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Le Parle-ment €uro-péen: Un projet de résolution condamnant l'Algérie jeté aux oubliettes?


"Mes amis en Algérie sont en prison", a dénoncé l'activiste algérien Saïd Salhi depuis Bruxelles. Le message du vice-président de la Ligue pour la défense des droits de l'homme, dissoute par le régime en raison de son statut d'organe d'opposition, est sans équivoque : "La répression s'est considérablement durcie depuis 2019". Ses propos, prononcés lors d'une session de la sous-commission des droits de l'homme de la commission des affaires étrangères de l'Union européenne, témoignent de la campagne systématique de harcèlement contre l'opposition lancée par le "gouvernement" d'Abdelmadjid Tebboune.

Le projet de résolution du Parlement européen condamnant la détention de journalistes en Algérie, a-t-il été jeté aux oubliettes? «Le Parti Populaire Européen, avec l’appui de Renew Europe et les Socialistes-démocrates ont réussi à retirer de l’agenda du Parlement européen le projet de résolution sur le manque de liberté de presse en Algérie. Les "macronistes" de Renew ont changé d’avis en 24 heures», a tweeté le journaliste espagnol Ignacio Cembrero. En effet, l’agenda de la plénière du PE, du 17 au 20 avril, ne comprend aucun texte sur l'Algérie.

Pour rappel, la plénière du Parlement européen avait adopté le 26 novembre 2020 une résolution condamnant la détérioration des libertés en Algérie, par 699 pour contre seulement trois voix.

Vice versa

En raison de l'augmentation constante des dépenses de défense de l'Algérie et des intérêts économiques qui en découlent. Ce "vice versa" n'est pas une affirmation gratuite, c'est Emmanuel Macron lui-même qui a récemment déclaré à propos des relations franco-algériennes que " la France ne peut se penser sans l'Algérie et vice versa ".

Néanmoins, la sous-commission des droits de l’Homme au Parlement européen avait organisé, le 21 mars en coordination avec la délégation des relations avec les pays du Maghreb, placée sous la tutelle de Josep Borrell, un débat public sur la situation des droits de l’Homme en Algérie, avec notamment la participation de Said Salhi, vice-présidente de la Ligue algérienne des droits de l’Homme (dissoute), qui vit exilé en Europe.

Lors de la séance, la parole était également donnée au gouvernement algérien, en la personne d'Abdelmadjid Zaalani, président du Conseil national des droits de l’Homme (un organisme officiel). Le débat public, qui est passé presque inaperçu à l'exception de rares médias ibériques et des voix de l’opposition algérienne installées au Vieux continent qui l’ont traité en son temps, a connu la présente de l'eurodéputée française de Renew Europe, Salima Yenbou.

Une audience au PE met la lumière sur la situation désastreuse des droits de l’Homme en Algérie

Les intervenants à une audition publique, tenue mardi au Parlement européen (PE) à Bruxelles, ont pointé la situation des droits de l’Homme en Algérie qui traverse l’un de ses pires moments, l’État algérien étant obstiné à museler les libertés et réprimer toutes les voix opposées.

Lors de cette séance, tenue en association avec la délégation pour les relations avec les pays du Maghreb sur le thème « L’état des droits de l’Homme en Algérie dans le cadre du partenariat renouvelé avec le voisinage méridional », les participants ont relevé que les acteurs civils et les militants des droits de l’Homme en Algérie font face, plus que jamais, à de multiples formes de répression pratiquées par les autorités, qui n’hésitent pas à les mettre en prison et à dissoudre leurs instances en dehors de tout cadre légal.

Intervenant dans ce sens, Dalia Ghanem, experte dans les affaires algériennes, a indiqué que les autorités de ce pays s’efforce d’étouffer les organisations de la société civile actives dans la défense des droits de l’Homme, en instrumentalisant des mécanismes en apparence légaux.

A titre d’exemple, l’État algérien a tiré profit du contexte de la pandémie de covid-19 pour appliquer des mesures coercitives visant à contrôler et bâillonner la société civile.

