Reuters
Marise Payne, ministre australienne des Affaires étrangères, a confirmé qu’elle n’envisageait pas d’arrêter de dénoncer Pékin concernant le traitement infligé par le Parti communiste à la communauté Ouïghour. Une sortie effectuée alors que le régime a pointé du doigt la position “hypocrite” de l’Australie, elle-même à l’origine d’un génocide aux aborigènes.
Ce lundi, Marise Payne a expliqué qu’elle ne cesserait effectivement pas de dénoncer les agissements de la Chine en ce sens. Une réponse aux critiques adressées par Wang Yi, ministre chinois des Affaires étrangères qui a rappelé la position des occidentaux, eux-mêmes responsables de génocides. Aux 16e siècle tout d’abord, avec l’arrivée des colons américains, au 19e siècle ensuite, avec l’esclavagisme ou encore au 20e siècle, avec le génocide perpétré contre la communauté juive.
Les Ouïghours sont un peuple turcophone et à majorité musulmane sunnite habitant la région autonome ouïghoure du Xinjiang (appelé Turkestan oriental par les Russe et Britanniques à la fin du xixe siècle et auparavant placé dans la « Tartarie chinoise ») en Chine et en Asie centrale. Ils représentaient une des cinquante-six nationalités reconnues officiellement par la République populaire de Chine. Ils sont apparentés aux Ouzbeks. Leur langue turque est l’ouïghour. Originaire d’une région située entre la Selenga (en Mongolie) et le lac Baïkal (actuelle Bouriatie, en Russie), ils fondent le Khaganat ouïghour, situé sur l’actuelle Mongolie, de culture turque de religion manichéenne qui est le berceau de leur civilisation. Alliés des chinois contre l’Empire du Tibet, leur khaganat est détruit au ixe siècle par les Kirghiz, les obligeant à descendre plus au sud. Leur population est estimée autour de 25 millions de personnes en Asie Centrale, tandis-qu’ils sont estimés à 12 millions en Chine, par le gouvernement. D’après le Uyghur Human Right Project, basé à Washington, depuis 2014, des Ouïghours sont placés par le gouvernement chinois dans des camps d’internement.
Marise Payne répond à la Chine sur les Ouïghours
Il a profité de l’occasion pour affirmer que ce qui se passait au Xinjiang n’avait absolument rien d’un génocide. Il a profité de l’occasion pour tacler ces rumeurs, affirmant que tout ce qui se disait était simplement infondé. Un discours balayé d’un revers de la main par l’Australie, pour qui les preuves avancées sont irréfutables. De fait, Canberra continue et continuera à se ranger aux côtés des défenseurs des droits humains.
Pékin accuse les Occidentaux d’hypocrisie
La Chine affirme effectivement que des camps de rééducation et de travail ont été mis en place au Xinjiang afin d’inviter les populations à aller dans le sens du parti. Or, pour de nombreux experts, ces camps visent avant tout à réduire la minorité Ouïghour au silence, voire à l’éradiquer. Pour le moment, la communauté internationale semble ne pas savoir sur quel pied danser.
La répression chinoise
(Wikipedia): En 2018, le magazine Foreign Policy révèle que la police chinoise a exigé des Ouïghours vivant en France qu’ils livrent toutes leurs informations personnelles, y compris celles de leurs conjoints français le cas échéant, en menaçant ceux qui refusent de représailles contre leurs proches restés en Chine.
Dans les années 2010, des centaines de milliers de musulmans pratiquants ouïghours et kazakhs passeraient par des camps de rééducation chinois. En août 2018, un comité d’experts des Nations unies estime qu’un million d’Ouïghours seraient détenus dans des camps d’internement et que deux millions d’entre eux le seraient dans des « camps politiques d’endoctrinement ». L’idéologie communiste serait inculquée aux détenus qui subissent des tortures et sont forcés à manger du porc et à boire de l’alcool. En mars 2017, le gouvernement chinois interdit le port du voile islamique pour les femmes et le port de barbes considérées comme « anormales » pour les hommes. Une campagne de stérilisation forcée des femmes en âge de procréer serait également appliquée, selon un rapport publié par l’anthropologue Adrian Zenz. En avril 2017, il interdit pour les nouveau-nés l’adoption de 29 prénoms musulmans, dont Mohammed, sous peine que les enfants concernés ne se voient refuser l’obtention du livret de famille (hukou). La répression atteint des personnalités qui apparaissaient jusque-là comme des modèles d’une intégration bi-culturelle équilibrée (comme le recteur de l’université du Xinjiang, Tashpolat Tiyip, arrêté en mars 2017 ou le chanteur Ablajan Awut Ayup, détenu depuis février 2018), désormais stigmatisées comme ayant un « double visage ».
Selon l’ONU, et certains chercheurs occidentaux, près d’un million de Ouïgours étaient toujours détenus dans des camps en 2018. Le président chinois Xi Jinping dément cette information. La Chine présente aussi les camps dit de « transformation par l’éducation » comme des écoles. En 2018, le magazine en ligne Bitter Winter a toutefois publié des vidéos qui auraient été tournées à l’intérieur des camps, lesquels apparaissent plutôt comme des prisons. Les raisons ultimes de la répression renouvelée des ouïghours ne sont pas moins controversées. D’après la Chine, des mesures de « rééducation » sont nécessaires pour prévenir la radicalisation et le terrorisme. Des chercheurs occidentaux pensent que le gouvernement craint plutôt une renaissance religieuse à laquelle il ne s’attendait pas. La mosquée de Keriya semble disparaître au printemps 2018, détruite par les autorités chinoises.
Avec, lanouvelletribune
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