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Algérie / Migrants en situation de vulnérabilité: traite et exploitation atroce

Algérie / Migrants en situation de vulnérabilité: traite et exploitation atroce

Migrants en situation de vulnérabilité

De nombreux facteurs rendent les migrants vulnérables à l’exploitation pendant leur voyage migratoire ou à leur destination finale. Les migrants sont vulnérables aux abus et à l’exploitation, y compris à la traite des personnes, car ils sont souvent dépourvus de documents, jouissent de possibilités professionnelles et de moyens financiers limités, et recourent à des tiers pour organiser leur voyage (et parfois leur séjour). Les données de l’OIM montrent systématiquement que les femmes et les enfants sont plus vulnérables à la traite et à l’exploitation, tant en Afrique de l’Ouest que dans le monde (Sattler et Cook, chapitre 11 de la présente publication). Par ailleurs, les recherches de l’OIM le long des routes de la Méditerranée démontrent clairement que le fait de voyager seul est un facteur important de vulnérabilité.

La Ligue algérienne des droits de l’Homme (LADDH) a exprimé sa profonde préoccupation quant aux conditions de vie des migrants africains en situation irrégulière en Algérie.

« Les employeurs, entrepreneurs et propriétaires d’exploitations et de grands projets agricoles exploitent ces migrants en situation irrégulière en Algérie sans respecter les dispositions du code de travail et sans aucune couverture sociale », a souligné la Ligue dans un communiqué, mettant en garde contre «l’exploitation de ces migrants pour travailler dans des conditions difficiles qui frôlent l’esclavagisme».

La ligue impute la responsabilité aux autorités algériennes qu’elle exhorte à mener une enquête sur «l’exploitation atroce» qu’endurent les migrants africains. L’ONG algérienne souligne que les droits des travailleurs africains irréguliers «font partie intégrante des droits de l’Homme et ne doivent pas être violés quels qu’en soient les motifs».

La ligue s’attarde également sur le rôle économique de ces migrants en Algérie, notant que la main d’œuvre africaine est devenue l’alternative idéale notamment pour les sociétés de construction et les entreprises agricoles.

Camerounais victime de torture et exploité en Algérie

B. est un homme célibataire, orphelin de longue date. Au Cameroun, il a perdu sa mère à l’âge de deux ans, et son père, qui ne l’avait pas reconnu à la naissance, à l’âge de six ans. B. n’ayant jamais rencontré sa famille paternelle, il a été élevé par sa tante maternelle, qui le traitait mal et ne l’a jamais inscrit à l’école, contrairement à ses propres enfants. B. était tenu à l’écart en raison de son statut d’enfant illégitime, d’orphelin, d’analphabète et de nécessiteux. Lorsqu’il a grandi, il a quitté le domicile de sa tante pour vivre avec des amis. En raison de son analphabétisme, le seul travail qu’il a pu exercer était celui de conducteur de moto-taxi, un emploi décroché grâce à l’aide d’une personne secourable. Ses amis lui ont conseillé de se rendre en Algérie, puis de poursuivre vers l’Europe en quête d’une vie meilleure. Son voyage au Nigéria s’est bien passé, mais d’autres passagers plus forts que lui l’ont frappé et lui ont volé son argent. B. est resté six mois à Kano, où il a obtenu un contrat de peintre ainsi que pour d’autres petits travaux dans le secteur du bâtiment. Fort de ses modestes économies, il a pu financer son voyage vers l’Algérie. Une fois arrivé dans le pays, il s’est installé à Tamanrasset avec un groupe de compatriotes. Un migrant africain qui parlait couramment l’arabe et était chargé d’embaucher des Africains pour un chantier détenu par un Arabe a recruté B., qui y a travaillé pendant trois mois sans être payé. Un jour, un des travailleurs a révélé à B. que d’autres travaillaient depuis six mois sur le même chantier sans être payés. D’après lui, le chef n’avait pas l’intention de les payer et les considérait comme des esclaves. Il a également dit à B. que s’il tentait de réclamer son salaire, il risquait de se faire tuer ou d’être livré à la police. Lorsque B. a décidé de réclamer son salaire avec d’autres travailleurs migrants, le chef les a dénoncés aux forces de l’ordre. B. juge que la manœuvre a été effectuée avec la complicité de leur recruteur africain, car ce dernier a été épargné alors que tous les autres travailleurs africains ont été rassemblés et expulsés. B. a relaté plusieurs situations de violence physique et psychologique au cours de son expulsion. Le groupe de migrants expulsés a été relâché à la frontière nigérienne au milieu du désert, où une personne secourable les a transportés à Agadez dans son véhicule. Grâce à la charité de cet homme et à la vente de ses biens personnels, B. a pu couvrir les frais du trajet à destination de Niamey, où il a été orienté vers l’OIM afin de bénéficier d’une aide au retour volontaire et à la réintégration. Lorsque B. est arrivé, il était blessé à la main en raison des violences qu’il avait subies.⇒ Etude


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