Les nuages s’accumulent dans le ciel de Sonatrach « vache à traire ». Dernière mauvaise nouvelle en date, le fournisseur de gaz espagnol Naturgy a indiqué prévoir de lancer une procédure d’arbitrage international à l’encontre du groupe pétrolier public.
Naturgy veut obtenir une révision à la baisse des prix de vente du gaz naturel conclus entre les deux parties, dans un contexte d’effondrement des cours des hydrocarbures ayant rendu prohibitifs les contrats liant l’Espagne à plusieurs de ses fournisseurs, rapportent plusieurs médias qui citent le journal espagnol Cinco Dias.
Dans un entretien accordé par Abdelmadjid Attar, Consultant et ancien PDG de Sonatrach au est un quotidien généraliste algérien « El Watan » en AVRIL 2020.
«Je vois mal l’Espagne tourner le dos au gaz algérien au profit du gaz américain»
En réponse à la question « L’Algérie a été supplantée par les Etats-Unis il y a quelques semaines en matière de livraison de gaz à l’Espagne. Cette tendance est-elle conjoncturelle ou menace-t-elle, sur la durée, la position de l’Algérie en tant que principal fournisseur de gaz à l’Espagne ? » La réponse était « Abdelmadjid Attar, « Je ne dispose sincèrement pas d’informations exactes sur ce sujet, qui a fait l’objet d’un article de presse, mais à mon avis il ne s’agit, si cela est vrai, que d’une tendance conjoncturelle en fin d’année 2019, ou tout au plus début 2020. Cela est possible pour une courte période au cours de laquelle des cargaisons de GNL peuvent arriver en Espagne, ou même ailleurs, à des prix compétitifs, mais je vois mal l’Espagne tourner le dos au gaz algérien au profit du gaz américain, que la crise actuelle va certainement faire reculer pour une bonne période et bien au-delà de 2021. Il est normal que l’Espagne, ou tout autre pays consommateur, cherche à diversifier ses importations, mais il est tout aussi important d’assurer son approvisionnement sans interruption à partir de sources fiables et proches comme l’Algérie, qui est reliée à l’Espagne avec deux gazoducs, dont la capacité annuelle est de 20 milliard de mètres cubes, sans compter les capacités de GNL. Le gaz algérien est certes le plus compétitif sur le bassin méditerranéen, mais Sonatrach devra aussi se battre pour préserver sa part de marché. Et de toutes les façons, à chaque fois qu’un volume de gaz ne sera pas placé en Espagne ou ailleurs, cela voudra dire qu’il est préservé pour notre marché intérieur dans le futur, et que le pays sera obligé de remplacer sa recette d’exportation par une autre richesse. C’est la stratégie du futur à suivre. » La commercialisation du gaz algérien vers ses principaux clients en Europe, est en difficulté, et risque de se compromettre, notamment avec la demande de révision des prix demandée par Naturgy, partenaire Espagnol de la Sonatrach qui prévoit de saisir un arbitrage international à ce sujet. C’est ce qui a été confirmé lundi par le journal espagnol « cinco Dias » , qui cite le président de Naturgy, Francisco Reynés, qui a affirmé que sa société « aurait recours à tout instrument juridique pour adapter ses contrats internationaux de gaz naturel à circonstances actuelles du marché ».
Pour réviser ses prix du gaz : Naturgy engage un arbitrage international contre Sonatrach
En effet, la pandémie du Coronavirus a affecté aussi les prix du GNL, qui ont chuté les prix du gaz d’environ 20% et 30% cette année, et a conduit la société énergétique à négocier une revue extraordinaire des contrats d’approvisionnement avec ses fournisseurs internationaux, mais jusqu’à la sans succès, ce qui a obligé Naturgy a engagé une batterie d’arbitrages tout au long de cette année.
Le contrat qui liait l’Algérie à travers sa société, Sonatrach, à l’Espagne « est le plus pertinent de tous », et « un arbitrage est déjà en cours » affirme la même source. Il sera suivi d’autres arbitrages similaires contre le Nigeria, les États-Unis ou la Russie, qui s’ajouteraient à celui que la société espagnole maintient actuellement contre le Qatar ajoute encore EL Pais.
La première étape consiste dans l’engagement d’un cabinet d’avocats « de poids international et de prestige reconnu », selon des sources commerciales, afin d’obtenir une révision extraordinaire des prix des contrats avec l’Algérie, qui représentent un volume compris entre 8 et 9 milliards de m3 de gaz naturel par an.
En effet, les contrats internationaux de gaz sont généralement standard et comprennent deux types de clauses de révision des prix: la conventionnelle, tous les trois ans, qui permet de les adapter quand il n’y a pas beaucoup de variation, et les extraordinaires, quand, comme actuellement, des changements se produisent profondément dans le marché.
Or que des indices comme le Henry Hub ont enregistré cette année le niveau le plus bas de son histoire et comparé à un prix habituel de sept dollars par million de btu (il a atteint un maximum de 14 dollars) au moment où il se situe à 2 dollars, soulignent des sources du secteur. Les pires présages indiquent également qu’il pourrait tomber à zéro dollar.
Pour rappel, Naturgy a déjà fait face à l’Algérie dans un long procès, qui a abouti à une sentence qui lui a coûté près de 1,9 milliard de dollars en 2010.
Cette décision est prise par Naturgy qui est le deuxième client gazier de l’Algérie et son partenaire dans le pipeline Medgaz, suite à la profonde dépression des prix des matières premières dérivée, d’une part, de l’offre excédentaire enregistrée depuis l’année dernière en raison du ralentissement de l’économie et d’autre part, de l’effondrement de la demande pour les mesures de confinement pour lutter contre la pandémie du coronavirus.
