«L’histoire opère lentement.» Ulrich Wickert ... «Un peuple sans Histoire est un peuple sans avenir»
Que nous rappelle Aimé Césaire avec ce proverbe qui résonne si fortement aujourd'hui ?
Aimé Césaire nous rappelle que si la mémoire est un trésor à partager c'est aussi une arme qui peut être manipulée, révisée, niée. Aux historiens, une fois de plus, de faire le lien, de créer du sens dans ces mémoires pour éviter les amalgames qui conduisent souvent à la haine ou à l'incompréhension.
«Il n’y a pas que les documents historiques attestant de la souveraineté du Maroc sur ce qui est appelé entre guillemets +le Sahara occidental+ mais aussi sur +le Sahara oriental+», a indiqué Bahija Simou, invitée au Forum de la MAP. Pour étayer ses affirmations, elle a assuré que les documents officiels existent en nombre important dans les Archives royales et qu’ils «sont d’ailleurs mis à la disposition des chercheurs pour les examiner et les étudier». Ces propos ont suscité des réactions de la part des médias algériens qui n’hésitent pas à crier à la provocation alors que des faits historiques corroborent les propos de l’historienne marocaine.
En 1956, année de l’indépendance du Maroc, Tindouf était administrativement rattachée à la région d’Agadir. En 1960, le Général Charles de Gaulle, alors président de la République française, avait, dans une correspondance adressée au défunt Roi Mohammed V, relaté explicitement que le Sahara oriental était marocain. «Les relations amicales que je suis heureux d’entretenir avec Votre Majesté me déterminent à l’informer personnellement de la décision que j’ai prise de faire procéder à partir du 31 mars à une nouvelle expérience nucléaire au Sahara» oriental (à l’époque le Sahara occidental était encore occupé par l’Espagne, NDLR), avait-il déclaré.
Ben Bella et le Sahara Oriental marocain :
Pourquoi brûle-t-on les bibliothèques au Sahara oriental, territoire revendiqué par le Royaume du Maroc?
Un incendie criminel ravage la Bibliothèque traditionnelle d'In salah. Cet incendie a été planifié par le régime militaire algérien.
Le Bibliothèque traditionnelle d'In salah a été lourdement endommagée par un incendie criminel, causant des pertes importantes et la destruction de plus de 1.800 manuscrits vieux de 400 ans. Les manuscrits détruits étaient les témoins de la souveraineté du Maroc sur le Sahara oriental.
Un incendie détruit l’ensemble des manuscrits de la bibliothèque de Moulay Al-Abbas Al-Ragani
En 2021 - Un incendie criminel a détruit l’ensemble des anciens manuscrits de "Khizanate" (bibliothèque traditionnelle) de Moulay Al-Abbas Al-Ragani dans la commune de Bouda (Ouest d’Adrar).
L’enseignant de l’histoire à l’Université d’Adrar, Pr. M'barek Djaâfri, avait indiqué que la bibliothèque de Moulay Al-Abbas Al-Ragani située à Ksar "Beni Azel", (commune de Bouda) dispose de plus de 1.963 manuscrits relatifs, entre autres, à la science, l’art, en plus des lettres et des actes anciens.
Ce patrimoine culturel est composé de plusieurs manuscrits liés à différents domaines, notamment une des plus anciennes versions du Coran écrite par le fondateur de la bibliothèque Moulay Al-Abbas Ben Moulay Abdallah Al-Ragani, ainsi que d’autres manuscrites sur El-fiqh (les principes de la loi islamique), la langue, la littérature, les biographies, la médecine... Les manuscrits détruits étaient les témoins de la souveraineté du Maroc sur le Sahara oriental.
De la marocanité de Tindouf, du Touat, du Gourara et du Tidikelt... Par Bernard Lugan, historien français, spécialiste du Maghreb
Le temps des révélations historiques et des documents juridiques resurgit et comme par enchantement semble reprendre le dessus dans cette affaire du Sahara marocain, qui constitue à n’en pas douter le plus grand hold-up du siècle.
Bernard Lugan vilipendé pour avoir souligné la marocanité du Sahara oriental, l’historien français Bernard Lugan s’explique dans cet entretien sur les conditions ayant sous-tendu l’annexion de la région à l’Algérie ainsi que sur la dimension psychologique encore jusqu’à aujourd’hui de mise au sein de l’élite dirigeante algérienne sur la question des frontières avec le Maroc.
