La Banque centrale de Russie a relevé vendredi ses taux d’intérêts à son niveau le plus élevé depuis plus de deux ans.
L'économie va trop vite, il fallait donc la freiner. La banque centrale russe a annoncé vendredi avoir relevé de 200 points de base ses taux d'intérêt, désormais fixés à 18 %. L'inflation était en effet montée trop haut pour que l'institution monétaire ne fasse rien. Les prix ont grimpé de 8,6 % en Russie en juin sur un an et ils devraient continuer à accélérer dans les prochains mois.
Alors que la banque centrale tablait jusqu'ici sur une inflation d'environ 4,5 % à la fin de l'année, elle anticipe désormais une hausse des prix de l'ordre de 6,5 % en décembre prochain, après prise en compte du durcissement des conditions monétaires décidées vendredi. «La surchauffe de l'économie reste considérable», estime ainsi l'institution dans son communiqué.
Cette décision intervient dans le but d'endiguer l'inflation galopante. L’économie russe est effectivement en surchauffe depuis que des sanctions occidentales lui ont été imposées à la suite de l’invasion du pays en Ukraine.
«Les taux de croissance du PIB sont restés élevés aux premier et deuxième trimestres (de 2024), tandis que l'inflation s'est accélérée. Cela signifie que l'économie est toujours en surchauffe. Les réserves de main-d'œuvre et les capacités de production sont presque épuisées. Une pénurie de ces ressources peut conduire à une situation où la croissance économique ralentira, malgré toutes les tentatives de stimulation de la demande, et où toutes les mesures de stimulation seront consacrées à l'accélération de l'inflation. Il s'agit essentiellement d'un scénario de stagflation, qui ne peut être arrêté qu'au prix d'une profonde récession. Le resserrement supplémentaire de nos politiques aujourd'hui empêchera un tel scénario», a déclaré Elvira Nabiullina, directrice de la Banque centrale de Russie.
Dépenses publiques et hausses de salaires
Que se passe-t-il ? Les déséquilibres sont en train de s'accumuler dans l'économie russe avec la guerre en Ukraine. Les dépenses de défense ont bondi, les salaires des travailleurs dans cette industrie aussi pour pouvoir les attirer comme les soldes des militaires partis sur le front. Les dépenses publiques, financées en partie par la hausse des prix des hydrocarbures, ont grimpé de 19 % au cours des cinq premiers mois de l'année.
Celles-ci nourrissent les revenus des ménages, donc la consommation mais aussi, par ricochet, l'inflation. Or, dans le même temps, des Russes ont quitté le pays avec la guerre et le marché du travail s'est nettement tendu. Le taux de chômage est particulièrement bas puisqu'il touchait en avril 2,6 % de la population. Là encore, les salariés en profitent, leurs rémunérations ont augmenté de 22 % sur un an au mois de mars dernier. Mais, mécaniquement, l'inflation s'en ressent aussi.
La hausse des taux d'intérêt vise à freiner l'inflation en augmentant le coût des emprunts et en encourageant l'épargne.
La banque centrale russe a augmenté les taux de 200 points de base à 18,00 %, notant que l'inflation s'est accélérée et qu'elle évolue « significativement au-dessus » de ses prévisions.
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