L'Afrique ressuscite ses frontières historiques... L’héritage colonial des frontières devient une plaie dans les relations de ces Etats... [Enquête]
- gherrrabi
- 21 mars
- 25 min de lecture

Comment sont apparues les frontières modernes ?
Que nous disent-elles des populations qu’elles englobent ?
Ces deux questions liminaires entendent ouvrir la réflexion sur cette entité évidente pour nous qu’est la frontière.

La marocanité du Sahara oriental;
La région d’Illizi libyenne;
La borne 233, Tunisienne ...
«L’histoire opère lentement.» Ulrich Wickert ... «Un peuple sans Histoire est un peuple sans avenir»
Que nous rappelle Aimé Césaire avec ce proverbe qui résonne si fortement aujourd'hui ?
Aimé Césaire nous rappelle que si la mémoire est un trésor à partager c'est aussi une arme qui peut être manipulée, révisée, niée. Aux historiens, une fois de plus, de faire le lien, de créer du sens dans ces mémoires pour éviter les amalgames qui conduisent souvent à la haine ou à l'incompréhension.
«Il n’y a pas que les documents historiques attestant de la souveraineté du Maroc sur ce qui est appelé entre guillemets +le Sahara occidental+ mais aussi sur +le Sahara oriental+», a indiqué Bahija Simou, invitée au Forum de la MAP. Pour étayer ses affirmations, elle a assuré que les documents officiels existent en nombre important dans les Archives royales et qu’ils «sont d’ailleurs mis à la disposition des chercheurs pour les examiner et les étudier». Ces propos ont suscité des réactions de la part des médias algériens qui n’hésitent pas à crier à la provocation alors que des faits historiques corroborent les propos de l’historienne marocaine.
En 1956, année de l’indépendance du Maroc, Tindouf était administrativement rattachée à la région d’Agadir. En 1960, le Général Charles de Gaulle, alors président de la République française, avait, dans une correspondance adressée au défunt Roi Mohammed V, relaté explicitement que le Sahara oriental était marocain. «Les relations amicales que je suis heureux d’entretenir avec Votre Majesté me déterminent à l’informer personnellement de la décision que j’ai prise de faire procéder à partir du 31 mars à une nouvelle expérience nucléaire au Sahara» oriental (à l’époque le Sahara occidental était encore occupé par l’Espagne, NDLR), avait-il déclaré.
Lorsque la France prit pied au Sahara, les oasis situées au sud du Maroc dépendaient depuis très longtemps des sultans de Fès: Mérinides, Wattâsides, puis Chorfa Saadiens et Filaliens, tandis que ni les dynasties algériennes ni les Turcs qui leur avaient succédé n'y avaient jamais eu aucun pouvoir.

Le débarquement d’un corps expéditionnaire français de 35.000 hommes près d’Alger, le 14 juin 1830, apparaît comme une opération de police plutôt qu’une guerre de conquête coloniale. Au début du XIXe siècle, les Européens considèrent Alger comme un repaire de pirates en Méditerranée et souhaitent les éradiquer. Ce qui n'est pas le cas de la France qui détient plusieurs comptoirs de commerce sur la côte algérienne et pratique un fructueux trafic de céréales à destination de Marseille. Cependant en 1827, les relations diplomatiques se tendent entre la France et Alger, pour une ancienne histoire de dettes...
Les historiens estiment qu'il y a absence de projet colonial initial et que c'est plutôt un concours de circonstances politiques qui aboutit à la colonisation de l'Algérie. Plusieurs facteurs déclenchants ont été avancés :

le fameux « coup d'éventail » donné le 30 avril 1827, par le dey Hussein au consul de France à Alger: il provoque le blocus des côtes algériennes par la marine française dès 1827 ; ce coup d'éventail fait partie d'un enchaînement d'événements diplomatiques liés à des dettes de la France (réclamation par le dey d'Alger, du paiement de blé fourni à la France de 1793 à 1798)
certains politiciens estiment que l'armée française doit laver son honneur après l'échec des guerres napoléoniennes
le roi Charles X (qui règne de septembre 1824 à juillet 1830) pense détourner l'opinion publique de ses problèmes politiques intérieurs, en partant à la conquête de l'Algérie.
La régence d'Alger, dont le territoire correspond à la partie non saharienne de l'Algérie actuelle, est théoriquement une dépendance de l'Empire ottoman, en fait totalement autonome. Elle est dirigée par le dey d'Alger.

L'armée française entre dans Alger début juillet, après une campagne de trois semaines. La «convention franco-algérienne» signée le 5 juillet 1830, confirme la prise de la ville et la capitulation du dey d'Alger contre le respect de garanties (concernant les biens, les personnes, la religion et les coutumes locales) par les troupes françaises. La convention ne concerne pas le territoire de l'Algérie, ce qui ouvre la voie aux futures campagnes de conquêtes et préfigure ainsi la période coloniale française. Ce traité a des répercussions diplomatiques importantes vis-à-vis de l'Empire ottoman, l'Angleterre et l'Espagne. Héritant de cette encombrante conquête, le roi Louis-Philippe maintient les troupes françaises à Alger et l'annexion de l'Algérie est finalement proclamée en 1834.


