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Devenu conférencier et avocat international, l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin court le monde, du Qatar à la Chine. Sans rien révéler de ses clients, ni de ses projets d'avenir.
En algérie, il y a à manger pour tout le monde, sauf pour les algériens
Dominique de Villepin, préfère payer une petite amende de 3.000 euros chaque année plutôt que de publier ses comptes comme le révèle "Le Monde".
Dominique de Villepin ne travaille pas, il court la planète, joue les saute-frontières, jongle avec les fuseaux horaires.
Où va-t-il ?
Que fait-il ?
Qui voit-il ?
L'ancien Premier ministre, désormais conférencier et avocat international, esquive. D'un laconique "Je voyage", il balaie les questions de ses amis. Aux plus insistants, il lâche : "Je participe à des colloques, je fais des affaires."
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L'éditeur Olivier Orban, ami de longue date, soupire: "Je ne connais pas sa vie..." A L'Express, curieux d'en savoir plus sur sa reconversion et ses projets, le globetrotteur fait répondre qu'il est "en déplacement à l'étranger ces prochaines semaines". En voyage, donc.
L'homme cultive le goût de l'ombre et du mystère. Dans son livre Les Cent-Jours (Perrin, 2001), sa plume admirative décrit ainsi Joseph Fouché, redoutable ministre de la Police sous le Directoire, le Consulat et l'Empire : "Ce génial tacticien s'impose surtout par son art du secret [...] Silence, cloisonnement, double jeu, rumeur, faux semblants, bouc émissaire, leurre: il excelle dans ces délicates pratiques." Les proches de l'ex-Premier ministre en ont pris leur parti : "Même son premier cercle ne connaît rien de lui, souffle un ami de trente ans. Alors savoir ce qui l'occupe précisément aujourd'hui et ce à quoi il aspire pour demain..."
"Ouvreur de portes internationales"
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La nouvelle vie de Dominique Galouzeau de Villepin, a commencé le 9 janvier 2008, huit mois après son départ de l'hôtel de Matignon. Ce jour-là, robe noire et nœud papillon blanc, il prononce le serment d'avocat devant les magistrats de la cour d'appel de Paris. Sa reconversion ne doit pas grand-chose à la vocation. C'est un "ami d'amis", Me Serge-Antoine Tchekhoff, qui le convainc d'endosser la toge. Ce spécialiste parisien du droit des affaires a "besoin de conseils sur l'Argentine".
Il fait comprendre à l'ancien diplomate qu'un avocat ne fréquente pas forcément les prétoires, qu'il peut aussi monnayer son influence auprès des décideurs internationaux. "A l'étranger, les fonctions qu'il a occupées lui assurent un accès direct aux grands patrons et aux dirigeants, constate Me Tchekhoff. En Iran, en Argentine, en Colombie et au Venezuela, où j'ai voyagé avec lui, il est reçu avec des égards dignes d'un homme d'Etat." Un cliché de septembre 2013 montre les deux compères, tout sourire, à Bogota, face au président colombien Juan Manuel Santos.
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L'ancien Premier ministre Dominique de Villepin s'est agacé sur RMC et BFMTV après avoir été interrogé sur l'origine de ses revenus.
Un échange assez tendu. Revenu sur le devant de la scène médiatique depuis le début de la guerre à Gaza, Dominique de Villepin était l'invité d'Apolline de Malherbe sur RMC et BFMTV ce jeudi. A cette occasion, il a été interrogé à propos de l'origine de ses revenus. "Je suis conseiller en matière internationale", a répondu l'ancien Premier ministre.
Une question qui a irrité Dominique de Villepin à plusieurs égards. Il a d'abord estimé qu'on pouvait s'interroger à ce titre sur d'éventuelles "pressions" et "directives" subies par les différents médias. "On voit à quel point la domination financière sur les médias et sur le monde de l’art, de la musique pèse lourd", avait-il déjà assuré sur le plateau de "Quotidien" le 23 novembre dernier.
Interrogé dans la même veine sur ses clients, Dominique de Villepin a assuré que "personne" ne le payait. "J'ai une société qui a des activités de conseil et par définition, vous ne donnez pas le nom de vos clients", a-t-il poursuivi.
Un flou entretenu à tel point que la société de conseil de l'ancien ministre des Affaires étrangères. Dominique de Villepin, préfère payer une petite amende de 3.000 euros chaque année plutôt que de publier ses comptes comme le révèle "Le Monde".
