La commission des clubs de la Confédération africaine de football (CAF), réunie mercredi au sujet du match USM Alger Vs RS Berkane, a décidé de sanctionner le club algérois par un forfait de 0-3 et de maintenir le match retour au stade municipal de Berkane dimanche prochain.
Dans un communiqué, la Fédération Royale Marocaine de Football (FRMF) indique avoir reçu une copie de la décision de la commission des clubs de la CAF au sujet du match USM alger et RS Berkane, comptant pour la demie finale aller de coupe de la CAF.
Selon la FRMF, la commission a décidé également de soumettre cette affaire au jury disciplinaire pour d'éventuelles sanctions additionnelles.
À l’approche de la demi-finale retour de la Coupe de la Confédération opposant la RS Berkane à l’USM Alger, une nouvelle dévastatrice vient secouer les rangs du club algérien. Alors qu’il espérait voir son recours aboutir après le boycott controversé de la RS Berkane la semaine précédente, l’USMA se voit infliger une sanction sans appel par la CAF, confirmée en appel.
Le litige trouve son origine dans la modification du maillot de la RS Berkane lors du match aller, une action qui a conduit la Confédération Africaine de Football à attribuer à l’USM Alger « une défaite sur tapis vert avec un score de 3-0 ». Malgré les espoirs placés dans le recours introduit par l’USMA, la Confédération africaine de football a maintenu sa décision initiale, rejetant toute demande de réparation de la part du club algérien.
“Le recours introduit par le club USMA contre la décision de la commission d’organisation des compétitions interclubs et de gestion du système de licence des clubs de la CAF en date du 24 avril 2024 est rejeté. Toutes les autres requêtes ou demandes de réparation sont rejetées ”a annoncé l’instance dirigeante du football africain dans une correspondance envoyée ce weekend. Aperçu:
La confirmation de cette sanction représente un sérieux coup dur pour l’USMA, alors qu’elle se prépare à affronter la RSB sur ses terres marocaines ce dimanche 28 avril. Cette décision laisse ainsi planer une incertitude sur la tenue même de la demi-finale retour de la Coupe CAF, l’USM Alger étant désormais susceptible de riposter en boycottant le match à la dernière minute, à l’instar de son adversaire la semaine précédente.
Plainte de la FAF contre la CAF: quand le litige sportif se transforme en bataille politique !
Cependant, cette affaire va bien au-delà d’un simple litige sportif. Elle met en lumière les tensions croissantes entre la Fédération algérienne de football (FAF) et la CAF. En effet, la FAF a officiellement choisi de porter plainte contre la Confédération africaine de football devant la FIFA et le Tribunal arbitral du sport (TAS), accusant cette dernière de violer ses propres règlements.
Accompagné par une équipe d’avocats en Suisse, le président de la FAF, Walid Sadi, espère ainsi infliger un revers significatif à la CAF, dont la réputation s’est ternie en Algérie ces dernières années. Cette affaire reflète donc non seulement les enjeux sportifs de la demi-finale de la Coupe de la Confédération, mais également les tensions politiques et juridiques qui sous-tendent les relations entre la FAF et la CAF.
Dans l’attente de l’évolution de cette situation complexe, l’USM Alger se retrouve confrontée à un dilemme : poursuivre la compétition dans des conditions incertaines ou prendre part à un bras de fer avec la CAF, au risque de compromettre ses chances dans la course au titre continental. Une chose est sûre, l’affaire USM Alger-Berkane ne manquera pas de susciter de vifs débats et de maintenir l’attention des passionnés de football en Afrique et au-delà.
Provocation à la haine et à la violence
algérie-Egypte: la guerre du foot
La violence médiatique peut participer, comme c’est le cas pour le match Égypte-algérie de 2009, à la dramatisation du spectacle par la fabrication de l’évènement à travers un jeu de langage versant dans l’amplification du sentiment revanchard et du mépris envers l’adversaire et ayant pour but la prise de pouvoir sur autrui. La guerre des mots suscitant le mépris et incitant à la violence, tels qu’utilisés par les instances médiatiques algériennes, peut donc éclairer les déviations médiatiques.
La victimisation et l’accusation comme indices de dissimulation de stratégies populistes
Lance-flammes
Au premier round, l'équipe égyptienne a battu les algériens 2-0. Des foules en extase ont envahi les rues du Caire, bloquant la circulation, agitant des lance-flammes artisanaux, pour faire la fête jusqu'à l'aube. Selon le ministère de la Santé égyptien, 20 supporters algériens et 12 égyptiens furent blessés cette nuit-là. Aux yeux de l'algérie, le bilan était bien plus lourd: des algériens avaient été tués dans les rues du Caire, des femmes déshabillées, et un supporter algérien brûlé vif par la police et des fans égyptiens. Quand l'ambassadeur algérien au Caire a démenti formellement les meurtres, le journal algérien Echorouk a posté une vidéo sur son site montrant un rappeur algérien pleurant son frère mort, soi-disant tué en Égypte (une intox, apparemment).
