La France ne s’est jamais excusée auprès des peuples colonisés et encore moins réparé les dégâts causés lors de son passage sur des civilisations entières alors qu’Emmanuel Macron dénonçait avant son élection à la présidence la « barbarie » et le « crime contre l’humanité » de la colonisation.
Le 20 août 1953, Sidi Mohammed ben Youssef est embarqué dans un avion pour la Corse, étape qui précède un exil à Madagascar. Sa famille l´accompagne dont le futur Hassan II. Le journal Le Monde affirme que «l'ordre règne au Maroc», en omettant volontairement qu´il s'agit d´un ordre colonial, se définissant par des arrestations arbitraires et des tortures. Le parti de l'Istiqlal est dissout et ses dirigeants arrêtés.
Les habitants de la province de Khouribga se sont inscrits avec courage et bravoure dans la lutte pour la libération et l’indépendance du Royaume, dénonçant la décision des autorités coloniales d’exiler le 20 août 1953, feu SM Mohammed V et son compagnon de lutte feu SM Hassan II, tout en s’opposant avec force aux manoeuvres de la résidence générale française pour rompre les liens séculaires et indéfectibles entre le peuple et son Roi et également entamer l’esprit de la résistance nationale.
Ils se sont tous soulevés contre le colonisateur et ont créé plusieurs cellules secrètes de résistance qui planifiaient et exécutaient des opérations qui ciblaient les intérêts du colonisateur à travers la région.
Le 20 août 1955, pour le second triste anniversaire de la déposition du Sultan, le peuple marocain est dans les rues.
À Oued Zem, ville dont je suis originaire, un soulèvement des tribus de la région (Smaala, Béni Kheirane, Béni Smir, etc.) dans la ville des mines d’Oued-Zem, avec 13 000 habitants dont 1 500 Européens. Cinq à six mille rebelles descendent des montagnes boisées, d’Oued-Zem, dans la journée du 19 août et dans la nuit du 19 au 20 août, et envahissent la ville d'Oued Zem à l’aube du 20 août.
La riposte des autorités coloniales... Opération Képi Blanc
Le général Duval lance sa réserve générale constituée par les deux bataillons du 4e R.E.I.
C’est l’opération Képi Blanc.
Le 2e bataillon du 4e R.E.I., alerté dans la matinée, débouche à onze heures dans les rues de la ville d’Oued-Zem. Quelques combats se poursuivront dans l’après-midi mais le gros des émeutiers a rejoint les montagnes .
Les légionnaires du 4e R.E.I. et les parachutistes du 6e B.P.C., renforcés par le 93e R.I., soutenus par l’aviation, repoussent les rebelles; puis ils pénètrent dans la montagne; l’action se poursuit jusqu’au 7 septembre, très durement, pour tenter d’arrêter ce soulevement.
La population de la ville avait subi de la part des autorités coloniales un déchaînement démentiel de cruauté et de barbarie pour ne pas dire un génocide qui avait décimé une bonne partie de la population de Oued-Zem estimée à l’époque à 13 000 personnes.
Mensonges et désinformation: où l'absence de déontologie de la presse française une tradition
Au Maroc après l'indépendance, le souvenir de l'ampleur de la répression a donné à Oued Zem le statut de ville martyre.
La mémoire de la guerre d’indépendance et des atrocités commises par les colons français notamment à Oued Zem et régions n’a pas perdu de sa vivacité. Les Marocains n’ont eu de cesse de demander à la France de reconnaître les crimes commis pendant la colonisation et de présenter des excuses au peuple et au Roi.
Les descendants, amis, voisins et collègues des Martyres, soulèvent avec véhémence dans leur lettre ouverte, « Monsieur le Président de la République Française, le Royaume du Maroc garde toujours en mémoire les stigmates des massacres perpétrés par l’armée française sur le peuple inoffensif marocain en période de protectorat. En effet, cette armée par la main de légionnaires, a commis lors des opérations dites de “nettoyage“ outre les viols, les razzias et des vols, des fusillades arbitraires et des raides aériens ayant conduit à un carnage inique sur la population civile de la ville d’Oued-Zem et des tribus avoisinantes durant la semaine du 20 au 31 août 1955.
Et la lettre de poursuivre: « Les descendants de plus de plus de deux mille (2000) martyres sont toujours profondément marqués par ce génocide de femmes, d’enfants et de vieillards, et sa douleur ne peut être dépassée que par l’expression solennelle d’un “PARDON“ à la ville d’Oued-Zem de la part du Président de la République Française. Cela dit, la question du devoir mémoriel envers les crimes coloniaux reste un sujet sensible et complexe. Les enjeux politiques, sociaux et culturels qui entourent cette question souvent entravent la résolution complète de cette problématique. Les gouvernements, les sociétés civiles et les individus des deux pays ont des points de vue variés sur la manière de traiter cette question et sur la profondeur de la reconnaissance et des réparations à apporter.
Emmanuel Macron aura-t-il le courage d’aborder la question du devoir mémoriel envers les crimes coloniaux en construisant leur relation future et dans la perspective d’une capacité à rétablir les divisions historiques pour avancer vers une compréhension mutuelle et une réconciliation durable. Cela étonnerait énormément au regard de la personnalité et du profil du bonhomme, Macron n’a ni le gabarit de Mitterrand ou de Chirac pour ne citer que ces deux grands présidents-là.
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