Des liens financiers avec une riche famille saoudienne
Dominique de Villepin est parfois pointé du doigt pour sa supposée collusion avec des états du golfe persique, Qatar et Arabie saoudite en tête. Des allégations qu'il a toujours réfutées, avant que l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF) découvre des prestations de conseil effectuées par l’ancien Premier ministre entre 2008 et 2010 pour une riche famille saoudienne, les Bugshan. Des prestations rémunérées 4,2 millions d’euros.
"L'activité de ma société est complètement liée à deux sociétés françaises"
Réinterrogé sur l'origine de ses revenus, il a finalement tenu à mettre les choses au clair: "L'activité de ma société est complètement liée à deux sociétés françaises, de conseils, auxquels j'apporte des conseils géopolitiques pour la France et pour l'étranger. Le reste de mes activités sont bénévoles, pour la plupart, dans l'art et la culture".
"Il n'a y rien à soupçonner, rien à sous-entendre et c'est donc très volontiers que je vous donne ces informations", conclut Dominique de Villepin.
Biographie
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Né le 14 novembre 1953 à Rabat, au Maroc
Haut fonctionnaire au ministère des Affaires étrangères, avocat d'affaires
Partis politiques : UMP - Parti République solidaire
Ministre de l'Intérieur, de la Sécurité intérieure et des Libertés locales de mars 2004 à mai 2005
Premier ministre de mai 2005 à mai 2007
Fils d’un diplomate devenu sénateur et d’une magistrate, Dominique Galouzeau de Villepin a vécu sa jeunesse dans divers pays. Il est licencié en droit, et diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris. Il intègre ensuite l’ENA, promotion Voltaire.
En 1980, il débute une carrière de diplomate en tant que secrétaire des Affaires étrangères. En 1993, il est nommé directeur de cabinet d'Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement d’Édouard Balladur. C’est l’époque où il se lie à Jacques Chirac.
En 1995, après l’élection de Jacques Chirac, il est nommé secrétaire général à la présidence de la République.
Après la réélection de Jacques Chirac à la présidentielle de 2002, il est nommé ministre des Affaires étrangères (mai 2002-mars 2004) dans le gouvernement Raffarin.
Le 14 février 2003, il prononce aux Nations unies un discours qui fait sensation pour signifier l'opposition de la France à la guerre en Irak. Il le conclut par une tirade qui fait date : « Et c'est un vieux pays, la France, d'un vieux continent comme le mien, l'Europe, qui vous le dit aujourd'hui, qui a connu les guerres, l'occupation, la barbarie. Un pays qui n'oublie pas et qui sait tout ce qu'il doit aux combattants de la liberté venus d'Amérique et d'ailleurs. Et qui pourtant n'a cessé de se tenir debout face à l'Histoire et devant les hommes. Fidèle à ses valeurs, il veut agir résolument avec tous les membres de la communauté internationale. Il croit en notre capacité à construire ensemble un monde meilleur. »
En mars 2004, Jacques Chirac le nomme ministre de l'Intérieur, de la Sécurité intérieure et des Libertés locales dans le gouvernement Raffarin, fonction qu’il occupe jusqu’en mai 2005.
Dominique Galouzeau de Villepin à l'hôtel de Matignon
Après l’échec du référendum sur la ratification du traité constitutionnel européen, il est nommé Premier ministre en remplacement de Jean-Pierre Raffarin. Il venait de déclarer que « quel que soit le résultat, il faudra mener une politique beaucoup plus volontaire, plus audacieuse, plus solidaire ». Il est le troisième locataire de l’Hôtel de Matignon à ne pas être parlementaire (après Georges Pompidou et Raymond Barre).
Haut fonctionnaire, Dominique de Villepin tient sa légitimité de la confiance du président de la République. Cependant, sa nomination va avec la promotion de Nicolas Sarkozy à l’unique poste de ministre d’État du gouvernement. C’est une situation qui confère au ministre de l’Intérieur un poids singulier.
Toutefois, la relation privilégiée que le Premier ministre entretient avec le président de la République lui assure une vraie liberté d’action. Il joue la carte de la transparence et du chef de collectif en instaurant des conférences de presse thématiques à Matignon, auxquelles sont conviés les ministres concernés.
