Quand une pute parle de l'honneur...
Les crimes contre l'humanité sont des infractions spécifiques commises dans le cadre d'une attaque de grande ampleur visant des civils, quelle que soit leur nationalité
Nettoyage ethnique, une politique délibérée conçue par un groupe ethnique ou religieux visant à faire disparaître, par le recours à la violence et à la terreur, des populations civiles appartenant à une communauté ethnique ou religieuse distincte de certaines zones géographiques.
La xénophobie est une «hostilité de principe envers les étrangers, ce qui vient de l'étranger», plus précisément à l'égard d'un groupe de personnes ou d'un individu considéré comme étranger à son propre groupe (endogroupe)....
Pour la CPI, l'Afrique du Sud a manqué à ses obligations face à Omar el-Béchir
Amnesty International épingle l'Afrique du Sud pour ne pas avoir arrêté Omar el-Béchir
"Il y a quelque chose de vraiment anormal lorsque les défenseurs des droits de l'homme sont traités comme des criminels tandis que ceux poursuivis par la Cour pénale internationale sont traités comme des dignitaires", a dénoncé l'ONG.
L'ONG de défense des droits de l'Homme Amnesty International a critiqué mercredi l'Afrique du Sud pour ne pas avoir arrêté le président soudanais Omar el-Béchir, inculpé par la Cour Pénale Internationale (CPI), lorsqu'il était sur son sol en juin 2015.
"Il y a quelque chose de vraiment anormal lorsque les défenseurs des droits de l'homme sont traités comme des criminels tandis que ceux poursuivis par la Cour Pénale Internationale sont traités comme des dignitaires", dans une allusion au Zimbabwe notamment, déplore le rapport annuel sur l'Afrique australe publié à Johannesburg.
L'Afrique du Sud avait déjà piétiné la Convention internationale de 1948 sur la prévention et la répression du crime de génocide – qu'elle brandit aujourd'hui contre Israël. Elle a accueilli sur son sol le président soudanais Omar el-Bechir alors sous le coup de deux mandats d'arrêt internationaux de la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes contre l'humanité et génocide.
En juin 2015, l'Afrique du Sud s'est ouvertement moquée des juridictions internationales. Elle a refusé de procéder à l'arrestation d'Omar el-Bechir, président du Soudan, et à la remise de celui-ci à La Haye pour être jugé par la CPI des crimes commis contre les civils du Darfour.
Cette trahison de ses engagements avait fait l'objet d'une condamnation de principe par la CPI. En effet, le 6 juillet 2017, la Cour jugeait que ce pays avait manqué à ses obligations en n'exécutant pas la demande d'arrestation et de remise à la Cour du tyran, alors président du Soudan, qui lui avait été transmise de manière formelle dans les jours qui avaient précédé son arrivée en Afrique du Sud.
L'Afrique du Sud s'inquiète-t-elle réellement du sort des victimes de génocide ? Tout laisse à penser le contraire. Bechir était le responsable en chef des exactions de masse à l'encontre des populations. Il était alors le chef des forces armées et des milices janjawids recrutées parmi les tribus arabes qui ont commis d'innombrables meurtres, des destructions de milliers de villages. Le viol a été utilisé comme arme de guerre et d'épuration ethnique. Les violences sexuelles et les tortures étaient utilisées systématiquement. Ces violences qui ont causé plus de 300 000 morts et avaient pour but le déplacement forcé de 2,5 millions d'Africains noirs dans l'intention pure et simple de détruire leur présence dans la région.
Le gouvernement de Pretoria continue à inviter des Soudanais meurtriers de masses, sans complexe. Récemment Cyril Ramaphosa, le chef de l'État sud-africain, recevait le général «Hemetti» – Mohammed Hamdan Daglo de son vrai nom. Celui-ci, outre son passé génocidaire au Darfour chez les Janjawids, est aussi considéré comme un des bouchers qui massacrèrent à Khartoum les manifestants pacifiques demandant l'avènement d'un régime démocratique en 2019. En ce moment, il met à feu et à sang son pays dans une lutte de pouvoir contre le général Burhan, chef de l'armée régulière. Cette rencontre s'est soldée par une chaleureuse poignée de main.
Si l'Afrique du Sud se préoccupait de la question des génocides, elle aurait collaboré avec la justice internationale plutôt que d'offrir une impunité à un dictateur sous le coup de deux mandats d'arrêt. Elle ne participerait pas à l'opération de réhabilitation du meurtrier Hemetti.