Nommé gouverneur général de l'Algérie en 1840, Bugeaud revient à Alger en février 1841 : auparavant adversaire de la conquête absolue en raison des moyens humains et financiers exigés, il va désormais pleinement s'y consacrer. Il dispose pour cela de 100.000 hommes et décide d'employer des méthodes de guerre inspirées de son expérience pendant la guerre napoléonienne d'Espagne (1808-1814). Il va pratiquer la « politique de la terre brûlée », tactique consistant à détruire ressources, moyens de production, infrastructures, bâtiments afin de les rendre inutilisables par l'adversaire. Les méthodes sanglantes de «contre-guérilla» préconisées par Bugeaud, sont contestées par certains de ses officiers et lui valent d'être interpellé à ce sujet devant le Sénat français.
Le général Bugeaud obtient cependant la permission d'attaquer le Maroc qui apporte un soutien militaire à l'émir Abd el-Kader. Le 14 août 1844, la victoire des Français (à Isly) oblige le sultan du Maroc à interrompre son aide à la résistance algérienne.

Bugeaud traque ensuite Abd el-Kader qui finit par se rendre en décembre 1847. La conquête militaire se termine par l'annexion de l'Algérie (appellation officielle depuis 1839) à la République française et la création des départements français d'Algérie en décembre 1848.
Dépassant largement le Maréchal Lyautey, l'algérien, l'émir Abdelkader, le fonctionnaire le plus décoré de l'histoire de France.

Carte chronologique de la conquête et de la formation territoriale de l'algérie.


Pourquoi brûle-t-on les bibliothèques au Sahara oriental, territoire revendiqué par le Royaume du Maroc?

Un incendie criminel ravage la Bibliothèque traditionnelle d'In salah. Cet incendie a été planifié par le régime militaire algérien.

Le Bibliothèque traditionnelle d'In salah a été lourdement endommagée par un incendie criminel, causant des pertes importantes et la destruction de plus de 1.800 manuscrits vieux de 400 ans. Les manuscrits détruits étaient les témoins de la souveraineté du Maroc sur le Sahara oriental.
Un incendie détruit l’ensemble des manuscrits de la bibliothèque de Moulay Al-Abbas Al-Ragani

En 2021 - Un incendie criminel a détruit l’ensemble des anciens manuscrits de "Khizanate" (bibliothèque traditionnelle) de Moulay Al-Abbas Al-Ragani dans la commune de Bouda (Ouest d’Adrar).

L’enseignant de l’histoire à l’Université d’Adrar, Pr. M'barek Djaâfri, avait indiqué que la bibliothèque de Moulay Al-Abbas Al-Ragani située à Ksar "Beni Azel", (commune de Bouda) dispose de plus de 1.963 manuscrits relatifs, entre autres, à la science, l’art, en plus des lettres et des actes anciens.
Ce patrimoine culturel est composé de plusieurs manuscrits liés à différents domaines, notamment une des plus anciennes versions du Coran écrite par le fondateur de la bibliothèque Moulay Al-Abbas Ben Moulay Abdallah Al-Ragani, ainsi que d’autres manuscrites sur El-fiqh (les principes de la loi islamique), la langue, la littérature, les biographies, la médecine... Les manuscrits détruits étaient les témoins de la souveraineté du Maroc sur le Sahara oriental.
De la marocanité de Tindouf, du Touat, du Gourara et du Tidikelt... Par Bernard Lugan, historien français, spécialiste du Maghreb
Le temps des révélations historiques et des documents juridiques resurgit et comme par enchantement semble reprendre le dessus dans cette affaire du Sahara marocain, qui constitue à n’en pas douter le plus grand hold-up du siècle.
Bernard Lugan vilipendé pour avoir souligné la marocanité du Sahara oriental, l’historien français Bernard Lugan s’explique dans cet entretien sur les conditions ayant sous-tendu l’annexion de la région à l’Algérie ainsi que sur la dimension psychologique encore jusqu’à aujourd’hui de mise au sein de l’élite dirigeante algérienne sur la question des frontières avec le Maroc.
Lyautey s’était opposé aux visées expansionnistes de ses compatriotes sur ce qu’on appelait alors l’Algérie française.
En 1924, la question de la souveraineté sur le Touat, territoire situé à l'est de Tindouf, opposa l'administration française du Protectorat aux gouverneur général de l’Algérie. Depuis Rabat, le maréchal Lyautey adressa alors au gouvernement français, deux longues notes concernant les frontières historiques du Maroc. Elles donnent un éclairage important sur la question.
Dans une note datée du 4 février 1924, de Rabat, les services du résident de France écrivaient:
«Il n’est pas douteux qu’à cette époque (avant le Protectorat), l’Empire chérifien étendait nettement son influence au sud de l’Algérie, et il coupait celle-ci du Sahara proprement dit: les Oasis sahariennes du Touat, du Gourara et du Tidikelt relevaient depuis plusieurs siècles du Sultan du Maroc. L’autorité du Sultan Moulay Hassan y fut rétablie en 1892, et des gouverneurs marocains y demeurèrent jusqu’à l’occupation française d’In-Salah (1902) qui provoqua des protestations au Makhzen (…) En 1917, le Général Gouraud qui était alors Commissaire résident Général par intérim* demanda même le retour de Colomb Béchar au Maroc».
Quatre jours plus tard, dans une note en date du 8 février 1924 destinée au président du Conseil (le chef du gouvernement français), le Maréchal Lyautey, résident général au Maroc, écrivait:
«J’estime que le Maroc a, dans le Sahara, une frontière commune avec l’Afrique occidentale française (…). Je ne puis qu’appeler toute l’attention de Votre Excellence sur l’importance de la question pour ce qui regarde le Maroc dont la France a solennellement garanti l’intégrité, engagement qu’elle a rappelé au cours des négociations récentes. Au surplus, sans qu’il soit, je pense, nécessaire d’insister davantage sur ce point, l’histoire des dynasties marocaines suffit à démontrer que, de tout temps, les Sultans ont exercé sur cette partie du continent une action spirituelle et, parfois, effective, incontestée».
Pour le maréchal Lyautey, l’appartenance de Tindouf au Maroc ne faisait donc aucun doute. L'administration marocaine s'exerçait en effet sur la vallée de Tindouf qui dépendait du khalifa du Tafilalet et ses caïds étaient nommés par dahir du sultan du Maroc. Les archives marocaines conservent de nombreux documents administratifs confirmant cette réalité.
La première agglomération de Tindouf (tama-n-Douf en tamazight), ou Tendefès est connue par El Bekri et le Tarikh-el-Fettach. Pillée, ravagée et enfin détruite par les rezzous successifs des Touaregs, des Berabers et des Rguibat, elle disparut durant deux siècles, mais ses points d'eau continuèrent à être fréquentés par les caravanes transsahariennes. La ville nouvelle de Tindouf fut fondée en 1852 ou en 1857 par Mrabet Ould Belamech, chef de la tribu des Tadjakant qui avait fait allégeance au sultan du Maroc.
En 1934, la France occupa Tindouf qui, dans un premier temps, fut englobée dans la zone militaire dépendant du commandement français du Maroc avant d’être placée sous l'autorité du Gouverneur général de l'Algérie. Mais à aucun moment, la marocanité de la région ne fut remise en cause.
En 1956, au moment de l'indépendance du Maroc, Tindouf était administrativement rattachée à la région d'Agadir, comme d’ailleurs Fort-Trinquet (l'actuelle Bir Moghreïn) en Mauritanie. Au mois de juillet 1962, quand elle accorda l'indépendance à l'Algérie, la France était militairement présente à Tindouf dont elle se retira au mois d’octobre, laissant l'ALN (Armée de libération nationale) algérienne s'y installer. C'est ainsi que Tindouf la marocaine est devenue algérienne.
Pourtant, au mois de juillet, les tribus de la région de Tindouf, essentiellement les Tajakant et les Rguibat avaient fait allégeance au Roi du Maroc. Au début du mois d’octobre, quand l’armée algérienne occupa Tindouf, elle en chassa par la force les représentants du Maroc qui avaient refusé de se retirer. Cette prise de possession fit alors de nombreuses victimes.
* Lyautey était alors ministre de la Guerre à Paris, résident général par intérim, demanda le retour de Colomb Béchar au Maroc (…).»
Quand Ben Bella reconnaissait la souveraineté du Royaume du Maroc sur le Sahara oriental
En 1956, année de l’indépendance du Maroc, Tindouf était administrativement rattachée à la région d’Agadir. En 1960, le Général Charles de Gaulle, alors président de la République française, avait, dans une correspondance adressée au défunt Roi Mohammed V, relaté explicitement que le Sahara oriental était marocain. «Les relations amicales que je suis heureux d’entretenir avec Votre Majesté me déterminent à l’informer personnellement de la décision que j’ai prise de faire procéder à partir du 31 mars à une nouvelle expérience nucléaire au Sahara» oriental (à l’époque le Sahara occidental était encore occupé par l’Espagne, NDLR), avait-il déclaré.



