À Ceuta, le flot de migrants se raréfie lentement.
Les autorités espagnoles ont annoncé mardi avoir expulsé 1.500 des 6.000 migrants qui étaient entrés illégalement dans la ville occupée de Cueta (Sebta).
« Nous sommes en train de continuer ces renvois », a prévenu le ministre, Fernando Grande-Marlaska, à la télévision publique espagnole. Enregistrées ce lundi 17 mai. «Un bilan fait état de 3 000 Marocains dont plus de 700 mineurs, mais ces chiffres sont appelés à être réévalués à la hausse dans les heures à venir», avait confié Mohamed Said Soussi de l’Observatoire des Droits de l’Homme du Nord. «Les jeunes qui ont effectué la traversée sont tous des Marocains, originaires de Fnideq et d’autres villes du royaume. C’est une arme de pression entre les mains du Maroc dans ses relations avec l’Union européenne et l’Espagne», précise-t-il dans des déclarations à Yabiladi .
« Déplorer l’attitude de l’Espagne, qui accueille sur son territoire le dénommé Brahim Ghali, chef des milices du Polisario, poursuivi pour crimes de guerre sérieux et des atteintes graves aux droits de l’Homme« . « Notre terre ne doit pas subir le différend de politique étrangère entre l’Espagne et le Maroc« , affirme le député de Caballas, Mohamed Ali, dans un tweet.
Ante la gravedad de lo q ocurre en la frontera del Tarajal y Benzú, @caballasceuta se pone a disposición de @GobiernodeCeuta para reclamar al Gobierno de la Nación máxima atención a #Ceuta. Nuestra tierra no debe sufrir la disputa de la política exterior entre España y Marruecos. pic.twitter.com/94LsYR91kI — MOHAMED ALI 🇪🇸 (@M_ALI_LEMAGUE) May 17, 2021
Face à ce développement d’ «une extrême gravité», le président de la ville occupée, Juan Vivas, a écourté sa visite à Séville, où il a pris part à un forum. De son côté, la déléguée du gouvernement à Ceuta a convoqué une réunion d’urgence, en vue de prendre les mesures qui s’imposent, rapporte El Faro de Ceuta. Les militaires ont été mobilisés pour prêter main forte aux forces de l’ordre.
Car «les forces de sécurité (espagnoles) sont débordées. C’est du jamais vu», constate la même publication. Depuis, les yeux sont rivés vers le Maroc, accusé de «ne rien entreprendre» pour freiner ces entrées irrégulières, enregistrées vers deux heures du matin ce lundi 17 mai avec l’arrivée d’une centaine de Marocains. Le phénomène a pris de l’ampleur tout au long de la journée pour atteindre le chiffre de 5 000 personnes (dont environ 1 500 mineurs) dénombrées par les autorités de la ville.
Le première vice-présidente du gouvernement espagnol, Carmen Calvo a qualifié l’arrivée, ces derniers jours, de plus de 8 000 à Ceuta depuis le Maroc d’«attaque contre [les] frontières» de son pays. «Cela ne peut pas faire partie de bonnes relations avec le Maroc, mais nous continuerons à entretenir celles-ci, car nous sommes des pays voisins et proches», a-t-elle déclaré mardi, lors de la première réunion du Comité de charge de la situation de Ceuta et Melilla. Devant cette commission, Calvo a affirmé que les opérations de retour des ressortissants sont en cours.
La tenue de la première réunion de ce Comité a été approuvée en Conseil des ministres et annoncée par le président du gouvernement, Pedro Sánchez. La commission est coordonnée par Carmen Calvo et constituée de la ministre des Affaires étrangères, ceux de la Défense, de la politique territoriale, des droits sociaux, des migrations et le secrétaire d’Etat à la sécurité. Cette première rencontre a permis d’établir les grandes lignes de travail pour répondre à la situation.
Selon l’agence Reuters, Madrid a déployé ses troupes à Ceuta pour patrouiller la frontière avec le Maroc après que des milliers de migrants ont atteint à la nage dans l’enclave nord-africaine, dans ce que le Premier ministre Pedro Sanchez a qualifié de « crise grave pour l’Espagne et l’Europe ».
Des soldats dans des véhicules blindés gardaient mardi la plage de la ville occupée Ceuta. Des dizaines de migrants nageant et pataugeant près de la plage semblaient s’éloigner de l’endroit où se tenaient les troupes.
Une violence sans limite contre les migrants qui ont rallié la ville occupée Cueta.
صور لجنود إسبان يعاملون المهاجرين بوحشية في سبتة المحتله.🇲🇦 تم إدخال شخصين مساء الثلاثاء 18 ماي 2021، إلى مستشفى سانية الرمل في تطوان بعد إطلاق الرصاص المطاطي من قبل الشرطة الإسبانية بالقرب من الحدود في سبتة المحتلة.#سبتة_مليلية_مغربية#Free_ceuta_melilla pic.twitter.com/q44lPpmZQB — Leɛyun (@5_ersito) May 18, 2021
Le Premier ministre espagnol a été hué par les habitants mécontents de la gestion de cette double crise diplomatique et migratoire.
