Afrique: Algérie, Rwanda, Sahel, « ressentiment post-colonial »… nombreux dossiers liés au continent, l’interview de Macron accordée à « Jeune Afrique ».
Le chef de l’Etat français, Emmanuel Macron s’adresse à des cibles spécifiques, via des médias spécifiques.
Al Jazeera, Emmanuel Macron tente d’apaiser les tensions avec le monde musulman. Samedi 31 octobre, dans une interview accordée à la chaîne qatarienne Al Jazeera dans laquelle Emmanuel Macron tente d’expliquer au monde musulman, dans un contexte de tensions, le modèle français de laïcité et de liberté d’expression.
Jeune Afrique, le 20 novembre dans une interview à « Jeune Afrique« , Emmanuel Macron évoque de nombreux dossiers liés au continent africain. Il a fait le tour des sujets liés au continent africain dans un entretien publié ce vendredi par l’hebdomadaire Jeune Afrique. Le chef de l’Etat français évoque la situation en Guinée et en Algérie, le terrorisme au Sahel, les relations avec le Rwanda, mais aussi « le ressentiment post-colonial » alimenté selon lui par la Turquie et la Russie à des fins de déstabilisation.
« Entre la France et l’Afrique, ce doit être une histoire d’amour ».
Le 20 novembre dans une interview à « Jeune Afrique », Emmanuel Macron évoque de nombreux dossiers liés au continent africain. Il a également profité de cette occasion pour évoquer le type de relation qui devrait lier la France et le continent africain. « Je pense qu’entre la France et l’Afrique, ce doit être une histoire d’amour », a-t-il laissé lire tout en ajoutant que l’Afrique ne devrait pas être esclave de son passé.
Pour renouveler et dynamiser les relations franco-africaines, le président français veut « ériger la diaspora en fer de lance » : « Si l’on veut changer le regard de l’Afrique sur la France, si l’on veut réussir économiquement, culturellement en Afrique, continent qui est pour moi notre avenir, nos diasporas sont une chance. C’est une réalité.» affirme-t-il.
Emmanuel Macron a également appelé les africains à ne pas rester prisonnier du passé.
« Partout où la France a été présente, elle s’est mêlée. Elle a aussi été le pays de la créolisation, du métissage, des mariages mixtes. Un pays où les aventures humaines ont été permises. D’autres ont été présents sous une forme coloniale en Afrique et ne se sont jamais mélangés. Qu’on le veuille ou non, la France a une part d’Afrique en elle. Nos destins sont liés« , ajoute le chef de l’État.
L’opposition algérienne critique les déclarations de Macron sur Tebboune: «l’ingérence de la France dans les affaires de ses anciennes colonies»
Réalisée Publiée le 20 novembre par le média « Jeune Afrique », le président français a déclaré : « Je ferai tout ce qui est en mon possible pour aider le président Tebboune dans cette période de transition. Il est courageux (…) On ne change pas un pays, des institutions et des structures de pouvoir en quelques mois. »
« Il y a eu un mouvement révolutionnaire, qui est toujours là, sous une forme différente. Il y a aussi une volonté de stabilité, en particulier dans la part la plus rurale de l’Algérie. Il faut tout faire pour que cette transition réussisse. Mais il y a un facteur temps important. » ajoute M. Macron
Entretien du Président Emmanuel Macron avec:⇒ Jeune Afrique
Des partis et des voix algériens ont condamné «l’ingérence de la France dans les affaires intérieures de ses anciennes colonies», en réponse aux récents commentaires du président Emmanuel Macron sur les relations entre la Turquie et la Russie avec les pays africains et le mouvement Hirak.
Le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Mohcine Belabbas, a dénoncé , vendredi, la déclarations du président français, Emmanuel Macron, sur l’Algérie.
Dans une déclaration publiée sur sa page Facebook, Mohcine Belabbas a indique qu’ « Emmanuel Macron s’exerce à administrer des leçons de démocratie et de gouvernance. »
« S’adressant aux dirigeants africains, il se croit autorisé à distribuer des certificats de légitimité aux dirigeants des ‘indigènes que nous sommes», a écrit Mohcine Belabbas en ajoutant : « Dans le cas de l’Algérie il s’autorise à délivrer une attestation de confiance au chef de l’État. » « Il affirme être prêt à l’aider dans cette période qu’il qualifie de transition. Ceci n’est pas une simple ingérence mais la révélation que la France est aux manettes d’une feuille de route pour notre pays », a-t-il dénoncé.
« Monsieur Macron, ce sont précisément les interventions répétées de la France officielle dans les choix souverains des pays africains qui posent problème. La France post coloniale est une partie de notre problème en plus de faire partie d’un passé douloureux pour l’Algérie et l’Afrique. L’Algérie et l’Afrique ne peuvent se complaire dans un statut de subalterne au service d’intérêts néocoloniaux », a encore écrit Mohcine Belabbas.
