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Covid-19: Amnesty International, Human Rights Watch (HRW) et EuroMed Droits « l’Algérie resserre l

Pendant la pandémie, l’Algérie resserre l’étau. Des manifestants languissent en prison, d’autres les y rejoignent.

Les autorités algériennes profitent de la crise de Covid-19 pour tenter d’étouffer définitivement les manifestations prodémocratie, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui.

Alors que le monde se bat contre la pandémie, certains régimes autoritaires y ont vu l’occasion rêvée de consolider leur pouvoir en piétinant les droits humains. Ainsi, tandis que le Parlement hongrois donnait carte blanche au Premier ministre Viktor Orban pour gouverner par décret indéfiniment, la police de Hong Kong, sans doute sur instigation des autorités de Chine continentale, arrêtait des leaders de l’opposition démocratique pour des « manifestations non autorisées »… datant de l’année dernière.

L’Algérie suit la même pente.

« la répression ne se confine pas »

Alors que le mouvement populaire de contestation marque le pas pour raison sanitaire, la liste des opposants interpellés n’a jamais été aussi longue.

La mafia politico-militaro-financière algérienne instrumentalise l’épidémie de Covid-19 pour réduire au silence ses opposants et se venger des militants du Hirak, le mouvement populaire qui secoue le pays depuis février 2019. Alors que les habitants ont interdiction de sortir une partie de la journée et sont incités à rester chez eux, emprisonnements et harcèlements sont devenus quotidiens. « Ici, la justice et la répression ne se confinent pas », ironisent, entre crainte et amertume, de nombreuses personnes.

Chaque vendredi depuis le 22 février 2019, les Algériens manifestaient dans plusieurs villes, en masse et sans violence, pour un changement démocratique et le départ de certains hauts gradés et proches de la présidence qui détiendraient le pouvoir réel. Le Hirak, mouvement protestataire le plus soutenu que le pays ait connu depuis trois décennies, avait déjà réussi à pousser à la démission le président aux quatre mandats, Abdelaziz Bouteflika, et à retarder, deux fois, l’élection de son successeur – jusqu’à ce qu’Abdelmadjid Tebboune, Premier ministre de Bouteflika, « remporte » le scrutin le 12 décembre au prix d’une abstention record.

Dès qu’il a pris ses fonctions, Tebboune a proposé de dialoguer avec le Hirak, affirmant qu’il souhaitait une réforme politique « radicale » visant à « rompre avec les mauvaises pratiques, moraliser la vie politique et changer le mode de gouvernement ».

En pratique, Tebboune s’est montré moins conciliant. En février, un an après le déclenchement du Hirak, des dizaines de militants pacifiques étaient toujours derrière les barreaux, et 173 en jugement. Aucun n’a bénéficié de la grâce présidentielle accordée le même mois à 9 765 détenus.

Puis le coronavirus a frappé, et très peu ont manifesté le vendredi 13 mars. Quelques jours plus tard, les activistes du Hirak ​​appelaient à suspendre les actions de rue. Le 17 mars, le gouvernement interdisait les rassemblements publics, comme tant d’autres pays, en réponse à la pandémie.

Sans doute enhardies par le confinement qui compliquait grandement les manifestations de masse, les autorités ont alors intensifié leur répression du Hirak. Les tribunaux ont condamné des personnalités du mouvement comme Karim Tabbou et Abdelouahab Farsaoui, respectivement le 24 mars et le 6 avril, à un an de prison chacun pour des chefs d’inculpation vagues comme l’« atteinte à l’unité nationale». Le journaliste et activiste Khaled Drareni, qui couvrait les manifestations depuis le début, a été emprisonné le 27 mars et fait face aujourd’hui à des accusations similaires. Les autorités ont bloqué des sites web critiques et arrêté des jeunes comme Walid Kechida qui avaient poursuivi le Hirak, pacifiquement, sur Internet.

« Je suis sûr que Hirak reprendra dès la fin du confinement« , a déclaré Mohammed, un ingénieur de 30 ans dans une entreprise d’État qui est régulièrement descendu dans la rue au cours de l’année écoulée et a demandé à être identifié uniquement par son prénom pour sa sécurité. « Rien ne pourra l’arrêter. »


Une autre grâce a été accordée le 1er avril à 5 037 prisonniers, en vue de réduire la surpopulation carcérale à l’heure de la pandémie. Mais une fois de plus, aucun détenu du Hirak ne figurait parmi eux.

Selon toute apparence, les autorités algériennes profitent de la crise de Covid-19 pour tenter d’étouffer définitivement les manifestations prodémocratie.

Pendant la pandémie, l’#Algérie resserre l’étau. Tribune de @goldsteinricky @hrw. https://t.co/yHkTRCqsJl #Covid19 #Hirak — HRW en français (@hrw_fr) April 29, 2020

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