Sonatrach / Scandale du Liban
Après le démenti formel, adressé par Sonatrach à l’agence gouvernementale APS pour affirmer que l’entreprise n’a aucun représentant au Liban, voilà que l’enquête menée par la justice de ce pays dévoile de nouveaux éléments accablants sur le vaste trafic du fuel destiné à la société locale de l’électricité.
La télévision libanaise a même exhibé une correspondance de SPC-BVI, la filiale londonienne de Sonatrach, citant le nommé Tarek Fawal comme étant le représentant au Liban de l’entreprise, chargé de toutes les démarches concernant les remises des documents relatifs aux cargaisons de fuel.
Par le démenti qu’elle a adressé à l’opinion, la direction de Sonatrach a commis un acte grave, consistant à dissimuler des faits graves de gestion et surtout une tentative de taire un crime de corruption dans lequel sont impliqués des employés et des partenaires de l’entreprise.
Au lieu de passer un temps précieux à mobiliser le « doubab » pour soigner son image et défendre sa piètre prestation, le patron de Sonatrach aurait du constituer une commission d’inspection pour vérifier la véracité des accusations de la justice libanaise. Non, rien de cela. Il fait passer passivement le communiqué de l’APS, diffusé au nom de SPC, qui avait pour seul objectif, disculper Rafik Demak, le responsable de SPC-BVI.
L’affaire du carburant défectueux au Liban ne cesse de livrer de nouveaux secrets qui risquent d’épingler de plus en plus, l’entreprise nationale Sonatrach et plusieurs de ses collaborateurs. Jeudi dernier, c’est la députée Paula Yacoubian, membre du Parlement libanais issue de la société civile, qui a dénoncé « le secret intrigant » entourant le contrat passé entre l’Etat libanais et l’entreprise publique algérienne.
Les scandales de corruption ne semblent plus en finir avec le géant pétrolier algérien. L’affaire du carburant défectueux qui ébranle le Liban depuis quelques jours, prend l’allure d’un véritable scandale impliquant Sonatrach. La presse libanaise cite la société algérienne et sa filiale londonienne SPC-BVI, comme partie prenante.
S’expriment jeudi dernier, lors d’une conférence de presse au Parlement, Paula Yacoubian indique que « le dossier du carburant défectueux est un énorme scandale, documenté par de nombreux rapports », dénonçant au passage certaines parties qui « commencent à œuvrer pour l’enterrer. » Paula Yacoubian a émis des soupçons sur la nature du contrat classé « secret » depuis 2005, entre Sonatrach et l’Etat libanais. Elle mentionne que ce fameux contrat est renouvelable chaque 3 ans. La filiale londonienne, Sonatrach Pétrolier Corporation (PSC BVI) a été largement citée dans ce scandale qui risque de livrer tous ses secrets.
L’affaire, selon les enquêtes que les médias libanais ont divulguées certains de ses détails, concernaient un contrat conclu en 2005 entre l’État libanais et les autorités algériennes. Ce contrat se renouvelle automatiquement par le conseil des ministres libanais sans passer par les procédures légales mise en place pour l’octroi de contrats en passant par un appel d’offres.
Cependant, l’aspect grave de l’affaire est que le contrat a été signé avec la société algérienne Sonatrach en guise de façade en échange de la prise de sa commission, tandis que le carburant contrefait est importé d’un pays étranger autre que l’Algérie, dont le nom n’a pas été divulgué. Des sources libanaises ont confirmé l’arrestation de plusieurs personnes dans le cadre de cette affaire, dont l’agent exclusif de la société Sonatrach au Liban, dont l’identité n’a pas été révélée.
Ce scandale vient confirmer que la corruption dans le règne des généraux est devenue Internationale. De ce fait, une enquête doit être ouverte concernant tous les contrats et transactions commerciales à l’étranger, en particulier pour les responsables qui ont offert leurs filles aux Libanais et font fuir l’argent du peuple en contrebande de l’Algérie au Liban.
Liban: graves révélation d’une députée sur la corruption à Sonatrach (vidéo)
L’ombre de Chakib Khalil et Farid Bedjaoui
La députée indépendante a notamment ciblé Farid Bedjaoui qui avait été naturalisé libanais en 2018 alors qu’il était impliqué dans plusieurs dossiers de corruption dans l’affaire Sonatrach – Saipem. « Il y a un mandat d’arrêt qui a été lancé à son encontre. Il est poursuivi en Algérie et en Italie et je ne sais pas s’il l’est aussi dans d’autres pays. Il a bénéficié de la nationalité libanaise en 2018 et il se dit que la sûreté générale a informé la présidence de la République que cet homme est sous le coup de poursuites, qu’il y a un mandat d’arrêt lancé contre lui, et malgré cela on a insisté pour sa naturalisation », a-t-elle déclaré.
لكي يكون اللبنانيون على نور هذا هو مضمون العقد الموقع بين لبنان وشركة سوناتراك والذي وقع تحت مسمى »سري »!@daou_rimane لمتابعة الحلقة كاملة على هذا الرابط:https://t.co/cgPnTUsPsJ pic.twitter.com/kYdRe8Nqei — سالم زهران (@salemzahran05) May 6, 2020
Paula Yacoubian fait aussi référence à Chakib Khalil, ancien ministre algérien de l’Energie. « En 2002 et 2003, il (Farid Bedjaoui, Ndlr) était ici au Liban, l’ancien ministre de l’Énergie algérien Chakib Khelil était lui aussi ici. En 2005 le contrat entre Sonatrach et VI a été signé, le contrat est resté secret », a précisé la députée.
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