Algérie, Egypte, … Une dépendance aux blés russe et ukrainien qui peut coûter cher…
Plus rien ne quitte plus les ports de la mer Noire. Les céréales destinées aux marchés mondiaux sont bloquées sur place par les différentes mesures de boycott internationales. La guerre lancée par la Russie contre l’Ukraine a rayé ces deux puissances céréalières de la carte des plus grands exportateurs de la planète. La Russie et l’Ukraine, respectivement 3e et 9e producteurs de blé dans le monde, la Russie et l’Ukraine détiennent à eux deux 29 % du marché mondial du blé. Et les pays nord-africains sont sans aucun doute les plus dépendants des importations en provenance de ces deux pays.
La guerre lancée par Vladimir Poutine en Ukraine a entièrement rebattu les cartes du marché mondial des céréales . «Plus rien ne quitte la mer Noire qui assure 30 % normalement des exportations de blé dans le monde», a déclaré jeudi le directeur du cabinet d’expertise céréalière Agritel, Michel Portier. Les ports sont endommagés, les porte-conteneurs boycottent la zone, résultat les cours mondiaux n’en finissent plus de grimper. Jusqu’à atteindre 360 euros la tonne jeudi, et «on ne sait pas où cela va s’arrêter», a ajouté l’expert.
L’Egypte, premier importateur mondial, doit faire face à la flambée des prix alors que le pays peine déjà à nourrir sa population. Surtout, 85% du blé importé vient de Russie et d’Ukraine;
L’Algérie, deuxième consommateur africain de blé et cinquième importateur mondial de céréales – derrière l’Égypte, la Chine, l’Indonésie et la Turquie;
Seuls le Maroc, la Tunisie et l’Ethiopie, qui importent eux aussi beaucoup de blé, ont pensé à diversifier leurs sources d’importations.
La guerre en Ukraine pourrait faire une victime collatérale de l’autre côté de la Méditerranée. L’Egypte et ses 105 millions d’habitants s’inquiètent des répercussions de la crise sur les matières premières et surtout le blé.
La Russie et l’Ukraine fournissent ensemble près d’un tiers des exportations mondiales d’orge, de blé et autres céréales dont les prix ont grimpé en flèche depuis l’invasion russe. L’arrêt probable d’une partie de ces exportations inquiète de nombreux pays qui s’approvisionnent en très grande quantité, comme l’Egypte.
À plusieurs reprises, le gouvernement égyptien a dû annuler des commandes en raison de prix trop élevés. Pour autant, les autorités ont voulu rassurer la population.
« Dès le mois prochain, nous commencerons à récolter le blé sur nos terres et j’assure à tous les Égyptiens qu’il n’y aura pas de crise et que jusqu’à la fin de l’année, notre pays ne sera pas contraint d’importer ni de subir la flambée actuelle des prix, car l’Egypte aura un stock de blé qui couvrira ses besoins jusqu’à la fin de 2022« , a assuré Mustafa Madbouly, le Premier ministre égyptien.
Les stocks de blé sûrs et suffisants pour plus de 4 mois @EgyptienProgres #Egypt #ble #cereale #agriculture pic.twitter.com/W37W876eEz — Le Progrès Egyptien (@EgyptienProgres) March 7, 2022
Transformé en pain, en nouilles ou en alimentation pour animaux, les céréales et le blé en particulier, sont des produits vitaux pour la sécurité alimentaire. Alors face à la guerre en Ukraine et à ses répercussions, l’Egypte a pris des dispositions.
« La Russie et l’Ukraine étaient nos principaux fournisseurs de blé, mais nous avons déjà commencé à diversifier nos sources d’achalandage en blé pour les importations dans le futur et cela s’applique déjà. Nous achetons actuellement du blé à d’autres pays. Nous nous assurons de la diversité de nos sources concernant ce produit afin qu’elles ne se limitent pas à des pays spécifiques », a ajouté le Premier ministre égyptien.
L’Algérie, deuxième consommateur africain de blé et cinquième importateur mondial de céréales
L’Algérie, deuxième consommateur africain de blé et cinquième importateur mondial de céréales – derrière l’Égypte, la Chine, l’Indonésie et la Turquie –, sera-t-elle impactée par la guerre en Ukraine ? La question mérite d’être posée. La production céréalière de l’Algérie de la saison 2021-2022, en raison du manque de pluie, a baissé de 38 %, provoquant une hausse des importations. Dépendante principalement du marché européen du blé, l’Algérie avait décidé l’année écoulée de diversifier ses sources d’approvisionnements en changeant le cahier des charges qui l’empêchait, par exemple, d’importer de Russie, premier exportateur mondial.
