Maroc et diplomatie culinaire à Paris Un art présenté sans saveur ni couleurs ni odeurs… By K Kaddouri.
By K Kaddouri
Il s’est écrit il y a de cela 8 mois qu’il y aurait un festival de la gastronomie, La Diplomatie culinaire à Paris, Maison du Maroc.
Nous étions impatients en cette période de pandémie de retrouver nos couleurs, notre convivialité, nos saveurs que nous savons si savamment partager. Un festival où les grands chefs de la cuisine marocaine rencontreraient les grands chefs de la cuisine française dans une ville, Paris, où la gastronomie du quatre coins du monde est largement représentée.
Le Slogan ou thème, que sais-je, « diplomatie culinaire » a engendré une réflexion non moins déroutante car le champ sémantique est dans la compréhension collective très ambiguë et complexe.
Le président initiateur de cette saga -festival est quasi « absent » à cet évènement du 30 septembre 21. Néanmoins au vu du programme, nous nous posons quelques questions au vu de cette journée dite « culinaire » à la Maison du Maroc à Paris.
Je et nous nous posons ces questions majeures : Les absents
Où, sont nos diplomates des régions du monde, nos ambassadeurs des saveurs ?
Qui représente la gastronomique marocaine de Paris et de France ? A priori nos précurseurs, nos restaurateurs, devenus chefs de la gastronomie marocaine sont absents.
Comment sont représentés notre gastronomie, nos arts de la table, ses classiques, ses nouveautés, sa cuisine moléculaire peut être?
Quelles sont les diplomaties du Monde venues partager avec nous notre cuisine à Paris.
Nous sommes abreuvés de concours de chefs, par-delà des réseaux et des médias et la cuisine du goût, des couleurs des saveurs demeurent être le meilleur moyen de voyager, de transmettre et positionner une culture, une histoire, un art de vie, art de vivre.
Le programme laissait déjà présager un tableau inachevé.
Or, sur place, je m’aperçois que le miroir de ce tableau nous laisse inutilement nous distraire dans des étals de présentation, diverses : la charcuterie, vente d’huile, de gâteaux orientaux d’un emballage surfait, présentation d’une porcelaine française, des graines de cacao et du chocolat … Et le buffet est l’attraction principale où petits fours non-classes, ni orient, ni français, ni d’autre horizons, un soupçon d’air de déjà vu, à l’image d’un cocktail entreprise avec une grande journée de convention…
Au carrefour de Paris, les diplomaties culinaires auraient pu être valorisées:
Par un challenge du goût et des saveurs de tous nos ambassadeurs de la cuisine marocaine et celles représentées à Paris au travers de chacune de leur « diplomatie » respective :
Il s’impose une valorisation de notre gastronomie, un culinaire revisité, sans les dénaturer car nous avons su garder au travers des années notre empreinte culinaire avec ses qualités régionales, son art de la table, ses produits bio sans avoir à se « baliser » bio.
Il s’impose une valorisation de notre gastronomie mélangée avec nos arts culinaires des pays d’accueil, un gout franco- marocain, un mixte gustatif Maroc-Asie, une influence africaine sub-saharienne au-delà des saveurs du cacao…
Et le constat que nos ambassadeurs de la cuisine marocaine et leurs représentants très connus à Paris sont malheureusement absents du podium.
La Mansoura, le Timgad, et bien d’autres …ont permis aux parisiens et organismes diplomatiques du monde entier, de connaitre et d’apprécier notre art de la table , notre cuisine généreuse avec ses goûts ses saveurs, ses traditions mais aussi ses nouveautés culinaires.
Ils demeurent nos meilleurs ambassadeurs, ils ont été et sont les meilleurs ambassadeurs au travers des diplomaties à Paris et ailleurs.
La nouveauté, vouloir créer nouveau : l’art pour l’art n’est pas forcément une extension de l’art. L’art se doit d’être et pouvoir s’identifier comme le visage que nous souhaitons partager.
Nous souhaitons parfois nous détacher de l’image que veulent nous donner tous nos hypocrites citoyens du monde qui engagent la discussion sur leur appétit pour le tajine, le couscous.
Néanmoins nous nous devons de préserver tout ce qui fait notre culture pour laquelle notre diplomatie, et tous, sommes les meilleurs les ambassadeurs de notre patrimoine.
Nous devons nous reconnaître et reconnus au travers de notre art culinaire ou par extension notre art de vivre.
Remettons la place du Maroc dans sa géographie, soyons fiers de sa situation africaine.
Notre valeur de « diplomatie » par les vecteurs du culinaire, par des valeurs universelles ou stratégiques seront davantage reconnus comme une force de diplomatie à part entière où nous ne serons pas obligés d’exposer, par exemple la « charcuterie » même de bœuf, pour être reconnus.
« La critique est facile et l’Art plus difficile » dirons certains mais Ma critique est plus facile, plus aisée quand l’Art, notre Art est quasi absent
Tout emprunt culturel n’est pas forcément compatible avec les impératifs sanitaires des pays chauds (même avec des réfrigérateurs).
D’autre part, l’art culinaire est-il exclusivement accessible qu’à une minorité ? Pourquoi avoir associé le Maroc, ici l’art culinaire « aux défilés de caftans. »
Le « tajine et couscous » ne sont pas exposés alors que c’est notre marque de fabrique.
Alors pourquoi exposer le caftan qui est aussi un moyen de répondre aux cliches de notre culture traditionnelle ?
C’est comme un semblant d’inachevé, avec un semblant de complexe refoulé où le nouveau, voire l’innovation même absente, laisse un goût amer d’excuse culturelle.
Peut être aurait-il fallu reprendre la démarche de cette exposition de l’art de la gastronomie marocaine aux Etats Unis où la cheffe a juste adapter le goût aux habitudes des américains, sans pour autant dénaturer nos plats traditionnels qui sont notre ADN culturel et indissociable de notre art de vie.
« Le tajine est toujours présent, ADN du Maroc »
K Kaddouri
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