Crise entre la Russie et l’Ukraine… L’essentiel
La situation se crispe jour après jour entre Kiev et Moscou. Après plus d’une heure de discours très solennel hier soir, Vladimir Poutine a annoncé que le Kremlin reconnaissait l’indépendance des deux régions séparatistes pro-russes en Ukraine. Il demande également l’arrêt des activités militaires dans les zones concernées, sous peine de représailles.
Vladimir Poutine a décidé, lundi, de reconnaître l’indépendance des territoires séparatistes prorusses d’Ukraine.
Après avoir reconnu l’indépendance des séparatistes prorusses lors d’une allocution télévisée, Vladimir Poutine a ordonné, lundi 21 février, aux forces armées d’assurer « les fonctions de maintien de la paix sur le territoire » des « républiques populaires » de Donetsk et Lougansk. Les deux décrets du président russe demandent au ministère de la Défense que « les forces armées de la Russie (assument) les fonctions de maintien de la paix sur le territoire » des « républiques populaires » de Donetsk et Lougansk. Cette décision saborde de fait les accords de Minsk II conclus en février 2015 pour résoudre la crise du Donbass par lesquels ces deux républiques souhaitent un statut spécial. Elle prive la Russie, l’Ukraine et les Occidentaux d’une piste sérieuse pour sortir de la crise. Ces accords, signés en 2015 par la Russie et l’Ukraine sous médiation franco-allemande, visent à un retour sous souveraineté ukrainienne des zones tenues par les séparatistes dans les régions de Donetsk et Lougansk, en échange d’une autonomie. Mais lundi, le président russe a reconnu l’indépendance de ces territoires séparatistes.
Depuis la chute de l’Union soviétique, 30 ans de guerres impliquant la Russie. De la Tchétchénie à la Syrie en passant par la Géorgie et l’Ukraine, la Russie a été impliquée dans plusieurs guerres depuis la chute de l’Union soviétique en 1991.
Deux guerres sanglantes en Tchétchénie;
« Guerre éclair » en Géorgie en 2008;
Conflit en Ukraine en 2014;
Intervention en Syrie depuis 2015….
Images de la ville de Grozny détruite en février 2000 par les troupes russes.
Les accords de Minsk n’existent plus pour Vladimir Poutine
Tout en laissant planer le suspense sur l’entrée des soldats russes dans l’Est de l’Ukraine, Vladimir Poutine a affirmé ce mardi que les accords de Minsk, servant de base pour un règlement du conflit dans l’Est de l’Ukraine, «n’existaient plus».
Pour rappel, Vladimir Poutine a souligné que Moscou reconnaissait la souveraineté des «républiques» séparatistes de Donetsk et de Lougansk sur l’ensemble des régions éponymes, «telles qu’elles étaient quand elles faisaient partie de l’Ukraine». Les séparatistes possédant actuellement des zones bien moindres, ces déclarations ouvrent donc la porte à une tentative de prise de contrôle des parties de ces régions contrôlées par des autorités ukrainiennes, notamment la ville de Marioupol, qui compte plus de 400 000 habitants.
Les Etats-Unis continueront à fournir des armes «défensives» à l’Ukraine. Les pays membres de l’UE ont approuvé plusieurs sanctions qui «feront très mal» à la Russie.Cascade de réactions occidentales après la décision de Vladimir Poutine.
La condamnation internationale est générale. Le Conseil de sécurité de l’ONU s’est réuni durant la nuit. A Bruxelles, une réunion des Représentants permanents des 27 pays de l’UE est agendée à 9h30 mardi. Elle devra acter de possibles sanctions contre la Russie. La Suisse clarifiera sa position lors d’une conférence de presse mardi après-midi.
Immédiatement après l’allocution de Vladimir Poutine, les dirigeants occidentaux ont « condamné » cette décision, comme l’a fait l’Otan. Le Premier ministre britannique Boris Johnson a dénoncé la reconnaissance de l’indépendance des régions séparatistes comme « une violation flagrante de la souveraineté » du pays et une « répudiation » des accords de paix de Minsk. Les dirigeants de l’Union européenne y voit également une « violation flagrante du droit international » et Paris affirme que l’Union européenne va prendre des sanctions contre des entités et des individus russes.
Washington va imposer des sanctions aux régions séparatistes. Les Etats-Unis ont annoncé une heure après l’allocution de Vladimir Poutine qu’ils allaient prendre des sanctions contre les régions séparatistes prorusses, alors que la décision du président russe mérite une réponse « ferme » et « rapide« , selon le Secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken. La Maison Blanche a aussi annoncé que les chefs d’Etat américain, français et allemand, Joe Biden, Emmanuel Macron et Olaf Scholz, se sont appelés peu avant 22h, heure de Paris.
Le président Français, Emmanuel Macron demande des « sanctions ciblées » contre la Russie. Emmanuel Macron a « condamné » lundi 21 février cette décision de Vladimir Poutine, qu’il a tenté en vain de convaincre du bien-fondé de la voie diplomatique. Le chef de l’Etat demande par ailleurs « une réunion d’urgence du Conseil de sécurité des Nations unies ainsi que l’adoption de sanctions européennes ciblées« . La présidence française, qui pointe la « dérive idéologique » et le « discours paranoïaque » de Vladimir Poutine, n’exclut pas de nouveaux « faits militaires » russes.
Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a annoncé qu’il ne rencontrerait pas comme prévu son homologue russe Sergueï Lavrov, après la reconnaissance par Moscou de deux régions séparatistes de l’est de l’Ukraine. «Maintenant que nous voyons que l’invasion a commencé et que la Russie a clairement rejeté toute diplomatie, cela ne fait aucun sens de se rencontrer à ce stade», a déclaré Antony Blinken au cours d’une conférence de presse commune avec le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kuleba.
