Afrique du Sud : élections municipales, la descente aux enfers de l’ANC…
Au pouvoir depuis la fin de l’apartheid il y a vingt-sept ans, l’ANC, parti historique de Nelson Mandela est en perte de vitesse, miné par la corruption. Depuis des années, le parti de la libération est face à la désillusion d’une population confrontée à un chômage record (34,4%) et écœurée par les multiples scandales de corruption impliquant des hauts responsables du parti, dont l’ex-président Jacob Zuma (2009-2018).
Plus de 26 millions de Sud-Africains étaient appelés à voter lundi pour un scrutin municipal à hauts risques pour le parti au pouvoir depuis la fin de l’apartheid, le Congrès National Africain l'(ANC), qui pourrait pour la première fois passer sous la barre des 50% des voix.
Dans un bureau de vote de Soweto où il a grandi, le président sud-africain Cyril Ramaphosa a toutefois prédit dans la matinée une « victoire écrasante » pour le Congrès national africain (ANC), qui joue gros avant les élections générales de 2024.
Mais le parti historique de Nelson Mandela qui dirige l’Afrique du Sud depuis la fin de l’apartheid il y a 27 ans, est en perte de vitesse depuis des années. Les sondages suggèrent qu’une majorité d’électeurs pourraient pour la première fois se détourner de l’ANC.
« Les dirigeants de l’ANC n’ont pas tenu leurs engagements, ils font trop de promesses vides », peste Samuel Mahlaule, 55 ans, dans une queue d’à peine vingt personnes devant un bureau de vote du township de la banlieue de Johannesburg.
Plusieurs dirigeants dont l’ex-président Jacob Zuma sont accusés d’avoir pillé les caisses du pays et ont de sérieux démêlés avec la justice, alors que le chômage atteint des records à plus de 30% dans une économie déjà en récession avant la crise du Covid-19.
En juillet, le pays a connu une vague d’émeutes et de pillages qui ont fait plus de 350 morts, au départ déclenchée par l’incarcération de M. Zuma, condamné pour outrage à la justice, mais également signe d’un climat social et économique tendu.
L’armée a été déployée dans les centres urbains pour les élections, quelque 10.000 soldats ont été appelés en renfort dans les provinces du Gauteng où se situent Johannesburg et Pretoria, et du KwaZulu-Natal (est), principaux foyers des violences.
– « Je ne voterai pas » –
«Les dirigeants de l’ANC n’ont pas tenu leurs engagements, ils font trop de promesses vides », peste Samuel Mahlaule, 55 ans, dans une queue d’à peine vingt personnes devant un bureau de vote à Soweto. Ce chauffeur Uber, père de quatre enfants, dit voter depuis les premières élections démocratiques en 1994, mais demande aujourd’hui « du changement».
Des années de mauvaise gestion et de corruption généralisée ont aussi laissé les services publics à l’abandon en Afrique du Sud, où le quotidien est rongé par les coupures d’électricité et d’eau, devenant une récrimination majeure pendant la campagne.
« La plupart du temps, il n’y a pas d’eau dans les robinets« , assure à l’AFP Simon Makambeni, 31 ans, père de deux enfants. Et le manque d’électricité est devenue « une crise nationale« , selon cet agent de sécurité de Soweto.
Pour Mimi Masithe, une habitante du township de 31 ans qui raconte ne jamais avoir trouvé de travail, le parti de la libération les a abandonnés: « Je ne voterai pas, mon vote n’a jamais rien changé« , assène-t-elle.
Seuls 26,2 millions de Sud-Africains se sont inscrits sur les listes pour choisir leurs représentants dans quelque 250 municipalités, sur 40 millions de personnes en âge de voter. Le scrutin est ouvert jusqu’à 19H00 GMT.
Dans le KwaZulu-Natal, des habitants ont creusé une tranchée et bloqué l’accès à un bureau de vote dans la zone rurale d’Umzinto, en signe de protestation contre le candidat local de l’ANC. Le bureau est resté fermé, une douzaine de personnes ont été arrêtées.
Huit personnes ont été tuées pendant la campagne, selon la police, des candidats pour la plupart.
Ces dernières semaines, l’ANC et Cyril Ramaphosa en tête ont tenté de grappiller les voix en faisant du porte-à-porte, répétant aux électeurs être en train de « nettoyer le parti« . Le successeur de Jacob Zuma (2009-2018) a fait de la lutte contre la corruption un cheval de bataille.
L’ex président, en liberté conditionnelle pour raison médicale depuis septembre, est apparu en milieu de journée dans un bureau de vote de son fief de Nkandla, en pays zoulou. Il a été salué par la foule.
Lors des municipales de 2016, l’ANC avait enregistré son plus mauvais score (54%) et perdu des villes clefs dont Pretoria et Johannesburg.
En face, l’opposition reste divisée. D’un côté, l’Alliance démocratique (DA) souffre d’être perçue comme un parti de Blancs. De l’autre, le parti radical des Combattants pour la liberté économique (EFF), ainsi qu’une multitude de candidats indépendants.
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