top of page
gherrrabi

Insolite: Belhasni Yakoub & Madame Maya, les plus grands escrocs de l'histoire de l'algérie🎭



Le dénommé Belhasni Yakoub, qui est accusé d’avoir usurpé depuis plusieurs mois diverses fonctions officielles, a été extradé ce mercredi vers l’algérie, a annoncé la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) dans un communiqué.
Yacoub Belhasni, 23 ans et faux général, dévoile les pratiques mafieuses des hauts gradés de l’armée algérienne

Yacoub Belhasni, un Algérien âgé de 23 ans, avait réussi, pendant plusieurs mois, à terroriser et arnaquer de nombreux hauts responsables algériens, dont des ministres de Abdelmadjid Tebboune. Comment? Il s'est entre autres fait passer, et rien qu’au téléphone, pour l’un des généraux algériens. Une performance à nulle autre pareille au monde.

Les faits qui vont être décrits ici ne peuvent se dérouler nulle part ailleurs sur Terre. Nulle part, sauf dans cette «Algérie nouvelle», la douce sérénade que chante le duo Tebboune-Chengriha.

  • Dans quel autre pays au monde un ministre peut-il se soustraire aux lois régissant la hiérarchie administrative et la solidarité gouvernementale, pour se soumettre aux ordres d’un général de l’armée sans en référer au Premier ministre ou au chef de l’Etat?

  • Dans quel autre pays, le patron du pôle public des chaînes de télévision fait interrompre les programmes pour diffuser une fausse information, relative à l’arrestation d’un escroc à Chypre?

  • Comment cela a-t-il pu se produire?

Ce ministre a reçu un appel, via l’application Whatsapp, d’un jeune homme de 22 ans à peine, qui s’est tout simplement fait passer pour le général Chouiter, le patron de la Direction centrale de la sécurité de l’armée (DCSA).

En usurpant des fonctions réglementées, civiles et militaires, cet individu a pu commettre plusieurs escroqueries, dont les victimes sont nombreuses. Notamment, des anciens ministres, des personnalités politiques et des diplomates. En effet, ces derniers ont versé des sommes d’argent à Belhasni Yakoub.

Par ces tours joués à des ministres et hauts responsables algériens -car il a usurpé l'identité de ce haut gradé algérien à plusieurs reprises-, ce jeune homme de 22 ans, qui opérait depuis l’étranger, a révélé la vraie nature de son pays, où le président de la république, ses ministres et d'autres hauts fonctionnaires civils de l’Etat ne sont que les subalternes des vrais détenteurs du pouvoir: la mafia des généraux de l’Armée nationale populaire (ANP) qui dirige d’une main de fer le pays depuis son indépendance, en 1962.

Fort d'un riche carnet d’adresses, et de sa connaissance des rouages de la mafia militaire algérienne, Yacoub Belhasni a réussi, depuis ses deux lieux d'exil, en Grèce puis dans l'île de Chypre, à mettre au pas plusieurs hauts responsables algériens, dont des ministres, des walis, des ambassadeurs, des consuls… Le tout, en se faisant passer, à l’autre bout du fil, pour un puissant général de l’armée algérienne.

Se présentant le plus souvent comme le chef de l’un des services de renseignements locaux, Yacoub Belhasni a contacté un certain nombre de ministres actuellement en exercice, des soumis patentés, obéissant aux moindres desiderata des hauts gradés de l’armée. Parmi les victimes de ce vrai usurpateur, il faut compter le ministre du Commerce, Kamel Rezig, ou celui de la Communication, Mohamed Bouslimani, qui ont subi un vrai savon au téléphone de la part ce faux général. Une communication qui les a littéralement terrorisés, à tel point qu’ils n’ont pas été à même de se rendre compte du piège dans lequel ils sont très piètrement tombés.

Pourtant, les médias du service public algériens avaient déjà alerté, dès juillet dernier, sur ces faits étranges qui se déroulaient dans ces sphères gouvernementales, en mettant dûment en garde contre les agissements du jeune Yacoub Belhasni (22 ans), prétendu être un repris de justice et un escroc qui «usurpe des fonctions civiles et militaires» dans le but d’extorquer des sommes d’argent à de hauts responsables algériens.

Une forte mobilisation des services de renseignements algériens a même été décrétée en vue d’extrader ce jeune «escroc».