…Mais les puissances coloniales lancées dans une course effrénée d’acquisition de territoires ne pouvaient que voler la règle de délimitation. Le territoire n’est plus la zone où s’exerce la souveraineté de l’Etat, mais une zone d’influence. La frontière n’est plus l’aboutissement de sa formation politico-juridique, mais son point de départ. Charles André Julien ajoute : «D’immenses territoires furent cédés à des compagnies contre quelques mètres d’étoffe ou quelques bouteilles d’alcool».
Zagora - Tombouctou 52 jours à dos de chameau

En visitant le centre de la ville de Zagora, il est impératif de s’arrêter pour prendre la photo must-have avec un monument emblématique de la ville : le célèbre Panneau Tombouctou 52 jours.
Au-delà du cliché, l’endroit a une forte symbolique car il rappelle le rôle crucial qu’occupait Zagora dans le commerce transsaharien. Il rend aussi hommage à une expédition envoyée par le sultan Ahmed al-Mansour ad-Dahbî vers Tombouctou. Une expédition qui changera le visage de la région sahélienne à jamais.
Carrefour des caravanes transsahariennes
Au 16ème siècle, pendant le règne de la Dynastie Saadien, les frontières du Maroc s’étendaient jusqu’au fleuve Niger dans la région sahélienne. Dès lors, l’axe Drâa-Taghaza-Tombouctou est devenu la voie privilégiée du commerce transsaharien basé sur l’échange de sel, d’or, de produits locaux des oasis et de produits européens. Ce commerce n’avait d’égal à l’époque que celui de la Route de la Soie.
Station essentielle sur cet axe, l’oasis de Zagora est devenue le carrefour des grandes caravanes qui s’y ravitaillaient et payaient leurs redevances pour droit de passage et la sécurité. Ceci a contribué à une transformation économique et sociale de l’oasis l’amenant vers la prospérité.
Le panneau rappelle donc à la fois l’épopée de cette période et l’importance que revêtait l’oasis de Zagora dans le commerce transsaharien.
Rapports déclassifiés: Une note déclassifiée de la CIA confirme la marocanité du Sahara oriental

De nombreux rapports déclassifiés de la CIA, confirment la marocanité du Sahara oriental. C’est ainsi que des rapports ultra-secrets, se retrouvent en lignes et à la disposition des médias, des associations, des politiciens ou même des simples citoyens.
Une note déclassifiée de la CIA confirme la marocanité du Sahara oriental
Un document déclassifié du renseignement américain reconnaît la souveraineté marocaine sur le Sahara oriental s’étendant de Hassi Beida (province de Béchar) jusqu’à la ville de Tinjoub (sud de Mhamid Ghizlane) et tient la France, l’ancienne puissance coloniale, responsable du différend territorial entre le Maroc et l’Algérie, a rapporté North Africa Post.

