Sid Ahmed Ghozali, ancien premier ministre d'Algérie: L’expansionnisme est dans la nature du régime
Transcription de l'intervention de Sid Ahmed Ghozali au colloque de la FEMO à la Maison de la Chimie, le 11 février 2014: https://www.fondationfemo.com/sid-ahmed-ghozali-l-expansionnisme-est-dans-la-nature-du-regime/
J'ai vécu moi-même en tant que ministre des Affaires étrangères de l'Algérie, et vu de mes yeux vu, comment le régime iranien cherchait à asseoir son hégémonie sur tout le monde musulman. Et en commençant par l'Algérie, qui était un pays exemplaire, dans le sens où tout ce qui peut se passer en Algérie ne peut pas ne pas se répercuter dans les autres sphères. Et ils ont commencé par l'Algérie. On peut parler d'ingratitude, mais ce n'est pas une question de gratitude ou d'ingratitude. C'est le fondement même de ce régime, disons c'est dans ses gènes, que de chercher à s'imposer à un peuple par le recours à l'expansion et à l'hégémonisme. J'ai entendu un discours d'Ahmadinejad l'an dernier, dans une interview qu'il a donnée à Euronews, il a dit : il faut que les Occidentaux sachent que nous contrôlons 60 % des réserves pétrolières musulmanes ! C'est-à-dire qu'il intégrait déjà les réserves iraniennes et irakiennes, une partie des réserves saoudiennes, une partie des réserves du Golfe et une partie des réserves d'Afrique du Nord, c'est-à-dire l'Algérie et la Libye. Je dis mot par mot, il a dit : « sachez que nous contrôlons pour le moment 60 % des réserves pétrolières musulmanes» ! Sid Ahmed Ghozali, ancien premier ministre d'Algérie
L'expansionnisme chiite iranien : une menace pour les pays Africains
Depuis 1979, la présence de l’Iran sur le continent africain s’inscrit dans une logique d’expansion idéologique et d’antiaméricanisme. Au détriment des relations économiques et politiques.
L’instauration de la République islamique d’Iran en 1979 marque un tournant dans les relations entre Téhéran et le continent africain. Dès les années 1980, le nouveau régime cherche en effet à exporter sa révolution islamique.
Commence alors une politique expansionniste combinant idéologie chiite et anti-impérialisme. La République islamique rejoint ainsi le mouvement des non-alignés et s’affiche comme défenseur des pays opprimés face à la domination occidentale, surtout américaine.
Contourner les sanctions américaines
Pour contourner les sanctions américaines, l’Iran « doit trouver des zones grises qui ne sont pas très surveillées par les États-Unis pour mener ses transactions », affirme pour sa part Alex Vatanka, directeur du programme Iran du Middle East Institute.
Trafic d’armes et ruptures diplomatiques
La diplomatie iranienne en Afrique a, de fait, montré ses limites. L’Iran, qui compte 25 ambassades en Afrique, doit par ailleurs faire face à l’Arabie saoudite. Le royaume sunnite voit en effet d’un mauvais œil la présence de la puissance chiite en Afrique. L’Égypte et le Maroc s’inquiètent également du prosélytisme iranien. Le Maroc a donc rompu ses relations avec l’Iran à deux reprises. La première fois en 2009, dénonçant « l’activisme » religieux de Téhéran ; la deuxième en 2018, accusant cette fois l’Iran de soutenir le Polisario au Sahara occidental via le Hezbollah libanais. L’Iran est en effet régulièrement soupçonné de trafic d’armes en Afrique. Le Sénégal a ainsi rompu ses relations diplomatiques avec l’Iran suite à la saisie d’une cargaison d’armes à Lagos en 2010 – elles seront renouées en 2013.
Les gardiens de la révolution iraniens ont confirmé avoir commencé à exporter des drones et des missiles hors du pays, sans préciser de destinations précises.
"Convergence de vues" entre le Mali et l'Iran sur la souveraineté
Les ministres des Affaires étrangères du Mali et de l'Iran ont exprimé mardi la "convergence de vues" de leur président sur les questions de sécurité et de souveraineté, alors que les deux pays sont soumis aux pressions d'une partie de la communauté internationale.
Le chef de la diplomatie iranienne, Hossein Amir-Abdollahian, s'est rendu lundi et mardi en visite de travail à Bamako, faisant suite à une visite de son homologue Abdoulaye Diop en février à Téhéran.
