Covid-19, Gazoduc, Aéronautique… : Quand l’Afrique s’éveillera, le monde tremblera…., le Modèle Maroc-Nigeria .
Le Modèle Maroc-NigeriaLe Nigéria travaille sur ses propres vaccins
Dans la plupart des pays du monde, des campagnes de vaccinations ont démarré. Au Nigéria, il y a quelques semaines l’état de Lagos a démarré sa campagne de vaccination. Alors que le pays ne dispose qu’actuellement que de 4 millions de doses environ de vaccins AstraZeneca grâce au dispositif Covax, nous apprenons que comme Cuba, le géant de l’Afrique de l’Ouest travaille sur des vaccins contre le coronavirus. Pour le moment, deux sont actuellement mis au point. Pour soutenir ce projet ambitieux, le pays aurait mobilisé d’ailleurs en Janvier dernier 25 millions $ précisent des sources bien introduites.
Certification des vaccins
Boss Mustapha, chef de la task force contre la Covid-19 a invité les institutions à jouer leur partition pour faciliter la certification de ces vaccins. « Je demande à toutes les agences concernées de fournir le soutien nécessaire et un environnement propice au bon déroulement des protocoles restants pour la certification de ces vaccins, afin d’encourager et de motiver d’autres chercheurs « , aurait affirmé l’officiel nigérian. Cela va sans aucun doute permettre à cette puissance de l’Afrique occidentale de se rapprocher de son objectif de vacciner une grande partie de sa population. En effet, le pays ambitionne de faire vacciner 140 millions de personnes sur les 200 que compte le pays. Des sources indiquent que le Nigéria n’écarte pas la possibilité de produire des vaccins étrangers sur son sol. Le pays dispose de certaines capacités industrielles et pourrait à l’instar du Maroc avec Sinopharm, se lancer dans la production à grande échelle. Cette volonté de devenir producteur prend d’autant plus de relief que l’initiative Covax destinées à fournir des vaccins aux pays en développement a du plomb dans l’aile, alors que l’Inde a décidé d’arrêter ses exportations, afin de fournir d’abord sa population.
« Chaque avion qui vole dans le monde porte, au moins, une pièce fabriquée au Maroc ». Moulay Hafid Elalamy, ministre marocain de l’Industrie, du commerce et de l’économie verte et numérique.
Une belle annonce a été faite par Moulay Hafid Elalamy, ministre de l’Industrie, du commerce et de l’économie verte et numérique, lors des RDV de l’industrie. La relance dans le secteur aéronautique ne saurait tarder et elle sera exponentielle.
«Ca va redécoller très vite et très fort dans le secteur aéronautique marocain» ! Cette annonce a été faite par Moulay Hafid Elalamy, le ministre de l’Industrie, du commerce et de l’économie verte et numérique, hier mardi 16 mars, lors des RDV de l’industrie, une rencontre-débat virtuelle entre les acteurs publics et privés de l’écosystème de l’aéronautique qu’il a présidée. Soyons clair, l’annonce d’Elalamy n’a rien à avoir avec l’aviation civile et, donc, la reprise des activités du segment aérien. Ici, on parle notamment de l’industrie aéronautique où le ministre fonde ses propos sur de solides arguments pour étayer son annonce. Comme premier argument, Elalamy a déclaré que «de très grands donneurs d’ordres ont pris de grandes décisions qui seront annoncées prochainement. Moi-même et certaines personnes ici présentes sont au courant de ces annonces très importantes pour le secteur». Nous n’en saurons pas plus, pour le moment, les dernières retouches étant probablement en train d’être apportées à ces dossiers.
Spirit et Hexcel annoncent des extensions d’usines
En attendant de connaître l’ampleur exacte et les effets d’entraînement bénéfiques de ces décisions sur le secteur, certains acteurs de l’écosystème aéronautique présents lors de la rencontre ont fait leurs propres annonces. C’était notamment le cas de Tom Gentile, patron de Spirit Aerosystem au Maroc qui a repris la filiale locale de Bombardier installée à Midpark, le parc industriel dédié à l’aéronautique situé à Nouaceur. Selon Gentile, «nous avons été enthousiaste pas seulement pour reprendre Bombardier, mais également pour tripler sa capacité de production au Maroc».