Tout a commencé en juillet 2022, quand un appel à témoin a été lancé par le tribunal de Bir Mourad Rais (dans la banlieue sud d’Alger), au cours duquel il a été demandé à toute personne victime d'une tentative d’extorsion de fonds de la part de Yacoub Belhasni de porter plainte contre ce présumé escroc pour qu’il puisse être légalement poursuivi et jugé.

Deux mois plus tard, une dépêche de l'agence de presse du pays, Algérie presse service (Aps), datée du 12 septembre 2022, a annoncé que Yacoub Belhasni, «poursuivi par la justice pour de graves affaires d'escroquerie, dont ont été victimes d'anciens ministres, des personnalités politiques et des diplomates, continue dans ces pratiques criminelles depuis la Grèce, pays qu'il a rejoint clandestinement».

Il est donc désormais clair, comme l’ont laissé entendre beaucoup d’analystes algériens, que le jeune Yacoub Belhasni, qui a peut-être été un agent des renseignements algériens avant de fuir pour l’Europe, a fidèlement dupliqué, à son profit personnel, des pratiques qui ont cours dans les hautes sphères du système militaro-politique algérien.

D’ailleurs, par ses agissements, Yacoub Belhasni serait à l'origine de la nomination récente par Abdelmadjid Tebboune de plusieurs walis et directeurs de départements, mais aussi d’ambassadeurs et de consuls, suite à des contacts téléphoniques entre ce faux général et le ministre de l’Intérieur, ainsi que celui des Affaires étrangères.

Mais le fait le plus rocambolesque dans l’affaire de ce faux général est encore à venir: Yacoub Belhasni s’est substitué, les 26-27 octobre dernier, au général Abdelaziz Nouiouet Chouiter, nommé en septembre dernier en tant que nouveau chef de la Direction centrale de la sécurité de l’armée (DCSA). Le jeune homme de 22 ans a signé au nom de ce général, dans un document pourvu de l'en-tête du ministère de la Défense et de la DCSA, un communiqué adressé par WhatsApp au directeur de la télévision publique algérienne (ENTV), annonçant qu’il a été arrêté à Chypre, au cours d’une opération conjointe entre les services secrets algériens et chypriotes. Le jeune homme a donc organisé sa fausse arrestation, qui a été diffusée sur l'ensemble des chaînes du service public du pays... Et le lendemain, il dévoilé le pot-aux-roses, en allant poster sur les réseaux sociaux l'enregistrement de l’entretien téléphonique au cours duquel il avait usurpé l'uniforme d’un général de l'armée, pour donner des ordres au directeur de l’ENTV.

On aurait pu penser que les ministres algériens et les hauts responsables allaient redoubler de vigilance, après la révélation de cette énorme farce. Mais c’est là mal bien connaître l’emprise de l’armée sur les dirigeants civils en Algérie. Car dès le lendemain, Yacoub Belhasni s’est à nouveau présenté comme étant le général Chouiter pour s’en prendre, cette fois-ci, au ministre de la Communication, Mohamed Bouslimani, et exiger des explications immédiates sur la bourde de la télévision algérienne. Une communication qui a également été diffusée sur les réseaux sociaux.

Résumé: voilà un jeune qui organise sa fausse arrestation, annoncée comme une breaking news sur les chaînes algériennes. Le lendemain, il se fait passer pour un général, et sermonne le ministre algérien de la Communication pour avoir laissé passer une fake news.

Les «farces» de ce jeune homme auraient bien prêté à rire, si elles n’étaient pas révélatrices de la terreur qu’inspirent les généraux en Algérie. Une terreur qui semble paralyser ses habitants, et installe une monstrueuse anomalie dans l’ordre social, politique et économique de tout un pays.

Madame Maya: comment une inconnue a amassé une fortune en prétendant être la fille de Bouteflika
Celle qui se présentait comme la fille de Bouteflika pour obtenir des faveurs indues. Retour sur une incroyable saga.

Nachinachi Zoulikha: « Madame Maya », « fille cachée » de Bouteflika, condamnée à 12 ans de prison « Madame Maya » a été condamnée en appel à douze ans de prison pour blanchiment d’argent et trafic d’influence. Cette femme d’affaires algérienne avait prétendu être la fille du président déchu Abdelaziz Bouteflika.