En représailles, des commerces égyptiens en algérie ont été pillés, et des travailleurs égyptiens ont dû bénéficier d'une protection policière. L'opérateur de téléphonie mobile Djezzy - propriété de l'entreprise égyptienne Orascom Telecom - a été particulièrement visé. Des clients auraient brûlé leurs cartes sim Djezzy et pillé les bureaux de l'entreprise, causant, selon les responsables d'Orascom, des dizaines de millions de dollars de dégâts.
Le soir de l'arrivée de l'équipe algérienne au Caire, son bus fut poursuivi et caillassé par des supporters égyptiens. On ne tarda pas à voir apparaître des vidéos sur Internet montrant des joueurs algériens indignés arrivant, ensanglantés, à leur hôtel. Pendant ce temps, les médias égyptiens protestaient que l'attaque n'était qu'une mise en scène et que les joueurs algériens avaient brisé les fenêtres de leur propre véhicule dans le but de faire changer le lieu du match. La FIFA a lancé une enquête qui reste ouverte.
En ce qui a trait aux dates marquantes de ce conflit, l'analyse révèle que les arguments centraux de la presse algérienne sont chevillés à l’attaque du bus. C’est là que cet incident, filmé par l’équipe algérienne de Canal+ qui suivait la sélection algérienne, a pris une autre dimension en devenant un évènement. Insistant sur les caractéristiques de sa construction, Charaudeau (1997) souligne que l’évènement « n’est jamais transmis à l’instance de réception dans son état brut ; pour sa signification, il dépend du regard qui est posé sur lui, regard d’un sujet qui l’intègre dans un système de pensée et ce faisant le rend intelligible » (p. 102). Dès lors, les récits racontés dans la presse algérienne suivant l’attaque du bus, c’est-à-dire du 14 au 15 novembre, évoquent tous l’injustice dont été victimes les algériens. Cette victimisation implicite ou explicite n’est développée que pour renforcer le sens dominant d’un discours accusateur envers tous les Égyptiens. Ces écrits sont significatifs d’une trajectoire plutôt populiste des lignes éditoriales de la presse algérienne, basées sur la proximité avec le lectorat supposé.
Les articles ouverts aux expressions et commentaires des supporters mobilisent la même occurrence: victimisation/accusation. Les commentaires émanant du discours journalistique soutiennent cette dichotomie. Nous trouvons, par exemple, le terme populaire oukhoua («fraternité»), employé dans un discours de critique à El Watan et qui apparait dans des dires rapportés. L’auteur souligne dans le texte : «Qu’on cesse de nous chanter la “oukhoua” et que nous sommes deux peuples frères, car nous n’avons rien à voir avec ces Égyptiens […].» La tonalité méprisante affichée dans le mot oukhoua n’attribue, du point de vue du journal, aucune valeur aux Égyptiens. Cet exemple énonce une différence entre les deux peuples et une hiérarchie qui place les Algériens au-dessus des Égyptiens. Toutefois, il est nécessaire de dissocier la définition du terme oukhoua de son usage religieux pour le rattacher au contexte géopolitique et au mécanisme de construction mobilisé par le journaliste dans le reste de son article. Le destinateur du message n’évoque pas forcément la détérioration des relations «fraternelles» entre deux pays musulmans. Sa critique s’adresse aux pouvoirs politiques des deux pays. Dans l’entretien qu’il a accordé, l’auteur de cet article explique :
Le match a dépassé le cadre sportif et c’est devenu un fait politique majeur… Ça soulève la question de la place géostratégique de l’algérie. Est-ce que nous sommes arabes ? Comment on est arrimé à l’Égypte depuis que Ben Bella a dit à Abdel Nasser: l’algérie est assez grande pour contenir les algériens et les Égyptiens. Abdel Nasser était un des parrains de Ben Bella. Comment le régime de Ben Bella a annexé l’algérie au panarabisme? On était plus proche du Caire que d’alger finalement. En résumé, ça pose la question des choix politiques de l’algérie depuis l’indépendance.
Ce n’est pas, ainsi, la « fraternité » suggérée entre musulmans qui est mise en avant, mais le discours politique des deux gouvernements, prônant l’arabité comme source de rapprochement idéologico-politique. La critique du journaliste porte implicitement un sentiment de mépris envers cette politique.
En somme, le clivage victimisation/accusation livre un aperçu sur le masquage de sens du discours de la presse algérienne. Ce masquage renforcé par le parler populaire est porteur de quelques actes implicites de mépris, comme ce fut le cas dans l’exemple d’oukhoua. Ces exemples nous montrent à nouveau l’impossible transparence et la complexité de l’écriture journalistique de la presse algérienne, laquelle peut accueillir plusieurs orientations et fonctionnalités discursives dans le même article.
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