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Mali: Wagner et les FAMa accusés d’exactions…  Les autorités de Bamako dénoncent…

Mali : Wagner et les FAMa accusés d’exactions…  Les autorités de Bamako dénoncent…

Des greniers réduits en cendres, des motos détruites et des corps enterrés. À Nia Ouro, dans la région de Mopti, au centre du Mali, la journée du 4 janvier 2022 a tourné au désastre. Récit de ces heures de terreur à l’aide de vidéos vérifiées, d’images satellites et en s’appuyant sur les témoignages de notre Observateur qui accuse l’armée malienne d’être responsable de ces exactions.

Depuis le début du mois de janvier, des dizaines de civils auraient été tuées par les forces de l’ordre et leurs supplétifs russes. L’ONU a ouvert une enquête sur l’un de ces massacres. L’ONG Human Rights Watch (HRW) a également établi que les forces armées maliennes ont commis de nombreuses atrocités.

Wagner, des mercenaires au service de PoutineIl n’aura pas fallu attendre longtemps pour que l’ONU se penche sur les crimes attribués à ce groupe de mercenaires russes au Mali. 

Il y a quelques mois, le président français Emmanuel Macron a annoncé le début de la réduction de la présence des troupes françaises au Mali. Ainsi, l’opération Barkhane, initialement déployée pour tenter de lutter contre le terrorisme au Sahel, commence à avoir une date d’expiration, même si Macron n’a pas parlé d’un retrait en tant que tel. La présence française au Mali étant réduite, des pays comme la Russie ont rapidement cherché à étendre leur influence dans la région. Pour Moscou, la réduction des troupes françaises a été considérée comme une occasion d’accroître sa présence, et elle l’a fait savoir après que la société paramilitaire russe Wagner a commencé à renforcer ses contacts avec les autorités maliennes.

Le rapprochement entre les mercenaires russes et le Mali a été condamné par un total de 15 pays, qui affirment que la présence russe pourrait aggraver la lutte contre le terrorisme et encourager les violations des droits de l’homme. Ces pays, qui maintiennent la force antiterroriste Takuba, ont signé une déclaration commune avec la France dans laquelle ils condamnent fermement « le déploiement de mercenaires sur le territoire malien ».

La force Takuba est un groupe composé de militaires européens dont le but est de conseiller les forces armées maliennes afin d’instaurer la stabilité dans le pays et d’aider à la lutte contre le terrorisme. Intégrée dans le cadre de l’opération Barkhane, cette force spéciale opère dans trois bases militaires de l’armée malienne situées à Ménaka, Ansongo et Gao.

Dans le centre du Mali, des habitants affirment avoir été victimes d’exactions de la part des forces armées maliennes et de « soldats blancs ». Morgane Le Cam, journaliste au Monde de retour du Mali, a recueilli leurs témoignages et a enquêté.

«Une chaise, des câbles électriques, une simulation d’exécution et à chaque acte de torture, la même question, rapporte Le Monde Afrique : « Où sont les terroristes ? » « Je ne sais pas », répète inlassablement le jeune éleveur peul aux soldats « blancs et noirs » qui l’ont, selon lui, détenu et torturé, le mois dernier, dans un camp de l’armée malienne situé dans le cercle de Niono, au centre du pays. Selon son témoignage, récolté sur le terrain par un défenseur des droits de l’homme, trois hommes se sont chargés de l’interrogatoire : un « homme blanc parlant une langue inconnue », ainsi qu’un militaire et un interprète maliens. (…)

Selon nos informations, poursuit Le Monde Afrique, des paramilitaires de la société de sécurité privée russe Wagner se sont installés dans ce camp à partir de la fin janvier et plusieurs sources identifient les « soldats blancs » cités comme des mercenaires du groupe. (…) Au total, précise encore le journal, plus d’une dizaine de civils disent avoir été torturés par des Fama et des supplétifs étrangers. « Une quinzaine de personnes sont décédées des suites des tortures perpétrées au camp de Diabaly », soutient une source humanitaire internationale. « Ce ne sont pas des actes isolés, ni aléatoires. Ce camp est devenu un centre de torture où toute un système de sévices a été mis en place ». Selon ce même acteur, la plupart de ces victimes présumées seraient issues de l’ethnie peule, que certains soldats accusent depuis des années de complicité avec les terroristes.»

Ces informations du Monde Afrique se recoupent avec l’enquête menée par RFI.


Les autorités de Bamako dénoncent une «campagne d’information visant à discréditer les Fama»

Côté malien, les autorités de Bamako dénoncent une «campagne d’information visant à discréditer les FAMa», les forces armées maliennes. C’est ce que rapporte notamment Malijet. Malijet qui affirme que les cadavres retrouvés, dont certains avaient les mains liées dans le dos, sont ceux de jihadistes, victimes d’exactions de la part d’autres jihadistes. Malijet qui dénonce «une coordination étroite entre les militants de la Katiba Macina et les organisations pro-occidentales.» Une coordination qui «se manifeste dans la rhétorique de discrédit des Fama face à la communauté internationale. Le fait même que des médias français aient été les premiers à diffuser ces informations non vérifiées indique indirectement l’intérêt de la France à discréditer l’armée malienne, affirme encore Malijet, et à retarder au maximum son retrait du pays, voire à rester ?»