Le média North Africa Post a rapporté qu’un mémo déclassifié par la Central Intelligence Agency (CIA) en 2004 a fait allusion de la position juridique et les droits historiques du Maroc pour la libération des derniers territoires sahariens occupés illégalement annexés pendant l’Algérie française au détriment du Maroc.


Selon le média, Le document officiel américain déclassifié met en lumière la "guerre des sables" qui éclata en octobre 1963 entre les deux pays voisins (le Maroc et l'Algérie nouvellement indépendante), soulignant que le tronçon sud-saharien de la frontière maroco-algérienne de Figuig jusqu'au Le Sahara n'a jamais été délimité.
Cela signifie que Washington tient la France pour responsable des problèmes frontaliers enchevêtrés dans la région.
Pendant l’administration française du Maroc et de l’Algérie, les redéfinitions successives de la ligne administrative séparant le Maroc de la juridiction algérienne française ont favorisé l’Algérie, qui faisait légalement partie de la France, alors que le Maroc n’était qu’un protectorat, indique le document de la CIA.
Après avoir accédé à l’indépendance en 1956, les Marocains ont soulevé la question de la récupération de leurs territoires sahariens annexés à l’époque de l’Algérie française, ajoute la note de service des services de renseignement américains.
En 1958, alors que les rebelles algériens opéraient dans la zone saharienne, la France et le Maroc «se sont mis d’accord de manière informelle» sur des zones opérationnelles respectives afin d’éviter des affrontements entre leurs forces.
En vertu de cet accord informel, les Français ont étendu leur occupation au nord et à l’ouest des lignes précédentes, mais la nouvelle ligne n’a reçu aucun statut juridique, souligne le document de la CIA.
«Cette ligne est pourtant adoptée par les Algériens. Les Marocains insistent sur le fait que la véritable frontière est une ligne antérieure, qui place les postes de Hassi Beida et Tinjoub au Maroc. Ces postes sont importants car ils se trouvent sur la principale piste caravanière reliant Colomb-Béchar et Tindouf», révèle le document américain.
La note de la CIA cite un accord conclu en 1961 entre feu le Roi Hassan II et Ferhat Abbas, alors Premier ministre du gouvernement provisoire algérien, pour récupérer le Sahara oriental marocain, mais les dirigeants algériens ont rompu leur promesse. Ils ont trahi les Marocains qui les ont soutenus pendant leur guerre d’indépendance. Ils ont refusé de restituer les territoires sahariens marocains, préférant s’en tenir aux frontières coloniales héritées.

L’héritage colonial des frontières devient une plaie dans les relations de ces Etats
L’Algérie, qui partage près de 1.000 km de frontières avec la Libye, refuse de restituer à cette dernière des régions qui lui ont été annexées, notamment la région d’Illizi, riche en ressources gazières et pétrolières, indument rattachée à l’Algérie française en 1834.
C'est une vidéo devenue virale qui a déclenché une tempête. On y voit des soldats de l'Armée nationale libyenne (ANL) de Saddam Haftar, fils de l'homme fort de l'Est libyen, à proximité du poste-frontière algérien Debdeb, à l'extrême sud-est du Sahara. Sur les réseaux sociaux, les commentaires se multiplient, parlant de la « fuite de soldats algériens face à l'avancée de la milice libyenne », de la « menace directe de [l'autoproclamé] maréchal Khalifa Haftar contre l'Algérie », d'une « possible réaction militaire algérienne »…

"Alger redoute sa mise sous pression à des frontières très sensibles, proches de ses installations stratégiques énergétiques". Un observateur

« Au-delà de la crainte de voir se déclencher une nouvelle guerre civile entre Libyens, Alger redoute sa mise sous pression à des frontières très sensibles, proches de ses installations stratégiques énergétiques notamment », rappelle un observateur. Le souvenir de l'attaque meurtrière du site gazier de Tiguentourine, en 2013, par des terroristes islamistes venus du nord du Mali (qui connaît de nouveaux affrontements entre groupes armés) via une Libye déstabilisée reste très vif pour Alger.
Selon des analystes et des médias locaux, l’objectif de cette mobilisation après quatre années de cessez-le-feu est la prise de l’aéroport de Ghadamès, à 650 km au sud-ouest de Tripoli.
Des soldats du maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’est de la Libye, font route en direction de zones du Sud-Ouest contrôlées par le gouvernement rival installé à Tripoli et reconnu par l’ONU, ce qui ravive le spectre de la guerre civile quatre ans après un cessez-le-feu. « L’adjoint du chef d’état-major (…) a donné des instructions aux unités de l’armée d’être en état d’alerte et d’être prêtes à repousser toute éventuelle attaque » dans le Sud-Ouest, a annoncé une source de l’état-major des forces du « gouvernement d’union nationale » (GUN) à la chaîne Libya Al-Ahrar. La chaîne privée avait rapporté dès mercredi 7 août que des forces pro-Haftar « se dirigeaient vers le Sud-Ouest » libyen, sans donner d’autres précisions.

