiée récemment.
Le virus West Nile infecte l’homme accidentellement, essentiellement par piqûre de moustique infecté, mais l’infection peut être transmise par l’intermédiaire de certains produits de santé d’origine humaine.
Agent Le virus West Nile est un arbovirus, de la famille des flaviviridae, transporté par des oiseaux migrateurs. Son cycle de vie implique un insecte vecteur, le moustique, un réservoir animal, l’oiseau, et des hôtes accidentels, le cheval et l’homme, qui sont des impasses pour son développement.
Réservoir Les oiseaux constituent le réservoir habituel du virus et jouent un rôle d’hôte amplificateur.
Mode de contamination Les moustiques vecteurs (virus isolé chez 75 espèces différentes dont : culex, aedes…) s’infectent en piquant des oiseaux eux-mêmes infectés. Ils peuvent contaminer, par piqûre, l’homme et les herbivores domestiques comme le cheval. Le cheval et l’homme sont des hôtes accidentels dans le cycle de cette zoonose et représentent des culs de sac épidémiologiques. Ceci signifie qu’il n’y a aucune transmission directe du cheval à l’homme ni d’homme à homme.
En revanche des cas de contamination transplacentaire et par l’allaitement maternel ont été décrits.
Transmission par le sang et les organes En 2002, des études ont démontré aux Etats-Unis un risque faible de transmission lors de transfusion sanguine ou de don d’organe. L’analyse du risque de transmission du virus West Nile concerne l’ensemble des éléments et produits du corps humains tels que les produits sanguins labiles et les greffons. La sécurité repose sur une sélection clinique préalable des candidats au don (recherche de contre-indication au don, identification de facteurs de risque…) et sur une qualification biologique des dons mettant en œuvre un dépistage spécifique du virus West Nile. Le virus West Nile se caractérise par l’apparition d’infection aiguë chez l’homme, pour laquelle la présence du virus dans le sang ou virémie est brève (quelques jours). Le risque de transmission transfusionnelle de ce virus est donc étroitement lié au risque de prélever un donneur pendant la période de virémie alors qu’il ne présente par ailleurs aucun signe clinique d’infection qui l’exclurait du don au moment de la sélection clinique (donneur asymptomatique virémique). Les donneurs asymptomatiques et potentiellement virémiques sont ceux qui résident ou ont séjourné récemment dans une zone où des cas humains surviennent. En conséquence, il faut à la fois tenir compte des alertes issues de la surveillance métropolitaine mais le cas échéant, également des cas humains survenus dans les autres pays où le virus West Nile circule. Une cellule d’aide à la décision (CAD) « éléments et produits du corps humain » est activée par l’ANSM afin de proposer des mesures spécifiques de prévention de la transmission de ce virus par les éléments et produits du corps humain (éviction des donneurs en provenance des pays à risque).
Epidémiologie Le virus West Nile, qui avait auparavant été responsable d’épidémies en Afrique, Europe de l’est, au Moyen Orient et en Asie, a été détecté pour la première fois sur le continent américain, aux Etats Unis, en 1999. Depuis, il diffuse à tout le continent nord américain où la maladie se présente comme une maladie émergente.
En France métropolitaine, détecté dès les années 1962-1963 en Camargue, le virus a été retrouvé de nouveau en 2000 chez des chevaux. En 2003, 7 cas humains ont été diagnostiqués dans le département du Var et en 2006, 5 cas équins ont été détectés dans les Pyrénées Orientales. L’analyse de ces cas groupés humains et équins ainsi que les données internationales ont conduit à proposer en 2004 une adaptation des mesures de surveillance et de protection jusqu’alors en place.
En 2018, 25 cas d’infection humaine autochtone à virus West Nile (VWN) ont été identifiés par le dispositif de surveillance du virus West Nile et des arboviroses sur le pourtour méditerranéen français
Surveillance La surveillance vise à la détection la plus précoce possible de toute circulation virale grâce au signalement rapide de tous les cas humains ou animaux suspects ou/et confirmés d’infection à VWN. Elle s’applique donc aux hôtes et vecteurs du virus et comprend des volets humain, équin, aviaire et entomologique
Elle repose sur un dispositif national pérenne et un dispositif de surveillance saisonnière activé dans les zones géographiques où le risque de circulation du virus est accru et à la période d’activité des moustiques vecteurs.
