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Burundi: la cour constitutionnelle ordonne l’investiture d’Évariste Ndayishimiye

Le président élu, Évariste Ndayishimiye (à gauche), et le défunt président du Burundi, Pierre Nkurunziza (à droite), lors d’une réunion du Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces de défense de la démocratie, le 28 mai 2020. © AFP


Burundi: la cour constitutionnelle ordonne l’investiture d’Évariste Ndayishimiye

Alors que le calme régnait à Bujumbura, l’ancienne capitale du pays, où un deuil de sept jours a été décrété, les ministres burundais se sont réunis en conseil extraordinaire, jeudi, au palais présidentiel Ntare Rushatsi, pour prendre des décisions au sujet de “la gestion de la situation consécutive au décès inopiné” du Président sortant, Pierre Nkurunziza, lundi dernier (voir le communiqué intégral à la fin de ce texte). La réunion, présidée par le premier vice-Président, Gaston Sindimwo, a décidé la saisine de la Cour constitutionnelle “afin qu’elle constate la vacance du poste de Président de la République tout en indiquant les modalités de pourvoi à ce poste”.

Selon la Constitution de 2018, en cas de vacance de poste définitive de la présidence, l’intérim est censé être assuré par le président de l’Assemblée nationale, poste actuellement occupé par Pascal Nyabenda.

Le professeur Stef Vandeginste,constitutionnaliste note que le communiqué du gouvernement évite une difficulté : le Burundi est actuellement entre deux Constitutions. La nouvelle, entrée en vigueur en juin 2018, prévoit des institutions qui n’existent pas encore et seront mises sur pied sur base des élections du 20 mai. “Saisir la Cour constitutionnelle pour qu’elle constate la vacance du pouvoir est confié par la nouvelle Constitution au vice-Président unique de la République et au gouvernement. Mais ce vice-Président unique n’existe pas encore. On en est toujours aux deux vice-Présidents de l’ancienne Constitution. Le communiqué gouvernemental se sort de la difficulté en indiquant que l’organe compétent pour effectuer cette saisine est “pour le moment” composé de deux vice-Présidents et du gouvernement”.

La Cour constitutionnelle du Burundi a ordonné ce vendredi l’investiture d’ Evariste Ndayishimiye après le décès inopiné du président Pierre Nkurunziza.

Le nouveau président, Évariste Ndayishimiye, devrait être investi « le plus rapidement possible », a décidé vendredi la Cour constitutionnelle du Burundi, après le décès prématuré du président sortant, Pierre Nkurunziza.

La Cour constitutionnelle a vidé la question de succession de Pierre Nkurunziza qui crée d’incertitude depuis plusieurs jours. Ce vendredi, la Cour a rejeté l’idée d’un intérim afin de permettre au président élu de prendre directement ses fonctions.

« Pas d’intérim nécessaire, le président élu (Évariste Ndayishimiye) doit prêter serment le plus rapidement possible », a décrété la Cour, selon le responsable de la communication présidentielle Willy Nyamitwe. Elu à la présidentielle du 20 mai, le général Ndayishimiye devait initialement prendre ses fonctions le 20 août, à la fin du mandat du défunt président.

« Les généraux ont opté pour une intronisation immédiate »

Acquise à sa cause, la Cour constitutionnelle l’a suivi sur ce point. Dans les faits, la décision de renoncer à un intérim a été prise par les quelques généraux issus de l’ancienne rébellion hutu lors de la guerre civile qui partageaient la réalité du pouvoir avec le défunt président.

« Les généraux ont finalement opté pour une intronisation immédiate du président élu pour éviter une longue période de transition et les tensions qui pourraient naître de ce fait » entre eux, a indiqué à l’AFP un haut responsable burundais qui a requis l’anonymat.

Alors que l’incertitude règne, l’opposition avait réclamé l’organisation de nouvelles élections comme l’exige la constitution après une vacance du pouvoir. Cette option est désormais rejetée par la plus haute institution en matière constitutionnelle.

Évariste Ndayishimiye, né vers 1968 dans la province de Gitega, est un militaire et homme politique burundais. Entre 2016 et 2020, il est secrétaire général du Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces de défense de la démocratie, le parti au pouvoir. Candidat à l’élection présidentielle de 2020, il est élu dès le premier tour. En 1995, Ndayishimiye est l’un des rares étudiants hutus à l’université du Burundi. Il échappe de peu au nettoyage ethnique contre les étudiants hutus menées par des étudiants tutsis. Il s’enfuit et fait partie des premiers à rejoindre l’opposition armée des Forces de défense de la démocratie (FDD), créée après l’assassinat du président hutu Melchior Ndadaye ; une partie de sa famille est cependant exécutée. Pendant une décennie, dans les maquis des FDD dans la forêt de la Kibira (au Burundi) et dans l’est de la république démocratique du Congo (dans la presqu’île d’Ubwari), Évariste Ndayishimiye est commandant dans différentes régions et gravit tous les échelons militaires. À la fin de la guerre, il est président du bureau chargé de la conception et de la planification de la politique de la lutte. L’accord d’Arusha, signé en 2000, met progressivement fin à la guerre civile burundaise : les FDD acceptent de le signer fin 2002 et renoncent au combat armé. En 2005, Évariste Ndayishimiye est nommé chef d’État major adjoint des nouvelles Forces de défense nationale (FDN) avec rang de général. Puis entre 2006 et 2007, il est ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique. Ndayishimiye devient ensuite chef de cabinet militaire à la présidence, poste qu’il occupe jusqu’en 2014 pour prendre, l’année suivante, la tête du cabinet civil du président Pierre Nkurunziza. En août 2016, il est élu secrétaire général du CNDD-FDD où il remplace Pascal Nyabenda. Depuis 2005, Ndayishimiye est l’un des hommes politiques les plus influents au Burundi.

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