Qui peut croire que la grande préoccupation de Ramaphosa soit le sort des lointains Palestiniens, alors qu'est dédaignée la plus proche tragédie des populations africaines du Soudan ? Son dessein est de gagner de la surface sur le plan international, auprès de ses amis des Brics et de flatter le sentiment national en vue des prochaines joutes électorales où son pouvoir peut être menacé.
Afrique du Sud comme en algérie. Les migrant·e·s vivent dans la «peur constante».
"Les homicides survenus à Diepsloot ces derniers jours ne sont pas des incidents isolés. Ces attaques s’inscrivent dans le cadre de la vague croissante de violences à l’égard des migrant·e·s en Afrique du Sud" Shenilla Mohamed, directrice exécutive d'Amnesty International Afrique du Sud
Avec un taux de chômage de 35%, qui s’élève à 65% chez les jeunes, la population sud-africaine les voit comme des concurrents dans leur recherche d’emploi.
« Un certain nombre de Sud-Africains sont préoccupés par le fait qu’il est possible que ces personnes prennent leurs emplois et nous pensons que nous devons aborder cette question avec la sensibilité qu’elle requiert. Il n’est certainement pas nécessaire, par les Sud-Africains ou pour les Sud-Africains, de prendre des mesures de leur propre chef. » a ajouté Cyril Ramaphosa, président sud-africain.
Ces dernières semaines, l’opération Dudula qui signifie refoulement en zoulou a organisé plusieurs manifestations contre les immigrés illégaux.
Le gouvernement sud-africain veille à ce que ces rassemblements n’engendrent pas des violences xénophobes à leur égard.
Selon l’agence statistique sud-africaine, quelque 3,95 millions d’étrangers vivent dans le pays, dont des réfugiés politiques, des travailleurs expatriés qualifiés et des immigrés économiques.
Des boucs émissaires de premier choix
L’Afrique du Sud a une histoire d’attaques xénophobes perpétrées par des sudafricain qui accusent les citoyens d’autres pays africains, ainsi que des pays asiatiques, de venir voler leur emploi.
Vingt ans après la fin de l’Apartheid, l’Afrique du Sud reste une des sociétés les plus inégalitaire du monde, dont plus de 40 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, et les étrangers sont des boucs émissaires idéaux pour dédouaner l’ANC (Congrès national africain) de l’échec de sa politique.
«Cette violence est une mauvaise réponse à un vrai problème analyse Philippe Denis, historien enseignant à l’université de Pietermaritzburg et ancien directeur du projet Sinomlando, soutenu par le CCFD-Terre Solidaire. L’écart entre les riches et les pauvres ne cesse d’augmenter en Afrique du Sud. Globalement, le gouvernement de l’ANC n’a pas tenu ses promesses. Le pays a des ressources mais elles ne profitent pas aux pauvres à cause de la corruption et d’une inefficacité à tous les niveaux de gouvernement. Au cours des cinq dernières années de violentes manifestations contre l’incurie des services publics se sont multipliées. Les récentes attaques xénophobes ressemblent à ces protestations. Elles ont les mêmes racines». «Trop de Sud-Africains noirs ont peu ou rien tiré de ces deux décennies de liberté abonde Mike Pothier. Le système d’éducation a échoué, il y a de moins en moins d’emplois non qualifiés disponibles, les conditions de vie dans de nombreux townships et zones de constructions sauvages sont déplorables, et il y a peu d’espoir que leur situation s’améliore significativement. La promesse de 1994 n’a pas été matérialisée et, naturellement, quelqu’un doit en être blâmé ». « La pauvreté et le chômage ne font qu’ajouter de l’huile sur le feu, estime Herschelle Milford, de l’association SPP (Surplus People Project) basée dans la province du Cap occidental. Sans une stratégie cohérente et sans une réelle volonté politique, peu de choses changeront. Espérons que les pressions faites sur le gouvernement vont l’obliger à s’en prendre aux racines du problème».
Violences xénophobes en Afrique du Sud : «Pour l’UA, c’est une crise sécuritaire à l’échelle du continent»
Ces exactions de masse ne sont pas une première pour l’Afrique du Sud. En 2008, des émeutes xénophobes avaient fait soixante-deux morts et des dizaines de milliers de déplacés. Depuis, plus de 350 étrangers ont été tués selon le Centre des migrations africaines de l’université du Witwatersrand, à Johannesburg.
Des émeutes xénophobes en 2019 avaient fait une douzaine de morts et en 2008, une soixantaine de personnes avaient été tuées dans des violences. Il n’est pas clair si les données officielles incluent les sans-papiers.