Dispositif national de surveillance pérenne Il consiste en la surveillance clinique des cas équins dans le cadre de la déclaration obligatoire des encéphalites équines ainsi que le signalement à Santé Publique France par le CNR de tous les cas humains qu’il identifie dans le cadre de son activité.
Dispositif de surveillance saisonnière Dans les zones et à la période où les moustiques vecteurs sont présents et actifs, ce dispositif consiste en une surveillance des cas humains suspects, une surveillance des mortalités aviaires et une surveillance entomologique activée uniquement en cas de circulation virale.
Zones géographiques concernées : Pourtour méditerranéen (région Corse, Languedoc-Roussillon et PACA) où ont eu lieu de précédentes épidémies et où sont réunies des conditions géographiques et climatiques propices à la circulation du virus.
Période d’activation du dispositif : du 1er juin au 31 octobre de chaque année, période d’activité des moustiques vecteurs pour la surveillance humaine et entomologique. La surveillance des mortalités aviaires s’étend jusqu’au 30 novembre.
En cas de diagnostic positif un signalement doit être effectué à l’ARS par le laboratoire d’analyse selon le modèle téléchargeable sur le site de Santé Publique France.
Stratégie de réponse en cas de mise en évidence d’une circulation du virus West Nile Trois niveaux de risque sont identifiés :
Niveau 1 : toute preuve de circulation du virus du West Nile dans l’avifaune sauvage et domestique, y compris la mortalité aviaire due au VWN. Information des établissements de santé et des médecins libéraux du département concerné par cette émergence virale afin de leur recommander une vigilance particulière. Cette information est réalisée pour les départements du pourtour méditerranéen par la ou les ARS concernées.
Niveau 2 : Cas équins Mise en alerte des établissements de santé du pourtour méditerranéen (information et sensibilisation) par la ou les ARS concernées.
Niveau 3 : Cas humains – Mise en alerte des établissements de santé du pourtour méditerranéen (information et sensibilisation). – Enquête épidémiologique réalisée par les cellules de veille des ARS dans les départements du pourtour méditerranéen, avec l’appui de l’InVS ; l’objectif est d’identifier les zones potentielles d’exposition. En cas de survenue dans d’autres départements, les investigations sont réalisées de la même manière. Une recherche active rétrospective et prospective des cas est alors mise en œuvre dans les établissements de santé de la zone concernée. – Renforcement de la surveillance humaine sur l’ensemble du territoire afin de détecter les cas ayant séjourné dans la zone de transmission du virus mais hospitalisés dans un autre département. Ceci, d’autant que la fréquentation touristique des départements méditerranéens est très importante. La DGS envoie un message à l’ensemble des établissements de santé couplé à un message aux ARS. Dans ce contexte, le CNR réduira les délais de traitement des prélèvements adressés.
Clinique La durée d’incubation est de 2 à 15 jours (21 jours pour les contaminations transfusionnelles). L’infection passe la plupart du temps inaperçue : 80% infections humaines à VWN sont asymptomatiques. Dans les autres cas, la maladie se présente sous forme d’un syndrome de type grippal avec une fièvre, des maux de tête, des courbatures. Dans des cas exceptionnels (un cas sur 150), la maladie se présente sous une forme sévère et se traduit par des manifestations neurologiques (méningite aseptique, méningo-encéphalites, paralysie flasque aiguë) principalement décrites chez des sujets âgés. La mortalité a été évaluée à 2% des infections.
Diagnostic La confirmation biologique fait appel à des prélèvements de sérum ou de liquide céphalo-rachidien clair (non purulent) afin de mettre en évidence la présence du virus ou surtout la présence d’anticorps dirigés contre le virus. Techniques diagnostiques sont possibles : – identification d’anticorps IgM anti-VWN dans le sérum par ELISA, (si positif à confirmer par une des techniques suivantes) – isolement du VWN (par culture) dans le sang ou le LCR – détection de séquences virales VWN (par RT-PCR puis séquençage), dans le LCR ou le sérum, – détection d’IgM anti-VWN dans le LCR par ELISA, – séroconversion ou multiplication par 4 du titre des anticorps IgG anti-VWN détectés par ELISA dans le sérum sur deux prélèvements consécutifs confirmés par test de neutralisation.
