Entraves aux libertés religieuses: L’Algérie « blacklistée » … Placée par les États-Unis sur une liste de « surveillance spéciale »…
La décision d’Antony Blinken d’ajouter l’Algérie à cette liste noire intervient à la suite d’une recommandation de la Commission des États-Unis sur la liberté religieuse internationale (USCIRF).
Les États-Unis ont placé, mercredi, l’Algérie sur une liste «de surveillance spéciale» pour les pays qui foulent au pied la liberté religieuse. Dans un communiqué, le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a indiqué qu’il a décidé de placer l’Algérie sur cette «liste de surveillance spéciale» (Watch List) pour les gouvernements qui ont commis ou toléré des «violations graves de la liberté religieuse». Le département d’État a, par ailleurs, désigné le groupe terroriste État islamique au Grand Sahara, parmi les «entités particulièrement préoccupantes», ajoute la même source. La décision de M. Blinken d’ajouter l’Algérie à cette liste noire intervient à la suite d’une recommandation de la Commission des États-Unis sur la liberté religieuse internationale (USCIRF).
Dans son récent rapport annuel, l’USCIRF avait demandé à inscrire ce pays sur cette liste pour «avoir commis ou toléré de graves violations» de la liberté religieuse. Selon la loi américaine, les pays figurant sur cette «liste noire» doivent prendre des mesures pour lever les menaces à la liberté religieuse ou faire face à des sanctions. La commission américaine a fait observer que la nouvelle Constitution algérienne, adoptée dans la foulée des protestations populaires civiles, représente une «nouvelle érosion» des conditions de la liberté religieuse en Algérie, «qui a une longue histoire d’oppression et de persécution des minorités religieuses».
La nouvelle Constitution, qui «ne bénéficie pas nécessairement d’un fort soutien» auprès du peuple algérien, soulève de «sérieuses inquiétudes» quant à l’avenir de la liberté religieuse dans ce pays, a souligné la commission. L’USCIRF est une instance fédérale bipartisane établie par le Congrès américain pour surveiller, analyser et signaler les menaces à la liberté religieuse internationale. Elle fait des recommandations de politique étrangère au Président, au secrétaire d’État et au Congrès.
L’Algérie à nouveau épinglée devant le CDH de l’ONU pour la fermeture des lieux de culte protestants [Vidéo]
Intervenant dans le cadre de la 46ème session du CDH, dont les travaux se déroulent en vidéoconférence, l’Alliance évangélique mondiale, le Conseil œcuménique des Églises et Christian Solidarity Worldwide ont exprimé « leur grave préoccupation face à la fermeture en cours des églises protestantes en Algérie« .
Depuis 2018, « les autorités algériennes ont fermé de force treize églises protestantes« , ont indiqué ces organisations dans une déclaration commune prononcée devant le Conseil, soulignant que les tribunaux administratifs ont rejeté les demandes de réouverture des églises.
« Le 14 février, le gouvernement a décidé d’autoriser la réouverture de toutes les mosquées après le confinement lié au COVID-19. Cependant, à notre grande surprise, les autorités ont déclaré aux églises qu’elles étaient exclues de la décision de réouverture« , ont souligné ces organisations.
En conséquence, « toutes les 47 églises protestantes d’Algérie sont aujourd’hui effectivement fermées », ont-elles précisé, relevant que « le gouvernement algérien n’a pas délivré un seul permis à une église protestante, malgré plusieurs demandes« .
Le nombre d’églises protestantes fermées de force par les autorités se multiplie. Au mois d’octobre 2019, la plus grande église protestante d’Algérie, dont le pasteur est président de l’Église protestante du pays, située à Tizi Ouzou, a été fermée brutalement. Une loi algérienne de 2006 stipule en effet que les lieux de culte non islamiques doivent être agrées par le gouvernement et enregistrés. Mais le gouvernement algérien semblerait abuser de cette disposition. Ces fermetures interviendraient dans le contexte politique algérien actuel et viseraient à réprimer la contestation politique qui a pris place dans le pays depuis le début de l’année. La fédération protestante de France a d’ailleurs exprimé sa vive inquiétude quant à ces événements qui traduisent une réelle persécution des chrétiens installés en Algérie. Les organisations ont appelé les autorités algériennes « à mettre leur cadre juridique en conformité avec les obligations au titre de l’article 18 du PIDCP (Le Pacte international relatif aux droits civils et politiques) et à permettre la réouverture de toutes les églises protestantes ».
