« L’enfance africaine entre migration, exploitation et traite: Expertises et expériences des systèmes judiciaires africains » est le thème d’une rencontre, dont les travaux ont débuté lundi à Marrakech.
Initié par le Forum de Dialogue des Magistrats Africains, en partenariat avec la Présidence du Ministère Public, l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) et le Programme Régional Africain pour les Migrations (ARMP), dans le cadre de la célébration de la Journée internationale de l’enfant africain (16 juin), ce conclave de trois jours tend à mettre en exergue les rôles de la Présidence du Ministère Public au Maroc dans le domaine de la protection de l’enfant et de l’application des meilleures pratiques, dans la lutte contre les diverses formes de violation tel que la violence, la traite, la migration et l’atteinte à ses droits fondamentaux, ainsi qu’à valoriser les efforts déployés dans ce sens par les juges de cette importante institution.
C’est aussi l’occasion de promouvoir et de renforcer le rôle que peuvent jouer les associations professionnelles de magistrats, en général, pour enrichir le dialogue, la discussion et l’échange d’expertises, dans le cadre d’une collaboration constructive et significative entre les juges et les institutions, en particulier, les institutions judiciaires tutélaires des juges et des organismes judiciaires.
Ainsi, des participants venus du Sénégal, de la Côte d’Ivoire, du Mozambique, du Togo, de l’Afrique Centrale, de Mauritanie et de Tunisie, du Royaume du Maroc, ainsi que des experts internationaux issus des États-Unis, du Conseil de l’Europe et de l’Union africaine discuteront et échangeront leurs points de vue afin de souligner les défis encourus de la migration, et de veiller au respect des droits et de la dignité de toutes les personnes concernées.
S’exprimant à l’ouverture de cette rencontre, la présidente du Forum de Dialogue des Magistrats Africains, Mme Jamila Sedki, s’est attardée sur la situation de l’enfance africaine, qui selon de nombreux rapports continentaux et internationaux, «nous interpelle tous, et nous place face à un défi majeur».
Après avoir passé en revue les principaux objectifs et missions du Forum, Mme Sedki a expliqué que c’est dans cette optique qu’intervient cette rencontre qui se veut une plateforme de débat sérieux et franc, et de partage d’expériences et d’expertises pour faire la lumière sur la situation de l’enfant africain.
Cette rencontre, a-t-elle ajouté, constitue une occasion appropriée pour jeter la lumière sur les violations dont fait l’objet l’enfance africaine, avec un focus sur le volet lié au système juridique et aux pratiques judiciaires dans le domaine de la protection juridique de l’enfance.
Pour sa part, le président du Pôle de suivi de l’action publique et de l’exécution de la politique pénale au Ministère Public, Ahmed Ouali Alami, a mis en exergue l’intérêt particulier accordé par le Maroc aux questions de l’enfance et la Haute sollicitude dont SM le Roi Mohammed VI entoure cette catégorie, soulignant des avancées importantes accumulées par le Royaume, notamment dans le cadre de la mise en œuvre de la stratégie de promotion de l’enfance dans le cadre de la politique publique intégrée pour la protection de l’enfance au Maroc (2015-2025), en tant que charte nationale avec l’implication des différentes parties prenantes.
Il a également mis en avant le rôle du Ministère Public dans ce sens, en consacrant au sein de ses structures administratives, une branche propre dédiée aux questions de cette catégorie.
Pour leur part, les différents intervenants lors de cette séance d’ouverture ont été unanimes à souligner que la protection de l’enfance africaine face aux défis de la migration et toute forme d’exploitation et de traite est « une responsabilité partagée », d’où la nécessité d’agir ensemble, main dans la main, pour assurer un avenir meilleur aux enfants du continent.
Ce partenariat du Forum avec l’OIM et l’ARMP, en coopération avec les institutions chargées de l’application de la loi aux États-Unis, constitue une plate-forme importante pour le dialogue et la coopération visant à traiter les divers sujets liés au thème de la migration, en plus des sujets se rapportant à la traite des êtres humains, la poursuite des auteurs, la consécration du principe de non-impunité et la lutte contre l’exploitation des enfants dans tous les domaines, la protection des migrants, l’aide au retour volontaire et à la réintégration dans leur pays d’origine, ont-ils noté, tout en mettant en relief les efforts fournis pour mettre en œuvre les stratégies de migration illégale.
Les représentants des institutions et organisations participantes à cette rencontre présenteront ainsi leurs propositions sur les moyens de renforcer la coopération internationale et régionale à travers le continent africain, tout en rappelant le rôle vital joué par le Royaume du Maroc pour assurer la sécurité de la circulation des personnes, des biens et des fonds à travers l’Afrique du Nord, compte tenu de ses frontières et de son emplacement géostratégique.
Le Forum de Dialogue des Magistrats Africains est un centre scientifique à composition judiciaire sous forme d’une association à caractère professionnel, dont les racines au Maroc et les branches s’étendent à travers le reste des pays africains.
Créé en 2021, le Forum compte environ 40 juges issus de 18 pays africains des cinq régions du continent, et dispose de statut d’observateur auprès de l’Association des procureurs africains pour l’Afrique de l’Est. Il est aussi membre de l’Association internationale des procureurs publics (AIPP), de l’Association internationale des procureurs publics francophones (AIPPF) et de l’Association internationale des femmes juges (IAWJ).
Qui est Jamila Sedki, la première Femme du pouvoir judiciaire marocain à siéger au sein du Tribunal administratif de l’Union africaine?