Un accord de coopération renforcée contre la criminalité transfrontalière a été signé lors de la visite d'une délégation nigérienne à Benghazi.

Lors d'une visite officielle à Benghazi, une délégation nigérienne du ministère de la Défense et de l'Intérieur a signé un accord de coopération avec les autorités libyennes.
Ce partenariat stratégique vise à renforcer l'échange de renseignements et à intensifier la lutte contre la criminalité organisée, notamment les réseaux de trafic d'êtres humains, qui sévissent aux frontières des deux pays. Cette initiative s'inscrit dans un contexte régional marqué par l'instabilité et la prolifération des groupes armés.
Les deux pays entendent ainsi contribuer à la stabilisation du Sahel et à la protection des populations civiles.
Zone stratégique
Pour Emadeddin Badi, expert de la Libye à l’Atlantic Council, « l’Ouest libyen est désormais plongé dans une grande agitation dans le contexte d’une mobilisation [des forces] d’Haftar, perçue par certains comme le prélude à une éventuelle offensive sur Tripoli ». Selon d’autres analystes et des médias locaux, l’objectif de cette mobilisation est la prise de l’aéroport de Ghadamès, à 650 kilomètres au sud-ouest de Tripoli, actuellement sous contrôle du GUN. La prise par les forces pro-Haftar de Ghadamès, zone stratégique à l’intersection des frontières de la Libye avec l’Algérie et la Tunisie, « marquerait la rupture du cessez-le-feu de 2020 », a estimé M. Badi sur le réseau social X.
Le contrôle de Ghadamès aurait « plusieurs avantages » pour le camp Haftar: « Empêcher tout mouvement des partisans [d’Abdel Hamid] Dbeibah vers le sud, isoler Dbeibah et retirer à Imad Trabelsi [son ministre de l’intérieur] l’atout précieux » du contrôle de cette zone frontalière, analyse pour l’AFP Jalel Harchaoui, chercheur associé à l’institut britannique Royal United Services. Les forces d’Haftar « convoitent depuis plusieurs années » l’aéroport de Ghadamès et ses alentours, car son contrôle «renforcerait de manière notable la donne territoriale d’Haftar face à l’Algérie, à la Tunisie et au Niger », selon M. Harchaoui. Le camp de l’Est aurait ainsi le contrôle sur tout le Sud, d’est en ouest.
En Libye, le leader du camp anti-Algérie dans le pays, à savoir le Maréchal Khalifa Belqasim Haftar, s’est beaucoup rapproché des nouvelles autorités au pouvoir à Niamey au Niger et plusieurs délégations libyennes du Maréchal Hafter, classé comme un ennemi dangereux pour les intérêts de l’Algérie dans la région, ont été reçus en grande pompe à Niamey. Mieux encore, depuis le début de l’année 2024, des délégations officielles nigériennes ont été reçus et accueillies à Benghazi pour discuter des modalités de partenariats militaires, politiques et économiques.
Pour Alger, derrière la construction de ce nouvel axe Benghazi-Niamey, plane l’ombre des Emirats Arabes-Unis qui veulent créer un nouvel ordre régional fondé sur des régimes qui sont acquis à leur cause et à leurs intérêts diplomatiques dans la région. Et cette alliance menace directement l’Algérie car elle la ceinture dangereusement sans oublier qu’elle réduit significativement son influence sur les pays voisins stratégiques comme la Libye ou le Niger.
Les forces que dirige Saddam Haftar, fils du maréchal Haftar, ont annoncé mardi par communiqué une « opération globale » visant officiellement à « sécuriser les frontières sud du pays et à renforcer la stabilité du pays dans ces zones stratégiques » et le « déploiement de patrouilles (...) pour surveiller la bande frontalière avec les pays voisins ». La Libye est bordée par le Soudan au sud-est, le Tchad au sud, le Niger au sud-ouest, l'Algérie à l'ouest et la Tunisie au nord-ouest.
L’Armée nationale libyenne compte plusieurs soutiens internationaux, entre autres les Emirats arabes unis et l’Egypte. Pas plus tard que le 16 avril 2024, un navire de débarquement de combat de la flotte russe du Pacifique avait livré du matériel militaire au port libyen de Tobrouk, pour soutenir les troupes du maréchal Haftar.
Dans un communiqué publié sur sa page officielle Facebook, il a indiqué que "cette mesure intervient en application des instructions du maréchal Khalifa Haftar dans le cadre du renforcement de la sécurité des frontières et de l'affrontement de toute menace pouvant viser la sécurité et la stabilité de la patrie, et que des unités militaires ont été déplacées vers les zones assignées pour les sécuriser".
Les relations entre l'Algérie et M. Haftar ne sont pas au beau fixe depuis 2020, date à laquelle Alger a tenté de trouver des solutions pour résoudre la crise libyenne. Auparavant, Haftar avait menacé d'"avancer militairement contre l'Algérie". L'Algérie, pour sa part, soutient le gouvernement de Tripoli dirigé par Abdul Hamid Dabaiba, mais insiste sur la nécessité d'organiser des élections légitimes en Libye.
Le maréchal Haftar met l’Algérie sur le qui-vive
Les récentes déclarations belliqueuses du maréchal Khalifa Haftar, commandant en chef de l’Armée nationale libyenne, ont ravivé les tensions avec Alger, qui a redoublé de vigilance face à son voisin de l’Est.
Les propos du maréchal Khalifa Haftar n’ont pas amélioré les relations déjà ambiguës que l’homme fort de l’est libyen entretient avec Alger. Dans une vidéo diffusée par la chaîne qatarienne Al-Jazira, le 8 septembre dernier, il se montre menaçant. «Les Algériens ont trouvé une occasion pour entrer en Libye. Lorsque nous avons découvert cela, j’ai envoyé le général Abdelkrim en Algérie pour expliquer que ce qui avait été fait n’était pas fraternel. Nous pouvons transférer la guerre de l’est à l’ouest en peu de temps.»
«Actes d’agressions» de l’Algérie vis-à-vis de la Libye 👇