Déplacement mouvementé pour Pedro Sanchez ce mardi 18 mai. Le Premier ministre espagnol s’est rendu à Ceuta afin de gérer l’épineuse crise migratoire et il a eu droit à un accueil hostile à son arrivée, comme vous pouvez le voir dans cette vidéo. À sa descente d’hélicoptère, le socialiste était attendu de pied ferme par une centaine d’habitants devant les grilles de l’aéroport qui ont copieusement hué et insulté le Premier ministre. Certains d’entre eux ont tenté de bloquer le convoi.
Vidéo: Pedro Sanchez chahuté à son arrivée à Ceuta et Melilla
La droite demande la démission du ministre de l’Intérieur
Europa Press a révélé que la Délégation du gouvernement à Ceuta a informé les ministres de l’Intérieur et des Affaires étrangères de cette surprenante vague de migration. Et d’ajouter que les deux membres du gouvernement «ont établi des contacts avec les autorités marocaines pour la coordination d’une réponse». Une version que la cheffe de la diplomatie, Arancha Gonzalez, a balayé d’un revers de main, affirmant dans une réponse laconique à une question sur le sujet que ses services ne sont pas au courant des arrivées de Marocains à Ceuta.
Me mandan este vídeo desde #Ceuta. Lo han grabado hace unos minutos. Miles de marroquíes sin papeles corren por la ciudad huyendo de la policía. Han entrado por el Tarajal y avanzan hacia el centro. La noche se presenta larga. pic.twitter.com/VmDoRYWsnv — Susana Burgos (@burgosusana) May 17, 2021
Face à cet embarras manifeste du gouvernement de coalition de gauche, l’opposition de droite s’est saisie de ce dossier. Le Parti populaire a réitéré son appel au ministre de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, de «présenter sa démission». «Il est devenu le meilleur allié des mafias qui trafiquent avec les gens. Il n’a rien fait lors de la crise migratoire aux Iles Canaries et n’a pas l’intention de faire quoi que ce soit pour Ceuta», a dénoncé la secrétaire adjointe du PP chargée de l’organisation du parti, Ana Beltrán, rapporte Europa Press. La formation de Pablo Casado a demandé «des explications» à l’exécutif conduit par Pedro Sanchez.
Face à cet afflux, l’Espagne a renforcé les effectifs de la garde civile et de la police nationale dans la zone avec 200 agents supplémentaires.
🇪🇸🇲🇦 L’#Espagne a renvoyé près de la moitié des 8.000 #migrants qui sont arrivés illégalement à #Ceuta depuis lundi. ►Plus de 2.000 mineurs non accompagnés errent dans les rues de la ville, sous le regard ébahi des habitants. 🎧 Reportage @DianeCambon #RFImatin 👇 pic.twitter.com/qeHktsCASd — RFI (@RFI) May 19, 2021
Le flot de migrants se raréfie lentement à Ceuta
Les forces de l’ordre marocaines sont intervenues, ce mardi, pour mettre un terme à ce flux d’arrivées. Le dispositif de surveillance a également été renforcé aux premières heures autour du poste frontière de Fnideq, dans le nord du Maroc
« Chef des milices séparatistes »
Les relations entre Rabat et Madrid se sont tendues depuis l’arrivée en Espagne, le 18 avril, du chef de la milice du Polisario pour y être soigné du Covid-19, le Maroc allant jusqu’à convoquer l’ambassadeur espagnol pour lui signifier son « exaspération« . La ministre espagnole des Affaires étrangères a justifié l’accueil en Espagne du chef des indépendantistes sahraouis du Polisario et exclu que le désaccord avec Rabat sur ce sujet puisse être à l’origine de l’arrivée lundi 17 mai de milliers de migrants marocains dans l’enclave espagnole de Ceuta.
La ministre des Affaires étrangères espagnole, Arancha González Laya, tente de séparer les deux affaires
Selon la ministre espagnole des Affaires étrangères qui a réagi lundi soir, des responsables marocains, qu’elle n’a pas nommés, ont « assuré » les autorités espagnoles que cet afflux de migrants dans l’enclave espagnole « [n’était] pas le fruit du désaccord » avec Rabat à propos de la présence en Espagne du leader du Front Polisario, Brahim Ghali.
