La culture sous le feu des conflits
Au cours des deux dernières décennies, la culture a été, de manière croissante, instrumentalisée afin d’instiller les divisions.
Le gouvernement français ne veut plus voir des artistes du Niger, du Burkina Faso et du Mali sur les scènes françaises.
Le ministère français des Affaires étrangères demande de ne plus programmer les artistes qui viennent du Niger, du Burkina Faso et du Mali. De nombreux artistes venus de ces pays sahéliens étaient programmés, ces prochaines semaines.
La nouvelle sidère les milieux culturels français : une note du ministère des Affaires étrangères demande aux directeurs de théâtre, de festivals, de concerts, de ne plus programmer d’artistes venus du Niger, du Burkina Faso et du Mali. Le mail envoyé ne laisse guère de place à l’interprétation : il s’agit de suspendre, jusqu’à nouvel ordre, tous les projets culturels avec ces trois pays.
Le « Quai d’Orsay », comme on nomme en France ce ministère, demande aussi la suspension de tous les soutiens financiers apportés aux associations culturelles, aux troupes du Mali, du Niger et du Burkina Faso, et de ne plus lancer d’invitation à ces artistes.
« Les artistes sont l’expression de la liberté ; en quoi sont-ils responsables des coups d’État dans leurs pays ? », s’interroge Selon le Premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure.
« Sur instruction du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, il a été décidé de suspendre, jusqu’à nouvel ordre, toute coopération avec les pays suivants : Mali, Niger, Burkina Faso. Par conséquent, tous les projets de coopération qui sont menés par vos établissements ou vos services avec des institutions ou des ressortissants de ces trois pays doivent être suspendus, sans délai, et sans aucune exception. Tous les soutiens financiers doivent également être suspendus, y compris via des structures françaises, comme des associations par exemple. De la même manière, aucune invitation de tout ressortissant de ces pays ne doit être lancée. À compter de ce jour, la France ne délivre plus de visas pour les ressortissants de ces trois pays sans aucune exception, et ce jusqu’à nouvel ordre. »
Un peu plus tard, le Quai d’Orsay aurait fait savoir que les artistes déjà présents en France n’étaient pas interdits, mais qu’aucun nouveau visa ne serait délivré.
Le syndicat français des entreprises artistiques et culturelles, Syndeac, a protesté vigoureusement contre cette décision, qualifié de « comminatoire ». Il a demandé une réunion en urgence avec le ministère pour le faire infléchir.
Plusieurs organisateurs de spectacles sont dans l’expectative. Dans quelques jours, débute ainsi la 40e édition des Francophonies de Limoges, dans le centre de la France. Elle comportait une importante programmation africaine.
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