C’est dans un contexte de répression et d’acharnement particulièrement graves que la Kabylie commémore le double anniversaire du printemps amazigh de 1980, 1981 et le printemps noir de 2001. Au-delà de la commémoration, ce sont deux dates clés qui ont façonné l’histoire de la Kabylie moderne tout en tirant ses fondements de son histoire millénaire de résistance et de refus continu de courber l’échine quel que soit l’agresseur et quel que soit le prix à payer.
La commémoration de cette année porte une marque particulière: celle de la Kabylie éternelle qui reste debout contre vents et marées, celle de la Kabylie qui souffre et qui se bat pacifiquement pour son droit à l’autodétermination, celle de la Kabylie qui refuse d’abdiquer face à la junte militaire algérienne, l'un des régimes les plus dictatoriaux, les plus violents et barbares au monde.
Printemps noir de 2001 pour ne pas oublier
La Kabylie a fini par casser la chape de plomb qui l’assignait systématiquement au rang de «région» en gérance pour clamer haut et fort son droit légitime à l’autodétermination et vivre comme un pays libre et indépendant: La Kabylie.
Message de soutien aux détenus d'opinion Kabyles et au MAK, du Dr Edy Cohen
La mobilisation en faveur de l'indépendance de la Kabylie s'accentue
La cause kabyle reçoit le soutien le soutien d’intellectuels renommés, en la personne, notamment, de Bernard-Henri Lévy, qui voit en l’indépendantisme kabyle un combat en faveur de la liberté, de l’ouverture, de la démocratie et de la laïcité. M. Levy assimile même les Kabyles aux Kurdes, un “peuple”, d’après lui “sans Etat”.
Dans une interview, S.E.M. Ferhat Mehenni, Président du Gouvernement Provisoire Kabyle, révèle qu’il dispose de l’appui diplomatique de plusieurs pays.
Les Amazighs de Libye soutiennent la kabylie.
Signature d'un accord entre la Ligue Marocaine pour la Citoyenneté et les Droits de l'Homme (LMCDH) et le Mouvement pour l'Autodétermination de la Kabylie (MAK)
Le Bloc québécois soutient l’autodétermination kabyle
Mario Beaulieu, député à la Chambre des communes du Canada et Président du Bloc Québecois, s’est élevé en faveur de l’autodétermination du peuple kabyle lors de la séance ordinaire du 3 juin dernier à la chambre des communes du parlement fédéral canadien.
La presse canadienne rapporte que Mario Beaulieu a exprimé « au nom du Bloc Québécois et des indépendantistes du Québec » et « en vertu de la Charte des Nations unies » son soutien à l’autodétermination du peuple kabyle devant une chambre de communes de 338 députés, représentants de tout le Canada. Il a également évoqué dans le même sillage, l’Ecosse, la Catalogne, la Palestine, comme on peut l’entendre dans la vidéo.
Il a enfin salué le passage à Ottawa de Kamira Nait Sid, la présidente du Congrès mondial amazigh, en martelant qu’ «une mondialisation équitable et pacifique se fera, non pas dans la domination, mais dans le respect entre les peuples » avant de conclure « Vive la Kabylie libre et Vive le Québec libre.
Mario Beaulieu, député Québecois demande au Canada de condamner le gouvernement Algérien
L'Algérie poursuit son acharnement contre les Kabyles
Désormais les Kabyles vivent sous la menace d’une sorte de pogrom algérien. Stigmatisés, assassinés, brûlés vifs, ils sont devenus les nouveaux juifs d’Algérie. L’opération «Zéro Kabyle» décidée en haut lieu est le prélude d’un génocide programmé. La chasse au kabyle à laquelle nous assistons actuellement n’est que la partie visible de l’iceberg. Cette opération criminelle ne vise pas uniquement les militants souvrainistes mais tous les activistes kabyles et amazighs. Ceux qui prônent ce génocide savent que c’est le prix à faire payer à ces peuples qui refusent de capituler.
9 Septembre 2021, Arrestation et détention arbitraire de la défenseuse des droits humains Kamira Nait Sid
Le 24 août 2021, la défenseuse des droits humains Kamira Nait Sid a été enlevée de son domicile à Draa-Ben-Kheddaas, dans le nord de l'Algérie, et gardée en détention dans un lieu inconnue, et sans auncun contact avec sa famille ou un avocat pendant trois jours. Le matin du 1er septembre 2021, la défenseuse des droits humains, accompagnée de ses avocats, a été présentée au procureur de la République, puis au juge d'instruction du tribunal de Sidi M'Hamed à Alger. Les chefs d'accusation retenus contre Kamira Nait Sid sont notamment "atteinte à l'unité nationale et à la sécurité de l'Etat" et "appartenance à une organisation terroriste" en vertu de l'article 87 bis du code pénal qui prévoit des peines allant de 10 ans d'emprisonnement à la perpétuité et a la peine de mort. Elle est actuellement détenue à la prison de Kolea, dans la province de Tipaza.