C’est également le cas de Thierry Merlot, Président Europe/Moyen-Orient Afrique/Asie Pacific de Hexcel. Selon lui, «Hexcel projette de se lancer à fond dans la fabrication des matériaux composites au Maroc. C’est pour raison que nous allons lancer très prochainement un projet d’extension de notre usine, pour un investissement de 240 MDH qui permettra de créer près de 200 emplois nouveaux». En plus de ces deux projets et ceux que l’on ne connait pas encore, Elalamy a avancé un second argument de taille qui plaide en faveur d’une forte reprise du secteur aéronautique. Il s’agit du fait que le Maroc soit parvenu à développer une double capacité : celle de fabriquer des pièces et celle de faire de l’assemblage. Et pas n’importe quelles pièces, parmi les 20.000 que l’on compte dans un avion ! «Lorsque vous dites à un donneur d’ordres que vous fabriquez des réacteurs et des parties chaudes aéronautiques, comme nous le faisons avec Safran, personne ne vous résiste. Pourquoi ? Parce que vous fabriquez les parties les plus complexes d’un avion», affirme le ministre. «C’est grâce à ses prouesses que le Maroc a aujourd’hui gagné la première place du secteur en Afrique, devant l’Afrique du Sud, et ses lettres de noblesse dans le secteur aéronautique mondial».
Le GIMAS a une solide feuille de route
Ses ressources humaines de qualité, son ingénierie, sa proximité géographique avec l’Europe, ses coûts compétitifs et sa vision à travers le PAI (Programme d’accélération industrielle) en ont fait un partenaire de référence mondiale. Pour autant, comme l’a dit Karim Cheikh, le président du GIMAS (Groupement des industries marocaines aéronautiques), « il faut continuer à se battre pour garder notre part de marché. C’est à cet effet que nous décidé de travailler sur plusieurs axes». Bencheikh a notamment parlé du développement des matériaux composites avec Stelia et Safran, de la décarbonation à travers la production verte de pièces moteurs, de propulsion hybride et de propulsion hydrogène, de la recherche appliquée, de la formation sans oublier l’entretien, la maintenance et la réparation avec Matis, Air France Industrie et Satys aéronautique au profit des flottes africaine et européenne. Pour booster la recherche appliquée dans le domaine aéronautique où les innovations vont très vite, le GIMAS a décidé de collaborer avec l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) de Benguerir, dont le président Hicham El Habti a présenté le supercalculateur. Rappelons que cet outil, développé en partenariat avec l’université de Cambridge, permet au Maroc d’occuper le 98e rang des superordinateurs les plus puissants au monde et la 26e place mondiale et à la 1re place africaine, en termes de puissance de calcul. Son usage intelligent peut tout changer dans l’innovation au Maroc ! Ce n’est pas tout, le royaume a également l’opportunité de se développer très prochainement dans l’expertise aéronautique. En effet, Thomas Corbel, président de LPF Aero, a annoncé qu’il projette de venir faire de l’intégration verticale à forte gamme dans le système de propulsion au Maroc.