Dans une autre déclaration similaire présentée devant le CDH de l’ONU, l’Alliance baptiste mondiale a dénoncé, pour sa part, « la campagne menée par les autorités algériennes contre les églises protestantes et les chrétiens protestants en Algérie ». Les autorités et les tribunaux locaux utilisent l’ordonnance gouvernementale n ° 06-03 de 2006 réglementant l’exercice des religions non musulmanes pour un traitement juridique inégal des églises et des chrétiens, a fait observer l’Alliance.
Rappel : En 2017 – Les Etats-Unis rendent un rapport sur la liberté religieuse en Algérie
En août 2017, le rapport du département d’Etat des Etats-Unis sur la liberté religieuse en Algérie a été publié. Ce rapport construit à travers quatre sections a été établi par le bureau démocratie, droits de l’Homme et travail du département. La première section fait un point sur démographie religieuse, la seconde sur la position du gouvernement vis-à-vis du respect de la liberté religieuse, la troisième sur celle de la société. Enfin, la dernière fait un point sur la politique du département d’Etat.
Position du gouvernement algérien vis-à-vis de la liberté religieuse
Le rapport rappelle les dispositions constitutionnelles, notamment l’amendement qui garantit désormais la liberté de culte, « dans le respect de la loi ». Il cite les dispositions juridiques concernant la liberté de religion. Il énumère les infractions, l’incrimination de l’offense au Prophète, l’interdiction du prosélytisme visant à convertir un musulman à une autre religion. Et ce malgré la non-incrimination de l’apostasie. Les différentes dispositions concernant l’enregistrement d’une association religieuse mais aussi le droit de la famille ou encore l’éducation religieuse sont mentionnées.
Concernant la pratique du gouvernement, le rapport se concentre sur la situation des ahmadis et des nouveaux convertis. Le rapport indique de 83 ahmadis ont été arrêtés par la police en raison de leur pratique de leur religion. Il cite les arrestations d’ahmadis et leurs condamnations dans les villes de Blida, Relizane, Ain-Temouchent, M’sila et Sétif. En outre, il cite l’arrestation à Skikda de 18 ahmadis pour l’organisation d’une prière du vendredi dans un lieu non autorisé. De plus, il énumère les condamnations pour insulte au Prophète à travers des posts Facebook. Pour ce faire, le rapport cite l’affaire de Slimane Bouhafs. Aussi, il fait part des difficultés administratives que rencontre la communauté chrétienne. Sans oublier enfin l’arrestation à Béjaïa de deux protestants pour transport de littérature religieuse non autorisée.
Position de la société algérienne vis-à-vis de la liberté religieuse
Le rapport fait état d’insultes, d’agressions et de pressions envers les nouveaux convertis chrétiens. Les auteurs étant les membres de leur famille. Les pressions peuvent aller jusqu’à encourager le divorce des femmes chrétiennes. La campagne de diabolisation menée par la presse envers les ahmadis, les chiites, les ismailis ou les bahais est rappelée. Le rapport mentionne aussi la campagne de prévention contre la chiisme menée à Biskra avec distribution de tracts. Quant aux juifs, ils continuent à garder leur religion secrète.
Tibhirine : « On va te faire comme Djebbar M’henna a fait aux moines »
Plus de vingt ans après les faits, la thèse officielle des autorités algériennes pour expliquer l’assassinat des moines de Tibéhirine se trouve ébranlée par les conclusions d’un épais rapport d’expertises. Versé au dossier instruit par les juges Nathalie Poux et Jean-Marc Héribaut, ce document de 185 pages explore plusieurs des zones d’ombre entourant les circonstances de la mort des religieux français de l’ordre de Cîteaux. Enlevés dans leur monastère dans la nuit du 26 au 27 mars 1996, leurs crânes avaient été retrouvés sur le bord d’une route de montagne, deux mois après leur disparition. Des crimes qu’Alger a toujours imputés officiellement au Groupe islamiste armé (GIA). L’enquête française n’a pas écarté une possible bavure de l’armée algérienne ou une implication des services algériens. D’ex-militaires algériens ont par ailleurs affirmé que des généraux auraient été impliqués dans l’affaire en infiltrant et manipulant le maquis islamiste dans le but d’inciter les moines à quitter l’Algérie et discréditer les islamistes sur la scène internationale. Dans un entretien réalisé en décembre 2014, Mourad Bouakaz, affirmant être un ancien informateur des services secrets algériens, désigne ceux qui lui semblent être les auteurs de la mort des sept moines français enlevés en 1996 à Tibhirine en Algérie. Supplément au « 13h15 le samedi » du 15 août.
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