Le Haut-Commissariat pour les réfugiés a dénoncé mercredi le retour forcé de centaines de déplacés burkinabè qui avaient trouvé refuge dans le nord du Ghana. Le gouvernement de Ouagadougou a confirmé le lendemain que près de 500 de ses ressortissants avaient été expulsés ces derniers jours. Le Ghana dément. En juin, le pays avait ouvert un centre d'accueil pour les déplacés, en coordination avec Ouagadougou.
Plus de 500 Burkinabè, dont de nombreuses femmes et leurs enfants, sont arrivés dans le sud du Burkina Faso après avoir été expulsés du Ghana voisin.
Une délégation gouvernementale burkinabè s'est rendue jeudi 13 juillet à Dakola, commune proche de la frontière avec le Ghana. Elle a effectivement constaté que 250 de ses ressortissants, majoritairement des femmes et des enfants, étaient de retour au pays, et ce contre leur volonté: tous étaient privés de leurs biens et de leurs documents administratifs, d'après les témoignages.
La ministre de la Solidarité nationale, Nandy Some Diallo, a expliqué jeudi que les personnes rapatriées ont été reçues depuis mardi dans trois régions différentes, le long de la frontière.
"Ces compatriotes ont été refoulés par la partie ghanéenne sans vraiment une information officielle de sa part", a-t-elle précisé.
Selon un communiqué du ministère de l'Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité, 250 personnes dont "35 hommes, 85 femmes et 130 enfants" ont été "refoulés du territoire ghanéen", vers la localité de Dakola, dans la région du Centre-sud.
"Toutes ces personnes affirment n’avoir pas pu ramener leurs biens, ni prendre leurs documents administratifs", poursuit ce texte qui précise qu'une délégation gouvernementale s'est rendue mercredi à Dakola.
Le gouverneur de la région du Sud-ouest, Boureima Sawadogo, a de son côté indiqué avoir recensé quelque "200 personnes" dans la localité de Ouessa, une autre ville frontalière, à 200km à l'ouest de Dakola. Enfin, dans la région du Centre-ouest, une soixantaine de personnes ont été accueillies, selon les autorités locales.
Seydou Tall, un septuagénaire qui avait rejoint le Ghana trois mois plus tôt, a expliqué à des médias locaux avoir été prié mardi, avec d'autres, de quitter ce pays où certains vivaient depuis plus de dix ans. "Nous ne savons pas ce qu'on nous reproche", a-t-il déploré.
"Préoccupé par les informations faisant état d'expulsions de centaines de citoyens burkinabè, principalement des femmes et des enfants", le Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a appelé mercredi dans un communiqué le gouvernement du Ghana à "mettre fin à ces expulsions qui constituent une violation du principe de non-refoulement, et à garantir l'accès au territoire et l'asile aux ressortissants du Burkina Faso en quête de protection internationale".
Le Burkina Faso est confronté sur une grande partie de son territoire à des attaques djihadistes régulières qui poussent les populations à fuir.
Dans un communiqué publié jeudi, le ministère ghanéen de la Sécurité nationale a réfuté ces allégations, expliquant qu'un centre d'accueil temporaire, d'une capacité de 2 100 personnes, a été mis en place dans la région frontalière du Burkina Faso et abrite environ 530 réfugiés burkinabè.
"Contrairement aux allégations selon lesquelles les déplacés burkinabè sont chassés du Ghana, un processus de rapatriement a été institué au centre d'accueil pour faciliter le mouvement des Burkinabè qui souhaitent retourner dans leur pays", souligné le communiqué.
Respecter le droit international de non-refoulement des réfugiés dont la vie ou la liberté est menacée
Le ministère ghanéen de la Sécurité nationale a démenti les accusations d'expulsions, et soutient au contraire prendre correctement en charge les réfugiés à sa frontière. Le secrétaire exécutif du Ghana Refugee Board Tetteh Padi affirme au contraire que 3 200 burkinabè ont été enregistrés dans son centre d'accueil.
"Nous avons installé un centre de réception des réfugiés dans la région de l'Upper East. Certains vivent encore chez les communautés qui les ont accueillis et nous sommes en train de transférer vers ce centre. Il a une capacité d'accueil de 2 100 personnes, sans compter les abris que nous avons installé et qui peuvent en accueillir 4 000 supplémentaires. Et nous avons encore largement de la place pour de nouveaux venus".
Les autorités ghanéennes déclarent aussi qu'une procédure de rapatriement volontaire a été mise en place pour les réfugiés qui voudraient rentrer chez eux, mais qu'aucun n'aurait fait la demande jusqu’ici.
Avec, autres presses
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