Tout en adoptant la posture de «garant » des principes éthiques du journalisme, celui qui était lui -même journaliste, est chargé aujourd’hui, de mater ses anciens confrères.
Quand Abdelmadjid Tebboune et Ammar Belhimer se contredisent!Entre carte de presse et légitimité
« Khaled Drareni n’a jamais été détenteur de la carte de presse professionnelle prévue par l’article76 de la loi organique 12-05 relative à l’information du 12 janvier 2012. », a osé le ministre de la communication, dans un communiqué diffusé, ce jeudi 13 août, sur le site officiel de son département. Il enchaîne: « Aucun organe ni institution indépendante ayant diffusé ses couvertures et commentaires n’a sollicité des autorités compétentes la délivrance de l’accréditation préalable requise à l’effet de l’employer, en application de l’article 81 de la loi organique (12-05). »
Ammar Belhimer a ainsi poursuivi son matraquage contre le désormais « ennemi numéro Un » du pouvoir, Khaled Drareni, allant jusqu’à le déposséder de son statut de Journaliste.
Ammar Belhimer et l’échec des révolutions arabes 19h Info de Khaled Drareni
Au delà du fait qu’il s’exprime en sa qualité de ministre de la communication, la ficelle Tebounienne est un peu grosse. Elle vise à faire croire que l’indignation et la colère de l’opinion publique au lendemain de la condamnation de Khaled Drareni à trois ans de prison, est injustifiée, voire manipulée à des fins politiciennes ou pire, à décrédibiliser l’instance judiciaire, mais à faire croire surtout que Khaled Drareni n’est pas en prison en tant que journaliste.
« Les voies de recours, cadre idoine et exclusif d’un traitement juste du dossier, permettent à la défense de faire appel de la décision prononcée en première instance, loin de toute ingérence, de toute politisation et de toute manipulation d’une affaire qui, selon les qualifications retenues des faits, ne relève pas du libre exercice du métier de journaliste », déclare le ministre.
Piètre manœuvre, car les faits sont là: Depuis son intronisation, Abdelmadjid Tebboune n’a eu de cesse de susciter des réactions hostiles au sein de la corporation, quelques médias indépendants s’entend. Lui qui disait vouloir rompre avec les pratiques de son prédécesseur le président déchu, Abdelaziz Bouteflika, provoqua l’effet contraire. Il creusera, davantage, le fossé avec les journalistes lors de sa deuxième rencontre avec ces derniers, le 2 mai 2020. Ce jour là, il s’en prend, sans le nommer, à Khaled Drareni en le qualifiant de « Khabardji (espion). »
Abdelmajid Tebboune Ministre de l’Habitat dans le 19h INFO de Khaled Drareni
« Un journaliste qui a été interrogé, pour ensuite aller dans une ambassade pour leur donner un point sur la situation » , a-t-il affirmé, avant d’enchaîner : « Il a donné les noms des personnes qui l’ont interrogé. Vous n’êtes pas loin de l’informateur. C’est de notre droit de défendre notre souveraineté ». Ce jour là, le «magistrat suprême » pèsera de tout son poids sur le pouvoir judiciaire, pour que Khaled Drareni- à qui il reconnaissait son statut de journaliste, pourtant- soit lourdement condamné.
Depuis, il ne passe pas une semaine sans que ses relais, le ministre de la communication en tête de file, n’attaquent les médias indépendants en général, Khaled Drareni en particulier. La dernière estocade en date remonte à la veille même du verdict dans le procès de ce dernier.
« Certains journalistes s’installent comme correspondants de fait – non accrédités selon les procédures en vigueur – d’organes étrangers, et entretiennent une sorte de loi du fait accompli qui les expose à plusieurs risques dont le premier, et non des moindres, est qu’ils ne sont pas reconnus comme correspondants », a -t- il déclaré comme pour annoncer la couleur de ce qu’allait être la sentence: trois ans de prison ferme!
A travers ses multiples sorties médiatiques, Ammar Belhimer apparaît comme le bourreau des journaliste. Tout en adoptant la posture de «garant » des principes éthiques du journalisme, celui qui était lui -même journaliste, est chargé aujourd’hui, de mater ses anciens confrères. Ce qui lui attirera les railleries de la corporation qui n’a pas manqué de rappeler que les médias lourds dits officiels, l’agence de presse et la télévision nationale en l’occurrence, reconnaissaient à Khaled Drareni son statut de journaliste.
On lui rappellera également que la carte de presse professionnelle qu’il s’évertue de défendre aussi éhontément, était délivrée à titre provisoire jusqu’à l’installation de la commission paritaire autonome dite la Commission de la carte nationale de journaliste professionnel ( CCNJP) et dont les membres sont élus. Or, celle-ci n’a jamais été installée, et que par conséquent, le fichier national de journalistes établi par Hamid Grine, alors ministre de la communication, ne répond à aucune norme légale. Conclusion: Aucun journaliste exerçant dans les médias privés ou publics, en Algérie, n’est en possession d’une carte de presse nationale valide, sauf si Ammar Belhimer entend par là une carte d’assujettissement au pouvoir!
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