Discours de politique générale, 8 juin 2005
Dominique de Villepin axe son discours de politique générale d’une part sur l’emploi (car « le chômage atteint un niveau inacceptable : plus de 10 % de chômeurs, voilà le véritable mal français. Il fragilise des familles entières, qui craignent pour leur avenir »), et, d’autre part, sur la nécessité d’encadrer les déficits.
Il s’agit donc de concilier la solidarité nationale avec l’initiative économique, afin de créer de la croissance.
En matière d’emploi, il s’agit de simplifier l’acte d’embauche ; de mettre en place un nouveau type de contrat de travail à durée indéterminée ; d’instaurer des sanctions et primes aux chômeurs selon leur attitude sur le marché de l’emploi ; de développer l’apprentissage pour atteindre les 500 000 apprentis en 2009. Le gouvernement veut mener une politique industrielle volontariste et libérale tout à la fois, avec la création de l’Agence pour l’innovation industrielle, avec l’ouverture du capital des entreprises publiques ; avec la mise en place de projets de recherche sur les énergies renouvelables ; avec des baisses de charges pour les PME, etc.
Enfin, le Premier ministre souhaite combattre le racisme et offrir le respect de l’égalité des chances, à la fois aux personnes victimes de racisme, aux femmes et aux personnes handicapées. Cela s’inscrit dans une mise en avant de la méritocratie républicaine.
Le droit du travail remodelé
Durant l’été, Dominique de Villepin instaure le contrat nouvelle embauche (CNE), qui doit faciliter l’embauche dans les PME en introduisant davantage de flexibilité dans le code du travail. Est introduite une période dite de consolidation de deux ans pendant laquelle le contrat peut être rompu sans motif.
Dominique de Villepin décide ensuite de mettre en place le contrat première embauche (CPE). C’est là un nouveau type de contrat de travail à durée indéterminée pourvu d'une « période de consolidation », à destination des moins de 26 ans, et concernant les entreprises du secteur privé de plus de 20 salariés.
Le projet suscite contre lui un important mouvement social de la jeunesse. Le Premier ministre doit utiliser le 49-3 pour faire passer sa réforme. Le président de la République déclare à la suite que, fait inédit, la loi sera tout à la fois promulguée et suspendue.
La question sécuritaire
En octobre 2005, des émeutes embrasent les quartiers populaires périphériques. Le Premier ministre réagit par des dispositions exceptionnelles. En réactivant la loi du 3 avril 1955, l’état d’urgence est déclaré dans 25 départements.
Dominique de Villepin fait voter une loi sur la récidive des infractions pénales en décembre 2005. L’abolition de la peine de mort est constitutionnalisée en 2007.
L'après Matignon
En 2008, il devient avocat d'affaires.
Il fonde le parti République solidaire en 2010.
Qui est le père de Dominique de Villepin?
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Xavier Galouzeau de Villepin, dit Xavier de Villepin, né le 14 mars 1926 à Bruxelles et mort le 29 octobre 2014 (à 88 ans) à Parly, est un industriel et homme politique français.
Joseph Marie Benoît François Xavier Galouzeau de Villepin s'engage dans la Résistance en 1944 alors qu'il est étudiant [réf. souhaitée]. Il est ensuite diplômé de l'école des Hautes études commerciales (HEC) et de la Harvard Business School.
De 1950 à 1979, il vit une longue période d'industriel, notamment à Saint-Gobain, et s'établit successivement en Algérie, en Australie, au Maroc, au Venezuela, aux États-Unis et enfin en Italie. Il revient en France en qualité de président de Saint-Gobain Vitrage, puis il est directeur général adjoint responsable du développement international.
Il devient membre de l'Union des Français de l'étranger (UFE) en 1960, accède au poste de 2e vice-président de cette organisation en 1979 et est administrateur de plusieurs sociétés italiennes.
En 1986 et 1995, il est élu sénateur représentant les Français établis hors de France. En 1993, 1995 et 1998, il est élu président de la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées du Sénat.
Il démissionne en 2002 de ses postes liés à l'international à la suite de la nomination de son fils, Dominique de Villepin, au poste de ministre des Affaires étrangères, afin de ne pas le gêner. Achevant son mandat de sénateur en 2004, il ne se représente pas.
Il est membre du conseil d'administration de l'Institut français des relations internationales (IFRI).
Il est membre du conseil d'administration de la Fondation Robert-Schuman.
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