Le secteur a bien amorti le choc provoqué par la crise
Last but not least: le dernier argument -et non des moindres- avancé par le ministre de l’Industrie pour conforter son annonce, c’est que «le Maroc a bien amorti le choc provoqué par la crise sanitaire de la Covid-19». En effet, contrairement à ce qui s’est passé sous d’autres cieux, où les avionneurs comme Boeing ou encore Airbus se sont retrouvés sous un électrochoc qu’ils ont dû encaisser en coupant dans leurs effectifs, le secteur aéronautique marocain n’a pas beaucoup souffert de la crise sanitaire. Sur les 142 usines qu’il compte, aucune n’a mis la clé sous le paillasson. Les pertes d’emplois se sont plafonnées à 10%, contre 43% au niveau mondial. Le chiffre d’affaires à l’export a reculé de 29%, contre 50 % au niveau mondial. Ceci, suite aux conséquences de la crise qui se sont notamment matérialisées par l’interruption des achats d’avions, la suspension de vols qui ont cloué les avions au sol. Selon Elalamy, malgré cette situation, des investisseurs ont renouvelé leur confiance au Maroc et projettent d’y investir à court terme.
ILS ONT DIT:Moulay Hafid Elalamy, Ministre de l’Industrie, du commerce et de l’économie verte et numérique
«Chaque avion qui vole dans le monde porte, au moins, une pièce fabriquée au Maroc».
Olivier Andriès, Directeur Général de Safran
«Nous sommes présents au Maroc depuis 20 ans. Et notre histoire avec le Maroc est un partenariat à long terme».
Hamid Benbrahim Andaloussi, Président de Midparc
«Nous ne sommes pas dans une industrie de main d’œuvre, mais dans une industrie de valeur ajoutée».
Karim Cheikh, Président du GIMAS
«La logique des écosystèmes structurés a fait beaucoup de bien au secteur aéronautique».
Quatre ans de PAI, le bilan
• Création de cinq écosystèmes : Assemblage – Ewis – MRE (Maintenance, répatration, entretien) – Boeing • 42 entreprises créées • Hausse de 88% du chiffre d’affaires (0,9 MMDH en 2015 à 1,7 MMDH en 2019 ) • Hausse de 75% des créations d’emplois (10.000 en 2015 à 17 000 en 2019 • Hausse du taux d’intégration (17% en 2015 à 38% en 2019 et donc l’objectif de 35% du PAI dépassé).
Quand l’Afrique s’éveillera…
France-Afrique;
Europe-Afrique;
Chine-Afrique;
Japon-Afrique;
Amérique du Sud-Afrique;
et, maintenant, États-Unis – Afrique.
Il n’y a pas d’ami éternel, ni d’ennemi éternel, mais il y a des intérêts éternels
Depuis la fin des années 2000, anciennes et nouvelles puissances voient le continent d’un autre œil. Un continent longtemps laissé à l’abandon ou entre les mains de ses anciens colonisateurs, aujourd’hui devenu incontournable dans les relations internationales. Parce qu’il représente d’alléchantes perspectives de développements commerciaux et un marché dynamique à très fort potentiel, et qu’il regorge des matières premières dont tant de pays ont besoin. En politique, il n’y a pas d’ami éternel, ni d’ennemi éternel, mais il y a des intérêts éternels. Chacun défend avant tout ses propres intérêts et, en la matière, les nuances demeurent faibles, malgré les bonnes et les mauvaises réputations, de Pékin à Washington en passant par Paris, qu’il s’agisse d’anciens ou de nouveaux amis.
On serait donc passé de la vision d’un « continent à sauver » à celle d’un «continent des possibilités »
C’est donc aux Africains de s’adapter à cette nouvelle donne pour en tirer le meilleur profit. Ce qui ne semble pas encore suffisamment le cas, notamment sur le plan économique. Négociations bâclées, naïveté, insuffisances en matière juridique, court et moyen termes souvent privilégiés, contrats signés trop souvent léonins (au détriment bien sûr des États africains), absence de véritables stratégies clairement définies…
Pour en tirer le meilleur parti, il faudra donc s’unir.
Des pays du continent comme le Maroc et le Nigéria commencent à jouer collectif, donc à se mettre ensemble, pour envisager un véritable développement et enfin peser. Ils seront ainsi beaucoup plus forts dans leurs négociations avec les grands groupes internationaux.