Les Réactions des maliens après le communiqué de la suspension des diffusions de Rfi et France 24

Les terroristes toujours bien actifs…

Ce qui est sûr, d’après Le Républicain à Bamako, c’est que «le front n’est pas du tout paisible, la tension semble monter partout, notamment dans les régions de Djenné et Ménaka, en passant par le Gourma. Les terroristes, repoussés dans leurs derniers retranchements, prennent la posture d’un ennemi en débandade, mais qui est loin de s’avérer vaincu et qui tente de se réorganiser.» Notamment à la frontière avec le Burkina Faso.

Négociations ?

En effet, confirme Maliweb, « l’armée malienne, de mieux en mieux équipée, parvient à avoir quelques succès dans la sécurisation du territoire. Sauf que ces derniers jours, on assiste à un certain réveil des attaques terroristes. Ce fut le cas avec l’attaque de Mondoro, dans la région de Mopti, d’Intahaka, dans la région de Gao et d’Anderaboucane, dans la région de Ménaka. Ces événements malheureux poussent à se demander pourquoi, poursuit Maliweb, les plus hautes autorités tardent à enclencher le processus de discussions avec les chefs terroristes maliens. Puisque différentes forces vives du Mali ont déjà recommandé cette démarche, à laquelle la France s’était opposée. (…) Dans ce sens, le gouvernement, à travers le ministère de la Réconciliation nationale, doit prendre le taureau par les cornes, estime Maliweb. Il doit s’appuyer sur les autorités traditionnelles et religieuses et les leaders communautaires pour initier des rencontres de concertations (avec les chefs terroristes) en vue d’aller à une paix définitive.»

Entre la présence de Wagner et de l’UE: un choix cornélien pour les autorités maliennes

Dans une lettre adressée au ministre des Affaires étrangères du Mali, le 9 mars, le chef de la diplomatie européenne, Josep BORRELL, conditionne le maintien des opérations de l’Union européenne dans notre pays à une stricte séparation avec les activités des paramilitaires russes de Wagner, selon Africa Intelligence. Un choix difficile pour les autorités maliennes dans un contexte de crise sécuritaire où elles doivent compter sur ces deux partenaires pour résoudre les problèmes.

Dans sa correspondance adressée au ministre Abdoulaye DIOP, dont le contenu est relevé par Africa Intelligence, le chef de la diplomatie européenne, Josep BORRELL, pose les conditions de la continuité des actions de l’UE en faveur des soldats maliens.

«Le chef de la diplomatie européenne Josep BORRELL conditionne le maintien des opérations de l’Union européenne au Mali à une stricte séparation avec les activités des paramilitaires russes de Wagner», a indiqué Africa Intelligence.

L’information révélée par nos confrères est la position de l’UE écrite dans une lettre et adressée au ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye DIOP. À défaut de l’envoi d’une mission de clarification, c’est une lettre de clarification qui a été envoyée au ministre DIOP.

Une position non surprenante parce que l’UE avait déjà annoncé les couleurs en prenant des sanctions contre Wagner en décembre dernier. Sur le plateau de l’émission internationale de TV5MONDE, en janvier dernier, M. BORRELL a déclaré que le moment était venu dans les relations entre l’UE et les autorités maliennes de se convenir sur des choses.

«Il faut clarifier la situation», a indiqué le chef de la diplomatie européenne, sans donner plus de précision.

Pour l’Union européenne, ses missions de formations sont incompatibles avec la présence de cette société de sécurité privée accusée d’exaction en Centrafrique où elle opère avec la bénédiction des autorités de ce pays. Il s’agit de l’EUTM et de l’EUCAP Sahel Mali. Leur mission est de mettre à niveau l’armée malienne face à la complexité de la lutte contre les groupes armés. Et depuis 2013, ce sont des centaines d’instructeurs qui se sont succédé au Mali pour la formation des forces armées maliennes.

La présence de ces deux missions de formation est menacée avec le déploiement des mercenaires russes au Mali.

En fin décembre 2021, l’UE avait mis en garde les autorités de la Transition tout en sanctionnant Wagner. Dans tous les cas, comme à Pau, le chef de la diplomatique européenne entend du Mali la clarification de sa position sur la présence des missions de formation de l’Union européenne des soldats maliens.

En clair, c’est l’équation de la Centrafrique qui se dessine pour notre pays, à travers laquelle l’UE veut obliger les autorités de la Transition à faire un choix « Eux » ou « Nous ». Un pari risqué pour les deux partenaires qui pourrait aboutir à la suspension de la coopération militaire de formation de nos soldats comme ç’a été le cas en Centrafrique.

Dans ce pays également en proie à des rebellions, les autorités ont fait appel au service du groupe paramilitaire russe pour circonscrire l’insécurité. Cette situation a poussé les instructeurs européens à plier les bagages. Officiellement depuis mi-décembre 2021, la mission de formation de l’UE est suspendue.

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