Abdoulaye Diop a exprimé la "convergence de vues" entre le chef de la junte malienne et président dit de transition, le colonel Assimi Goïta, et le président iranien, le religieux ultraconservateur Ebrahim Raïssi, "sur des questions aussi essentielles que vitales liées notamment à la paix, à la sécurité, au développement et à la souveraineté des deux Etats", dit un communiqué conjoint publié par ses services.
Son homologue a parlé quant à lui de "parfaite convergence" sur les mêmes sujets. Les deux hommes ont affirmé la volonté de leur pays d'approfondir la coopération.
Les colonels qui ont pris le pouvoir par la force en août 2020 au Mali ont fait du rétablissement de la souveraineté de leur pays, confronté au djihadisme et une grave crise sécuritaire et politique depuis 2012, un de leurs maîtres mots. Ils ont rompu avec l'ancien allié historique français et ses partenaires, et se sont tournés vers la Russie. Ils proclament leur volonté de diversifier les alliances.
Le Mali a été soumis jusqu'en juillet à un sévère embargo commercial et financier imposé par la Communauté des Etats ouest-africains (CEDEAO) pour sanctionner le projet des colonels de se maintenir au pouvoir encore cinq ans.
L'Iran martèle depuis des années son droit au nucléaire "civil". Un intense effort diplomatique est en cours entre la République islamique et les grandes puissances pour ressusciter un accord international datant de 2015 et censé garantir le caractère "civil" du programme nucléaire de l'Iran, accusé malgré ses démentis de chercher à se doter de l'arme atomique.
L'Iran s'est progressivement affranchi de ses obligations aux termes de l'accord après le désengagement des Etats-Unis sous Donald Trump et le rétablissement des sanctions américaines. Abdoulaye Diop a salué la "fructueuse coopération" entre Bamako et Téhéran à l'ONU et dans les organismes internationaux, et "le respect" par l'Iran "des choix faits par le peuple malien".
L’Islam révolutionnaire, le terrorisme d’Etat et le terrorisme
Le terrorisme d’Etat
Dès le lendemain de la Révolution Islamique, le régime des Mollah n’a cessé de ’’mettre de l’huile sur le feu’’ au plan international. L’épisode de la prise d’otages à l’ambassade américaine et l’épisode des otages détenus au Liban sont, à cet égard, révélateurs.
Après avoir démontré que le Hezbollah n’était en définitive que le bras armé de l’Iran, chargé de remplir les missions terroristes que Téhéran ne peut assumer sans risquer de se mettre – un peu plus encore – au ban de la communauté internationale, il nous semblait intéressant de livrer ci-dessous une liste non exhaustive des attentats et attaques perpétrés par le parti de Dieu (et (in)directement par l’Iran) dans les années 80 et 90:
23 octobre 1983 à Beyrouth : attentats suicides contre la force multinationale d’interposition qui tente de mettre fin à la guerre : 248 marines américains et 58 parachutistes français sont tués ;
Mars 1984 : enlèvement ciblé du chef d’antenne de la CIA à Beyrouth. William Francis Buckley mourra après 15 mois de détention et de tortures ;
Janvier 1985 : assassinat de deux sous-officiers français à Beyrouth ;
1985 : début de la campagne d’enlèvement qui recevra dans les médias occidentaux l’appellation générique d’affaire des Otages du Liban et qui concerne, entre autres, des journalistes, diplomates et chercheurs américains, français ou anglais. Le journaliste Terry Anderson restera otage le plus longtemps : enlevé le 15 mars 1985, il ne sera libéré qu’en décembre 1991 ;
14 juin 1985 : détournement à Athènes d’un Boeing de la TWA effectuant la liaison Athènes-Rome. Le ressortissant américain Robert Stehem sera assassiné au cours de cette prise d’otages qui se terminera le 30 juin ;
1985-1986 : une campagne d’attentats en France, commanditée par l’Iran, coordonnée par le Hezbollah et exécutée par une cellule locale (groupe Fouad Saleh) fait 10 morts et 40 blessés. Au terme de son instruction, le juge anti-terroriste Gilles Boulouque aura identifié et inculpé 17 membres du Hezbollah ;
13 janvier 1987 : arrestation de Mohammed Ali Hamadé, à Francfort, avec 9 litres d’explosif liquide puissant, le nitrate de méthyle ;
17 et 20 janvier 1987 : enlèvement à Beyrouth, de deux ressortissants allemands, Rudolf et Alfred Schmidt (tous deux libérés en 1988) ;
26 janvier 1987 : arrestation à l’aéroport de Francfort de Abbas Hamadé, frère de Mohammed, lui aussi en possession de plusieurs litres de nitrate de méthyle ;
17 février 1988 : détournement du vol 422 des Kuwait Airways au départ de Bangkok. Le détournement durera 16 jours et coûtera la vie à deux passagers ;
17 mars 1992 : attentat suicide contre l’ambassade israélienne à Buenos-Aires (29 morts et 220 blessés) ;
18 juillet 1994 : attentat suicide contre le Centre communautaire juif de Buenos Aires (86 morts et 250 blessés) ;
27 et 28 juillet 1994 : attentat contre le siège d’organisations juives et contre l’ambassade d’Israël à Londres (20 blessés).