« Il s’agissait, et il s’agit tout simplement, d’une question humanitaire, d’une réponse humanitaire à une demande d’aide humanitaire d’une personne qui se trouvait dans une situation de santé très, très fragile » Arancha González Laya, ministre espagnole des Affaires étrangères. Selon la ministre, des responsables marocains, qu’elle n’a pas nommés, ont « assuré » lundi les autorités espagnoles que cet afflux de migrants dans l’enclave espagnole « (n’était) pas le fruit du désaccord » avec Rabat à propos de la présence de Brahim Ghali.
Vidéo:
« Je ne conçois pas que l’on puisse mettre en danger la vie de mineurs dans la mer comme nous l’avons vu ces dernières heures à Ceuta », que cela puisse être « une réponse à une action humanitaire », a-t-elle ajouté. Selon la ministre, des responsables marocains, qu’elle n’a pas nommés, ont « assuré » les autorités espagnoles que cet afflux de migrants dans l’enclave espagnole « (n’était) pas le fruit du désaccord » avec Rabat à propos de la présence en Espagne du leader du Front Polisario, Brahim Ghali.
Via Twitter, le porte-parole du Groupe international de soutien à la réunification et à la paix sahraouis, « Le jour où l’Espagne cessera de voir le Maroc comme une ex-colonie, et commencera à respecter l’État marocain en tant que Nation qui défend ses intérêts, alors il n’y aura jamais de problème avec nos frères du Sud. » a tweeté M. Pedro Ignacio ALTAMIRANO, politologue espagnol et président du Groupe international de soutien à la Réunification et à la paix des Sahraouis
El día que España 🇪🇸 deje de ver a Marruecos 🇲🇦 como una ex-colonia, y comience a RESPETAR al Estado marroquí como Nación que defiende sus intereses, entones nunca habra problema alguno con nuestros hermanos del Sur. #GobiernoDimision pic.twitter.com/g371Ty05hJ — 𝗣𝗲𝗱𝗿𝗼 𝗜 𝗔𝗹𝘁𝗮𝗺𝗶𝗿𝗮𝗻𝗼 (@altamiranoMLG) May 18, 2021
«Le Maroc n’a jamais été, n’est pas et ne sera jamais le gendarme de qui que ce soit» Nasser Bourita
«La migration n’est pas une problématique sécuritaire, c’est une question de sécurité humaine» avait affirmé Nasser Bourita qui s’exprimait devant les journalistes africaines participant à la deuxième édition du Forum les «Panafricaines».
Le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale a été encore une fois on ne peut plus clair en matière de gestion du flux migratoire entre l’Afrique et l’Europe : «Le Maroc n’a jamais été, n’est pas et ne sera jamais le gendarme de qui que ce soit». S’exprimant à Casablanca devant les journalistes africaines participant à la deuxième édition du Forum les «Panafricaines», le chef de la diplomatie marocaine a ajouté que la coopération entre l’Afrique et l’Europe dans ce domaine ne peut être exclusivement sécuritaire, au risque de donner lieu à une externalisation du contrôle des frontières. «La migration n’est pas une problématique sécuritaire, c’est une question de sécurité humaine», a-t-il insisté, tout en mettant en garde contre certaines «bien mauvaises idées», évoquant notamment à cet égard les «centres de débarquement de migrants» qui, «au-delà de leur incapacité à répondre au symptôme, affectent le socle des valeurs qui sous-tendent la condition même d’humain». La position exprimée par le ministre des Affaires étrangères corrobore celle exprimée par le ministre délégué chargé des Relations avec le Parlement et la société civile, porte-parole du gouvernement, qui avait réitéré, le refus catégorique du Maroc d’abriter des centres d’accueil pour migrants. «La création de centres d’accueil pour migrants n’est qu’une tentative d’externaliser le problème (migratoire, ndlr) et ne constitue pas une solution», avait affirmé M. El Khalfi lors d’un point de presse tenu à l’issue de la réunion du Conseil de gouvernement. Le même responsable gouvernemental avait ajouté dans le même ordre d’idées : «nous avons besoin d’une solution de long terme et non pas d’une solution immédiate conjoncturelle». Le Maroc a choisi de défendre une approche humaine et multidimensionnelle de la question migratoire, avait-il relevé, précisant que le Royaume a donné l’exemple en décidant la régularisation de la situation de plus de 50.000 migrants et en répondant favorablement à près de 3.000 demandes de participation au programme de retour volontaire. Pour rappel, Nasser Bourita avait exhorté, jeudi à Rabat, les médias africains à porter une image «lucide» et «authentique» qui reflète la réalité du continent, notamment concernant la question migratoire. S’exprimant lors d’une rencontre avec les journalistes africaines participant à la deuxième édition du Forum des femmes journalistes d’Afrique, «Les Panafricaines», M. Bourita avait appelé les médias du continent à «maîtriser» l’image de l’Afrique, particulièrement celle relative au phénomène migratoire, tout en soulignant le rôle et l’influence des médias face aux stéréotypes véhiculés.
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