Le phénomène migratoire touche singulièrement l’Afrique, qui gère des millions de déplacés intracontinentaux depuis des décennies. Getty Images/iStockphoto
L’Afrique possède de forts potentiels de développement et de nombreux atouts. Depuis plusieurs années, certains pays africains s’insèrent de plus en plus dans la mondialisation, alors que d’autres pays restent en marge.
De nombreux défis se posent avec acuité à l’Afrique, notamment la croissance démographique, les défis environnementaux, les défis politiques ainsi que la mise en place du développement durable.
« Ce n’est pas aux Occidentaux de développer l’Afrique »
L’Asie a créé ses propres modèles de croissance, tandis qu’on a imposé des schémas occidentaux à l’Afrique. Il y a des succès africains sans lien avec les projections des Occidentaux. Ce n’est pas aux Occidentaux qu’incombe la responsabilité de développer notre continent, mais aux Africains eux-mêmes!.
En dépit de ces problèmes et de ces ennuis, l’Afrique a encore une chance de se développer. Les ressources, la main-d’œuvre et tous les atouts sont là. Ce qui fait défaut sont la volonté et la détermination. Que tous les Africains mettent la main à la pâte pour s’assurer que la région sorte de ce pétrin et trouve sa véritable place sur la carte de développement mondiale en 2030. Ceci ne sera possible que si le continent accepte de quitter son statut de victime pour passer enfin à l’action !
En 1972, l’historien Walter Rodney a consacré 361 pages à démontrer comment l’Europe a été à l’origine du sous-développement de l’Afrique. Il a fait un magnifique travail pour expliquer comment le commerce des esclaves, le colonialisme et le néo-colonialisme de l’Afrique, par l’Europe et d’autres impérialistes occidentaux, ont volé à l’Afrique son développement.
Nous sommes désormais en 2020, presque un demi-siècle plus tard et l’Afrique est toujours à la recherche du développement. Si Rodney n’avait pas été assassiné par une bombe en 1980, il aurait certainement développé un point de vue différent sur le sous-développement de l’Afrique. Il aurait probablement écrit un nouveau livre intitulé : Comment les Africains ont sous-développé l’Afrique.
La migration, un frein au développement qu’il faut endiguer
La problématique de la migration, est devenue un casse-tête dans les pays africains. De ce fait, plusieurs migrants africains meurent chaque année en tentant de traverser la méditerranée afin de rejoindre l’Europe qui, selon eux, est un eldorado. Pour arrêter l’hécatombe, il faut que l’Afrique devienne une source d’espoir et de développement pour les jeunes candidats à la migration.
A la recherche de ce mieux-être se transforme de plus en plus en drame. Comme en témoignent les afflux de migrants africains en Europe en passant par le Sahara. Cette traversée du désert est un périple trop risqué pour les candidats à la migration irrégulière et conduit parfois à la mort d’homme. À la suite de cette traversée du désert, les migrants trouvent refuge en Libye où ils se retrouvent également piégés par les passeurs. Aussi, les migrants qui ont eu la chance d’arriver à Tripoli à destination d’Italie, à travers l’Île de Nampédouza, finissent parfois par être la nourriture des animaux marins de la méditerranée.
Le siège de l’Observatoire africain des migrations sera établi à Rabat
L’Observatoire africain des migrations, un outil de plaidoyer et d’aide à la prise de décision
L’idée de créer un Observatoire africain de la migration, basé à Rabat, avait été proposé par le Roi Mohammed VI lors du 30e Sommet de l’UA, dans le cadre de l’Agenda africain pour la migration.
Un accord a ensuite été signé le 10 décembre 2018 à Marrakech, entre le gouvernement marocain et l’Union africaine.
Le projet de loi n°01.19 a été adopté par le Conseil de gouvernement en janvier 2019.
L’Observatoire aura pour mission de collecter les informations et de développer leur échange ainsi que de faciliter la coordination entre les pays africains sur la question migratoire.
Il aura également pour tâche de créer des synergies avec les initiatives africaines relatives à la question de la migration à travers l’échange d’informations dans l’objectif de relever les défis inhérents aux flux migratoires en Afrique.
L’Observatoire africain des migrations est une institution de l’UA articulée autour d’une “triple fonction de compréhension, d’anticipation et d’action” dont les activités, de nature technique et opérationnelle, permettront de générer une “meilleure connaissance du phénomène migratoire, de créer un narratif africain sur la migration, de renseigner et de favoriser l’harmonisation de politiques migratoires efficientes“, fait valoir le document.
L’Observatoire représente ainsi un outil important pour faire des analyses sur le phénomène de la migration et avoir des statistiques fiables proprement africaines.
