Le chef de l’ONU, Antonio Guterres, est à la recherche d’une nouvelle personnalité pour le rôle d’émissaire des Nations unies pour la Libye, après le refus des Etats-Unis d’endosser la candidature de l’Algérien Ramtane Lamamra qui avait été pressenti pour cette fonction, selon des diplomates.
Il y a un mois, la nomination de l’ex-ministre algérien des Affaires étrangères (2013-2017), (enfant du sérail) semblait pourtant acquise, l’ancien chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra, s’est vu opposer un niet catégorique de la part des Américains. La presse algérienne s’en mêle et accuse, pêle-mêle, les Emirats, l’Egypte et le Maroc. Mercredi, à l’occasion d’une réunion à huis clos sur la Libye, une responsable de l’ONU a annoncé au Conseil de sécurité qu’Antonio Guterres avait lancé des recherches pour trouver quelqu’un d’autre, a indiqué une autre source. Le secrétariat « travaille d’arrache-pied pour faire une proposition », a dit cette source sous couvert d’anonymat. Selon l’AFP Aucun commentaire n’a pu être obtenu auprès de la mission américaine auprès de l’ONU sur les raisons ayant motivé son opposition à l’ex-ministre algérien.
L’accord politique de Skhirat est « la meilleure solution » à la crise libyenne (Khaled Meshri)
« Les initiatives et les conférences internationales ne peuvent offrir une meilleure solution à la crise libyenne que celle qui existe déjà grâce à l’accord politique de Skhirat », a affirmé, vendredi à Rabat, le président du Haut Conseil d’Etat libyen, Khaled Meshri.
Dans un point de presse à l’issue de ses entretiens avec le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita, M. Meshri a relevé que l’accord politique qui sert de référence aux institutions libyennes a été réalisé grâce au soutien apporté par le Maroc et aux directives du Roi Mohammed VI pour offrir aux libyens tous les moyens permettant d’aboutir à une solution libo-libyenne.
Il peut y avoir de nouvelles initiatives de réconciliation, mais la Libye n’a plus besoin d’initiatives politiques et dispose d’une feuille de route claire visant à respecter l’accord politique de Skhirat, à organiser un référendum constitutionnel, avant d’organiser des élections présidentielles et parlementaires le plus rapidement possible, a-t-il indiqué.
De plus, rien ne garantit l’application de nouvelles initiatives ou de nouveaux accords, que ça soit à Berlin ou à Genève, a soutenu le responsable Libyen, soulignant que « les efforts internationaux et individuels de certains pays n’aident pas à résoudre la crise libyenne, mais la complexifie davantage».
S’agissant des questions d’intérêt commun, il existe une convergence de point de vue entre le Maroc et la Libye qui vise à redonner vie à l’Union du Maghreb Arabe, a conclu M. Meshri.
Ramtane Lamamra, ce mégaphone d’un régime algérien
Lamamra , un marocophobe impénitent, avait vu d’un mauvais œil que le Maroc, bien que non frontalier avec la Libye, ait été le premier pays à jouer un rôle diplomatique déterminant en vue de mettre fin à la guerre civile dans ce pays. En effet, dès 2015, et après plusieurs mois de tractations et de négociations sous l’égide de l’ONU, les différentes factions libyennes sont parvenues à signer, à Skhirat, un accord historique qui préconise la formation d’un gouvernement d’union nationale et le partage du pouvoir, en plus d’être unanimement salué par la communauté internationale.
Cela dit, Lamamra reste l’homme du pouvoir algérien. Il a été pendant quatre ans le ministre d’un président sans vie sans broncher. On n’a pas pensé à un diplomate compétent et impartial, mais à un homme condamné à être plus malléable. Il suffit de se souvenir de sa dernière mission «diplomatique » pour savoir à qui on a vraiment affaire.
Il y a un an, Lamamra – propulsé vice-Premier ministre pendant quelques jours – a effectué une tournée internationale pour défendre la pérennité d’un régime clandestin auprès des capitales européennes (à défaut de convaincre les Algériens). Et si Bouteflika a été écarté, le pouvoir algérien (plus clandestin que jamais) n’a pas changé. Choisir Lamamra, c’est lui faire un cadeau qu’il ne mérite pas.
Pour tenter de se légitimer, la mafia politico militaro financière algérienne mise méthodiquement sur tout ce qui n’est pas politique (des experts en ersatz de Constitution, des militaires, des diplomates) et l’illusion d’un rôle régional pourrait faire ses affaires.
Pendant qu’il condamne et emprisonne arbitrairement des opposants et des journalistes en pleine crise sanitaire (alors que l’ONU s’inquiète des risques de contamination dans les prisons), lui offrir un rôle en Libye – fût-il indirect et dérisoire – serait un message cruel adressé au peuple algérien.
Ramtane Lamamra a été commissaire de l’Union africaine à la paix et à la sécurité entre 2008 de 2013 et ministre algérien des Affaires étrangères entre 2013 et 2019. Il a également été vice-premier ministre du gouvernement de transition post-Bouteflika. Auparavant, il a été ambassadeur en Éthiopie, à Djibouti et aux États-Unis. Il a été le Représentant permanent de l’Algérie auprès des Nations Unies.
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