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Conflit en Ukraine: l’Afrique est-elle pro-russe?

Conflit en Ukraine : l’Afrique est-elle pro-russe?

  1. L’Afrique est-elle pro-russe ?

  2. La Russie a-t-elle étendu son influence en Afrique?

Ces dernières années, la Russie a étendu son influence en Afrique et, après l’invasion de l’Ukraine, elle attend de ses nouveaux alliés qu’ils lui apportent leur soutien, ou du moins qu’ils restent neutres, dans les instances internationales telles que l’ONU.

De la Libye au Mali, en passant par le Soudan, la République centrafricaine (RCA), le Mozambique et d’autres pays, la Russie s’implique davantage, souvent militairement, en aidant à combattre les rebelles ou les militants djihadistes.

Depuis quelques années, la Russie grignote peu à peu le pré carré français. Jusqu’à son éviction du Mali par une junte, qui ne cache pas son admiration pour le président russe. Tout comme à Bangui, où Moscou entend prendre la place de Paris. Le sentiment anti-français au Sahel n’est pas créé par la Russie mais instrumentalisé par Moscou qui s’appuie sur le groupe paramilitaire Wagner pour étendre son influence. Le Mali et la Centrafrique ont confié une partie de leur sécurité à la société dirigée par un oligarque proche de Vladimir Poutine. « La base centrale de Wagner est en Afrique, dans le sud de la Libye, c’est là que transitent tous les avions avant d’être transférés vers la Centrafrique, vers le Mali. Nous avons vu des traces de vols, quatre par semaine, à partir de début janvier, vers la Syrie et ensuite vers l’Ukraine », assure Alexandra Jousset, autrice-réalisatrice du documentaire Wagner, l’armée secrète de Poutine.

© TV5MONDE


Lors d’une réunion, le 2 mars 2022, l’assemblée générale les nations unies a adopté un projet de résolution qui condamne le Russie, après son attaque militaire contre l’Ukraine.

Ce projet de résolution a été adopté par 141 états, sur un ensemble de 193, ce dernier appelle le Russie à cesser d’utiliser le force contre l’Ukraine et annuler sa reconnaissance de l’autonomie les deux régions de Lougansk et de Donetsk.

Le Royaume du Maroc a décidé de ne pas participer au vote de cette résolution.

La non-participation du Maroc ne saurait faire l’objet d’aucune interprétation par rapport à sa position de principe concernant la situation entre la Fédération de Russie et l’Ukraine, telle que réaffirmée dans le Communiqué du Ministère des Affaires Etrangères, de la Coopération Africaine et des Marocains Résidant à l’Etranger, en date du 26 février 2022.

En effet, le Royaume du Maroc continue de suivre avec inquiétude et préoccupation l’évolution de la situation entre l’Ukraine et la Fédération de Russie. Il regrette l’escalade militaire qui a fait, malheureusement, à ce jour, des centaines de morts et des milliers de blessés et qui a causé des souffrances humaines des deux côtés, d’autant que cette situation impacte l’ensemble des populations et des États de la région et au-delà.

Le Royaume du Maroc réaffirme son fort attachement au respect de l’intégrité territoriale, de la souveraineté et de l’unité nationale de tous les États Membres des Nations Unies.

Le Royaume du Maroc rappelle que, conformément à la Charte des Nations Unies, les Membres de l’Organisation se doivent de régler leurs différends par des moyens pacifiques et selon les principes du droit international, afin de préserver la paix et la sécurité mondiales.

Le Royaume du Maroc a toujours œuvré pour favoriser le non recours à la force pour le règlement des différends entre Etats. Il appelle à la poursuite et à l’intensification du dialogue et de la négociation entre les parties pour mettre fin à ce conflit et encourage toutes les initiatives et actions à cette fin.

Par ailleurs, et en réponse à l’appel du Secrétaire Général de l’ONU, le Royaume du Maroc a décidé d’apporter une contribution financière aux efforts humanitaires des Nations Unies et des pays voisins.

Au Conseil de sécurité des Nations unies, le Kenya, actuellement membre non permanent, a exprimé très clairement son opposition à l’action de la Russie en Ukraine.