Remarques : la surveillance humaine des infections à VWN repose sur l’exploration virologique systématique des prélèvements de LCR des syndromes neuro-invasifs survenus dans les départements du pourtour méditerranéen entre le 1er juin et le 31 octobre. Plusieurs virus peuvent être la cause de ces syndromes, dont le virus Toscana.
Traitement Le traitement est symptomatique pour les syndromes pseudo grippaux. Pour les méningo-encéphalites, il repose sur une prise en charge hospitalière avec traitement symptomatique en service de réanimation si besoin.
Prévention En cas de circulation du virus West Nile, les mesures de protection individuelle revêtent une importance majeure dans la réduction du risque de transmission du virus, en l’absence de moyens permettant d’éradiquer totalement ce risque : – port de vêtements adéquats, amples et longs, – utilisation de répulsifs cutanés, – vérification de l’étanchéité des portes et fenêtres, – utilisation de moustiquaires, de préférence imprégnées : moustiquaires de lit, de porte ou de fenêtre, (en particulier moustiquaire de berceau) – imprégnations de tissus : rideaux, vêtements, – autres mesures complémentaires d’appoint, tel que la destruction des gites larvaires à proximité et dans les habitations, – limitation des activités en extérieur aux heures où les moustiques sont les plus actifs.
Les répulsifs cutanés Dans la stratégie de protection contre les moustiques vecteurs, les répulsifs sont un complément à la tenue vestimentaire, à l’utilisation de moustiquaire et à la lutte contre les gîtes larvaires. Les répulsifs sont composés d’une substance active qui éloigne les insectes sans les tuer. Ils sont appliqués sur toutes les parties du corps non couvertes en évitant les muqueuses et les yeux. Ce sont des produits biocides de type TP 19. Il est fortement recommandé d’utiliser comme répulsifs cutanés ceux dont les substances actives font actuellement l’objet d’une évaluation d’efficacité et d’innocuité dans le cadre de la directive européenne biocide 98/8/CE et d’en respecter les conditions d’utilisation. Les substances actives en cours d’évaluation et susceptibles d’être contenues dans des produits répulsifs cutanés sont : – Le NN-diethyl-m-toluamide (DEET) ; – Le R3535 ou EBAAP ; – La picaridine ou icaridine ; – Le PMDRBO (cis et trans para-menthane 3,8-diol Rich botanical Oil).
Leur durée de protection varie de 4 à 8 heures selon la nature et la concentration de la substance active ainsi que des conditions d’utilisation (sudation, température et humidité ambiantes, usage concomitant d’une crème solaire…) : – l’application doit être renouvelée après une baignade, – l’utilisation de crèmes solaires (anti UV) diminue l’efficacité de protection des répulsifs et réciproquement. Un répulsif ne devrait être appliqué sur la peau qu’au moins 30 minutes après une crème de protection solaire.
Ces produits sont à employer avec précaution, ils ne doivent pas être ingérés, ni appliqués sur les muqueuses ou sur des lésions cutanées étendues. Il est fortement recommandé aux porteurs de lentilles cornéennes de ne pas manipuler les lentilles de contact après application d’un répulsif en raison du risque irritatif des produits et de l’altération possible des lentilles, notamment par le DEET. Ces produits ne doivent pas être manipulés ou appliqués par les enfants eux-mêmes. Pour les jeunes enfants de moins de 30 mois, l’ANSM recommande de ne pas appliquer de produit sur le visage et sur les mains en raison du risque d’ingestion orale. Chez l’enfant et la femme enceinte leur utilisation doit respecter un mode d’emploi précis. . En dehors de cette situation de risque grave, l’ANSM précise qu’au vu des résultats des évaluations européennes en cours concernant les substances répulsives, l’usage de l’IR3535 est à privilégier chez les jeunes enfants et les femmes enceintes.
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