Le Conseil permanent de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a réitéré ce mardi son soutien à Kiev. Ses représentants se sont réunis à Vienne, après la décision russe de reconnaître l’indépendance des régions séparatistes de l’est. La Pologne, qui assure actuellement la présidence tournante du Conseil permanent de l’organisation, a «exprimé sa solidarité» avec Kiev, lors de cette réunion extraordinaire concernant «l’intégrité territoriale et la souveraineté» de l’Ukraine.
La vice-secrétaire d’Etat américaine, Wendy Sherman, est intervenue par visioconférence et a déploré, selon un communiqué, «qu’hier, l’ambassadeur russe a critiqué l’Ukraine pour toutes les mesures qu’elle n’aurait pas prises dans le cadre des accords de Minsk […] Je rappelle à ce Conseil que la Russie n’a jamais rempli une seule de ses obligations au titre des accords de Minsk.»
«Hier, le président Biden a signé un décret» imposant des sanctions, a-t-elle poursuivi: «Dans les prochaines heures, les Etats-Unis annonceront d’importantes sanctions supplémentaires […] Nous attendons de nos alliés et partenaires qu’ils prennent également des mesures supplémentaires».
Secteur bancaire et high-tech
L’ensemble du secteur bancaire russe pourrait être visé par des sanctions si la Russie poursuit son invasion de l’Ukraine, a affirmé un responsable américain, après l’annonce de sanctions contre VEB, la banque publique de développement, et PSB, liée au secteur de la défense. Le responsable, qui a demandé à ne pas être identifié, a indiqué que de nouvelles attaques contre l’Ukraine pourraient entraîner des sanctions contre les grandes banques Sberbank et VTB. Des contrôles à l’exportation qui arrêteraient le flux de composants high-tech vers la Russie sont également un «élément-clé de nos potentielles sanctions», a-t-il dit, qualifiant les mesures de «vraiment puissantes, parce que nous parlons d’une technologie cruciale, dont la Russie a besoin pour diversifier son économie».
Matches internationaux en Russie
Le Premier ministre britannique Boris Johnson a exclu ce mardi que la finale de Ligue des champions prévue fin mai puisse se jouer à Saint-Pétersbourg, après la reconnaissance par la Russie de régions séparatistes prorusses de l’est de l’Ukraine, une situation que l’UEFA «surveille de près».
«Il est absolument vital en cette période critique que le président Poutine comprenne que ce qu’il fait sera un désastre pour la Russie», déclare Boris Johnson après avoir annoncé au Parlement des sanctions contre des banques et oligarques russes.
«Aucune chance de tenir des tournois de football dans une Russie qui envahit des pays souverains», a-t-il poursuivi, disant espérer que Vladimir Poutine «recule du précipice» et ne procède pas à «une invasion totale» de l’Ukraine.
La Russie, pays hôte du Mondial-2018 de football, doit organiser la finale de la Ligue des champions le 28 mai à Saint-Pétersbourg. La Gazprom Arena a accueilli plusieurs matches de l’Euro disputé l’été dernier dans plusieurs pays d’Europe, dont un quart de finale.
Sanctions contre la Russie
Les premières sanctions des Occidentaux contre la Russie ont été dévoilées ce jour, mais l’impact reste pour l’instant limité.
Les Européens et les Britanniques ont concentré leurs premiers coups sur la finance russe. Cinq banques sont visées par les Britanniques, dont Rossiïa et Promsviazbank.
L’Union européenne doit, elle, encore détailler la liste des institutions touchées par des gels d’avoirs en raison du financement d’activités militaires russes.
L’impossibilité pour l’Etat russe d’accéder aux marchés de capitaux européens pour refinancer sa dette, l’une des sanctions proposées, pourrait peser sur la valeur du rouble et, par ricochet, sur le pouvoir d’achat des consommateurs russes pour les produits importés.
Concernant les banques occidentales, le président du superviseur bancaire au sein de la Banque centrale européenne (BCE), Andrea Enria, a évoqué le 10 février une exposition à la Russie relativement «contenue».
Mais le groupe bancaire français Société Générale, l’italien Unicredit et l’autrichien Raiffeisen seraient concernés par une potentielle escalade des tensions. Surtout si Washington décide de dégainer l’arme de l’interdiction des transactions en dollars ou si la Russie est exclue du système international Swift, essentiel pour les échanges bancaires internationaux.
Hormis la symbolique suspension du gazoduc Nord Stream 2, qui n’était pas encore en service, les Occidentaux font pour l’instant l’impasse sur le secteur énergétique russe, crucial pour l’économie du pays.
Il s’agit d’un pari risqué pour l’Europe, qui importe 40% de ses besoins en gaz de la Russie. Cela offre «un levier au Kremlin», prévenait l’institut bruxellois Bruegel dans une récente note.
Le conflit contribue cependant déjà à faire flamber les prix sur les marchés des matières premières, où la Russie «joue un rôle critique», remarque l’agence de notation Fitch. Elle rappelle notamment le poids du pays dans l’approvisionnement mondial en aluminium ou en palladium. C’est aussi l’un des plus importants producteurs mondiaux de nickel.
Sur le marché agricole, la Russie est le premier exportateur mondial de blé et représente, avec l’Ukraine, un quart des exportations mondiales de cette céréale incontournable.
Le cours du pétrole a grimpé tout près de 100 dollars ce mardi. Des augmentations qui pèsent sur le portefeuille des industriels et des consommateurs partout dans le monde.
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