L’organe continental, l’Union africaine, s’est dit « extrêmement préoccupé » par ce qui se passait, mais est resté discret dans ses critiques à l’égard de la Russie.

L’Afrique du Sud, qui est un partenaire de la Russie au sein du groupe Brics, a appelé le pays à retirer ses forces d’Ukraine, mais a déclaré qu’elle gardait l’espoir d’une solution négociée.

L’Algérie, cette dernière s’est abstenue de voter et tient donc sa position de non-alignée exprimée déjà depuis le début de cette crise entre le Russie et l’Ukraine.

Cette position a permis de révéler les contradictions de l’Algérie En effet, l’Algérie n’a pas une position simple devant la communauté Internationale à propos notamment d’un article de loi inscrit dans la constitution, réputé immuable, tel que le droit à l’autodétermination. 

Parmi les constantes de la constitution algérienne, l’on retrouve un article spécifique, inhérent à la solidarité de l’Algérie envers les peuples luttant pour leur libération politique et économique. Dans sa révision constitutionnelle de 1996, l’article n° 27 stipule ‘’ L’Algérie est solidaire de tous les peuples qui luttent pour la libération politique et économique, pour le droit à l’autodétermination et contre toute discrimination raciale’’. Les révisions constitutionnelles de mars 2016 et de 2020, viendront confirmer ce même article, via leurs alinéas 30 et 32, respectivement. L’Algérie est un soutien de longue date la milice armée du « polisario » dans leur pour nuire au royaume chérifien. Plusieurs Présidents algériens soutiendront cette milice… En février 2017, le gouvernement de Bouteflika, renouvela le soutien constant de l’Algérie aux miliciens polisariens, en appelant à la tenue d’un référendum sous son égide. Début juin 2021, Abdelmadjid Tebboune s’est rendu au chevet de Brahim Ghali, chef de la milice armée du « polisario » , dont Alger est le principal soutien chef, lors de son hospitalisation en Espagne. Quelques jours plus tard, il l’accueillera dans un hôpital militaire Algérien, en vue de sa convalescence. Le 19 juin 2021, une rencontre diplomatique à Alger dédiée à la question sahraouie a mis en avant les positions indéfectibles de l’Algérie en faveur de la milice armée du « polisario » et l’ensemble des causes de libération dans le monde (source Agence Presse Algérie). Le tandem Algérie / Polisario met ainsi en exergue des relations diplomatiques bilatérales historiques et soutenues, dans un contexte de crise sans précédent dans la région.

Moscou est le premier fournisseur d’armement à l’Algérie, qui a augmenté ses importations d’armes de 64 % entre 2016 et 2020 selon le rapport du Sipri (Stockholm International Peace Research Institute).

Par ailleurs, le président de la RCA, Faustin-Archange Touadéra, aurait soutenu la décision de la Russie de reconnaître les régions ukrainiennes de Donetsk et de Louhansk comme des États indépendants.

Et mercredi, le chef adjoint de la junte soudanaise, Mohamed Hamdan Dagalo, a conduit une délégation à Moscou, signe d’un rapprochement entre les deux pays.

L’un des exemples les plus flagrants de l’évolution des alliances en Afrique est apparu une semaine avant l’attaque de la Russie contre l’Ukraine, avec la fin de la participation française à la lutte contre les djihadistes au Mali.

Le Premier ministre malien, Choguel Maiga, a confirmé, dans une interview accordée à France24, que son pays avait signé des accords de coopération militaire avec la Russie. Mais, il a nié que la société militaire privée russe controversée, le groupe Wagner, soit impliquée.

L’aide russe au Mali, ainsi que l’offre qui aurait été faite au gouvernement militaire du Burkina Faso, s’inscrivent dans le cadre des mesures prises par la Russie au cours des cinq dernières années pour accroître son influence en Afrique, tant officielle qu’informelle.

Alors que l’engagement renouvelé de la Russie et de l’Afrique prenait de l’ampleur, un sommet organisé en 2019 dans la ville de Sotchi, dans le sud de la Russie, a réuni des délégués de plus de 50 pays africains, dont 43 chefs d’État.