Lyautey s’était opposé aux visées expansionnistes de ses compatriotes sur ce qu’on appelait alors l’Algérie française.
En 1924, la question de la souveraineté sur le Touat, territoire situé à l'est de Tindouf, opposa l'administration française du Protectorat aux gouverneur général de l’Algérie. Depuis Rabat, le maréchal Lyautey adressa alors au gouvernement français, deux longues notes concernant les frontières historiques du Maroc. Elles donnent un éclairage important sur la question.
Dans une note datée du 4 février 1924, de Rabat, les services du résident de France écrivaient:
«Il n’est pas douteux qu’à cette époque (avant le Protectorat), l’Empire chérifien étendait nettement son influence au sud de l’Algérie, et il coupait celle-ci du Sahara proprement dit: les Oasis sahariennes du Touat, du Gourara et du Tidikelt relevaient depuis plusieurs siècles du Sultan du Maroc. L’autorité du Sultan Moulay Hassan y fut rétablie en 1892, et des gouverneurs marocains y demeurèrent jusqu’à l’occupation française d’In-Salah (1902) qui provoqua des protestations au Makhzen (…) En 1917, le Général Gouraud qui était alors Commissaire résident Général par intérim* demanda même le retour de Colomb Béchar au Maroc».
Quatre jours plus tard, dans une note en date du 8 février 1924 destinée au président du Conseil (le chef du gouvernement français), le Maréchal Lyautey, résident général au Maroc, écrivait:
«J’estime que le Maroc a, dans le Sahara, une frontière commune avec l’Afrique occidentale française (…). Je ne puis qu’appeler toute l’attention de Votre Excellence sur l’importance de la question pour ce qui regarde le Maroc dont la France a solennellement garanti l’intégrité, engagement qu’elle a rappelé au cours des négociations récentes. Au surplus, sans qu’il soit, je pense, nécessaire d’insister davantage sur ce point, l’histoire des dynasties marocaines suffit à démontrer que, de tout temps, les Sultans ont exercé sur cette partie du continent une action spirituelle et, parfois, effective, incontestée».
Pour le maréchal Lyautey, l’appartenance de Tindouf au Maroc ne faisait donc aucun doute. L'administration marocaine s'exerçait en effet sur la vallée de Tindouf qui dépendait du khalifa du Tafilalet et ses caïds étaient nommés par dahir du sultan du Maroc. Les archives marocaines conservent de nombreux documents administratifs confirmant cette réalité.
La première agglomération de Tindouf (tama-n-Douf en tamazight), ou Tendefès est connue par El Bekri et le Tarikh-el-Fettach. Pillée, ravagée et enfin détruite par les rezzous successifs des Touaregs, des Berabers et des Rguibat, elle disparut durant deux siècles, mais ses points d'eau continuèrent à être fréquentés par les caravanes transsahariennes. La ville nouvelle de Tindouf fut fondée en 1852 ou en 1857 par Mrabet Ould Belamech, chef de la tribu des Tadjakant qui avait fait allégeance au sultan du Maroc.
En 1934, la France occupa Tindouf qui, dans un premier temps, fut englobée dans la zone militaire dépendant du commandement français du Maroc avant d’être placée sous l'autorité du Gouverneur général de l'Algérie. Mais à aucun moment, la marocanité de la région ne fut remise en cause.
En 1956, au moment de l'indépendance du Maroc, Tindouf était administrativement rattachée à la région d'Agadir, comme d’ailleurs Fort-Trinquet (l'actuelle Bir Moghreïn) en Mauritanie. Au mois de juillet 1962, quand elle accorda l'indépendance à l'Algérie, la France était militairement présente à Tindouf dont elle se retira au mois d’octobre, laissant l'ALN (Armée de libération nationale) algérienne s'y installer. C'est ainsi que Tindouf la marocaine est devenue algérienne.
Pourtant, au mois de juillet, les tribus de la région de Tindouf, essentiellement les Tajakant et les Rguibat avaient fait allégeance au roi du Maroc. Au début du mois d’octobre, quand l’armée algérienne occupa Tindouf, elle en chassa par la force les représentants du Maroc qui avaient refusé de se retirer. Cette prise de possession fit alors de nombreuses victimes.
* Lyautey était alors ministre de la Guerre à Paris.
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