Kamira Nait Sid, est la coprésidente du Congrès mondial amazigh (CMA), une ONG internationale qui défend les droits du peuple amazigh. La mission du CMA est d'assurer la défense et la promotion des droits politiques, économiques, sociaux, culturels, historiques et civils du peuple amazigh. Dans le cadre de ses activités internationales, le CMA présente régulièrement des rapports alternatifs concernant la situation des droits des Amazighs, devant les différents organes spécialisés des Nations unies (notamment ceux traitant des questions de racisme et de discrimination, des droits politiques, économiques, sociaux, culturels et linguistiques, des droits des femmes et des droits des enfants).
Krim Belkacem voulait l'indépendance de la Kabylie selon une fiche des renseignements Français
Haine, violence et mensonges
En 1949, on traitait de berbéristes et de séparatistes ceux qui avaient soulevé au sein du PPA (Parti du Peuple Algérien) la question de la définition de l’identité algérienne. À cette époque-là, la population algérienne était constituée de Berbères (Kabyles, Chouias, Mozabites, Touaregs, etc), de Français, d’Arabes et de Juifs. La direction du parti, à sa tête Messali Hadj, définissait l’Algérie comme étant un pays arabe et musulman et faisait abstraction de tout le reste.
Finalement, il s’agissait d’une crise issue du manque flagrant de la pratique démocratique au sein de ce parti indépendantiste. Au lieu d’opter pour le dialogue et le débat afin de trouver une solution au conflit, on recourait à la violence, aux menaces et à la désinformation. On avait chargé 14 personnes de préparer un guet-apens contre Bennaï Ouali à la Place du Square d’Alger. « Le jour J, ces hommes se sont jetés sur Ouali Bennaï qui venait de quitter le café du Square. Il réussit grâce à son imposante corpulence à repousser ses agresseurs qui l’ont blessé au visage. Il se retourne vers ceux qui n’ont pas pris la fuite pour leur dire qu’il leur pardonnait leur méfait et qu’il n’en voulait qu’à ceux qui les ont chargés de l’agresser »*.
Ali Ferhat de Larbâa Nat Iraten, traité de berbériste au même titre que Bennaï, a fait l’objet d’une tentative d’assassinat le mercredi 17 août 1949, jour de marché hebdomadaire à Fort National. Il a reçu une balle en pleine poitrine et a été laissé pour mort avant d’être évacué vers l’hôpital de Tizi-Ouzou où on lui a promulgué des soins lui ayant permis d’avoir la vie sauve.*
Quelques années plus tard, le FLN n’a pas fait mieux, il a continué à cultiver la violence de la même manière que son ancêtre le PPA. Bennaï Ouali et Amar Ould Hamouda ont été exécutés sans jugement et sans véritable raison en pleine révolution. Ceux qui avaient donné l’ordre de les exécuter ont été assassinés à leur tour quelques années plus tard. Des centaines d’autres innocents, voire des milliers, ont été tués avant, durant et après la révolution algérienne.
Pendant plusieurs années, nous, la génération post-indépendance, ne connaissons pas ce côté sombre de notre histoire, car celle-ci a été réécrite et falsifiée. On nous enseignait à l’école que Ben Badis aurait combattu la colonisation en faisant usage de son stylo ; au début, comme nous étions imprégnés par la vision officielle expliquant que la décolonisation serait le fruit des armes de nos vaillants combattants, nous avons compris qu’il éborgnait les soldats français avec son stylo.
On nous racontait à l’école que l’Émir Abdelkader, sans nous expliquer comment il avait pu obtenir ce titre d’Émir, serait le premier à avoir combattu la France colonisatrice et il était le père fondateur de la nation algérienne. On nous disait également qu’en Algérie il n’y avait qu’un seul peuple et une seule religion : un peuple arabo-musulman, tout le reste n’était que mirage.
Nos professeurs de l’éducation religieuse ne cessaient de nous rabâcher la haine des Israélites et des autres religions. Pour eux les juifs serait un peuple maudit ayant occupé illégitimement la Palestine, une terre musulmane et sacrée, tout musulman digne de ce nom devrait les combattre.
En grandissant et grâce à la lecture, nous sommes parvenus à détricoter ces tissus de mensonges. Ben Badis n’a jamais pris part à la révolution algérienne, d’ailleurs, il est décédé bien avant son déclenchement. De son vivant, il a toujours œuvré pour une Algérie française, à aucun moment, il n’a fait allusion dans ses écrits à combattre militairement la colonisation.
