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Algérie: quelle est la différence entre « Un dealer » et « un journaliste »

Algérie: quelle est la différence entre « Un dealer » et « un journaliste ».

Acquittement du fils du « président » algérien Abdelmadjid Tebboune pour une affaire de 701 kilogrammes de cocaïne. Quatre ans de prison ferme contre le journaliste indépendant Khaled Drareni.

Le parquet algérien a réclamé quatre ans de prison ferme contre le journaliste indépendant Khaled Drareni, devenu un symbole du combat pour la liberté de la presse en Algérie, et ses deux co-accusés, dont le procès s’est ouvert lundi à Alger.

Le procureur du tribunal de Sidi M’hamed a requis quatre ans ferme et une lourde amende à l’encontre des trois accusés, ainsi que la privation de leurs droits civiques, a-t-on appris de source judiciaire.

“Consternant et choquant! 4 ans de prison ferme requis par le procureur de la République contre notre correspondant en #Algérie”, a protesté Reporters sans frontières (RSF) dans un tweet.

“@khaleddrareni n’a fait qu’exercer son droit à l’information. @RSF_inter appelle à son acquittement immédiat”.

Le verdict a été renvoyé au lundi 10 août, selon les avocats et des journalistes sur place.

Âgé de 40 ans, M. Drareni dirige le site d’information en ligne Casbah Tribune et travaille comme correspondant en Algérie de la chaîne de télévision française Tv5 Monde et de RSF.

Il est accusé “d’incitation à un attroupement non armé et d’atteinte à l’intégrité du territoire national” après avoir couvert le 7 mars à Alger une manifestation du “Hirak”, le soulèvement populaire qui a secoué l’Algérie pendant plus d’un an jusqu’à sa suspension il y a quelques mois en raison de l’épidémie de Covid-19.

Le journaliste est jugé par visio-conférence depuis le centre pénitentiaire de Kolea, près d’Alger, où il a été placé en détention préventive le 29 mars.

“Journaliste indépendant”

Au cours de l’audience, il a rejeté les accusations, assurant n’avoir fait que son “travail en tant que journaliste indépendant”, selon un reporter sur place.

M. Drareni est jugé en compagnie de deux figures du “Hirak”, Samir Benlarbi et Slimane Hamitouche, également arrêtés le 7 mars à Alger, qui eux étaient présents dans la salle du tribunal.

Sous le coup des mêmes charges, ces deux derniers ont bénéficié le 2 juillet d’une remise en liberté provisoire, alors que M. Drareni avait été maintenu en prison.

“Nous sommes optimistes quant à la libération provisoire de Khaled. Les avocats vont demander sa sortie de prison et le report du procès à septembre”, a déclaré à l’AFP M. Benlarbi avant l’audience.

Tous les procès sont censés se dérouler à huis clos en raison de la pandémie de Covid-19.

Plusieurs ONG de défense des droits humains et de la liberté de la presse, algériennes et internationales, ont exhorté ces derniers mois les autorités à libérer Khaled Drareni et à mettre fin au “harcèlement ciblé des médias indépendants”.

RSF, qui mène une campagne internationale en sa faveur, a appelé lundi à l’abandon de toutes les charges pesant contre lui.

“Il faut libérer Khaled Drareni, par fidélité aux idéaux de l’indépendance algérienne”, avaient écrit Pierre Audin, fils du militant anticolonial Maurice Audin, et le secrétaire général de RSF Christophe Deloire, dans une tribune publiée jeudi par le quotidien Le Monde.

La justice algérienne a multiplié les poursuites judiciaires et les condamnations de militants du “Hirak”, d’opposants politiques, de journalistes et de blogueurs.

Le miraculeux acquittement du fils d’Abdelmadjid Tebboune

Une véritable mascarade s’est jouée au tribunal de Sidi M’hamed de la capitale Alger quand la cour a tard dans la soirée du mercredi 26 février annoncé « l’acquittement » du fils d’Abdelmadjid Tebboune qui répond au doux prénom de Khaled. Le prévenu, était poursuivi dans l’affaire « des promotions immobilières ». Le principal accusé, Kamel Chikhi, alias « El Bouchi » (le boucher), a été condamné par contre lui à huit ans de prison ferme.

L’instance juridique d’Alger a également prononcé d’autres peines dans la foulée. C’est ainsi que Kamel Bouarraba, ancien maire de Ben Aknoun s’est vu infliger une peine de six ans de prison. D’autres justiciables algériens en ont eu pour leur grade et pour leur implication. A chacun la sienne, le chauffeur de l’ex-directeur général de la Sûreté nationale (DGSN), Abdelghani Hamel, écopait de quatre ans de prison ferme à laquelle s’ajoutait un joli pactole dont il devra se soulager en guise d’amende (200 000 dinars).

Idem pour l’héritier d’une autre notoriété mais qui ne relève pas de la présidence. Le fils de l’ex-wali de Relizane, Djalel Eddine Lamhel, moins veinard que « le fils de » a été condamné quant à lui à quatre ans de prison ferme, tandis que les deux procureurs de la République, Hadef Meslem et Youcef Sadek, ont été innocentés par le tribunal de Sidi M’hamed au même titre que le fils du président.

Le procureur de la République avait requis deux ans de prison ferme assortis d’une amende de 200 000 dinars contre Khaled Tebboune qui été poursuivi pour plusieurs chefs d’inculpation, dont « trafic d’influence », « abus de fonction », « perception de cadeaux indus » et « corruption » mais in fine, on n’a retenu qu’un seul grief pour l’innocenter. Le fils à son père était placé en détention provisoire depuis juin 2018.

Mais ce qui fait sourire la rue en Algérie c’est le revirement du principal inculpé tout en faveur de Khaled Tebboune lors de ce procès. En effet, le témoignage initial Kamel Chikhi, dit El Bouchi, avait tout du « je ne te caresse pas dans le sens du poil » alors qu’il avait été virulent d’accusations à l’origine à l’encontre de son complice. Le président Abdelmadjid Tebboune devrait apprécier le geste. El Bouchi poursuivi également dans le lourd dossier des 701 kilogrammes de cocaïne saisis au port d’Oran, a nié devant les juges toute complicité de Khaled Tebboune alors qu’au départ il affirmait le contraire.

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