Inconnue du grand public avant cette affaire, « Madame Maya » a bâti une fortune colossale sur une rumeur faisant d’elle la « fille cachée » de l’ancien chef d’État algérien et largement relayée par l’entourage de celui-ci.

Elle a ainsi bénéficié de nombreux privilèges et de la protection de hauts responsables, comme l’ancien puissant patron de la police Abdelghani Hamel. Mais son réseau d’influence s’est effondré avec la chute du président Bouteflika en avril 2019, chassé du pouvoir après vingt ans par le Hirak.

Les enquêteurs ont découvert une véritable caverne d’Ali Baba lors d’une perquisition de sa résidence à Moretti, une station balnéaire huppée de la banlieue d’Alger. Ils ont saisi près de 800 000 euros en dinars algériens, 270 000 euros, 30 000 dollars et 17 kilos de bijoux en or.

Elle a été jugée avec treize autres accusés parmi lesquels les anciens ministres Mohamed Ghazi et Abdelghani Zaalane, Abdelghani Hamel et plusieurs investisseurs. Ghazi et Hamel ont écopé de 10 ans de prison en appel et Zaalane de huit ans, dans cet énième scandale de corruption de la fin de l’ère Bouteflika.

Réputation de noceur

Brièvement marié au début des années 1990 avec la fille d’une diplomate avec laquelle il n’a pas eu d’enfant, célibataire endurci, le chef de l’État traîne une réputation de noceur. Dans cet appartement, il reçoit concubines, filles de compagnie, maitresses de passage, amies ou connaissances de longue date avec lesquelles il se montre toujours d’une infinie délicatesse et parfois d’une grande générosité.

Souvent le soir, il écoute sur son répondeur les messages que lui laissent admiratrices et intéressés, qu’il n’hésite pas à inviter pour un thé en s’affranchissant de toutes les règles de sécurité liées à la protection d’un président.

Appartement, lot de terrain, promotion, prêt bancaire, passeport… celles qui le sollicitent ne repartent jamais bredouille. Et certaines, en quittant cet antre du pouvoir, ne manquent pas de vanter leur proximité avec Bouteflika, voire de se prétendre sous sa protection.

« Madame Maya » le sollicite à son tour un jour de 2004. Le président ordonne alors à Mohamed Rougab, son secrétaire particulier, de la recevoir au Palais d’El Mouradia. En pénétrant le saint des saints, Nachinachi Zoulikha est persuadée d’avoir tiré le gros lot.

Ancien fonctionnaire chargé de gérer les résidences d’État, Rougab fait partie des proches parmi les proches du chef de l’État. Un simple mot de sa part et toutes les portes s’ouvrent.

Le projet de Nachinachi visant à créer un parc d’attraction à Chlef, à 200 km à l’ouest d’Alger, traîne en longueur ? Qu’à cela ne tienne. Rougab appelle Mohamed El Ghazi, wali (préfet) de Chlef, pour lui demander de recevoir l’intéressée. El Ghazi s’exécute. « Les instructions du président son appliquées à la lettre, dira au juge El Ghazi qui occupera les fonctions de ministre du Travail entre 2014 et 2017. Ce sont des ordres. On ne les discute pas. »

Incroyable audace

Dans le bureau de Mohamed El Ghazi, Madame Maya a l’incroyable audace de se présenter comme la fille cachée de Bouteflika que ce dernier aurait eu après une brève liaison avec une ressortissante suisse. Plus c’est gros, plus ça passe.

Il n’en faut pas plus au préfet pour dérouler le tapis rouge à celle qui est devenue son obligée en deux mots. Un lot de terrain par ci, un logement par là, Nachinachi Zoulikha est comblée au-delà de ses espérances. Surtout, elle va se lier d’amitié avec un homme qui lui servira de courtier pour faire fructifier ses affaires, tisser un vaste réseau auprès de responsables et de chefs d’entreprises.

Elle utilise sa prétendue filiation comme un sésame

On ne refuse rien à celle qui se présente comme la fille du président. Mieux, elle utilise sa prétendue filiation comme un sésame, et promet d’intercéder en faveur de toute une faune d’hommes d’affaires désireux de décrocher des marchés ou des prêts bancaires.

Lots de terrain, résidences de luxe, carnet d’adresses bien fourni… très vite, l’ancienne couturière passe dans une autre dimension et roule carrosse. Les affaires marchent si bien qu’elle s’installe dans cette villa de Moretti, sorte de principauté pour nantis et protégés du pouvoir, où elle reçoit.

