Le « chef » d’état-major de l’armée algérienne, Saïd Chengriha, s’est attaqué, une fois de plus, au Maroc.
Le chef d’état-major de l’armée algérienne, Saïd Chengriha, a entamé hier dimanche 17 janvier à Tindouf une tournée dans “la troisième région militaire”, Béchar. L’ancien commandant des forces terrestres a tenu à cette occasion un discours d’une agressivité inouïe à l’encontre du Maroc, exhortant ses troupes à “se tenir prêtes au combat” pour mettre en échec “les plans ignobles” prétendument ourdis par le Maroc contre l’Algérie.
Ce discours de “guerre” remet à l’esprit les virulents propos tenus en 2016 par ce général résolument marocophobe, du temps où il était commandant de la troisième région militaire, Béchar. Il avait alors qualifié le Maroc de “pays ennemi” de l’Algérie et du “peuple sahraoui”!
« Nous œuvrons par cette action sincère et dévouée à poursuivre le renforcement des capacités du corps de bataille de l’ANP et fournir les conditions permettant d’élever sa disponibilité, de façon à garantir l’amélioration et la promotion de la performance opérationnelle et de combat de l’ensemble de ses dispositifs et composantes, afin de pouvoir relever tous les défis. Je dis tous les défis, quelle que soit leur nature, au service de l’intérêt suprême de l’Algérie et pour appuyer ses fidèles enfants attachés à son unité, sa souveraineté, son indépendance, sa sécurité et sa stabilité, déterminés à mettre en échec tous les desseins hostiles, qui, dans un passé récent, ont essuyé un échec cuisant en essayant d’employer le virus du terrorisme et d’en faire un autre moyen abject et destructeur pour concrétiser des objectifs suspects et tendancieux, des tentatives qui échoueront aujourd’hui et demain dans toutes leurs ignobles manœuvres », a-t-il souligné.« Aussi, a-t-il ajouté, en concrétisation de la vision éclairée et des orientations judicieuses de Monsieur le Président de la République, Chef Suprême des Forces Armées, Ministre de la Défense nationale, que nous souhaitons revenir rétabli au pays dans les jours à venir, afin de poursuivre en compagnie de tous les patriotes fidèles, le parcours d’édification de l’Algérie nouvelle ».
Cette sortie du général Saïd Chengriha vient aggraver la tension déjà élevée à la frontière terrestre commune du Maroc avec un voisin résolument hostile.
En brandissant ainsi une menace terroriste, Saïd Chengriha tente de réveiller les démons des années 90, et donc faire peur aux populations, au moment où le pays traverse la plus grave crise multiforme de son histoire.
L’armée algérienne agite à nouveau le spectre de la décennie sanglante (1992-2002). C’est le général Saïd Chengriha lui-même qui vient de grossir le trait au sujet d’un incident avec des présumés terroristes à Tipaza, dans le but de faire peur aux Algériens.
Récemment, entre les 1er et 17 décembre derniers, le ministère algérien de la Défense nationale (MDN) a annoncé, dans un communiqué, deux opérations du même genre à Jijel, au cours desquelles «trois islamistes armés, des vétérans du jihad en Algérie, ainsi qu’un sergent-chef de l’armée avaient été tués dans un sérieux accrochage», début décembre, avant qu’un islamiste, quant à lui qualifié de «dangereux terroriste», ne soit capturé le 17 décembre «dans le cadre d’une opération antiterroriste à Jijel (nord-est de l’Algérie)», selon les termes employés dans un communiqué du MDN, relatant ces deux affaires. Quatre hommes armés ont été donc mis hors d’état de nuire en décembre, en plus de la mort d’un militaire.
C’est quasiment un incident similaire à ce fait divers qui vient de se dérouler lors des deux opérations séparées des 2 et 3 janvier derniers, à Tipaza, au cours desquelles six présumés terroristes et trois militaires algériens sont morts.
Sauf que ces dernières opérations ont été surmédiatisées en Algérie, à cause de l’arrivée sur place, un jour après la fin des accrochages bien sûr, du chef d’état-major de l’armée algérienne, le général Saïd Chengriha, qui a prononcé un long discours devant les soldats.
«J’ai tenu à vous rencontrer suite à la réussite de l’opération antiterroriste que vous avez exécutée le 2 janvier 2021. Vous, les vaillants personnels de nos unités, avez réussi à éliminer quatre terroristes sanguinaires et dangereux et à récupérer leurs armes», a affirmé Chengriha, selon un communiqué du MDN, repris par l’APS. Il a également demandé à l’armée de «faire preuve du plus haut degré de vigilance et de précaution… dans la lutte contre les résidus terroristes».
Ce discours, ainsi que la présence du chef d’état-major de l’armée algérienne, sur les lieux mêmes de l’opération, dite de «lutte contre le terrorisme», n’est pas anodin. Le chef d’état-major de l’armée algérienne s’est exprimé alors même que l’Etat algérien vient de rappeler les artisans de la décennie noire, dont un criminel de guerre notoire, le fugitif Khaled Nezzar, et l’ancien patron des renseignements, Mohamed Mediène, dit «Toufiq», auquel colle désormais le qualificatif de «détenu politique et d’opinion», prononcé par sa famille, quand il était derrière les barreaux. Il faut donc le dire tout de go: ce même régime essaie de faire du neuf avec du vieux, et ressort une vieille recette, qui a jadis montré son efficacité, celle de maintenir les Algériens chez eux… en maniant la terreur.
D’ailleurs, l’annonce, le 28 décembre dernier, de la récupération de 80.000 euros dans «les casemates de Jijel» a pour objectif d’effectuer un lien direct entre les opérations actuelles en Algérie, et les groupuscules terroristes opérant au Sahel, qui ont récemment libérés des otages contre le versement d’une rançon en euros. Toutefois, il est difficile de démêler la réalité des faits: l’exhibition de cette somme de 80.000 euros correspond-elle à une opération véridique, ou, en fait, à une mise en scène?
Dans son édition du 4 janvier dernier, un journal algérien a vite fait de croire déceler une main étrangère, et un «acharnement des commanditaires» contre l’Algérie. «Cette somme [80.000 euros, Ndlr] provient d’une rançon versée à des terroristes opérant au Sahel. L’auteur de ce versement n’a pas été divulgué, mais on devine aisément qui a intérêt à entretenir ce fléau dans notre région», assure ce média.
Mais ce qui est certain, c’est que face à tous les ingrédients d’une inéluctable explosion populaire qui sont aujourd’hui réunis en Algérie, et face, aussi, au pacifisme affiché par le hirak durant toute une année de manifestations hebdomadaires, le pouvoir militaire tente de se perpétuer, en brandissant la menace du terrorisme.
Une question se pose donc aujourd’hui: jusqu’où ira le régime algérien avec cette stratégie de la menace terroriste?
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