En mai 2003, Louis Freeh, l’ancien directeur du FBI livrait au Wall Street Journal quelques détails sur l'enquête de l'attentat au camion piégé contre les Tours Khobars en Arabie Saoudite, qui avait tué 19 Américains le 26 juin 1996. Selon lui, l'opération a été organisée, financée et coordonnée en Iran par les services de sécurité, le corps des gardiens de la révolution et le ministère des renseignements.
Quant aux attentats perpétrés en Turquie, le Daily Telegraph[60] rapportait en 2003 qu'un des poseurs de bombe des deux attentats terroristes à Istanbul qui avaient fait 24 morts, s'était rendu plusieurs fois en Iran pour y suivre un entraînement à l'explosif.
La guerre contre le terrorisme lancée par les Américains et leurs alliés au lendemain des attentats perpétrés par Al-Qaïda ont accru un peu plus encore le sentiment d’isolement que nous décrivions précédemment[61]. En effet, un rapide coup d’œil sur la carte de la région indiquant les différentes bases militaires américaines suffit à n’importe quel observateur pour se rendre compte à quel point l’Iran est littéralement encerclé. Du stationnement massif de troupes américaines en Irak et en Afghanistan aux accords militaires de défense que l’Arabie Saoudite, le Koweit, le Bahreïn, Oman et les Emirats Arabes Unis ont signé avec les Etats-Unis, l’encerclement de la République Islamique est une réalité.
Mais, cet état de fait, n’est-il pas simplement la conséquence d’une politique extérieure axée sur la défiance envers le monde occidental et la volonté obsessionnelle d’attaquer qui l’accompagne, sur la pratique du terrorisme d’Etat et enfin sur la promotion du terrorisme par l’intermédiaire de différents mouvements ?
L’attentat suicide : un modèle iranien largement « exporté»
Le 29 septembre 2005, le nouveau ministre de la Défense iranien, le général Mostafa Mohammadi-Nadjar, annonce officiellement ce que d’aucun savait depuis longtemps : l’Iran entraîne des kamikazes ! Lors d’un rassemblement des pasdarans à Téhéran, celui qui a été le premier commandant de la force du Moyen-Orient des gardiens de la révolution dans les années 80 et qui a personnellement supervisé l’attentat suicide à Beyrouth en 83 au cours duquel 241 soldats américains seront tués déclare : « Une nation dotée de l’esprit de dévotion, de sacrifice et de martyre n’a pas besoin d’arme atomique et peut utiliser ses forces dévouées pour résister à l’ennemi et neutraliser ses menaces ».
En octobre 2005, c’est un haut gradé des Gardiens de la révolution, le général Mohammad Kossari, qui explique : « Nous connaissons tous les points sensibles des ennemis et ce que nous devons faire contre eux. Aujourd’hui nous avons des volontaires pour le martyre qui sont prêts à frapper ces points sensibles ».
Depuis les déclarations de hauts responsables militaires ou politiques iraniens dans ce sens n’ont cessé de se multiplier. Comme le souligne Laurent Artur du Plessis : « L’Etat iranien est, depuis la défaite du Japon en 1945, le premier Etat à préconiser officiellement cette forme d’attentat et à recruter à grande échelle des apprentis kamikaze qu’il forme »] et de prédire que : « L’Iran va occuper une position de premier plan dans la guerre Islam-Occident, en tant qu’Etat cadre du terrorisme kamikaze ». Aujourd’hui, Téhéran dispose d’une école de martyrs ainsi que d’un musée dédié au culte des kamikazes !
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