Mme Jamila Sedki, diplômée de l'Institut National des Etudes Judiciaires de Rabat (1992), est actuellement avocate générale près la Cour de cassation, détachée auprès de la présidence du ministère publique en tant que conseillère.
Jamila Sedki, première femme marocaine juge au tribunal administratif de l’Union africaine
Mme Jamila Sedki, magistrat au Tribunal administratif de l’Union africaine (UA). La juge marocaine a prêté serment, devant la Commission de l’UA à Addis-Abeba, devenant ainsi la première femme marocaine à occuper ce poste de juge.
Premier juge marocain au Tribunal administratif de l'Union africaine et membre du comité technique chargé de la révision du Statut et du Règlement intérieur dudit Tribunal.
Forum de dialogue des magistrats africains
Elle est également présidente et fondatrice du Forum de dialogue des magistrats africains, membre observateur de l'Association des procureurs d'Afrique (APA), de l'Association des procureurs d'Afrique de l'Est (EAAP), membre de l'Association internationale des procureurs (IAP) et de l'Association internationale des procureurs et poursuivants francophones (AIPPF), membre aussi de l’union internationale des femmes juges, ainsi qu'un expert en arbitrage et médiation nationaux et internationaux de l'Université de Milford, États-Unis.
De 1992 à 2007, elle a débuté sa carrière professionnelle comme procureure adjointe du Roi près le tribunal de première instance de Rabat et comme juge en charge de différentes affaires, telles que les affaires des Marocains expatriés, les affaires civiles et les délits. Elle a exercé les fonctions de vice-présidente du tribunal, et président de la chambre immobilière au Tribunal de Première Instance de Rabat, puis comme conseiller au Secrétariat Général du Ministère de la Justice. Elle a également été présidente de chambre à la Cour d'appel de Rabat, détachée auprès de la présidence du ministère des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des MRA jusqu'en 2021.
De 2008 à 2016, elle a exercé les fonctions de magistrat de liaison auprès des autorités judiciaires belges, devenant ainsi la première femme juge à occuper ce poste. Au cours de son mandat, elle a coordonné les programmes de coopération technique et administrative entre le ministère marocain de la Justice et le ministère belge de la Justice, ainsi que la coopération judiciaire en matière civile et pénale. Durant la même période, elle a été membre de la commission judiciaire quadruple qui lutte contre le terrorisme et a exercé les fonctions de conseillère juridique auprès de l'ambassadeur de Sa Majesté à l'ambassade du Royaume du Maroc en Belgique, où elle était en charge du département de coopération internationale.
En tant que représentante du ministère de la Justice, elle a participé aux travaux du comité du statut avancé du Maroc au sein de l’Union européenne.
Mme Sedki s'est investie dans la gestion des dossiers des Marocains en Belgique relatifs à l'état civil aussi les dossiers de kafala des enfants abandonnés, en coordination avec les services consulaires du Maroc.
De 2016 à 2021, elle a exercé les fonctions de conseillère juridique à la Mission du Royaume du Maroc auprès de l'Union européenne où elle a géré les dossiers liés aux juridictions européennes et internationales.
Mme Sedki a toujours été active au sein de la société civile marocaine, notamment au niveau de l'Observatoire National des Droits de l'Enfant, l'Union Nationale de la Femme Marocaine et la Ligue Marocaine pour la Protection de l'Enfant, ainsi que dans la société civile européenne notamment en matière de droits des femmes et de l'enfant.
Elle a participé à plusieurs événements et conférences africains et européens en tant que représentante de la justice marocaine.
Elle a reçu de nombreuses formations dans les domaines liés à la lutte contre le terrorisme et au blanchiment d'argent, ainsi que des connaissances sur les systèmes judiciaires européens et africains. Elle a acquis une expertise en matière de droits de l'homme en raison de sa participation aux réunions périodiques tenues aux Nations Unies à Genève et à New York, en plus d'une formation spéciale dans le domaine des droits des femmes et des enfants aux États-Unis.
En 2012, elle a reçu le Prix Portail Or de la Ville de Fès pour la Femme Juge par l'Association Fès-Saïs.
En 2021, elle reçoit l’Ordre Royal du Mérite National d’Excellent Rang.
En 2022, elle a reçu le Prix européen international du leadership des femmes dans le domaine judiciaire au Parlement européen et a été classée 3ème parmi 106 femmes exceptionnelles en Afrique par The New Africa Magazine.
La magistrate marocaine Jamila Sedki a été primée, à l’’’European International Women’s Leadership Award’’ (EIWLA) 2022. L’’’European International Women’s Leadership Award’’ (EIWLA) 2022 était placé sous le patronage de la vice présidente du parlement européen Nicola Beer.
Dans le cadre de la feuille de route fixée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu l'assiste, à travers ses discours officiels et dans le cadre de la diplomatie juridique et judiciaire et de la diplomatie parallèle au service des intérêts élevés du Royaume du Maroc, les intérêts actuels de Mme Sedki sont principalement centrés sur l’Afrique, en présidant le Forum de dialogue des juges africains, dans le but de:
Assurer la communication et l'interaction entre les juges marocains et leurs homologues des pays africains, en renforçant les valeurs, l'éthique et les traditions professionnelles, et en utilisant les meilleures pratiques en la matière comme compatibles au sein des pays du continent africain ;
L'échange d'expertises et d'expériences professionnelles pour le bien et le service du pouvoir judiciaire en tant que symbole de justice et de confiance ;
Accroître la visibilité des instances juridiques et judiciaires régionales au niveau africain en général et de l'Union africaine en particulier.
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