« Les dirigeants africains, notamment ceux élus par leurs peuples, doivent cesser de prendre part au sommet de la France-afrique auquel ils sont convoqués comme de simples préfets pour y recevoir des orientations et des injonctions. Les Africains peuvent s’offrir eux-mêmes l’avenir auquel ils aspirent », a-t-il conclu.
L’opposante Zoubida Assoul, présidente de l’Union pour le changement et le progrès (qui fait partie avec le RCD du Pacte pour l’alternative démocratique, PAD), a réagi, également ce samedi 21 novembre 2020, aux récentes déclarations du président français Emmanuel Macron qui dit soutenir le président de la République Abdelmadjid Tebboune, dans cette période de transition: « La France soutient Tebboune alors qu’il est malade ? Pourquoi souhaite-t-elle rééditer l’expérience après avoir soutenu Bouteflika malade lors de son quatrième mandat ? Parce que la France défend ses intérêts. N’est-ce pas là une atteinte à la souveraineté de l’Algérie. »
L’ex-détenu politique Karim Tabou, figure du Hirak et président de l’Union démocratique et sociale (parti non agréé), va plus loin, qualifiant la France de « raciste »: « Une France qui ne veut pas accepter que dans ce pays puissent émerger des forces démocratiques, une jeunesse émancipée, une jeunesse qui est capable de défier le sous-développement », rapporte El Watan.
🇩🇿 En Algérie les réactions sont vives après l’interview du président français accordée à Jeune Afrique. Interview dans laquelle Emmanuel Macron affirme son « soutien » au pouvoir en place. Karim Tabbou, figure emblématique du mouvement populaire Hirak ⬇️ pic.twitter.com/rqxWIRgJOG — Le journal Afrique (@JTAtv5monde) November 24, 2020
Le même journal reprend la réaction du Parti socialiste des travailleurs (PST) : « L’attitude politique de Macron, qui réaffirme publiquement son soutien indéfectible au régime algérien actuel, annonce de grandes concessions économiques, politiques et sécuritaires au profit de l’impérialisme, et ce, aux dépens de notre souveraineté et de nos intérêts économiques. » Membre du parti islamiste Mouvement de la société pour la paix Nasser Hamdadouche, député et membre de la direction du parti : « La France officielle qui souffre d’une terrible rétrogradation sur la scène de la domination internationale (…) ne trouve à faire que retourner à son arrière-cour, ses anciennes colonies, pour s’y ingérer comme si la France ne reconnaît ni l’indépendance ni la souveraineté de ces pays. »
Macron accuse la Turquie et la Russie d’alimenter une campagne antifrançaise : « Ils jouent sur le ressentiment post-colonial »
Selon M. Macron, le sentiment anti-français qui parcours l’Afrique francophone est le fruit « d’une stratégie à l’œuvre, menée parfois par des dirigeants africains, mais surtout par des puissances étrangères, comme la Russie ou la Turquie, qui jouent sur le ressentiment post-colonial.»
Ces accusations, Emmanuel Macron les a tenues à la faveur d’une interview rendue publique ce vendredi 20 novembre et qui a été réalisée par le média « Jeune Afrique ». « Il ne faut pas être naïf: beaucoup de ceux qui donnent de la voix, qui font des vidéos, qui sont présents dans les médias francophones sont stipendiés par la Russie ou la Turquie », a déclaré Macron au magazine. Macron faisait référence aux manifestations dans certains pays africains, à la suite de ses déclarations sur un «plan de lutte contre le séparatisme islamiste en France», qu’il a lancé après le meurtre d’un professeur de français en octobre.
L’opposante Nathalie Yamb répond
La militante suisso-camerounaise Nathalie Yamb, du parti d’opposition ivoirien Lider (Liberté et Démocratie pour la république), collaboratrice du chef de file du Lider, Mamadou Koulibaly, ancien président de l’Assemblée nationale et ancien ministre, répond à Macron: « Non M. Macron. Je ne suis pas financée par la Russie/la Turquie. Non M. Macron. Entre la France et l’Afrique, ce n’est une histoire d’amour. Mais je vous promets, que de gré ou de force, nous allons mettre fin à ce mariage forcé entre l’Afrique et la France».
Non M. Macron. Je ne suis pas financée par la Russie/la Turquie. Non M. Macron. Entre la France et l’Afrique, ce n’est une histoire d’amour. Mais je vous promets @EmmanuelMacron, que de gré ou de force, nous allons mettre fin à ce mariage forcé entre l’Afrique et la France 🐝 pic.twitter.com/Q6ZcK4T3Dh — Nathalie Yamb (@Nath_Yamb) November 20, 2020
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