Mercredi, à Bamako, l'expulsion du porte-parole de la Minusma occupait les discussions. Les autorités maliennes reprochent à Olivier Salgado d'avoir posté sur Twitter des informations inacceptables, après l'arrestation de 49 soldats ivoiriens le 10 juillet dernier. À New York, les Nations unies regrettent cette décision. Mais à Bamako, les positions divergent.
"Dans ce genre de situation, l'État doit prendre ses responsabilités parce que quand on est le porte-parole d'une organisation aussi sérieuse que la MINUSMA, qui fait partie des Nations unies, on doit se lever, on doit parler pour la paix'' explique un journaliste.
Olivier Salgado, a trois jours pour quitter le territoire malien vient. Cette expulsion vient s'ajouter à d'autres accrocs diplomatiques entre le Mali et l'ONU, qui compte plus de 13 000 soldats au Mali.
''Je le prends comme un acte de manipulation tendancieuse, en faisant croire que c'était la MINUSMA qui avait l'autorité. Normalement, c'est la MINUSMA elle-même qui devrait expulser Olivier Salgado avant que l'Etat malien ne le fasse. Mais comme la MINUSMA a tardé à le faire, le gouvernement a pris ses responsabilités " a commenté Aboubacar Sidick Fomba , membre du CNT, 1er vice-président COREM, le collectif pour la Refondation du Mali.
La Côte d'Ivoire avait demandé le 12 juillet la libération "sans délai" de ses 49 militaires arrêtés "injustement" et accusés par les autorités maliennes d'être des "mercenaires" cherchant à déstabiliser le pays.
Selon Abidjan, la présence de ses soldats dans le cadre d'opérations de soutien logistique à Minusma était "bien connue des autorités maliennes".
Toujours selon Abidjan, ces soldats devaient prendre la relève d'autres Ivoiriens déployés au Mali en tant qu'Élements nationaux de soutien (ENS), une procédure de l'ONU permettant aux contingents des missions de maintien de la paix de faire appel à des prestataires extérieurs à l'ONU pour des appuis logistiques.
Il s'agissait de la huitième rotation de soldats à venir au Mali pour cette mission, a détaillé la Côte d'Ivoire.
Le Mali, pays enclavé au cœur du Sahel, a été le théâtre de deux coups d'État militaires en août 2020 et en mai 2021. Il a récemment adopté un calendrier de transition devant permettre un retour des civils au pouvoir en mars 2024.
À la suite de l'adoption de ce calendrier, les pays membres de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), dont fait partie la Côte d'Ivoire, avaient levé les sanctions économiques et financières qui frappaient le Mali depuis janvier.
La crise politique va de pair avec une grave crise sécuritaire en cours depuis le déclenchement, en 2012, d'insurrections indépendantistes et d'actions jihadistes sanglantes dans le nord.
Le 14 juillet, Bamako a annoncé la suspension de toutes les rotations militaires et policières de la Minusma. Les autorités envisagent de tenir au préalable une réunion entre les deux parties pour faciliter la coordination et la réglementation des rotations. Aucune date n'a été avancée pour cette réunion.
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