Les données migratoires solides et fiables constituent des “outils indispensables à l’élaboration de politiques pertinentes, efficaces et adaptées à la réalité” et permettront “à nos pays d’identifier les destinations de nos ressortissants, de nos jeunes, de nos femmes et de nos enfants, de connaître leurs itinéraires, de prendre la mesure des dangers et des risques qu’ils courent et aussi des facteurs qui les ont poussés à quitter leurs foyers“, indique le rapport, notant qu’il s’agira, “dès lors, d’anticiper et d’agir en conséquence, non pas pour nuire aux migrants, mais bien plutôt pour leur offrir des conditions de vie meilleures, leur permettant de contribuer au développement du continent“.
Observatoire africain des Migrations, les points clés du rapport
Voici les points clés du rapport sur le suivi de la mise en place de l’Observatoire africain des Migrations au Maroc, présenté par le Chef du gouvernement, M. Saad Dine El Otmani, lundi devant le 33è Sommet Ordinaire de L’Union Africaine (UA), qui se tient à Addis-Abeba.
La migration en Afrique pâtit d’une fausse perception. Elle est en effet souvent associée uniquement à la pauvreté, alors que d’autres facteurs sont à l’origine du phénomène, comme le changement climatique, qui constitue un moteur de migration forcée en Afrique.
L’Afrique est le continent le plus touché par le phénomène nouveau des « migrants climatiques ». Sur les 140 millions de migrants potentiels du fait du changement climatique, plus de la moitié -soit quelque 86 millions de personnes- pourraient appartenir à l’Afrique subsaharienne, d’ici à 2050.
La migration est un facteur de développement. Les migrants ont envoyé 529 MM$ dans leurs pays d’origine en 2018. Le continent reçoit le moins d’envois de fonds avec 46 MM$, contre 143 MM$ en Asie de l’est et Pacifique, 131 MM$ en Asie du sud, 88 MM$ en Amérique latine et 59 MM$ en Europe et Asie orientale.
La migration internationale n’est pas africaine. Moins de 14% seulement des migrants internationaux sont africains, soit moins d’un 1 migrant sur 5 qui est africain.
La migration africaine est intracontinentale. Moins de 3% de la population africaine a émigré à l’international. Les trajectoires africaines ne sont pas Sud-Nord, mais Sud-Sud. Depuis 2005, la migration Sud-Sud a augmenté plus rapidement que la migration Sud-Nord.
L’Observatoire Africain des Migrations vient en réponse à un besoin structurel en matière de données fiables sur les migrations. Les données sur les migrations sont aussi rares qu’essentielles et s’appuie sur l’idée fondamentale selon laquelle une meilleure gouvernance de la migration requiert une amélioration significative des données quantitatives et qualitatives sur la migration.
L’Observatoire Africain des Migrations est une institution de l’Union Africaine articulée autour d’une triple fonction de compréhension, d’anticipation et d’action.
Grâce à l’Observatoire que le Maroc abritera, l’Afrique disposera d’un outil de plaidoyer et d’aide à la prise de décision. Les données migratoires solides et fiables constituent autant d’outils indispensables à l’élaboration de politiques pertinentes, efficaces et adaptées à la réalité.
Ce mécanisme régional de collecte, d’analyse, de gestion et d’échange de données dote l’Afrique d’un levier de développement.
Instrument africain en faveur de la coordination, l’Observatoire implique une double coordination : au niveau national entre les différents départements et au niveau continental entre les différentes Communautés Économiques Régionales.
L’Observatoire est également un outil en faveur de la mise en œuvre du Pacte de Marrakech sur les migrations, lequel reconnaît la nécessité d’optimiser les avantages globaux de la migration, tout en tenant compte des risques et des défis que rencontrent les migrants et les communautés dans les pays d’origine, de transit ou de destination.
Le Maroc propose d’accueillir le 10 décembre 2020, le 1-er Forum régional africain pour la mise en œuvre du Pacte de Marrakech. Il servira de réunion préparatoire africaine au Forum d’examen des migrations internationales de 2022.
Le Maroc est disposé à partager son expérience nationale en matière de gestion migratoire – reconnue par les Nations Unies comme modèle pouvant inspirer d’autres pays – avec les pays frères africains qui le souhaitent.
Les mesures prises par le Maroc pour éradiquer le trafic de migrants ainsi que l’adoption d’un cadre juridique en matière de lutte contre la traite des personnes a pour dessein la réduction des situations de fragilité et de risques auxquels les migrants sont confrontés ainsi que la protection et le respect de leurs droits.
La politique migratoire du Maroc constitue une dimension fondamentale de la politique africaine du Royaume, en ce qu’elle vise, entre autres, à lutter contre les causes profondes de la migration.
À travers l’intégration du binôme migration-développement dans ses politiques publiques, le Maroc contribue, en effet, à favoriser l’émergence, le développement et la prospérité du continent africain, dans son intégralité.
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