Le hashtag #Manish_radi n’est pas seulement un strident cri de colère, mais surtout une sonnette d’alarme sur la crise profonde que traverse l’Algérie et qui nécessite un sursaut urgent. Les revendications sont claires: une armée axée sur la protection des frontières et un État civil qui donne aux Algériens une chance de construire un avenir meilleur. La balle est désormais dans le camp du peuple algérien pour décider de son sort.
Dans un geste sans précédent, mais qui exprime parfaitement l’état croissant de colère populaire en Algérie, des activistes algériens, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, ont lancé le hashtag #Manish_radi, exigeant que l’armée se confine dans son rôle naturel de protection et de maintien de la sécurité aux frontières, et laisse la gestion des affaires du pays aux seuls civils.
Ce hashtag, qui s’est rapidement répandu comme une trainée de poudre sur les réseaux sociaux, est une réaction à la détérioration croissante des conditions de vie des Algériens et à la mainmise de plus en plus étouffante de l’armée sur toutes les décisions politiques et économiques.
L’échec des politiques militaires suscite la colère
Alors que l’Algérie ne produit quasiment rien, à part le pétrole et le gaz naturel, les décisions économiques adoptées par le régime militaire en place, notamment la réduction drastique des importations sous prétexte de revigorer le dinar algérien, plus que jamais sans valeur, ont exacerbé le mal-vivre des Algériens, dont le pouvoir d’achat n’arrête pas de s’éroder sous les coups de l’inflation galopante. La restriction des importations a aussi conduit à de graves pénuries de produits de base, allant des voitures aux appareils électroniques, en passant par les produits de large consommation, comme le café. Cette situation a impacté le commerce intérieur, frappé de plein fouet par une récession majeure, sans parler de la montée en flèche du taux de chômage et la hausse de l’inflation, à un moment où la monnaie nationale a connu un effondrement historique par rapport au dollar et à l’euro.
n échange, le régime a alloué, pour l’année 2025, un budget colossal de 25 milliards de dollars à l’armement. Ce paradoxe a fini par attiser la colère des Algériens, désormais convaincus qu’ils sont le dernier souci du régime qui les gouverne.
Alors que l’Algérie s’enfonce dans une crise économique sans précédent, le président Abdelmadjid Tebboune s’évertue à vanter un bilan socio-économique « amélioré ». Cinq ans après le mouvement pro-libertés Hirak, les espoirs de changement politique profond ne se sont pas tous évanouis.
Cinq ans après le mouvement de protestation du Hirak, la répression continue sans relâche
Les autorités algériennes continuent de réprimer les droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique cinq ans après le début du mouvement de protestation du Hirak, a déclaré Amnesty International le 22 février 2024, en ciblant les voix critiques et dissidentes, qu’il s’agisse de manifestant·e·s, de journalistes ou de personnes exprimant leurs opinions sur les réseaux sociaux.
Après l’arrêt du mouvement de protestation du Hirak en raison du COVID-19 en 2020, les autorités algériennes ont intensifié leur répression de la dissidence pacifique. Des centaines de personnes ont été arrêtées et placées en détention de façon arbitraire. Des dizaines de manifestant·e·s pacifiques, de journalistes, de militant·e·s et de défenseur·e·s des droits humains continuent de languir derrière les barreaux pour avoir critiqué les autorités.
«Il est tragique de constater que, cinq ans après que de courageux Algériens et Algériennes soient descendus dans la rue en masse pour exiger des changements et des réformes politiques, les autorités continuent de mener une campagne de répression glaçante», a déclaré Heba Morayef, directrice régionale d’Amnesty International pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.
«Les autorités algériennes doivent libérer immédiatement et sans condition toutes les personnes détenues uniquement pour avoir exercé leurs droits aux libertés d’expression, de réunion pacifique et d’association. Elles doivent veiller à ce que les défenseur·e·s des droits humains, les journalistes, les militant·e·s, les syndicalistes et d’autres puissent exercer leurs droits et exprimer librement leurs opinions critiques sans craindre des représailles.»
«Les autorités algériennes doivent faire du cinquième anniversaire du mouvement de protestation du Hirak un tournant en mettant fin à ce climat de répression et en ordonnant la libération immédiate des personnes détenues arbitrairement, ainsi qu’en autorisant la tenue de manifestations pacifiques. Les autorités doivent également mettre fin au harcèlement des opposant·e·s et des personnes considérées comme critiques et réformer des textes législatifs clés, notamment en abrogeant les dispositions vagues et trop générales qui ont été utilisées pour réprimer les droits humains. »
Dans la police, un «ras-le-bol assez perceptible»
Face à cette situation, la population ne cache pas son mécontentement. Une campagne sous le hashtag #Manich_Radi, (« Je ne suis pas satisfait ») gagne ainsi de plus en plus de terrain sur les réseaux sociaux.
Dans leurs messages, les internautes algériens partagent le numéro correspondant à leur province et expriment leur participation à la campagne visant à changer la situation dans le pays.
La campagne lancée par de nombreux activistes algériens locaux et de la diaspora, à travers le hashtag #Manish_radi (Je ne suis pas d’accord ou je suis mécontent) appelle l’armée à rejoindre les casernes et se consacrer à son rôle exclusif de protection et de sécurisation des longues frontières du pays, et à laisser la gestion des affaires de l’État aux civils. Cet appel s’est accompagné de la diffusion de clips vidéos, où les Algériens exprimant leur mécontentement face à la crise actuelle que traverse leur pays, exigeant un véritable changement qui mettra fin, une fois pour toutes, à des décennies de tyrannie militaire.
Les Algériens exigent un changement, car ils n’arrivent plus à faire face aux difficultés économiques croissantes, et ce, en plus des restrictions imposées par le gouvernement sur les libertés fondamentales. Certains expriment même leur colère à visage découvert dans des vidéos publiées sous le hashtag #Manich_Radi.
Dans leurs messages, les internautes algériens partagent le numéro correspondant à leur province et expriment leur participation à la campagne visant à changer la situation dans le pays.
Avec la crise économique, Alger a eu recours aux restrictions des importations, provoquant de graves pénuries de produits de base, allant des appareils électroniques aux produits de consommation, comme le sucre ou encore le café. Ajoutez à cela la montée en flèche du taux de chômage et la hausse de l’inflation, à un moment où la monnaie nationale a connu un effondrement historique par rapport au dollar et à l’euro.
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