Les autorités maliennes les soupçonnent d’être des «mercenaires», tandis qu’Abidjan assure que ces soldats étaient en mission pour l’ONU.
Les 46 militaires ivoiriens soupçonnés d'être des "mercenaires" et détenus au Mali depuis juillet sont jugés jeudi à la Cour d'appel de Bamako, ont indiqué à l'AFP un responsable du tribunal et un avocat des militaires ivoiriens.
Le 10 juillet, 49 soldats ivoiriens avaient été arrêtés au Mali, qualifiés de "mercenaires", puis inculpés mi-août de "tentative d'atteinte à la sûreté extérieure de l'Etat" et formellement écroués. Trois femmes ont été libérées par la suite.
L'information a été confirmée à l'AFP par un avocat des militaires ivoiriens. Une source au sein du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a aussi assuré à l'AFP "avoir le statut d'observateur au procès des 46 qui s'ouvre aujourd'hui (jeudi) à la cour d'appel de Bamako".
Abidjan assure que ces soldats étaient en mission pour l'ONU, dans le cadre d'opérations de soutien logistique à la Mission des Nations unies au Mali (MINUSMA) et exige leur libération.
Il y a une semaine.
Une délégation officielle ivoirienne a rencontré les autorités maliennes dans une ambiance "fraternelle" et le ministre ivoirien de la Défense a assuré que l'affaire était "en voie de résolution".
La chambre d’accusation de la Cour d’Appel de Bamako a renvoyé le dossier de ces détenus spéciaux pour jugement. Coïncidence ou pas, la décision de la Chambre d’accusation de la Cour d’appel, renvoyant l’affaire en jugement intervient moins d’une semaine après la visite à Bamako d’une délégation ivoirienne conduite par le ministre d’Etat, ministre de la Défense, Bréhima Téné Ouattara.
Lors de ce déplacement, le frère cadet du président ivoirien, Alassane Ouattara a signé un mémorandum avec les autorités maliennes pour "promouvoir à la paix, aussi, œuvrer au renforcement des relations d’amitiés de fraternités et de bon voisinage entre les deux pays pour converger dans une dynamique positive de pouvoir surmonter cet événement". Mais selon le ministre malien des Affaires étrangères, le règlement de ce différend doit se faire « dans le respect des procédures judiciaires en cours ».
"Après l’instruction du dossier par la justice militaire, nous l’avons enrôlé pour renvoi à un jugement spécial sans audience publique" jeudi, a déclaré à l'AFP un substitut de la cour d’appel de Bamako. "Ce qu’il faut retenir, c'est que la cour d’appel de Bamako va juger les 46 soldats ivoiriens arrêtés le 10 juillet 2022 à l’aéroport de Bamako avec des armes", a-t-il ajouté.
Les 46 soldats ivoiriens sont poursuivis pour "tentative d'atteinte à la sûreté extérieure de l'Etat" risquent une réclusion criminelle de dix à vingt ans. Une lourde peine qui, si elle est prononcée contre les militaires risque d’envenimer davantage les relations entre Bamako et Abidjan. Or, les deux capitales sont résolument engagées vers un règlement pacifique de cette affaire.
Selon plusieurs observateurs, ce scénario sera évité en passant par une requalification des faits de sorte à obtenir une peine couvrant la durée de détention préventive des mis en cause.
Début décembre à Abuja, les dirigeants ouest-africains réunis en sommet sans le Mali, avaient exigé que les 46 soldats ivoiriens soient libérés avant le 1er janvier, sous peine de nouvelles sanctions contre Bamako.
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