Des unités des forces armées libyenne ont effectué des patrouilles de ratissage à la frontière algéro-libyenne. Des mouvements étranges et suspects ont été observés dans la région de Wadi Takhrhkouri, à l’entrée de Tadrart Acacus, et après enquête et surveillance les militaires libyens ont procédé procédé à l’arrestation des intrus, après avoir vérifiés leurs identités, il s’est avéré que les personnes arrêtés sont de nationalité algérienne.
Les personnes arrêtés avaient en leur possession des documents ultra sensibles exemple: (des coordonnées GPS, des Cartes contenant un projet de construction d’une piste d’atterrissage…)
الأسابيع الماضية قامت وحدات من القوات المسلحة بدوريات تمشيط على الحدود الجزائرية الليبية وفي لحظات تم رصد تحركات غريبة في منطقة تخرخوري مدخل جبال اكاكوس وبعد التحري والرصد وإلقاء القبض عليهم ثبتت انهم ذو جنسية جزائرية بعد التعرف على أوراق ثبوتيتهم ووجد بحوزتهم مستندات #يتبع 1 pic.twitter.com/LlEsHvePdd
— هاني المحجوب (@HaAbozguia) June 19, 2021
La nouvelle mouture de la Constitution donne le droit au « président -chef suprême des forces armées et ministre de la Défense » – d’engager des troupes, avec l’aval des deux tiers du Parlement. Dans un récent entretien publié par l’hebdomadaire français Le Point, Abdelmadjid Tebboune avait déjà évoqué, à propos du Mali, la possibilité d’un engagement militaire de l’Algérie à l’extérieur car «la Constitution algérienne autorise désormais ce type d’intervention». Selon des analystes, Alger, soucieux des risques d’instabilité à ses frontières, entend ainsi peser davantage sur la scène régionale, en Libye et au Sahel.
الجزائر التي مات من أجلها ملايين الشهداء، والتي كانت تدفع لها أمريكا جباية الإبحار في المتوسط، أصبحت بسبب المعين مسخرة 😭 الله يبهدلك يا @TebbouneAmadjid pic.twitter.com/JA7bdWyKo3 — Ibrahim DAOUADJI (@DaouadjiIbrahim) June 11, 2021
(Ingérence et déstabilisation…). Le jeu machiavélique de l’Algérie en Libye…

Le Mal élu et décrié, Abdelmadjid Tebboune avait déclaré que son pays était prêt à « intervenir d’une manière ou d’une autre » en Libye
L’Algérie était prête à «intervenir» en Libye….
Le « président » algérien Abdelmadjid Tebboune a affirmé mardi 8 juin que son pays était prêt à «intervenir d’une manière ou une autre» en Libye voisine pour stopper l’avancée des forces du maréchal Khalifa Haftar, lors de leur offensive lancée sur la capitale Tripoli en 2019-2020. Interrogé lors d’un entretien avec la chaîne qatarie Al-Jazeera, diffusé mardi soir, le président algérien a dit avoir songé à une intervention en Libye car «Tripoli est une ligne rouge». «Nous n’acceptons pas que la capitale d’un pays maghrébin et africain soit occupée par des mercenaires. Nous allions intervenir», a assuré Abdelmadjid Tebboune.
À la question de savoir s’il s’agissait d’une intervention «militaire», Abdelmadjid Tebboune a répondu que l’Algérie serait intervenue d’une «manière ou d’une autre: nous n’allions pas rester les mains croisées». «Quand nous avons dit »c’est une ligne rouge », le message est parvenu et Tripoli n’a pas été occupée», a-t-il ajouté à propos de l’offensive des forces de l’homme fort de l’Est libyen pour s’emparer de la capitale Tripoli, siège du gouvernement reconnu par l’ONU.
Le « président » Tebboune confirme ainsi le changement de doctrine de défense de l’Algérie. La réforme constitutionnelle, voulue par le « chef de l’État » et adoptée par « référendum » le 1er novembre 2020, ouvre en effet la voie à un possible déploiement de l’armée algérienne à l’étranger. Jusque-là, l’Algérie écartait toute intervention militaire hors de ses frontières au nom de l’anti-impérialisme. Mais elle autorise désormais son armée à prendre part à des opérations de maintien de la paix «dans le cadre du respect des principes et des objectifs des Nations unies, de l’Union africaine et de la Ligue arabe».
Peser davantage sur la scène régionale
« Rien ne saurait être décidé concernant la Libye sans l’Algérie… » menaçait le « Président » contesté par le peuple algérien Abdelmadjid Tebboune.