La vague de violences xénophobes qu’a connu l’Afrique du Sud en 2019 a entraîné des réactions en cascade des pays africains, le Nigeria en tête.
Craignant pour leur vie, ils sont plusieurs centaines à se préparer à quitter le pays. Plus de 600 Nigérians se seraient déclarés candidats au départ et 320 d’entre eux seront rapatriés ce mercredi par la compagnie aérienne privée nigérianne Air Peace. Après une brève accalmie, les violences xénophobes ont repris cette semaine en Afrique du Sud.
Depuis les premières attaques, visant principalement des habitants et des commerçants africains – estimés à près de 2 millions dans le pays -, elles auraient déjà fait une dizaine de morts et de nombreux blessés. Ces incidents ont suscité une vague d’outrages sur le continent, et principalement au Nigeria, où des actions de représailles contre les intérêts sud-africains ont même été observées.
Pour des raisons de sécurité, le géant des télécoms MTN a été forcé de fermer ses enseignes dans le pays, et Pretoria s’est vue contraint de fermer son ambassade à Abuja et son consulat à Lagos – qui devraient cependant rouvrir bientôt. Parallèlement, le Nigeria rappelait son ambassadeur à Lagos et renonçait à participer au Forum économique mondial qui s’est ouvert au Cap le 4 septembre.
En 2015, l’Afrique du Sud a été frappée par au moins trois vagues d’attaques xénophobes, à chaque fois provoquées par un fait marquant, mais s’inscrivant dans un contexte favorable à l’éruption de ces violences. Au total, elles auraient provoqué une quinzaine de morts, déplacé plus de 5 000 personnes et des milliers de magasins et propriétés ont été détruits. Ces violences constituent un phénomène cyclique dans l’Afrique du Sud postapartheid. Elles font écho aux attaques plus meurtrières de mai 2008, qui en deux semaines s’étaient étendues à plus de 125 localités et avaient provoqué la mort de soixante-deux individus.
Migrants en algérie : "on est face à une xénophobie d’État"
En algérie, la situation des migrants se complique chaque jour un peu plus, les autorités semblent accélérer les renvois de migrants dans le désert, à la frontière avec le Niger.
L’algérie est un pays de transit pour beaucoup de migrants désireux de rejoindre l’Europe. La plupart de ces exilés subsahariens entrent par le sud du pays via le Mali et le Niger et continuent leur route vers le Maroc dans l’espoir d’atteindre l’Espagne. Mais leur chemin s’arrête généralement en algérie, où les autorités les renvoient dans le désert, à la frontière avec le Niger.
Refoulements dans le désert
Et depuis plusieurs mois, les autorités algériennes accélèrent ces renvois. Fin décembre 2016, plus de 1 500 personnes ont été arrêtées à alger et relâchées vers Agadez, au Niger, avant d’être expulsées dans leur pays d’origine.
Ces expulsions ont été menées dans un contexte de diabolisation des migrants par une partie des médias algériens arabophones et francophones, ouvertement xénophobes notamment après la loi de 2008 criminalisant l’«immigration illégale». On constate la récurrence d’une terminologie anxiogène assimilant les migrants à une «menace», à la «criminalité», à l’«insécurité», au «trafic de drogue», à l’«escroquerie», au «proxénétisme», aux «maladies», voire au «terrorisme» afin de justifier la politique d’État répressive.
Les migrants sont systématiquement décrits comme «illégaux», sans mentionner par exemple que certains, à l’instar des Maliens munis de leurs passeports, disposent de la libre circulation en algérie. La presse algérienne relaye abondamment le discours officiel d’État: les sources des articles se limitent bien souvent aux rapports des services de sécurité algériens, et bien entendu les principaux concernés, à savoir les migrants qui sont ainsi déshumanisés, sont rarement interrogés, pas plus que ne le sont les chercheurs ou les ONG travaillant sur la question.
Hormis quelques exceptions, le champ lexical de la presse semble dresser une barrière infranchissable entre les nationaux et les migrants subsahariens appelés «Africains» – comme si l’algérie n’était pas un pays africain –, présentant les conditions de vie misérables de certains de ces migrants comme leur étant intrinsèques et non dues au contexte social et politique, feignant d’ignorer leur rôle dans le développement local et les présentant comme un flot envahissant et homogène. En «chosifiant» les migrants et en reprenant des stéréotypes dévalorisants, la presse renforce et entretient le discours xénophobe officiel, qui y trouve une légitimation de sa politique sécuritaire et répressive.
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