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Afrique: Le Togolais Gilbert Houngbo sera le premier Africain à diriger l’Organisation interna

Afrique: Le Togolais Gilbert Houngbo sera le premier Africain à diriger l’Organisation internationale du travail…

En plus de 100 ans et 10 prédécesseurs, cette instance onusienne n’avait encore jamais eu de directeur général originaire d’un pays d’Afrique. Il faudra encore attendre, en revanche, pour voir une femme la piloter.

L’ancien Premier ministre du Togo Gilbert Houngbo élu vendredi à la tête de l’Organisation internationale du travail, devenant le premier Africain à exercer cette fonction, avec pour ambition de préserver les progrès accomplis ces dernières décennies en matière de justice sociale.

Il a été élu au second tour par les membres du Conseil d’administration représentant les Etats et les organisations d’employeurs et d’employés, l’OIT ayant la particularité d’être une organisation tripartite.

Gilbert Houngbo, 61 ans, est natif d’une préfecture rurale du Togo, et a passé la majorité de sa carrière dans les organisations internationales, où il est vu comme un haut fonctionnaire chevronné. Il prendra ses fonctions début octobre, succédant à l’ancien syndicaliste britannique Guy Ryder, en poste depuis 10 ans et qui a atteint la limite des deux mandats.

M. Houngbo, a été élu au second tour par le Conseil d’administration de l’OIT, composé de 56 représentants des gouvernements, des travailleurs et des employeurs.

« Vous avez écrit l’histoire », a-t-il assuré. Sa candidature était soutenue par l’Union africaine et les représentants des travailleurs.

Le résultat du vote « est porteur d’un symbolisme fort » et « votre choix (…) répond aux aspirations d’un jeune Africain, d’un jeune Africain dont l’humble éducation s’est transformée en une quête de justice sociale qui a duré toute une vie », a souligné le nouveau Secrétaire général.

M. Houngbo préside actuellement le Fonds international de développement agricole (FIDA) à Rome. Mais il connait très bien l’OIT où il a occupé le poste de directeur adjoint (2013-2017) en charge des Opérations sur le terrain.

Ancien secrétaire général adjoint des Nations unies, directeur du Programme des Nations unies pour le Développement (Pnud), il a été également membre de l’équipe stratégique et directeur administratif et financier de l’organisation. Cinq candidats  étaient en lice pour cette élection à huis clos et à bulletin secret (parmi  deux femmes en lice). Sa principale opposante était:

  1. l’ex-ministre française du Travail Muriel Pénicaud, qui était soutenue par Paris et le bloc européen. Ministre du Travail de mai 2017 à juillet 2020 en France, elle a initié les grandes réformes sociales du quinquennat d’Emmanuel Macron, comme celles du code du travail ou de l’assurance chômage, vivement critiquées par les syndicats.

  2. l’ex-ministre des Affaires étrangères de Corée du Sud Kang Kyung-wha,

  3. l’entrepreneur sud-africain Mthunzi Mdwaba

  4. l’Australien Greg Vines, directeur général adjoint de l’OIT pour la gestion et la réforme.



Le prochain patron de l’OIT aura pour lourde tâche de faire adapter les normes de cette organisation centenaire à un marché du travail en pleine mutation sous l’effet des nouvelles technologies. D’autant que la pandémie de Covid-19 a donné un coup d’accélérateur aux technologies de télétravail qui permettent d’abolir les barrières géographiques et de travailler en équipe à distance.

The @ilo Governing Body has elected a new ILO Director-General. Congratulations to @GilbertFHoungbo. Gilbert F. Houngbo will take office in October 2022. Watch his first statement at 12:30 CET https://t.co/fX7buZe5WM. pic.twitter.com/fuK8U1NFAJ — International Labour Organization (@ilo) March 25, 2022

– « Pas seulement pour l’Afrique » –

Dans sa candidature, il avait souligné que sa vision de l’OIT s’inspire du préambule de la Constitution de l’organisation: « Attendu qu’une paix universelle et durable ne peut être fondée que sur la base de la justice sociale ».

« Les progrès accomplis ces dernières décennies en matière de justice sociale doivent être préservés et protégés, et les solutions mondiales aux nouveaux défis et opportunités doivent être centrées sur les valeurs humaines, environnementales, économiques et sociétales. En bref, un nouveau contrat social mondial s’impose« , avait-il écrit.

« Si je suis élu, j’entends insuffler un nouvel élan à l’OIT, la repositionner au cœur de l’architecture sociale mondiale et atténuer le risque de voir sa stature s’éroder. Pour cela, je propose un ambitieux programme mondial de justice sociale », avait-il ajouté.

Née au lendemain de la Grande Guerre en 1919, l’OIT n’a jusqu’à présent jamais été dirigée par une femme, ni par un représentant d’Afrique ou d’Asie. Elle compte en revanche parmi ses anciens patrons deux Français, dont le premier, Albert Thomas (1919-1932).

La CGT salue l’élection de Gilbert Houngbo au poste de Directeur Général du BIT

Le conseil d’administration du Bureau international du travail vient de désigner un nouveau Directeur Général en la personne de Gilbert Houngbo. La CGT salue cette élection qui porte, pour la première fois, à la tête de l’Organisation International du Travail, un représentant du continent africain. Le nouveau Directeur Général du BIT, originaire du Togo, est reconnu pour le travail qu’il a accompli dans plusieurs organisations du système multilatéral (ancien Secrétaire général adjoint des Nations unies, Directeur du Programme des Nations unies pour le Développement), dernièrement au sein du Fonds international de développement agricole (FIDA) à Rome. Et, il connaît aussi très bien l’OIT, dont il a été le Directeur adjoint en charge des opérations sur le terrain de 2013 à 2017. Gilbert Houngbo était soutenu par le mouvement syndical international et porte une vision largement compatible avec les objectifs que nous fixons à une institution comme l’OIT. Il a ainsi déclaré, lors de sa campagne, que « les solutions mondiales aux nouveaux défis et opportunités doivent être centrées sur les valeurs humaines, environnementales, économiques et sociétales. En bref, un nouveau contrat social mondial s’impose », ajoutant vouloir « repositionner l’OIT au cœur de l’architecture sociale mondiale et atténuer le risque de voir sa stature s’éroder ». Les valeurs de l’OIT doivent effectivement être confortées, notamment celles qui reposent sur la défense des libertés syndicales – dont l’exercice du droit de grève fait partie ­– et le droit à la négociation collective. Nous attendons aussi du nouvel élu qu’il consacre les questions de santé et sécurité au travail au rang de convention fondamentale de l’OIT et qu’il impose aux multinationales le respect des normes internationales du travail. Dans ce scrutin, Gilbert Houngbo était opposé, entre autres, à Muriel Pénicaud, ancienne ministre du Travail en France, qui assume un bilan marqué par l’affaiblissement des garanties collectives, du droit à la représentation des travailleurs et, plus généralement, du Code du travail en France. Les mesures qu’elle a parrainé durant son ministère portent atteinte à six conventions de l’OIT et font l’objet de deux plaintes communes à plusieurs organisations syndicales françaises dont la CGT. Il est d’ailleurs temps que l’OIT se prononce enfin sur ces plaintes ! La CGT félicite donc Gilbert Houngbo pour son élection et formule le vœu qu’elle soit le signal d’un retour aux valeurs de la déclaration de Philadelphie, adoptée par l’OIT en mai 1944. Ce texte essentiel établit la primauté du progrès social et humain sur les considérations économiques et financières et proclame qu’une « paix durable ne peut être établie que sur la base de la justice sociale. »

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