En ce qui concerne Abdelkader, l’Émir de Mascara, on ne nous a jamais raconté toutes les péripéties après sa reddition, celui qui était devenu ensuite l’ami de la France. Il avait droit à une pension au même titre qu’un général ayant servi toute sa vie dans l’armée française. Ce qui explique les raisons pour lesquelles, il avait condamné le soulèvement de 1871 en Kabylie tout en apportant son soutien indéfectible à la France. Son histoire est comparable à celle du Général Pétain, héros durant la Première Guerre mondiale, mais traître après le déclenchement de la deuxième.
Pour ce qui est des Israélites, l’histoire nous enseigne que les juifs d’Algérie vivaient en Afrique du Nord depuis l’époque de Nabuchodonosor, 10 siècles avant l’arrivée des Arabes. Ce sont des citoyens algériens au même titre que les autres. À l’époque du prophète musulman, non seulement ils étaient présents en masse en Palestine, mais aussi à Médine et dans d’autres régions de la péninsule arabique actuelle. À l’école, on nous parlait de Sidna Daoud et Sidna Souleyman tout en omettant de préciser qu’il s’agissait des rois juifs David et Salomon. Pourquoi devrions-nous vénérer ces rois et haïr leurs sujets ?
72 ans plus tard, au même endroit où Ali Ferhat a été transpercé par une balle, Djamel Bensmaïl, un artiste et un humaniste, a été sauvagement assassiné et la majorité des analystes pointent du doigt les autorités comme étant les seules responsables de ce crime abject. Ses assassins criaient « Allahou Akbar », un cri qu’on n’entend jamais en Kabylie lors des manifestations, ce qui nous permet de dévisager l’identité de ses auteurs. On peut conclure que dans ce pays les choses n’ont pas évolué d’un iota, la culture de la violence n’a fait que prospérer.
Par ce crime, on a créé une diversion permettant de dissimuler les conséquences d’un incendie ravageur ayant causé environ 190 morts, parmi eux des bébés et des femmes enceintes. À cela, il faudra ajouter un désastre écologique ayant entrainé la destruction d’une partie considérable de la faune et de la flore en Kabylie, sans oublier les milliers de victimes de la catastrophe sanitaire qui est toujours en cours et dont on ne parle presque plus. Qui sont les responsables de cette hécatombe ? Pas d’accusés ? Pas de pardon ? Pas d’enquête ?
Ce pouvoir, tirant à hue et à dia, brille par sa monstruosité, son incompétence et son irresponsabilité. Sa place est dans le box des accusés d’un tribunal. La haine, la violence et les mensonges ne font pas nation. Ils ne sont qu’une nébuleuse dont il faudra s’extirper pour ne pas finir dans le chaos. Mourad At Yidir, Universitaire
*Ali Guenoun : « La question kabyle dans le nationalisme Algérien 1949 – 1962 » Editions Le Croquant.
Le dossier de la Kabylie sur la liste de la 4ème Commission de l’ONU
Le président du Mouvement d’autodétermination kabyle (MAK), Ferhat Mehenni, a saisi l’occasion de la Journée internationale du droit des peuples à l’autodétermination pour demander à l’ONU d’examiner la situation de la Kabylie et de l’inscrire sur la liste des contrées concernées par la décolonisation. Les détails dans cette revue de presse tirée du quotidien Assabah.
La cause kabyle reçoit le soutien de plus en plus fort de la population algérienne. En effet, elle est devenue le symbole des couches sociales et populaires. Le symbole de l’exclusion.
Ce sentiment s’est renforcé avec l’initiative entreprise par Ferhat Mehenni, président du Mouvement d’autodétermination kabyle (MAK), de saisir l’ONU, rapporte le quotidien Assabah dans son édition du week-end des 8 et 9 avril.
En effet, précise la même source, «le président du MAK a saisi l’occasion de la journée internationale du droit des peuples à l’autodétermination pour demander à la quatrième commission de l’Assemblée générale de l’ONU d’examiner cette question».
Dans un message posté sur les réseaux sociaux, le président du MAK a annoncé: «Nous tablons sur la quatrième commission de l’Assemblée générale de l’ONU pour examiner la situation de la Kabylie et l’inscrire sur la liste des contrées concernées par la décolonisation».
Cette initiative, fait remarquer le quotidien, a mis le pouvoir des généraux militaires en Algérie dans l’embarras. Car Alger, qui ne cesse de soutenir, d’armer et de financer le Polisario au nom du principe de l’autodétermination des peuples, s’est retrouvé devant un fait qui s’inscrit dans sa logique. Quel paradoxe: l’autodétermination est soutenue pour le Polisario, mais interdite pour la Kabylie, qui a symboliquement toujours exprimé son indépendance, s’interroge le quotidien.
La Kabylie, rappelle le quotidien, fait parler d’elle depuis les années 1940, puis les années 1980, 1990 et 2000, quand la revendication principale était la reconnaissance de l’identité et de la langue amazighe. Mais le refus du pouvoir n’a fait que renforcer une cause qui gagne des soutiens dans le pays, dans la région et à l’échelle mondiale.
La Kabylie paye toujours
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