Libye : Sur leur route vers l'Europe via l'Algérie, des corps sans vie retrouvés en plein désert
Les services de secours et d’urgence de la ville libyenne de Koufra, dans l’extrême nord ont récupéré des corps sans vie et en état de décomposition avancée de vingt personnes. Elles seraient mortes de soif en plein désert libyen, près de la frontière avec le Tchad, après la panne de leur véhicule. Les cas de migrants disparus ou retrouvés morts en plein désert y sont fréquents.
Dans un communiqué, les sauveteurs ont indiqué que l’une de leurs équipes avait «récupéré 20 corps retrouvés dans le désert après que leur voiture est tombée en panne. Ils sont tous morts de soif». «Le véhicule, en provenance du Tchad, a été retrouvé à 310 km au sud de Koufra et à 120 km de la frontière tchado-libyenne», selon le texte.
Information publiée mercredi par les services de secours de cette région libyenne. Une fournaise avec des températures estivales dépassant les 40 degrés Celsius.
Le véhicule venait du Tchad et avait parcouru 120 kilomètres en territoire libyen avant l’ennui mécanique. Le pays plongé dans le chaos depuis la chute de Moummar Kadhafi en 2011 est devenu une véritable plaque tournante de l’immigration clandestine.
Des milliers de migrants traversent chaque année ses frontières depuis le Soudan, le Niger ou le Tchad pour tenter la traversée de la Méditerranée afin de rallier l’Europe.
Sans échappatoire en Libye, les exilés ont donc mis le cap de l’autre côté du continent, direction le Maroc. "Certains passent par le sud de la Libye, et vont directement en Algérie par le désert pour rejoindre Alger, Oran puis Oujda. D’autres traversent le pays par l’ouest, pour transiter à Zarzis, en Tunisie. Pour ensuite passer, eux aussi, par l’Algérie".
Dernière étape alors pour les exilés : la frontière marocaine, où ils profitent, selon Jamila Barkaoui, professeure à la faculté de Droit d’Oujda, du "laxisme des autorités algériennes qui ferment les yeux […] dans un contexte diplomatique marqué par des tensions" avec le Maroc, assure-t-elle dans le journal marocain Libération.
Mais l’arrivée à Oujda ne signe pas pour autant la fin de leur voyage vers l’exil. "Très peu de migrants soudanais souhaitent s’installer au Maroc. Dans leur tête, l’objectif, c’est toujours l’Europe, affirme Ali Zoubeidi, chercheur spécialiste des migrations. Une partie fait route vers Nador et Béni Ensar pour forcer le passage et demander l’asile à Melilla, les autres prennent la direction de Tétouan, pour essayer d’atteindre Ceuta".
En attendant de poursuivre leur chemin, Oujda fait office de ville-étape, où se concentrent les refoulés de Melilla et de Ceuta, et les survivants de "l'enfer libyen"....
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