Dans son répertoire, figure par exemple Abdelghani Hamel, ancien patron de la police nationale. À l’apogée de sa puissance, Hamel est un membre éminent du cercle présidentiel à qui l’on prête la secrète ambition de succéder à Bouteflika. La proximité de Madame Maya avec Hamel va lui ouvrir d’autres portes et lui permettre de prospérer encore davantage.

Les révélations fracassantes du procès Hamel

Hamel met à la disposition d’El Maalma un policier de la brigade canine pour dresser ses deux chiens, lui donne un coup de main pour installer des caméras de surveillance autour de la villa de Moretti et surtout lui ouvre les portes du salon d’honneur de l’aéroport international d’Alger. À la barre, Hamel nie toutes ces allégations en évoquant une cabale contre sa personne non sans admettre avoir rencontré la dame à une ou deux reprises.

Transferts illégaux

C’est que Madame Maya et ses deux filles voyagent souvent en Europe, particulièrement en Espagne où elles vont acquérir un chalet et deux appartements. À chaque voyage, « El Maalma » et ses deux filles font sortir du pays entre 10 et 15 000 euros en cash grâce à des complicités au sein de la police des frontières.

La législation algérienne autorise chaque voyageur à transporter la somme maximale de 7000 euros avec une autorisation dûment certifiée par la banque, faute de quoi la somme est saisie avec des poursuites judiciaires.

Mme Maya et ses deux filles ont transféré illégalement vers l’étranger 1,5 million d’euros…

Les contrevenants peuvent même s’exposer à une peine de prison. Selon une expertise judicaire que Jeune Afrique a pu consulter, Madame Maya et ses deux filles ont transféré illégalement vers l’étranger la bagatelle de 1,5 million d’euros…

Le premier revers de fortune arrive en 2017. Intrigué par des sollicitations de personnes associées aux affaires de Madame Maya, Abdelghani Zaalane, alors préfet d’Oran (il est promu peu de temps après ministre des Travaux publics et des Transports), alerte Saïd Bouteflika, frère cadet du président et puissant conseiller à la présidence. Une enquête est ouverte et sera confiée à la Direction générale de la sécurité intérieure, le contre-espionnage.

Le 16 février 2017, la villa de Moretti fait l’objet d’une descente de la part des agents de la sécurité intérieure qui découvrent de fortes sommes d’argent en dinars et en devises ainsi que divers documents dont des passeports. Madame Maya est interrogée pendant plusieurs jours dans la caserne de la DGSI sur les hauteurs d’Alger.

Complicités en haut lieu ?

Selon ses avocats, les interrogatoires ont été plutôt agités et la prévenue a été obligée de signer des PV sans les avoir consultés. Elle sera relâchée après plusieurs jours de garde-à-vue. La justice ouvre une enquête, mais celle-ci traîne en longueur. L’instruction va durer 26 mois. Entre temps, Madame Maya regagne sa villa et continue son business sans être inquiétée.

Bénéficie-t-elle encore de complicités en haut lieu ? Devant le juge qui l’interroge, elle desserre à peine les dents. Pour sa défense, elle explique dans un français parfait qu’elle est innocente de toutes les charges. Tout au plus, elle avoue faire des affaires avec les cadres de la présidence. « Je suis Algérienne, répond-t-elle. J’ai le droit d’avoir des biens. Je ne comprends pas cet acharnement. »

Liaisons dangereuses

Le coup de grâce arrive ce mois de juillet 2019 avec la perquisition des gendarmes. Entretemps, Bouteflika a quitté le pouvoir et les principaux sponsors de Madame Maya se retrouvent en prison où elle sera à son tour jetée. Elle sera condamnée à 12 ans de prison avec saisie de tous ses biens alors que ses deux filles écopent chacune d’une peine de 5 ans de réclusion. Abdelghani Hamel, Abdelghani Zaalane et Mohamed El Ghazi sont condamnés chacun à 10 ans de prison ferme.

Si ce procès tant attendu n’a pas livré tous les secrets de la villa 143 et de la saga de la fausse fille de Bouteflika, il a jeté une lumière crue sur les liaisons dangereuses entre le monde de la politique et celui du business.

229 vues0 commentaire

Comments


bottom of page