Le projet de gazoduc Maroc-Nigéria
Le projet de gazoduc Maroc-Nigéria (ralliant le Nigéria au Maroc en traversant 14 pays) pourrait devenir une référence de relation Sud-Sud, tant au niveau économique que politique. Il permettrait de connecter les ressources gazières nigérianes aux pays de l’Afrique de l’Ouest et au Maroc pour desservir l’Europe par la suite. Il existe déjà deux gazoducs dans la zone Afrique du Nord-Ouest, le « West African Gas Pipeline », qui relie le Nigéria au Ghana, en passant par le Bénin et le Togo, et le gazoduc Maghreb-Europe (également nommé « Pedro Duran Farell ») qui relie l’Algérie à l’Europe via l’Espagne (Cordoue) en passant par le Détroit de Gibraltar et le Maroc. Le projet de gazoduc Maroc-Nigéria devrait donc relier le West Africain Gas Pipeline. Ce projet s’inscrit également dans la diplomatie ouest-africaine puisqu’il impliquerait la plupart des pays membres de la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest).
La stratégie des acteurs impliqués
Le gazoduc Maroc-Nigéria devrait mesurer environ 5 660 kilomètres de long. Il longerait la côte Ouest Africaine en traversant ainsi 14 pays : Nigéria, Bénin, Togo, Ghana, Côte d’Ivoire, Liberia, Sierra Leone, les trois Guinée, la Gambie, le Sénégal, la Mauritanie et le Maroc. Le prix est estimé pour l’instant entre 20 et 25 milliards de dollars.
Ce projet a été annoncé en Décembre 2016, lors de la visite d’État du souverain marocain au Nigéria. En Mai 2017, des accords de coopération ont été signés à Rabat pour engager les deux parties à parrainer une étude de faisabilité (terminée en Juillet 2018) ainsi qu’une pré-étude des détails (FEED) rendue au premier trimestre 2019. En Juin 2018, des accords relatifs à sa construction sont signés à Rabat.
Les différents acteurs du projet estiment que celui-ci permettrait de booster les industries régionales, soutenir la création de pôles industriels, faciliter l’essor des secteurs de l’industrie, de la transformation alimentaire et des engrais, mais aussi d’améliorer la compétitivité des exportations entre pays africains. Il permettrait donc à l’Afrique de l’Ouest de s’auto-suffire dans ces domaines-là.
Il faut rappeler également que ce projet de gazoduc s’inscrit après la découverte de gaz dans la province de l’Oriental Marocain, qui amène le Maroc à un plan gazier appelé « Gas to Power ». Différents acteurs sont mêlés autour de ce projet de gazoduc Maroc-Nigéria. Il a vu le jour sous l’impulsion tout d’abord du Maroc, à travers son souverain, Mohammed VI, et son Ministre de l’Énergie des Mines et du Développement durable, et du Nigéria à travers son Président, Muhammadu Buhari. Le Nigéria est le 22ème producteur mondial de gaz, 5ème exportateur dans le monde et premier en Afrique. La CEDEAO aura, elle, un rôle moteur dans la négociation des accords et l’encadrement de la construction du gazoduc dans la mesure où les États traversés par le gazoduc en font partie.
Des acteurs privés sont également impliqués jusqu’ici, notamment des cabinets britanniques comme Pempsen qui est intervenu dans l’étude de faisabilité et la pré-étude de détails du gazoduc. L’ONHYM (Office National des Hydrocarbures et des Mines du Maroc) et la NNPC (Nigerian National Petroleum Corporation) ont également joué un rôle prépondérant dans la mesure où ils ont effectué le tracé du gazoduc, tracé offshore et onshore, ont choisi la société Pempsen et ont réalisé avec elle la première phase du projet avec la pré-étude de détails (FEED). Des banques internationales de développement vont également être sollicitées afin d’obtenir les financements du projet, pour accompagner les fonds souverains des deux pays qui sont pour le Maroc Ithmar Capital et pour le Nigéria le Nigerian Sovereign Investment Authority (NSIA).
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Avec, leseco.ma et autres presses
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