Rare vidéo d'archives: L'expansionnisme algérien.... L’affaire de la borne 233

C'est ainsi que le leader tunisien, Habib Bourguiba, réclamait le Sahara tunisien, que la France avait annexé à ses terres en Algérie (l'Algérie française).
Un exploit méconnu des soldats tunisiens: comment la borne 233 a été prise aux Français le 20 juillet 1961
Quand on évoque la crise de Bizerte et ses centaines de victimes, on oublie que le 20 juillet 1961, à un millier de kilomètres de là, des soldats tunisiens conduits par le capitaine Abdallah El Abaab prenaient d'assaut, dans des conditions climatiques très difficiles, il faisait 52° à l'ombre, et sous les bombes des B 26, la fameuse borne 233 où stationnait une centaine de soldats français. L'attaque couronnée de succès s'est soldée par la mort de 60 soldats du côté français et 19 du côté tunisien.
L'occupation de ce poste a duré trois jours. Le 23 juillet, le Conseil de sécurité adopte une résolution réclamant cessez-le-feu. Le lendemain, le capitaine El Abaab reçoit un télégramme du haut commandement de l'armée tunisienne lui intimant l'ordre de se retirer. 24 heures plus tard, il reçoit un contre-ordre: pas d'évacuation. Il était trop tard, les soldats français avaient repris le poste après le retrait des soldats tunisiens.
L’affaire de la borne 233 (Mémoire DES de Droit Public Faculté Droit de Tunis Ben Salem Mohamed 1971-1972)
Bourguiba avait eu un moment de déception (et d’irritation) lorsqu’il s’est rendu compte que le colonel Boumediene n’était nullement disposé à prendre à son compte les promesses plus ou moins fermes que lui aurait faites Ben Bella, avant d’être renversé, à propos de la fameuse borne 233.