Le président Vladimir Poutine s’est adressé aux dirigeants, faisant appel à un passé de soutien aux mouvements de libération et s’engageant à stimuler le commerce et les investissements.

Mais il y a également eu un autre type de présence: la fourniture opaque de sécurité aux gouvernements d’un certain nombre de pays africains, sous forme de formation, de renseignements et d’équipements, ainsi que l’implication de mercenaires russes (Groupe Wagner) dans les conflits locaux.

Comme l’a indiqué M. Poutine, il existe des liens historiques qui remontent à l’époque de l’URSS, le prédécesseur de la Russie, lorsque l’Afrique était l’une des nombreuses sphères de concurrence entre celle-ci et les États-Unis.

Mais depuis l’effondrement de l’URSS en 1991 jusqu’au début de la dernière décennie, alors que la Russie traversait une période de transition, les relations avec l’Afrique ne figuraient pas en tête des priorités.

Puis, retrouver le statut de superpuissance est devenu une priorité de politique étrangère pour le président russe.

En 2014, après l’annexion par la Russie de la péninsule ukrainienne de Crimée et les sanctions internationales qui ont suivi, les relations avec les États-Unis et l’Union européenne se sont fortement détériorées.

Face à la menace d’un isolement international, Moscou a commencé à chercher de nouveaux alliés.

« À la suite des sanctions, la Russie a dû chercher de nouveaux marchés pour ses exportations« , explique Irina Abramova, directrice de l’Institut de l’Afrique à l’Académie nationale des sciences de Russie.

Mais la Russie ne cherchait pas seulement des marchés, elle voulait aussi accroître son influence dans le monde.

En 2014, elle s’est impliquée dans la guerre civile en Syrie, soutenant le président Bachar al-Assad, en partie pour mettre en évidence le chaos que l’Occident était en train de créer et montrer comment la Russie pouvait le réparer.

De la Syrie, elle s’est ensuite tournée vers le continent africain.

Irina Filatova, professeur honoraire de l’université de KwaZulu-Natal en Afrique du Sud, explique que la tâche principale de la Russie en Afrique était de discréditer l’influence occidentale, de la même manière qu’en Syrie.

Elle voulait montrer que les Européens, par exemple, n’avaient pas réussi à contenir la menace djihadiste dans le Sahel.

Elle l’a fait par le biais d’une double politique en Afrique, combinant des instructeurs militaires officiels travaillant dans certains pays, et des agences informelles, telles que le Groupe Wagner, combattant dans un certain nombre d’autres.

La RCA a été le premier pays africain où des mercenaires russes du groupe Wagner sont apparus en 2017.

Plus tard, ils ont été suivis par un contingent officiel de consultants militaires russes. Leur objectif était d’aider le président Touadéra à garder le contrôle.

Les allégations d’atrocités commises par les mercenaires sont devenues courantes, mais la Russie a toujours nié qu’un de ses citoyens ait été impliqué dans des crimes de guerre ou des violences contre des civils.

Les mercenaires russes ont également été actifs en Libye, au Soudan, au Mozambique et au Mali, avec plus ou moins de succès.

Autre signe de l’importance croissante du continent, l’Afrique est devenue un marché clé pour l’industrie de l’armement russe. Selon l’agence nationale d’exportation d’armes, près de la totalité des armes destinées à l’Afrique proviennent de Russie.

Les principaux importateurs sont l’Algérie et l’Égypte, mais de nouveaux marchés ont vu le jour au Nigeria, en Tanzanie et au Cameroun.

Mais il y a aussi un prix à payer pour des liens plus étroits sur le front diplomatique. L’Afrique, au total, dispose de plus d’un quart des voix à l’Assemblée générale des Nations unies, et peut être une voix collective puissante dans d’autres organes internationaux.

Un rapport de 2021 sur les perspectives de coopération entre l’Afrique et la Russie, publié par l’École supérieure d’économie de Moscou, souligne que les pays africains ont eu tendance à rester neutres face aux actions de la Russie par le passé.

« Aucun des pays africains n’a introduit de sanctions contre la Russie [après 2014]. Lors des votes à l’ONU sur les questions liées à l’Ukraine, la plupart des pays du continent expriment une position neutre », indique le rapport.

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