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Juin 2021, la raison avancée était; le Blé « Haram »
Citant le ministre algérien de l’Agriculture, Abdelhamid Hamdani, l’agence de presse publique du pays, APS a rapporté qu’Alger a rejeté une cargaison de 27.000 tonnes de blé « Haram » meunier français comme impropre à la consommation. Les autorités ont rejeté la cargaison après la découverte de deux animaux ( porcs) morts dans les lots. D’après l’agence de presse, le ministre, Abdelhamid Hamdani a demandé une indemnisation pour la cargaison, alors qu’elle doit être renvoyée en France. Abdelhamid Hamdani en l’occurrence, a annoncé le fait qu’on à trouvé les cadavres de porcs, dans un chargement de blé en provenance de la France. Le fournisseur de la marchandise a également été classé sur la liste noire des opérateurs économiques dans le pays. Le ministre a aussi indiqué que les autorités travaillent d’arrache-pied pour identifier de probables anomalies dans les prochaines livraisons. L’Algérie avait également rejeté une cargaison de 33.000 tonnes de blé dur canadien pour non-conformité aux spécifications a rapporté Ennahar, un média local.
La société française Agritel déplorait alors le fait que l’Algérie «se tourne vers les origines Mer noire dans un contexte géopolitique tendu».
C’était en décembre dernier : l’Algérie achetait près de 700 000 tonnes de blé à plusieurs pays exportateurs. Parmi eux, la Russie, l’Allemagne ou encore l’Argentine. Mais l’un des partenaires historiques du pays, dans ce secteur, ne faisait pas partie de la liste : la France.
Voilà plusieurs mois qu’Alger a décidé d’en finir avec l’hégémonie des fournisseurs français. «Un peu plus d’un an après la révision du cahier des charges pour l’importation de blé, (…) la bascule est désormais faite pour l’Algérie : elle n’achète quasiment plus de blé français et se tourne vers la Russie et l’Argentine», résume Africa Intelligence dans son édition du 6 janvier.
La France était pourtant optimiste
Une tendance confirmée par FranceAgriMer, l’Établissement français des produits de l’agriculture et de la mer. L’institut confirmait mi-décembre, dans son point sur les marches céréaliers mondiaux, que les achats de blé russe par l’Algérie avaient atteint des niveaux record fin 2021. Et ce en raison de l’assouplissement du cahier des charge algérien quant aux dégâts d’insectes, résume le site Terre-Net.
Le cahier des charges algérien a évolué en ce qui concerne le taux de grains endommagés par les insectes. Mais la France, qui respecte les seuils, restait assurée de conserver son quasi monopole, le blé d’origine Mer noire enregistrant des taux trop élevés. Pourtant, en décembre, les origines des blés importés en Algérie étaient l’Allemagne, la Mer baltique et… la Mer noire. La faute à un nouvel assouplissement du cahier des charges imposé par l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) lors des appels d’offres.
On est loin de l’optimisme français affiché fin 2020. FranceAgriMer assurait alors que «l’assouplissement du cahier des charges algérien ne dessert pas le blé français». A l’époque, les Français assuraient que la baisse des achats algériens lors du premier trimestre de la campagne 2020/21 étaient simplement dus à «l’avance prise par l’Algérie en fin de campagne 2019/20 concernant ses importations dans le contexte Covid». Autrement dit, Alger avait acheté en grosse quantité au début de la pandémie, par mesure de précautions.
Risques socio-politiques ?
Le Soudan, le Nigeria, la Tanzanie, le Kenya ou encore l’Afrique du Sud sont également de gros clients de la Russie et de l’Ukraine. Seuls le Maroc, la Tunisie et l’Ethiopie, qui importent eux aussi beaucoup de blé, ont pensé à diversifier leurs sources d’importations.
Quid des pays qui dépendaient de l’Ukraine et de la Russie ? Outre des questions d’ordre économique, cela pourrait avoir un impact politique important. « Le prix du pain a été un moteur de l’instabilité politique, et a déclenché le printemps arabe. Les pays du Maghreb — l’Égypte, la Tunisie, la Libye et l’Algérie, qui dépendent fortement du blé — pourraient être les plus touchés par le resserrement de l’offre et la hausse des prix », résume Patrick Smith, rédacteur en chef de la publication Africa Confidential, cité par BBC.
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