Franc CFA: un incendie signalé à l’imprimerie de la Banque de France de Chamalières dans le Puy-de-Dôme
Menace sur les économies africaines
Un violent incendie a touché l’imprimerie de la Banque de France ce mercredi à Chamalières (Puy-de-Dôme) en faisant plus de 20 blessés, rapporte la radio France Info en se référant aux pompiers contactés par France Bleu Pays d’Auvergne. L’incendie s’est déclaré à l’arrière du bâtiment principal, dans un laboratoire de design de billets. La toiture du bâtiment a été en partie endommagée. Le feu serait parti d’un laboratoire situé dans un atelier de production, à l’arrière de l’imprimerie, aux alentours de 10 heures.
Selon le média, vingt-quatre blessés légers, intoxiqués par les fumées, ont été pris en charge, dont quatre emmenés à l’hôpital. L’atelier de fabrication des billets n’est pas touché, selon la préfecture du Puy-de-Dôme. Sur les lieux, 59 pompiers ont été mobilisés ainsi qu’une trentaine de policiers. D’après la préfecture, l’incendie est désormais maîtrisé.
Un incendie touche l’imprimerie de la Banque de France à Chamalieres. Plus d’informations à venir sur @FBAuvergne pic.twitter.com/9Php5Y8MCB — France Bleu Pays d’Auvergne (@FBAuvergne) February 9, 2022
Selon la préfecture l’incendie est désormais «circonscrit» et les accès au bâtiment sécurisés. A la mi-journée, seul un léger dégagement de fumée blanche était encore visible, selon une journaliste de l’AFP
L’imprimerie de la Banque de France est basée à la Chamalières depuis plus de cent ans. Pas moins de 2,5 milliards de billets y sont fabriqués chaque année, selon France Info. La majorité des billets de 20 euros mis en circulation dans la Zone euro y ont été imprimés. Le reste de la production étant composé d’autres devises comme le franc CFA.
Un premier bilan établi par la préfecture a fait état de 24 personnes légèrement intoxiquées, dont quatre transportées au CHU de Clermont-Ferrand. La toiture du bâtiment concerné a été percée par les flammes. Une soixantaine de pompiers ont été rapidement mobilisés et un périmètre de sécurité a été mis en place autour du bâtiment. La préfecture a appelé sur les réseaux sociaux la population à «rester chez elle» et à ne «pas ouvrir les fenêtres» en raison du dégagement de fumée. Par ailleurs, le Centre opérationnel départemental (COD) a été activé et le préfet du Puy-de-Dôme, Philippe Chopin, s’est rendu sur place.
Qu’est-ce qui s’est passé ?
A en croire les habitants, une épaisse fumée blanche se détachait dans le ciel, dans la matinée. Elle était due à un important incendie qui s’est déclaré vers 10h30 ce mercredi 9 février 2022, sur le site de la Banque de France de Chamalières. Lieu où se fabrique la monnaie de la plupart des pays de l’Afrique de l’Ouest, c’est-à-dire le Franc Cfa ainsi que l’Euro.
#Imprimerie de la Banque de France à #Chamalières : l’#incendie est maitrisé, le site a été évacué et les collaborateurs sont à l’abri.#PuydeDôme #ClermontFerrand — Banque de France (@banquedefrance) February 9, 2022
100 ans que la Banque de France fabrique des billets à Chamalières et Vic-le-Comte
L’imprimerie de la Banque de France à Chamalières à 100 ans ! 100 ans que derrière ces hauts murs de briques, on imprime des billets sur ce papier si spécifique fabriqué à la papeterie de Vic-le-Comte. Une histoire industrielle qui se mêle à la grande Histoire et retracée dans une exposition.
Pour fêter les 100 ans de l’imprimerie de la Banque de France à Chamalières, une exposition retrace cette histoire industrielle qui se mêle à la grande Histoire. Au milieu de l’Espace Simone Veil de Chamalières trône une énorme bobine de papier fiduciaire, de celles qu’on fabrique à la papeterie, et ces piles de 6.000 feuilles qui alimentent les machines d’impression.
L’exposition, tirée du livre de Jean-Claude Camus, « La Fabrication des billets à Chamalières et Vic-le-Comte, cent ans d’histoire industrielle », édité chez Flammarion, montre en effet à quel point cette histoire de la fabrication des billets dans le Puy-de-Dôme se mêle à la grande Histoire comme pour ce superbe billet de 500 francs, créé en 1939 et baptisé « La Paix », dans un ultime espoir.
Tout démarre à l’aube de la première Guerre Mondiale, inquiets, les Français planquent les pièces du quotidien, en or, au lieu de les utiliser. La Banque de France va donc produire des petites coupures. Entre 1914 et 1918, le nombre de billets en circulation est multiplié par treize. Il faut industrialiser la production et par sécurité, loin de Paris. L’Auvergne séduit car à la croisée de deux lignes de train, Bordeaux-Lyon et Paris-Béziers. « Il y a donc déjà un bassin d’emploi », détaille Jean-Claude Camus, « et donc on se met au milieu des usines à Chamalières, il y a déjà Bergougnan, Ollier, Conchon-Quinette, Torrilhon, le fabriquant de pneus… donc il y a une main d’œuvre, ce qui va rendre service à la Banque de France pour produire très rapidement. » Vous trouverez d’ailleurs dans l’exposition une galerie de portraits de ces premiers employés. Ils sont aujourd’hui 700 à Chamalières, 300 à Vic-le-Comte.
Produire plus, même sous l’occupation
La surface des sites puydômois augmente au fil des photos et des années. Même sous l’Occupation, la Banque de France met les bouchées doubles. « Elle doit produire énormément de billets pour le compte de l’Etat Français qui doit payer à l’Allemagne 400 millions de francs par jour pour les frais d’occupation, c’est à peu près 160 millions d’euros par jour. » Et puis la Banque de France veut absolument préparer de nouveaux billets pour la Libération. Mais les Allemands mettront la main dessus et les billets d’après-guerre seront d’abord imprimés aux Etats-Unis et en Angleterre.
Vous lirez aussi, au fil de votre visite, des anecdotes comme celle-ci datant de la libération de Clermont-Ferrand et que l’occupant échoue à emmener avec lui une partie de l’outil de production des billets.
Jean-Claude Camus, auteur de l’exposition « La fabrication des billets à Chamalières et Vic-le-Comte, cent ans d’histoire industrielle ».
Une modernisation constante
100 ans d’histoire industrielle, c’est aussi la modernisation de l’impression qui passe de la typographie à l’offset, en témoigne le plus clermontois des billets présenté dans cette exposition, le 500 francs représentant Blaise Pascal sur fond de Puy-de-Dôme et de cathédrale de Clermont-Ferrand.
Une modernisation forcée aussi par les avancées technologiques du milieu des années 80 avec « les photocopieurs couleurs et les scanners », rappelle Jean-Claude Camus, « on va donner à tout un chacun la possibilité de reproduire finement des images et il faut absolument moderniser le billet en ajoutant des signes de sécurité, c’est à dire des impressions ou des surfaces à couleurs changeantes. » Une révolution, comme l’arrivée de la monnaie unique, l’euro en 2002.
Aujourd’hui 2,5 milliards de billets sont fabriqués chaque année à Chamalières. Une imprimerie qui pourrait déménager sur le site de Vic-le-Comte, décision qui sera tranchée mi-2022.
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