Aujourd’hui, l’opposition en Algérie est une opposition de forme, incapable d’agir librement tant elle est bridée et placée sous contrôle permanent, a-t-elle déploré, notant que le président actuel, qui avait pourtant exprimé, au moment d’accéder au pourvoir, sa volonté d’engager un dialogue constructif avec les leaders de l’opposition, n’a pas tardé à changer de politique et à se montrer intolérant face aux voix opposées.

Résultat, quelque 300 personnes ont été jetées en prison en raison de leurs opinions politiques, a-t-elle ajouté.

De son côté, Said Salhi, militant et vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH), dissoute sur décision de la justice, a affirmé que la situation des droits de l’Homme s’est fortement détériorée depuis 2019, ce qui se reflète dans la répression du “Hirak”, le mouvement de protestation pacifique en faveur de la démocratie, ainsi que dans la mainmise sur l’espace civil et le recul des libertés.

En outre, les autorités ont procédé au durcissement du cadre juridique, ouvrant la voie à l’utilisation des accusations en lien avec le terrorisme contre toute les voix de l’opposition, a-t-il rapporté.

Ainsi, plusieurs textes juridiques ont été adoptés ces dernières années en vue de rendre illégale toute action politique et civile libre et indépendante, a rappelé le militant des droits de l’Homme, citant dans ce cadre le récent amendement de l’article 87 bis du code pénal relatif au terrorisme, un changement introduit pour renforcer la politique de la répression accentuée, sachant que les rassemblements pacifiques sont interdits depuis mars 2021 et que les marches du Hirak sont ainsi considérées comme des activités criminelles.

L’Algérie connaît une grave régression des libertés. Les partis de l’opposition et les associations, qui font l’objet de pressions et de la répression, sont diabolisés avant d’être interdits, poursuivis devant la justice et même dissous en dépit du caractère légal de leur action. Les syndicats indépendants n’échappent pas non plus à cette politique et sont systématiquement réprimés et écartés du dialogue social”, a-t-il relaté.

A cet égard, M. Salhi a appelé l’Union européenne a revoir son partenariat avec l’Algérie sur la base d’un engagement stricte au respect des droits de l’Homme et à la préservation des acquis démocratiques, soulignant la nécessité de faire pression sur la partie algérienne pour mettre fin à ses pratiques contre les libertés et à la criminalisation du droit au rassemblement et à la protestation pacifique.

Dans le même sens, l’eurodéputé hollandais Peter van Dalen a relevé que l’ensemble des indicateurs témoignent d’un recul significatif sur le plan des droits de l’Homme en Algérie ces dernières années, Alger considérant toujours certaines associations et organisations de défense des droits humains comme un danger pesant sur l’État et ses institutions.

Par ailleurs, il a attiré l’attention sur la pression systématique exercée sur la pratique de la liberté religieuse par l’État algérien, qui maintient toujours fermées de nombreuses églises et lieux de culte chrétiens, sans oublier l’emprisonnement de plusieurs leaders religieux en raison de leurs opinions opposées au pouvoir.

Il faut absolument agir pour défendre les droits de l’Homme en Algérie, et en cas de violation de ces droits il faut procéder à l’arrêt des aides financières accordées à cet État”, a-t-il dit.

L’eurodéputé espagnol Jordi Solé a, lui aussi, relevé que la situation des droits de l’Homme en Algérie est plus inquiétante que jamais, critiquant les changements superficiels opérés sur l’organisation politique et constitutionnelle de l’État algérien dans le sillage du Hirak.

Ces changements n’ont pas impacté positivement l’état des libertés. Au contraire, nous n’enregistrons plus aucune avancée concrète”, a-t-il martelé.

La dissolution de la LADDH constitue l’exemple le plus représentatif de la détérioration de la situation des droits de l’Homme dans ce pays, a mis en exergue M. Solé, notant que cette dissolution est intervenue sur la base d’accusations grotesques, dont la prétendue collaboration avec des instances hostiles à l’Algérie ou encore la participation à des activités suspectes.

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