En effet, l’indépendance acquise, l’héritage colonial des frontières devient une plaie dans les relations de ces Etats. Des conflits, des revendications territoriales, des demandes de rectification. La gravité du problème atteint des dimensions telles qu’il a été soulevé par la plupart des chefs d’Etats africains au cours de la conférence constitutive de l’OUA (25 mai 1963) et dans les différentes conférences qui l’ont suivies.
En Afrique au Sud du Sahara, des conflits frontaliers ont éclaté partout, conflits qui ont donné souvent lieu à des affrontements armés (ex : Somalie et Ethiopie, Somalie et Kenya). Au Maghreb, le problème des frontières a été général. C’est un élément qui est venu enrichir le patrimoine commun des trois pays (Maroc, Algérie et Tunisie). Au mois de Décembre 1963, un conflit armé éclaté entre l’Etat marocain et l’Algérie.
…Les conflits frontaliers africains se vérifient pleinement dans l’affaire de la borne 233 qui a gelé pendant huit ans les relations des deux pays.
…En effet, la convention de 1910 conclue entre la France la Tripolitaine délimite la frontière tunisio-lybienne. Le dernier point de la frontière s’arrête selon cette convention à Garat El Hamel, dénommée borne 233, « situé à 13 kms au Sud Ouest de Ghadames ».
Après l’indépendance, la Tunisie considère que sa frontière avec la Libye s’arrête à la borne 233, et que le tronçon frontalier Bir Romane, borne 233 situé entre l’Algérie et la Tunisie fera l’objet d’une délimitation concertée avec l’Algérie indépendante. Au moment de la guerre de Bizerte, la Tunisie a généralisé le conflit jusqu’au Sahara pour la récupération de la borne 233 usurpée à l’époque par la France. Mais grâce aux renforts venant d’Algérie, les troupes françaises, stationnées dans la zone de la borne 233 ont empêché les troupes tunisiennes d’entrer en possession de ladite borne. Après son accession à l’indépendance, l’Algérie considère que sa frontière avec la Tunisie ne s’arrête pas la borne 233, mais la borne 222, au lieu dénommé (Fort Saint).
…La controverse tuniso-algérienne s’est compliquée davantage et le conflit a atteint la phase de crise aigüe après la découverte dans la zone litigieuse des richesses importantes en hydrocarbures. Le triangle borne 233, Fort Saint et Bir Romane recouvre partiellement un périmètre de recherches pétrolières couvrant 20000 km2. Ce permis de recherches a été octroyé par décret le 3 juin 1959 à une association de 3 compagnies : une compagnie américaine Esso, 2 compagnies françaises : Petropar, CFP. Les travaux de prospection commencée en octobre 1959, ils ont permis très vite la découverte du gisement d’El Borma.
…La Tunisie revendique la borne 233 en vertu de titres juridiques et historiques, l’Algérie considère cette borne comme un point de frontière hérité de la France: deux thèses opposées donnant lieu à un conflit frontalier entre les Etats voisins.
…La convention de 1910, conclue entre la Tunisie et la Tripolitaine a délimité la frontière tuniso-libyenne. D’après cette convention la borne 233 dressée à Garat El Hamel constitue le dernier point de cette frontière. La France a participé activement à la négociation de cette convention, le Résident général français en Tunisie l’a conformément à ses attributions, contresignées. Il ressort de tous ces éléments que la France a juridiquement reconnus le rattachement de la borne 233 au territoire tunisien.
…La France attache une importance capitale pour le triangle Bir Romane, borne 233, Fort Saint. Elle refuse alors toute offre de délimitation de cette zone entre l’Algérie et la Tunisie. Deux raison expliquent cette carence voir même ce refus de décimation. Le triangle indiqué constitue une zone névralgique dans le commerce transsaharien, mais surtout une zone stratégique pour le contrôle de la Libye.
La borne 233 et la zone qui lui est adjacente avait un intérêt commercial capital. Elle se trouve en effet sur la route de Ghadames centre commercial saharien très florissant.
…Le gouvernement français parait avoir eu pour doctrine que la meilleure des frontières était celle qui n’est pas déterminée ».
…Or, dès son indépendance, la Tunisie condamna cette jouissance exclusive et illicite du Sahara. Le Président Bourguiba préconise alors deux solutions : la première serait le partage du Sahara entre les pays limitrophes, « Notre part du Sahara serait dans ce pays le prolongement naturel de la Tunisie, de même que la part de la Libye, de l’Algérie, du Maroc, du Sénégal seront le prolongement de chacun de ces pays appelés à se rencontrer dans le grand bassin saharien ».
«Ou bien en partant d’un point de vue différent qui consisterait à considérer le Sahara comme un océan et une zone commune de contact pour tous les pays riverains qu’il prolonge». Il ajoute : «Ce qui est inadmissible c’est qu’on nous ferme au nez le porte du Sahara en soutenant tout ce qui se trouve au-delà de la porte appartient à la France».
A côté de cet intérêt économique, la borne 233 représente encore une fois un intérêt stratégique. Après la deuxième guerre mondiale, les troupes françaises du Général Leclerc ont occupé la région de Fezzane située en Libye. La zone de la borne 233 érigée en territoire militaire assurait ainsi la liaison entre les deux forces françaises.
Après l’exposé de tous ces éléments qui ont déterminé la France à occuper la borne 233 et à refuser sa libération à la Tunisie, l’argument de l’occupation effective invoqué par l’Algérie pour revendique la borne 233 devient illusoire. D’ailleurs, cet argument risque de nous amener très loin car, si la France n’a pas évacué certains points frontaliers tuniso-algériens (ex: le Kef, Ghardimaou) ou tuniso-libyens (ex : Ramada), l’Algérie les aurait revendiqués pour le même motif, alors que l’occupation de tous ces points donne celui de la borne 233 n’avait pour cause que des intérêts économiques ou stratégiques inhérents à la politique coloniale française de l’époque.
…Après l’indépendance de la Tunisie, cette convention a été indirectement confirmée par la France lors de délimitation de la frontière algéro-libyéenne entrée le Ghat et Ghadames. En effet, un décret français du 23 janvier 1958 a publié l’échange de lettres entre le gouvernement français et le gouvernement libyen en date du 23 décembre 1956, confirmant l’accord du gouvernement français et libyen sur les conclusions de la commission mixte franco-libyenne portant délimitation de la frontière entre Ghat et Ghadames.
« Le point initial de la frontière est la borne située sur Garat El Hamel à environ 14 kilomètres du Sud-ouest de Ghadames et désignée par le numéro 233 dans le procès verbal d’abornement de la frontière franco-turque en 1911 ». Mais malgré tous ces engagements juridiques, la France a opposé son refus pour la récupération par la Tunisie de la borne 233.
…D’autre part, à la demande de la Tunisie, le gouvernement libyen a confirmé la convention de 1910 par une lettre adressée au gouvernement tunisien : « Nous avons demandé à la Libye confirmation de l’accord de 1910 relatif aux frontières reconnues à l’origine par l’Empire Ottoman ». Le gouvernement libyen n’a fait aucune objection. Son accord vient d’être sanctionné tout récemment par un échange de lettres.
Mais ce qui nous importe le plus est de voir si la convention de 1910 engendre des effets à l’égard de la France installée en Algérie et par suite à l’égard de l’Etat algérien après son accession à la souveraineté internationale.
…L’accord franco-libyen de 1956 sur la délimitation des frontière algéro-libyénne revoie à la convention de 1910. L’Algérie reconnait donc par le biais de cet accord de la convention en question.
…Après son accession à la souveraineté internationale, l’Algérie a endossé cette violation en excipant du principe de l’intangibilité des frontières héritées de l’ex-puissance coloniale. Cet héritage invoqué ne porte pas en fait sur la borne 233 mais sur son occupation illicite par la France.
…En effet, l’Etat algérien, malgré l’existence de la convention de 1910, a continué à occuper la borne 233 enfreignant par la disposition de cette convention. En conséquence, la violation de la convention de 1910 et le dommage qui est découlé n’ont pas disparu mais ils ont simplement changé l’auteur.
La convention
L’article premier de la convention du 6 janvier 1970 stipule que la frontière tuniso-algérienne de Bir Romane à l’intersection avec la frontière libyenne est celle définie dans le procès verbal d’abornement signé à Tunis le 16 avril 1968.
…Par ailleurs, la convention du 6 janvier 1970 comporte un protocole dans lequel il est dit : «La Tunisie cède à l’algérie les biens domaniaux tunisiens situés en territoire algérien à l’Ouest de Fort Saint. L’Algérie versera à la Tunisie en compensation de cette cession l’équivalent de 10 millions de dinars algériens en Francs français.
D’après cet article, le territoire situé à l’Ouest de Fort Saint (borne 233) est algérien, or comme la borne 233 est dressée dans la zone, il en découle que désormais, elle fait partie intégrante du territoire algérien.
…A propos de Fort Saint, je vous ai dit que c’est l’Etat tunisien qui a construit le puits. Ceux qui l’ont creusé sont toujours là. La dépense a été supporté par le budget tunisien ».
Il ressort de tous ces éléments contenus dans la convention de 1970 que la borne 233 a été cédée à l’algérie.
La nouvelle frontière algéro-tunisienne n’est pas celle héritée par l’algérie de l’ex-puissance coloniale, mais celle occupée par la France contrairement aux engagements internationaux jusqu’à dire que la solution de l’affaire de la borne 233 est le résultat d’un rapport de forces, nous dirons plutôt qu’elle a été le résultat d’une opportunité politique.
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