La directrice financière de Huawei, Meng Wanzhou quitte son domicile en direction de la Cour suprême de la Colombie-Britannique, lundi 28 septembre 2020. PHOTO BEN NELMSCBC BEN NELMS
Meng Wanzhou, la directrice commerciale de Huawei est de retour en cour cette semaine pour s’opposer à son extradition
La procédure d’extradition vers les États-Unis de la directrice commerciale, Meng Wanzhou a repris lundi devant un tribunal, où ses avocats doivent arguer que la justice américaine a trompé le Canada sur ses crimes présumés dans le but d’obtenir son arrestation.
L’affrontement entre le géant chinois des télécommunications Huawei et le président américain Donald Trump a connu un rebondissement au Canada. En effet, la procédure d’extradition de la directrice commerciale, Meng Wanzhou, a repris hier lundi 28 septembre 2020, dans un tribunal canadien. Au cours de cette audience, les avocats de la fille du patron de Huawei, Ren Zengfei, ont fait savoir que la justice américaine a « trompé de manière flagrante » le Canada. Cela devait jouer en leur faveur puisque si cette allégation est prouvée, la procédure d’extradition devrait être annulée.
Masque sur le visage, boîtier électronique bien visible sur sa cheville gauche, Meng Wanzhou est arrivée peu avant 10 h (heure locale) devant la Cour suprême de Colombie-Britannique pour une nouvelle semaine d’audiences.
«Complot» canado-américain
La directrice financière du chinois Huawei a été arrêtée le 1er décembre 2018, durant une escale à l’aéroport de Vancouver, à la demande de la justice américaine qui l’accuse d’avoir contourné les sanctions américaines contre l’Iran. Pour ses avocats, l’essentiel de ces accusations américaines sont fausses et manquent de contexte, ce qui justifierait selon eux l’arrêt pur et simple de la procédure d’extradition. Les avocats de Meng Wanzhou ont également estimé que les autorités américaines ont « manqué à leur devoir de franchise et de sincérité », tout en relevant plusieurs « omissions » et «inexactitudes » présumées, au moment où ils avaient demandé l’arrestation de leur cliente en 2018. Depuis ce temps, elle était placée en résidence surveillée, dans sa résidence de Vancouver. Notons que l’interpellation de Meng Wanzhou avait déclenché des troubles diplomatiques entre la Chine et la Canada. Quelques jours plus tard, l’empire du milieu avait mis aux arrêts deux ressortissants canadiens. Par la suite, ces derniers ont été inculpés pour espionnage à la mi-juin. Ils ont demandé lors de précédentes audiences l’accès à des documents des services secrets, que la justice canadienne leur a refusé.
«Le procureur général du Canada ne croit pas qu’il y ait eu un quelconque complot visant à priver Mme Meng de ses droits», a rétorqué le représentant du ministère de la Justice, Robert Frater.
Le procureur général devrait donner suite aux arguments de la défense mardi.
Meng Wanzhou a toujours démenti ces allégations.
Les autorités américaines pointent que les équipes de la filiale utilisaient les comptes courriels de Huawei et les badges de sécurité de la maison-mère, y compris Mme Meng, qui a reconnu avoir siégé au conseil d’administration de Skycom.
Huawei était propriétaire de Skycom jusqu’à ce que le géant chinois décide de céder ses parts à une autre société, également sous son contrôle, selon les autorités américaines.
Les États-Unis assurent que Mme Meng a caché ces informations à HSBC, exposant la banque à de nouvelles sanctions civiles et pénales après qu’elle a payé des amendes pour avoir violé des sanctions en réalisant des transactions avec Cuba, la Libye, l’Iran, le Soudan et la Birmanie.
Pour Mme Meng, Skycom était simplement «un partenaire d’affaires» en Iran, et les transactions de Huawei dans le pays n’ont pas violé de normes internationales ou américaines.
Premier équipementier télécoms du monde, Huawei a été mis en cause, sur fond de guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, par le gouvernement Trump qui met en avant un risque d’espionnage pour le compte du gouvernement chinois.
La procédure d’extradition de Meng Wanzhou doit durer au moins jusqu’au printemps 2021. Elle pourra faire l’objet d’appels et pourrait ainsi se poursuivre pendant plusieurs années avant une décision finale.
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