PHOTO MANUEL ALVARADO, REUTERS
(Guanare) Au moins 47 détenus sont morts au cours d’une mutinerie survenue dans une prison de l’ouest du Venezuela, où les ONG et les proches des prisonniers dénoncent régulièrement l’insalubrité, la violence et la surpopulation des centres pénitentiaires.
Le bilan de la mutinerie intervenue vendredi au Venezuela s’est aggravé. Samedi soir, une ONG a indiqué que le nombre de mort était passé à 47.
AGENCE FRANCE-PRESSE: Selon un communiqué d’une organisation des droits de l’homme, le bilan de morts de la mutinerie survenue vendredi est passé à 47 personnes décidées. « Pour l’instant, nous avons pu confirmer 47 morts et 75 blessés », a déclaré à l’AFP la députée Maria Beatriz Martinez, élue de l’Etat de Portuguesa où se trouve la prison. Des chiffres également donnés par l’Observatoire vénézuélien des prisons. Un précédent bilan de l’armée faisait état de 17 morts et neuf blessés vendredi soir.
Le Venezuela est confronté à la crise sociopolitique qui continue de nourrir les débats notamment avec le coup de force de l’opposant Juan Guaido. Dans cette période de covid-19, le régime du président Nicolas Maduro s’est engagé sur le plan sécuritaire face à la situations.
Samedi, les autorités vénézuéliennes n’avaient pas avancé de bilan chiffré. Un précédent bilan consigné dans un rapport de l’armée faisait état de 17 morts et neuf blessés, vendredi soir.
« Pour l’instant, nous avons pu confirmer 47 morts et 75 blessés », a déclaré à l’AFP Maria Beatriz Martinez, députée de l’État de Portuguesa où se trouve la prison qui a été le théâtre de la mutinerie vendredi après-midi.
L’ONG de défense des droits des prisonniers Observatoire vénézuélien des prisons a donné les mêmes chiffres, qualifiant ce bilan de « massacre ».
Selon ces deux sources, toutes les personnes décédées étaient des détenus du centre pénitentiaire Los Llanos situé à Guanare, le chef-lieu de Portuguesa.
Selon ce document, auquel l’AFP a eu accès, « des troubles à l’ordre public » ont eu lieu dans la prison vendredi, quand des détenus ont brisé « les grillages de sécurité délimitant le périmètre » à l’extérieur de l’établissement, « dans une tentative d’évasion massive ». Le directeur de la prison a lui-même été blessé.
Mais d’après la députée Maria Beatriz Martinez, « il n’y pas eu de tentative d’évasion. Il y a eu un soulèvement d’un groupe de prisonniers qui protestaient parce qu’ils n’avaient pas accès à la nourriture ». Et, selon l’Observatoire vénézuélien des prisons, les gardiens ont ouvert le feu à la suite de ce soulèvement.
Insalubrité et surpopulation
En raison de la pandémie de coronavirus qui sévit aussi au Venezuela, les visites des familles et proches aux détenus ont été drastiquement réduites. Or, les détenus reçoivent souvent de la nourriture et des médicaments grâce à ces visites.
« Ce qui se passe en ce moment, c’est à cause des gardiens. Ils ne transmettent pas (aux prisonniers, NDLR) la nourriture » apportée par leur famille, a expliqué à l’AFPTV Yessica Jimenez, dont un proche est détenu à Los Llanos.
Le nouveau bilan de la mutinerie a pu s’établir « à travers la morgue, grâce aux proches qui ont reconnu les morts sur les photos qu’on leur a montrées sur ordinateur », a indiqué Carolina Giron de l’Observatoire vénézuélien des prisons. Les proches « n’ont pas accès à l’hôpital », a-t-elle ajouté.
Selon cet Observatoire, quelque 97 détenus sont morts derrière les barreaux l’an dernier au Venezuela, dont 70 % en raison de maladies comme la tuberculose, faute de médicaments et de soins.
Selon une autre organisation de défense des détenus, Una Ventana a la libertad (Une fenêtre sur la liberté), quelque 192 personnes sont mortes l’an dernier dans des cellules de commissariats de police, faute de place dans les prisons. Dans les centres de détention préventive, la surpopulation peut atteindre 500 %, selon Una Ventana a la libertad.
Les autorités vénézuéliennes affirment qu’aucun cas de coronavirus n’a été enregistré dans les prisons du pays.
Le Venezuela a officiellement recensé 345 cas de COVID-19 et 10 décès liés à la maladie. Des chiffres que le chef de file de l’opposition Juan Guaidó réfute, accusant le gouvernement du président socialiste Nicolas Maduro de « mentir de manière effrontée ».
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